Une
question semble intéresser de nombreux internautes : quelle forme
donner à ce permis de voter ? Qu’entend-on exactement par permis de
voter ?
Avant de répondre à cette question, il me faut préciser que, dans La faillite de la démocratie, je n’entends aucunement faire œuvre de constitutionnaliste. Il s’agit avant tout d’un ouvrage qui tâche de déceler les incohérences philosophiques de la démocratie et de dégager un système politique qui ne soit pas aussi contradictoire.
Ceci dit, il est évident que j’ai quelques préférences personnelles quant à un certain type de permis de voter; et il me faut les préciser, afin d’éviter de nombreux malentendus. Ces préférences reposent essentiellement sur les trois postulats (ontologique, anthropologie et politique) dégagés dans notre ouvrage.
1. Tout d’abord, un point évident : l’examen du permis de voter devrait être ouvert à tous. Une formation gratuite devrait en outre être dispensée à quiconque entend passer ce permis.
2. Concernant le permis de voter à proprement parler, deux options s’offrent à nous: soit ne donner le droit de vote qu’à ceux disposant d’un permis de voter; soit donner un poids plus grand au vote de ceux qui disposent du permis de voter, tout en conservant le droit de vote des autres citoyens. La deuxième option semble plus consensuelle: elle permettrait à chacun de rester lié avec le destin de son pays. A titre personnel, je ne trouve pas indispensable de garder ce lien entre tous les habitants du pays et la politique. Tant que chacun a le droit de passer ce permis de voter et que chacun peut avoir accès à une formation gratuite pour le passer, je pense que ce lien demeure.
Mais il est vrai que nous vivons dans une société démocratique, et donc restreindre le droit de vote aux seuls possesseurs du permis de voter pourrait être vu comme une grave régression. A titre provisoire au moins, il conviendrait donc de laisser le droit de vote à chacun mais d’augmenter le nombre de bulletins de vote des plus compétents. Ainsi chaque habitant d’un pays pourrait se voir attribuer un bulletin de vote ; il continuerait donc à être lié directement à la conduite de son pays. Cependant, les personnes les plus compétentes pourraient disposer d’une dizaine de bulletins de vote, afin que le critère qualitatif prenne enfin place à côté du critère quantitatif.
3. Afin que le critère qualitatif ne soit pas trop écrasé, il faudrait définir au préalable le nombre de bulletins de vote attribuables, et le nombre de personnes recevables au permis de voter. En ce sens, l’examen devrait plutôt ressembler à un concours. Dans un pays comme la France, on pourrait par exemple déterminer qu’il y aura 3 millions de permis de voter en circulation, donc 3 millions de personnes disposant chacun de 10 bulletins de vote. Par ailleurs, tous les autres habitants disposeraient chacun d’un bulletin de vote.
Ainsi, le nombre de bulletins disponibles serait fixe, et le risque de bourrage d’urnes serait endigué. Dans cette configuration, le poids des 3 millions de possesseurs du permis de voter serait égal à celui de tous les autres votants. On peut voir cela comme une bonne étape de transition avant de restreindre le droit de vote aux seuls détenteurs du permis de voter ; à moins que l’on ne considère cette distinction entre deux classes de votants comme un nécessaire contre-pouvoir à l’aristocratie* que nous défendons.
4. Ce permis devrait être passé par chacun tous les 5 ans environ, afin qu’une classe d’apparatchiks ne se mette pas en place.
5. On peut se demander qui choisira les questions de l’examen du permis de voter. Si l’on décide par exemple d’insérer des questions de logique, de sociologie, d’économie, de philosophie politique, de sciences politiques, d’histoire et de droit constitutionnel, il faudrait que, dans chacun de ces 7 domaines (plus éventuellement d’autres que j’oublie certainement) l’ensemble des membres de la profession élise une vingtaine professionnels représentant leur profession. On aurait donc 7 collèges de 20 membres, qui se réuniraient séparément pour élaborer un millier de questions concernant leur domaine de compétence. Ils seraient bien évidemment tenus au secret concernant les questions qu’ils ont élaborées, tout comme c’est le cas des professeurs qui rédigent des questions pour les examens. Ensuite on tirerait au sort une dizaine de questions dans chaque domaine. Jamais les 7 collèges ne délibéreront ensemble, afin qu’un membre d’un collège ne puisse connaître les questions des autres collèges.
6. Enfin, pour éviter que l’élite ne serve ses propres intérêts, il faudra, comme pour tout régime politique, prévoir des contre-pouvoirs efficaces. Donc avant tout faire figurer dans la Constitution l’égalité des chances comme objectif de ce régime. Ensuite prévoir une contre-assemblée qui représenterait de manière proportionnelle chaque catégorie socio-professionnelle, et qui pourrait annuler devant le Conseil Constitutionnel toute réforme qui s’avèrerait anticonstitutionnelle.
*Par aristocratie, il ne faut pas entendre aristocratie de sang, mais l’aristocratie dans son sens originel de pouvoir des plus compétents. Nous ne défendons en rien un régime de type héréditaire qui entrerait directement en contradiction avec [notre souhait de tendre vers plus de compétence.]
Avant de répondre à cette question, il me faut préciser que, dans La faillite de la démocratie, je n’entends aucunement faire œuvre de constitutionnaliste. Il s’agit avant tout d’un ouvrage qui tâche de déceler les incohérences philosophiques de la démocratie et de dégager un système politique qui ne soit pas aussi contradictoire.
Ceci dit, il est évident que j’ai quelques préférences personnelles quant à un certain type de permis de voter; et il me faut les préciser, afin d’éviter de nombreux malentendus. Ces préférences reposent essentiellement sur les trois postulats (ontologique, anthropologie et politique) dégagés dans notre ouvrage.
1. Tout d’abord, un point évident : l’examen du permis de voter devrait être ouvert à tous. Une formation gratuite devrait en outre être dispensée à quiconque entend passer ce permis.
2. Concernant le permis de voter à proprement parler, deux options s’offrent à nous: soit ne donner le droit de vote qu’à ceux disposant d’un permis de voter; soit donner un poids plus grand au vote de ceux qui disposent du permis de voter, tout en conservant le droit de vote des autres citoyens. La deuxième option semble plus consensuelle: elle permettrait à chacun de rester lié avec le destin de son pays. A titre personnel, je ne trouve pas indispensable de garder ce lien entre tous les habitants du pays et la politique. Tant que chacun a le droit de passer ce permis de voter et que chacun peut avoir accès à une formation gratuite pour le passer, je pense que ce lien demeure.
Mais il est vrai que nous vivons dans une société démocratique, et donc restreindre le droit de vote aux seuls possesseurs du permis de voter pourrait être vu comme une grave régression. A titre provisoire au moins, il conviendrait donc de laisser le droit de vote à chacun mais d’augmenter le nombre de bulletins de vote des plus compétents. Ainsi chaque habitant d’un pays pourrait se voir attribuer un bulletin de vote ; il continuerait donc à être lié directement à la conduite de son pays. Cependant, les personnes les plus compétentes pourraient disposer d’une dizaine de bulletins de vote, afin que le critère qualitatif prenne enfin place à côté du critère quantitatif.
3. Afin que le critère qualitatif ne soit pas trop écrasé, il faudrait définir au préalable le nombre de bulletins de vote attribuables, et le nombre de personnes recevables au permis de voter. En ce sens, l’examen devrait plutôt ressembler à un concours. Dans un pays comme la France, on pourrait par exemple déterminer qu’il y aura 3 millions de permis de voter en circulation, donc 3 millions de personnes disposant chacun de 10 bulletins de vote. Par ailleurs, tous les autres habitants disposeraient chacun d’un bulletin de vote.
Ainsi, le nombre de bulletins disponibles serait fixe, et le risque de bourrage d’urnes serait endigué. Dans cette configuration, le poids des 3 millions de possesseurs du permis de voter serait égal à celui de tous les autres votants. On peut voir cela comme une bonne étape de transition avant de restreindre le droit de vote aux seuls détenteurs du permis de voter ; à moins que l’on ne considère cette distinction entre deux classes de votants comme un nécessaire contre-pouvoir à l’aristocratie* que nous défendons.
4. Ce permis devrait être passé par chacun tous les 5 ans environ, afin qu’une classe d’apparatchiks ne se mette pas en place.
5. On peut se demander qui choisira les questions de l’examen du permis de voter. Si l’on décide par exemple d’insérer des questions de logique, de sociologie, d’économie, de philosophie politique, de sciences politiques, d’histoire et de droit constitutionnel, il faudrait que, dans chacun de ces 7 domaines (plus éventuellement d’autres que j’oublie certainement) l’ensemble des membres de la profession élise une vingtaine professionnels représentant leur profession. On aurait donc 7 collèges de 20 membres, qui se réuniraient séparément pour élaborer un millier de questions concernant leur domaine de compétence. Ils seraient bien évidemment tenus au secret concernant les questions qu’ils ont élaborées, tout comme c’est le cas des professeurs qui rédigent des questions pour les examens. Ensuite on tirerait au sort une dizaine de questions dans chaque domaine. Jamais les 7 collèges ne délibéreront ensemble, afin qu’un membre d’un collège ne puisse connaître les questions des autres collèges.
6. Enfin, pour éviter que l’élite ne serve ses propres intérêts, il faudra, comme pour tout régime politique, prévoir des contre-pouvoirs efficaces. Donc avant tout faire figurer dans la Constitution l’égalité des chances comme objectif de ce régime. Ensuite prévoir une contre-assemblée qui représenterait de manière proportionnelle chaque catégorie socio-professionnelle, et qui pourrait annuler devant le Conseil Constitutionnel toute réforme qui s’avèrerait anticonstitutionnelle.
*Par aristocratie, il ne faut pas entendre aristocratie de sang, mais l’aristocratie dans son sens originel de pouvoir des plus compétents. Nous ne défendons en rien un régime de type héréditaire qui entrerait directement en contradiction avec [notre souhait de tendre vers plus de compétence.]
3 commentaires:
Je cite l'auteur de l'article, Olivier Drochon.
"[L'examen du permis de voter comprendrait] des questions :
- de logique,
- de sociologie,
- d’économie,
- de philosophie politique,
- de sciences politiques,
- d’histoire
- et de droit constitutionnel."
Très intéressant !
Je ne sais pas si on doit considérer cette liste de domaines comme une liste exhaustive (moi-même, je n'avais envisagé que "économie" et "droit" comme base de départ) mais c'est déjà très riche, à mon avis.
La science politique consiste à étudier les processus politiques mettant en jeu des rapports de pouvoir entre les individus, les groupes, et au sein de l'État, mais pas seulement. Des tendances contemporaines tentent de saisir les rapports de forces sur une base transnationale (par exemple, entre diasporas ou entre firmes multinationales) ainsi que certains courants postmodernes qui mettent l'accent sur le langage (philosophie du langage), sur la biopolitique, ou encore sur les conceptions genrées des individus.
Comme de nombreuses disciplines universitaires, la science politique est divisée en sous-disciplines. L'American Political Science Association compte 42 sections organisées. Parmi les sous-disciplines les plus importantes, mentionnons : la philosophie politique, les relations ou études internationales, la politique comparée, l'étude des comportements électoraux, l'administration publique et les politiques publiques.
La philosophie politique est une branche de la philosophie qui étudie les questions relatives au pouvoir politique, à l'État, au gouvernement, à la loi, à la politique, à la paix, à la justice et au bien commun entre autres. Elle est considérée comme une des branches de la philosophie pratique à côté de la philosophie du droit et de la philosophie morale.
En tant que recherche philosophique, elle se distingue de celles menées par les sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, psychologie, science politique) en ce que, à la différence de celles-ci qui s'attachent à ce qui existe historiquement et particulièrement, elle est fondée sur la recherche d'un universel, guidée par la question du juste, du meilleur et du légitime. Cette recherche aboutirait-elle à l'impossibilité de son achèvement que cela ne changerait pas la nature de la recherche.
De nos jours, la science politique est devenue inséparable de la philosophie politique.
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