samedi 27 mai 2017

La dictature-qui-ne-dit-pas-son-nom resserre son filet

Étant donné que, dans notre République élective, il faut une bonne médiatisation et un financement conséquent (confer graphique ci-dessous : celui de l'élection présidentielle 2012)

pour espérer remporter les élections et accéder aux postes de décideur, ce sont ces deux critères que le pouvoir en place doit contrôler.

1er critère

Concernant la médiatisation, les milliardaires français s'en sont chargés (confer graphique ci-dessous : les propriétaires des médias de masse en France).


L'accès à ces médias (en période d'élection) étant fixé par la loi, celle-ci a été modifiée en 2016 par le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas (membre du Parti Socialiste). Sa loi a introduit le soit-disant "principe d'équité" (qui est en fait un principe de proportionnalité) et, au passage, a obligé le Conseil Constitutionnel à publier quasiment en temps réel les noms des élus qui parrainent tel-le ou tel-le candidat-e lors des élections présidentielles.

Il fut un temps envisagé de porter le nombre de parrainages nécessaires de 500 à 1000 mais, ce faisant, les "épouvantails du système" Marine Le Pen (qui a obtenu entre 500 et 600 parrainages) et Jean-Luc Mélenchon (qui en a rassemblé 800), n'auraient pas pu jouer leur rôle aux côtés des gagnants potentiels : le Républicain François Fillon, le Socialiste frondeur Benoît Hamon et le contre-frondeur Emmanuel Macron.
Et surtout, cela aurait été trop visible. La dictature-qui-ne-dit-pas-son-nom est subtile. Ce n'est pas (encore) une dictature dure comme au temps du fascisme ou de la monarchie. C'est une dictature qui utilise plus la ruse que la force. Elle est plus orientée vers la dystopie "Le meilleur des mondes" que
vers l'autre dystopie de la science-fiction : "1984".

Malgré ces garde-fous, ce ne sont pas cinq candidats (ceux invités par TF1) mais onze qui ont pu obtenir le droit de se présenter aux élections présidentielles 2017. Parmi ces "accidents de la démocratie" (comme ose les qualifier Ruth Elkrief), on a pu remarquer :
- Nathalie Arthaud
- Philippe Poutou, "l'insolent" qui s'est permis de parler directement à deux des "gros" candidats en leur rappelant qu'ils avaient enfreint la loi,
- Jacques Cheminade, l'éternel ennemi de la finance (mais aussi l'éternel dernier du premier tour de l'élection présidentielle : en 1995, 2012 et 20107)
- et surtout, François Asselineau, "le professeur", qui explique aux électeurs, textes de loi à l'appui  (articles des traités européens) que ce que les autres candidats promettent est impossible à appliquer tant que la France demeure un État membre de l'Union Européenne.

2ème critère

Alors, le pouvoir en place a durci ses positions sur le financement.

Le député membre du Parti Socialiste René Dozière sous la commande du ministre de la Justice François Bayrou (président du MoDem), présente une mesure visant à durcir les conditions pour bénéficier du financement public. Lors des élections législatives, les partis politiques devront présenter 100 candidats ayant obtenu chacun 2,5% des suffrages exprimés.

Aujourd'hui, pour avoir le financement public, c'est-à-dire 1,42€ par voix chaque année pendant cinq ans, il faut 1% dans 50 circonscriptions.
(confer la candidate UPR Britt Boutboul - dans la 2ème circonscription de l'île de la Réunion- dans cette vidéo à 29mn :  https://www.facebook.com/reunion1ere/videos/1692159327491385/)

Si cette mesure était appliquée, dans le double but
- de vassaliser certains partis politiques
- et de faire taire les opinions divergentes en les privant des financements publics,
voici quelles seraient les victimes :

1) ceux qui présentent des candidats dans moins de 100 circonscriptions (sur les 577 existantes) aux élections législatives 2017 :

- Mouvement démocrate (MoDem) : 75
- et Parti radical de gauche (PRG) : 62

qui ont fait le choix de la soumission et de la collaboration avec "En Marche !" (comme hier Europe Ecologie Les Verts qui est/était une annexe du Parti Socialiste)

2) ceux qui ont obtenu moins de 2,5% aux élections présidentielles 2017 :

- le député du MoDem Jean Lassalle 1,21%
- Nouveau Parti Anticapitaliste avec Philippe Poutou 1,09%
- Union Populaire Républicaine avec François Asselineau 0,92%
- Lutte Ouvrière avec Nathalie Arthaud qui n'a obtenu que 0,64%
- et Solidarité et Progrès avec Jacques Cheminade 0,18

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