Juste pour comparer avec l'immobilisme meurtrier des décideurs réunionnais ...
Le Monde.fr | 19.01.2014 à 08h04 | Par Angela Bolis
Après sept attaques
mortelles de requins en trois ans, le gouvernement d'Australie-Occidentale a
tenu à frapper fort. Son « plan requins », qui doit être lancé dans les
prochains jours, met en place aux côtés des traditionnels programmes de
recherche et de sauvetage un véritable « permis de tuer », visant tout requin de
plus de 3 mètres nageant à moins d'un kilomètre des côtes. Plus de 70 hameçons
appâtés seront déployés auprès des plages à risques, tandis que des pêcheurs,
munis d'armes à feu, patrouilleront pour traquer ces grands
poissons.
Responsable des deux dernières attaques fatales, en novembre
2013, le grand requin blanc est ciblé en première ligne. Ce prédateur, protégé
depuis 2001 par l'Australie, est inscrit à l'annexe 2 de la Convention sur le
commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées
d'extinction (Cites), qui indique qu'une pêche incontrôlée pourrait menacer la
survie de son espèce. Suggérant que leur nombre a pu augmenter, le ministre
local de la pêche, Troy Buswell, a récemment fait savoir qu'il demanderait au
gouvernement fédéral de M. Abbott – un climato-sceptique peu réputé pour ses
positions écologistes – de reconsidérer sa protection.
Lire (en édition
abonnés) : L’Australie sacrifie l’environnement pour relancer son
économie
« DÉGOÛT »
En Australie et ailleurs, cet « abattage »
programmé de squales a suscité une forte indignation. A Perth, capitale
d'Australie-Occidentale, environ 4 000 personnes ont manifesté début janvier, et
des centaines d'autres sur la côte Est.
WA #sharkcull won't start this
week. But delay unlikely a result of protests. #noWAsharkcull http://t.co/IpHM4r2WqO http://t.co/44RPNvGzkm
— Manta Trust
(@MantaTrust)
— (@)
L'Association des Australiens de l'Ouest pour la
sauvegarde des requins a lancé un appel à « monter sur son bateau » pour aller
filmer les mises à mort. Sur Internet, une pétition recueillait bientôt 60 000
signatures sur Change.org. Tandis que, de l'autre côté du Pacifique, en Floride,
le spécialiste renommé des requins George Burgess exprimait dans la revue Nature
son « dégoût » face à ces mesures, plus de cent scientifiques cosignaient une
lettre ouverte, appelant à privilégier l'éducation, la surveillance des côtes et
la recherche : « Les programmes de contrôle des requins n'ont pas à être létaux
pour être efficaces », expliquent-ils.
Des alternatives existent en effet
: installer des filets protecteurs autour des zones de baignades, améliorer les
premiers gestes de survie, éduquer à certaines bonnes pratiques (par exemple ne
pas se baigner en eaux troubles, au lever et au coucher du soleil, ou encore
rester en groupe), etc. C'est même le gouvernement d'Australie-Occidentale qui a
initié l'une des plus originales : quelque 320 requins – grands blancs, baleine
et tigre – ont été balisés, et envoient en direct des alertes sur Twitter quand
ils sont détectés non loin des plages. Le compte Twitter des sauveteurs permet
de les suivre à la trace (comme ce requin tigre dans le premier tweet) ou relaie
d'autres signalements (comme ce requin blanc de 3 à 4 mètres nageant vers Bremer
Bay, au sud de Perth, dans le second).
Fisheries advise: tagged Tiger
shark detected at Bickley Point (Rottnest) receiver at 12:26:00 PM on
14-Jan-2014
— Surf Life Saving WA (@SLSWA)
— (@)
UNE
EFFICACITÉ MISE EN DOUTE
Sous le feu des critiques, le gouvernement
d'Australie-Occidentale campe toutefois sur ses positions, malgré les doutes des
scientifiques sur l'efficacité de son plan de régulation. Un rapport écrit pour
les autorités de cet Etat par le chercheur Daryl McPhee (Bond University)
conclut ainsi qu'il est impossible de démontrer l'effet de tels programmes
d'abattages, mis en œuvre à Hawaï, en Afrique du sud ou sur la côte est
australienne, avec des filets. Des attaques continuent à avoir lieu sur
certaines plages protégées, note-t-il.
Le cas de l'Ouest australien est,
qui plus est, particulier : ses côtes se trouvent sur l'itinéraire de ces grands
migrateurs que sont les requins blancs, entre l'Australie et l'Afrique du sud.
En tuer certains n'empêchera donc pas d'autres individus d'y circuler. Bien au
contraire, le plan est même accusé par certains d'attirer, avec ses dizaines
d'appâts, les squales vers les plages fréquentées qu'ils sont censés protéger,
comme le relate un article du Guardian.
Par ailleurs, selon John West, du
Taronga zoo de Sydney, il n'y a « pas de preuve » d'une hausse du nombre de
requins, censée être en cause dans l'augmentation des attaques. En revanche, «
l'augmentation des attaques de requins en Australie, de 6,5 accidents par an en
moyenne entre 1990 et 2000 à 15 accidents par an la dernière décennie, coïncide
avec une croissance de la population humaine, (…) une popularité accrue des
activités récréatives et sportives dans la mer, et un plus grand accès à des
côtes initialement isolées », relève-t-il.
VICTIMES
COLLATÉRALES
Finalement, si le plan australien permettra certainement de
réduire des populations de requins, ce ne sera pas sans faire des « victimes
collatérales ». La méthode des hameçons est, certes, plus sélective que celle
des filets employés ailleurs, qui attrapent au passage dauphins, lions de mer,
tortues, etc. Mais rien n'empêche de grands poissons prédateurs, comme le
poisson-scie, de venir y mourir, et encore moins certains requins
inoffensifs.
Or le requin a un rôle déterminant dans les écosystèmes
marins. Au sommet de la chaîne alimentaire, le grand prédateur ne se nourrit pas
seulement de poissons carnivores. « Il chasse aussi les herbivores, ce qui
permet de maintenir un équilibre compétitif entre les algues et les coraux »,
explique Philippe Tirard, spécialiste des requins en
Nouvelle-Calédonie.
Une mission-clé, car les scientifiques mesurent
désormais combien la détérioration des fonds marins permet le développement de
micro-algues, nocives pour le corail, ou qui dégagent même des toxines
dangereuses pour la santé humaine. Or chaque année, rappelle Philippe Tirard, ce
sont au moins « de 26 à 73 millions de requins qui sont massacrés pour leurs
ailerons ».
Lire le décryptage : Tuer ou protéger les requins, la
question continue de faire polémique
• Angela Bolis
Journaliste au
Monde
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/19/les-grands-requins-dans-le-viseur-du-gouvernement-australien_4346738_3244.html
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
7 commentaires:
D'après l'info.re, deux requins tigres ont été pêchés ce mardi 21 janvier 2014 sur les drumlines installées en baie de Saint-Paul, une semaine après le démarrage du projet Cap Requins. Le site de la préfecture info-requin.re confirme en effet la capture d'un mâle de 4 mètres et d'un autre squale de 3,50 mètres, sur la drumline n° 2.
Une semaine après la pose des premières palangres et de quatre drumlines en baie de Saint-Paul maraquant le lancement officiel du projet Cap Requins, les deux premiers squales ont donc été pêchés ce mardi. Ils devraient servir à alimenter le programme ciguatera 2.
L'objectif de cette première phase du projet, qui doit s'étaler sur six mois, est de tester l'efficacité de ces deux méthodes de pêche combinées, afin de marquer davantage de squales et d'alimenter le programme ciguatera 2. À plus long terme, le but est de "mettre une pression de pêche à la côte pour sécuriser les usagers", et d'étendre le dispositif aux zones des Roches Noires et de Boucan Canot.
L'homme est fort, c'est le mythe de Tarzan ! C'est beau la protection de la nature et de l'environnement ! Qu'en pensent les écolos !
Honte à vous ! Je vais vomir ! La nature nous attrapera comme nous attrapons c'est animaux qui existaient avant nous et existerons après nous quand nous aurons détruit tout le reste ! La curie de la nature continue.
Clochemerle
Exactement la même chose que "Clochemerle" les requins existaient avant nous, l'océan est leur domaine, il faut apprendre à les respecter... mais ... le tourisme... les zozos sur leur planche... etc...l'argent est un argument puissant...
Bimalt
2 requins tigre, espèce au statut UICN "quasi menacée", massacrés pour rien puisque c'est le requin bouledogue qui est accusé à chaque fait divers.
Jean francois Dumont
N'en déplaise aux fanatiques de l'écologisme, la sécurité des personnes doit primer sur toute autre considération au plus près des côtes, des zones de baignade et d'activités nautiques. En baie de Saint-Paul il y a une école de voile avec des enfants qui vont sur l'eau, à bord de frêles dériveurs. Des embarcations qui dessalent facilement. Doivent-ils risquer leur vie à chaque coup de vent pour faire plaisir à quelques "zozos" qui placent dans un extrémisme vert la somme de leurs frustrations ? Des bons citoyens qui estiment que nous devons servir de pâtée aux requins, parce que c'est naturel ! Que ces beaux-parleurs s'offrent eux-mêmes en sacrifice expiatoire, qu'ils assument leur haine de l'humanité en allant flirter avec ces prédateurs dénués de sentiment et de sensiblerie… En Australie, pays pragmatique, la question du risque requin a été tranchée sans mollir. Tous les requins de plus de trois mètres qui approchent des zones de baignade doivent être éliminés… Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il faut éradiquer les requins au sens large, ce que personne ne souhaite d'ailleurs. La protection de l'environnement ne peut être synonyme d'un totalitarisme vert, porté par des gens qui donnent dans l'écologisme comme dans une idéologie radicale et anti-humaniste. Ceux qui pleurent les requins aujourd'hui sont souvent les mêmes, qui, hier, glosaient sans complaisance sur les victimes de ces charmantes bestioles, allant jusqu'à les insulter, plus ou moins directement, à l'instar d'une Lamya Essemlali (S.S), qui écrivait suite au décès tragique de Mathieu Schiller : "En tant que femme française, je suis profondément choquée de l’attitude de certains de mes concitoyens Réunionnais. En effet, on dirait bien qu’une partie des surfers de la Réunion ne soient rien d’autre qu’une bande de froussards vindicatifs (…) En fait n’importe quel joueur de golf s’avère être plus courageux et viril que le surfer Réunionnais moyen. Plus de golfeurs sont tués chaque année, frappés par la foudre sur un terrain de golf qu’il n’y a de surfers qui meurent des suites d’une attaque de requin (…) Mais sans doute est-ce parce que nous ne sommes pas faits du même bois que ce groupe de surfers pleurnichards de la Réunion qui sont tellement déconnectés de la réalité qu’ils se sont lancés dans cette chasse aux sorcières décérébrées, en quête de vengeance, suite à l’attaque récente d’un surfer…"
Alcibiade
Enfin une mesure qui vise la sécurité des êtres humains !
J'aimerais ne plus lire les discours "les requins étaient là avant nous" qui découlent d'une sorte de nouveau dogme écologiste. Parce que si on poursuit le raisonnement, avant les requins (430 millions d'années), il y avaient d'autres animaux dont ils ont pris la place. Faut-il que les requins acceptent aussi de se laisser tuer pour rendre la totalité de la Terre aux bactéries (qui sont là depuis ... 3800 millions d'années) ?
Franchement, je partage évidemment l'avis d'Alcibiade. Nous sommes des êtres humains, peu importe qu'on soit surfeur, baigneur ou golfeur ! C'est NATUREL que l'on pense d'abord à notre vie et celle de nos enfants plutôt qu'à celle de quelques poissons dangereux. Les requins blancs, les requins tigres, les requins bouledogues font partie des espèces mortellement dangereuses pour l'homme. Ceux qui s'approchent trop près du petit bout de mer qu'on souhaite utiliser devront être éliminés. Qu'ils aillent se nourrir ailleurs !
J'ajoute pour conclure que l'animal le plus dangereux pour l'homme est le moustique mais que je n'ai jamais entendu le moindre écologiste se plaindre de leur "extermination" à coup de pulvérisateurs ou de claquements de mains.
Faut-il y voir une nouvelle forme de discrimination ? Après la haine des mammifères (dont l'humain) au profit des poissons (dont les requins), est-ce le mépris des insectes ?
J'ironise bien sûr.
Enregistrer un commentaire