jeudi 20 décembre 2012

Pakistan : "pays des purs" pour les musulmans, enfer sur terre pour les chrétiens

Au Pakistan, les lois "anti-blasphème" permettent depuis 1986 de faire condamner à mort chrétiens, hindous, ahmadis et autres minorités non-musulmanes, accusés de "blasphème".

Le 3 décembre dernier, un fait tragique parmi tant d’autres est passé sous silence dans les médias occidentaux : une sœur catholique d’origine suédoise, Bargetta Emmi, missionnaire depuis 40 ans au Pakistan, a été sauvagement assassinée par balles par des islamistes. Son seul crime était d’aider de jeunes pakistanaises à poursuivre leurs études... Autre événement passé sous silence par nos médias à l’indignation fort sélective : le 15 décembre dernier, une "Journée contre la persécution des chrétiens" a été organisée à Bergamo (Italie) à l’initiative de l’organisation pakistanaise SAMA (South Asian Minority Association). A l’occasion de ce colloque, sponsorisé par le diocèse de Bergame, des prêtres et militants pakistanais des droits de l’Homme ont raconté la terrible situation des chrétiens et des minorités non-musulmanes dans ce pays où la charia est la source principale de la loi et où les lois "anti-blasphème" permettent, depuis 1986, de faire condamner à mort ceux qui "diffament l’islam".

Les articles 295 A, B et C de la Constitution pakistanaise permettent en effet de condamner à des peines capitales les chrétiens, hindous, ahmadis, chiites ou autres "infidèles" accusés de "blasphème". C’est en vertu de cette Constitution chariatique qu’Asia Bibi a été condamnée à mort, coupable d’avoir "profané l’islam" après avoir bu dans un "puits musulman". Et c’est juste pour avoir dénoncé cela que le gouverneur du Penjab, Salman Ka Taseer, musulman modéré de mère et de femme chrétienne, a été tué en janvier 2011. Son assassin, Mumtaz Qadri - en prison préventive - n’a quant à lui pas été condamné à mort : lors de la première audience de son procès, il a été accueilli triomphalement par des milliers d’islamistes qui menacent de tuer le fils du gouverneur martyr, kidnappé par les Talibans, si l’assassin n’est pas libéré...
Rappelons qu’après l’assassinat de Salman Ka Taseer, ce fut au tour de l’ex ministre - chrétien - des minorités, Shabbaz Bhatti, coupable lui aussi d’avoir défendu Asia Bibi et réclamé l’abolition de la loi sur le blasphème, d’être assassiné, le 2 mars 2012, par des islamistes. Ceux-ci menacent aujourd’hui toute sa famille, qui se cache. En juillet dernier, un autre cas aussi tragique, hélas banal au Pakistan, a secoué le village de Mahra Abad (Islamabad), lorsqu’une jeune fille chrétienne - handicapée mentale - Rimcha, âgée de 14 ans, a été condamnée pour "profanation" pour avoir brûlé des pages du Coran. Depuis, la justice a prouvé que les pages furent brûlées volontairement par l’imam accusateur, entre temps dénoncé par deux de ses ex-fidèles. Mais malgré cela, Rimcha est toujours menacée de mort par les organisations islamistes pakistanaises. Et sa famille a dû quitter son village, changer de nom, et vit cachée pour échapper à la mort. Plus inouï encore, aucun syndicat d’avocats, aucun ministre, aucun média n’ose défendre Rimcha, de peur d’être tué. Pour dissuader tout éventuel Zola pakistanais, les islamistes ont averti le conseiller du premier ministre pour les minorités, frère de Shabbaz Bhatti, que s’il aidait Rimcha et les siens à trouver refuge à l’étranger, il serait immédiatement tué…
Etrange "allié" l’Occident, le Pakistan - pays parrain des Talibans et protecteur de Ben Laden - milite depuis 1990 au sein de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et des Nations Unies pour faire adopter dans le monde entier des lois pénalisant "l’islamophobie". Adepte de l’accusation-miroir, le Pakistan est pourtant lui-même dans le peloton de tête des pays où les minorités sont les plus persécutées. Exemple parmi tant d’autres, hélas passé sous silence par la presse européenne, en août 2012, Zafar Ghatti, chrétien, a été condamné pour blasphème pour avoir envoyé un sms "blasphémateur" sur le portable d’un imam, sms en fait envoyé à partir d’une carte sim à son nom achetée à son insu. Zafar Ghatti croupit aujourd’hui en prison. Et sa famille, menacée de mort, a dû quitter la bourgade de New Town Rawalpindi (Islamabad) et vit cachée. Dans le "pays des purs", la haine envers les chrétiens est non seulement publique mais elle consolide une popularité.

C’est ainsi que le célèbre ex-champion de cricket pakistanais, Imran Khan, également ancien capitaine de l’équipe nationale de cricket, candidat aux élections présidentielles pour le parti pro-Talibans Pakistan Tehrik-E-Insaf, a lancé : "Moi vivant, aucun chrétien n’entrera dans l’équipe nationale, même s’il joue mieux que des musulmans", ajoutant que "ceux qui insultent l’islam méritent la mort"… On pourrait mentionner des milliers de cas d’autres persécutions de chrétiens, d’ahmadis, de chiites et d’hindouïstes au Pakistan. Ainsi, le 4 décembre dernier, dans le village de Ghulam Nabi Shah (province du Sinh), Vajanti Meghwar, une hindouïste de 6 ans, a été violée par des islamistes anti-hindous. Depuis, la fillette a subi plusieurs interventions et sa vie est en danger. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, lorsque sa famille a réclamé justice, on lui a répondu que l’on ne pouvait rien faire pour elle… Dans la plupart des cas, en effet, lorsque les pays occidentaux ne montent pas officiellement au créneau, comme cela fut le cas pour Asia Bibi, les non-musulmans persécutés ne sont pas défendus. Car dans la charia totalitaire en vigueur au Pakistan, le témoignage d’une femme ou d’un non-musulman n’a jamais la moindre chance d’être pris en compte par des juges face à celui d’un musulman.
Les "mécréants" ne peuvent compter ni sur la justice ni sur la solidarité de leurs amis musulmans, eux-mêmes menacés s’ils les défendent. Au Pakistan, comme dans nombre d’autres pays musulmans, un "infidèle" ne peut jamais être chef des armées, haut-fonctionnaire ou candidat à des élections présidentielles. Les chrétiens ne peuvent pas construire ou rénover une église sans autorisation fédérale, presque toujours refusée. Ils ne peuvent jamais exprimer publiquement leurs croyances, alors qu’ils sont obligés de suivre les cours de Coran dans les écoles. Dans le meilleur des cas, les filles non-musulmanes violées ou kidnappées - qui ne peuvent pas porter plainte contre leurs bourreaux - gardent la vie sauve en épousant leurs bourreaux et en se convertissant à l’islam, la police refusant de recevoir leurs plaintes ou produisant de faux rapports les accablant. D’où la triste mais lucide phrase de l’ex ministre des minorités, Shabbaz Bhatti : "Nous sommes sans voix et sans terre, étrangers dans notre propre pays".
Ainsi, pendant que l’Europe bat sa coulpe et traque la moindre trace d’"islamophobie" dénoncée par les pays islamiques, ceux-ci pratiquent une christianophobie officielle et décomplexée sans rencontrer la moindre réaction de la part de nos dirigeants. Or leur silence est coupable, car les pays qui persécutent leurs minorités chrétiennes sont souvent, comme le Pakistan, l’Arabie saoudite, le Koweït, ou même la Turquie, des pays "amis". L’occident pourrait exercer des pressions sur eux afin qu’ils abrogent ou assouplissent les législations qui légitiment les persécutions. Mais toute la différence entre la christianophobie et l’islamophobie réside dans le fait que si la première est combattue partout, "grâce" aux pressions exercées par les pays musulmans, la seconde est tolérée partout, à commencer par les pays occidentaux qui ont renié leurs racines chrétiennes au profit d’un relativisme culturel suicidaire et d’une forme de masochisme collectif expiatoire.

Alexandre Del Valle


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