Cet ouvrage présente trois volets, qui peuvent être lus de manière indépendante.

La démocratie à l’épreuve du régime idéal

La première partie (« La démocratie à l’épreuve du régime idéal ») s’attache à mettre au jour les failles inhérentes à tout système démocratique. Afin de ne pas construire une critique sur des fondements instables, il faut d’abord dégager les critères d’un bon régime politique.
La politique concernant le vivre-ensemble des hommes, un bon régime politique ne doit pas nier ce qui fait l’essence de l’homme : à savoir sa perfectibilité. Et il ne doit pas oublier que l’homme se perfectionne quand il se fait plus prévoyant. Dès lors, un régime politique doit :
- reconnaître que tous les hommes sont égaux dans leur faculté de se perfectionner
- reconnaître qu’à un même instant tous les hommes ne sont pas au même stade de perfectionnement
- reconnaître que le monde humain est en mouvement permanent
- reconnaître la nécessaire interdépendance des hommes dans ce processus de perfectionnement
- admettre qu’un bon régime politique remet le pouvoir dans les mains des compétents, c’est-à-dire dans les mains de ceux qui ont la meilleure capacité à se projeter dans l’avenir.
- se donner pour but que chacun ait la même chance de développer sa faculté de se perfectionner.

Une fois posés ces critères du bon régime politique, la démocratie se trouve en faute vis-à-vis de la majorité d’entre eux :
- certes la démocratie traite tous les hommes comme égaux… donc en un sens elle reconnaît leur égale faculté de se perfectionner
- mais elle omet qu’à un même instant tous les hommes ne sont pas également perfectionnés. Elle donne le droit de vote à des personnes qui n’ont pas toutes la même compétence quant à la chose politique.
- Elle en oublie donc le mouvement. Elle ne cherche pas à savoir comment rendre les hommes égaux entre eux . Elle les suppose égaux, meilleur moyen de perpétuer voire d’aggraver les inégalités existantes.
- Elle oublie l’interdépendance des hommes en supposant les électeurs comme des atomes sans liens, sans influences corporatistes ou communautaires.
- En ne donnant pas le droit de vote aux meilleurs électeurs, la démocratie est condamnée à ne pas porter au pouvoir les politiques les plus compétents. Il est impossible que les électeurs les moins prévoyants portent au pouvoir les élus dotés de la meilleure vision à long terme.
- Enfin, en niant la perfectibilité humaine, en supposant tous les hommes égaux, la politique démocratique ne peut donner à chacun la même chance de développer sa faculté de se perfectionner.

La démocratie: un colosse aux pieds d’argile

Etant donné toutes ces carences démocratiques, on est en droit de se demander pourquoi la démocratie a pu passer pour le meilleur régime politique possible. La deuxième partie de l’ouvrage (« La démocratie : un colosse aux pieds d’argile ») entend donc rechercher les fondements ontologiques de ces errements démocratiques.
Or il se trouve que la démocratie, dans ses fondements théoriques, n’est pas autre chose que la fille de la théocratie. A la recherche d’un fondement politique aussi fiable que Dieu, elle en est venue à ériger le peuple en Dieu et à faire comme si la multitude constituée par la foule d’un pays pouvant, comme par un acte magique, se transformer en peuple Un et Absolu. Les intérêts divergents des citoyens semblent, comme par magie, se transformer en volonté générale unique et cohérente.
Si l’on entend refuser toute solution magique, on est dès lors face à un problème assez grave : comment concilier Souveraineté absolue et diversité des intérêts ? Comment garantir que le peuple ne soit pas foule, qu’il forme bien une unité politique souveraine ?

Vers l’aristocratie

La troisième partie de l’ouvrage (« Vers l’aristocratie ») entend résoudre ce dilemme via la promotion d’un nouveau régime politique : l’aristocratie (non pas telle qu’on l’entend traditionnellement mais en tant que, littéralement, gouvernement des meilleurs) . En effet, pour transformer la foule en peuple, pour donner à la politique un fondement plus assuré, il faut se donner un moteur permettant cette transformation des intérêts particuliers en volonté générale.
Et ce moteur, nous pensons l’avoir trouvé dans le permis de voter . En effet, plutôt que de s’en remettre à tous les individus en espérant qu’ils usent de leur raison dans leurs choix politiques, il conviendrait de remettre le choix des représentants politiques dans les mains des individus qui usent le plus souvent de leur raison. Il faudrait donc élaborer un permis de voter, semblable au permis de conduire, qui permettrait de sélectionner les électeurs les plus compétents.
Pour éviter toute dérive vers un système d’apparatchiks, il faudrait évidemment faire en sorte que cette sélection soit suffisamment large pour ne pas laisser une petite caste s’emparer du pouvoir politique. Mais en offrant à chaque citoyen la possibilité d’accéder à une formation gratuite, et en soumettant ce permis de voter à des examens fréquents, nous pourrions préserver l’idée que tous les hommes ont une égale faculté de se perfectionner, tout en préservant la politique des êtres les moins au fait de la chose publique.