Les Européennes ont donné vainqueur le FN avec 25% des voix dans
l'Hexagone, loin devant l'UMP (20%) et le PS (14%). Comment expliquer
cette première place, aussi redoutée qu'attendue ? Quelles seront les
conséquences de ce séisme politique ?
Une abstention à relativiser...
Si
l'abstention dépasse les 50%, elle est à relativiser dans l'explication
du score du FN. Car le parti s'est plaint de nombreuses irrégularités
dans les bureaux de vote, dans lesquels les bulletins FN étaient
absents. En cause les préfectures aux ordres du gouvernement PS. Ainsi
le score au FN aurait été artificiellement abaissé par cette
impossibilité de voter FN pour de nombreux Français. Ce qui laisse
imaginer un score réel autour des 30%.
Par ailleurs,
Marine le Pen a réussi là où avait échoué Jean-Marie le Pen. Fidéliser
son électorat FN. Constituer une base électorale qui croit véritablement
à son accession au pouvoir, quand d'autres ne votaient que par
protestation ponctuelle au temps de son père. Ce qui permet dans des
circonstances de forte abstention de booster le score du FN, sans
nécessairement attirer plus de votants.
Des Présidents de Région FN ?
Cet
effet mathématique, plaçant le FN 1er, va renforcer cette idée que
Marine le Pen peut prendre le pouvoir. C'est pourquoi on peut voir des
Régions tomber dans les mains de ce parti. Car comme aux Européennes,
les Régionales sont un scrutin à la proportionnelle... Or les
Municipales ont montré que le PS et l'UMP n'étaient plus prêts à former
un front républicain contre le FN. Des triangulaires PS-UMP-FN
deviennent alors probables au 2nd tour des Régionales et rendront
possibles l'élection de Présidents de Région Front National. Préparant
ainsi au mieux la Présidentielle de 2017 pour Marine le Pen...
Grande remise en question à Droite
A
l'UMP, plusieurs voix s'élèvent pour modifier en profondeur le
fonctionnement de l'UMP. Jean-Pierre Raffarin, ancien 1er Ministre,
Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et François Fillon en tête laissent
entendre que le président du parti Jean-François Copé doit démissionner.
Illégitime par son élection trouble à la présidence du parti fin 2012,
il est maintenant accusé d'avoir mené l'UMP à la défaite, en droitisant
le débat politique pour récupérer les voix du FN. Les électeurs ainsi
amenés sur le terrain de la xénophobie ont préféré l'original à la
copie... Ce qui incite de nombreux responsables de l'UMP à tendre la
main au Centre pour former une grande coalition. Jean-Louis Borloo en
retrait pour raisons de santé, on devine que François Bayrou monnayera
cher cette alliance... Laquelle alliance Nicolas Sarkozy tentera de
récupérer via l'entremise de centristes qui luis sont restés fidèles,
comme Rama Yade (responsable de l'UDI).
L’effondrement de la Gauche et François Hollande plus que jamais discrédité
A
Gauche, la débâcle est totale. Le Front de Gauche ne profite pas de
l'impopularité du chef de l'Etat, en n'obtenant que 6% des suffrages.
Quant au PS, il paye de plein fouet l'échec du gouvernement en termes
d'emploi et de pouvoir d'achat. Mais aussi les hésitations de François
Hollande entre: le fait de ne pas froisser sa base électorale faite de
fonctionnaires et de pauvres aux minima sociaux d'une part et d'autre
part l'urgence des réformes structurelles du pays pour l'engager sur la
voie de la compétitivité et du social-libéralisme assumé, chemin
inévitable pour retrouver des marges pour tous: bénéfices et
investissements pour les entreprises, pouvoir d'achat et consommation
pour les ménages.
Manuel Valls et ses rebelles
Enfin
le 1er Ministre, en place depuis seulement 6 semaines, se trouve
littéralement coincé par le résultat de ces élections européennes.
Déterminé à poursuivre son action réformatrice, il annonce de prochaines
baisses d'impôts afin de redonner du pouvoir d'achat aux électeurs en
colère. Mais cela suffira-t-il ? Probablement pas. Pour ne pas voir sa
popularité chuter comme son Président, il devra mener de plus grandes
réformes: rationalisation des coûts de l'Etat, des collectivités locales
et de la Sécurité Sociale. On imagine déjà que François Hollande ne le
lui permettra pas, ce qui promet au 1er Ministre une descente dans
l'opinion publique voire sa démission. Dans ce contexte flou, des
socialistes rebelles pourraient tirer leur épingle du jeu en grognant
régulièrement, voire en entrant en opposition à l'instar de Nicolas
Sarkozy à l'époque de Jacques Chirac. Ce sera peut-être le cas de
Ségolène Royal, dont l'autoritarisme colle à une partie de l'électorat
du FN et dont la social-démocratie affirmée la rend également
centro-compatible, lui permettant de ratisser large à une éventuelle
prochaine Présidentielle.
La Réunion à part
Dans
cet imbroglio politique qui se profile à l'horizon national, la Réunion
reste avec ses spécificités et presque imperméable à ces évolutions
électorales nationales. En effet les fraudes électorales massives et les
achats de voix des pauvres pratiqués par les partis au pouvoir sont
tels, que le Front National n'a aucune chance de se faire élire dans
cette île. C'est pourquoi le député européen sortant Younouss Omarjee a
été "élu" sans problème. Néanmoins cette crise politique nationale
renforcera le sentiment de crise déjà perçu par nombre de Réunionnais et
décomplexera définitivement les velléités révolutionnaires, encouragées
par la preuve faite de la dictature réunionnaise et de l'incompétence
des politiciens réunionnais (certains ne savent même pas parler
français, ni compter !) qui sont de totales buses en Economie et n'ont
de toute façon pas envie de développer la région pour de pures raisons
de captation du pouvoir et d'enrichissent personnel. Le vent de réformes
et de décentralisation soufflant sur la France, achèvera de légitimer
une contestation citoyenne si tant est qu'elle soit suffisamment
intelligente pour fournir un projet global et crédible. Ces Réunionnais
courageux et talentueux existent-ils ? Qui vivra verra...
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3 commentaires:
"[...] des réformes structurelles du pays pour l'engager sur la voie de la compétitivité et du social-libéralisme assumé, chemin inévitable pour retrouver des marges pour tous: bénéfices et investissements pour les entreprises, pouvoir d'achat et consommation pour les ménages.", nous dit l'auteur de cet article. Mais c'est malheureusement incompatible.
Quand des travailleurs créent de la richesse (et la France ne cesse de progresser en productivité; les statistiques du PIB le démontrent), il faut la partager avec les propriétaires des entreprises.
En France, les propriétaires récupèrent environ 40% de la richesse produite par leurs employés et les répartissent en bénéfices (dividendes des actionnaires) et en investissements pour maintenir leurs entreprises (leur capital) compétitif.
Les producteurs de richesse, les travailleurs, ne récoltent que 60% de ce qu'ils ont créé : 30% environ en salaire net, tout de suite, et les autres 30%, les cotisations sociales, seront perçus plus tard, quand ils en auront besoin (assurance maladie, allocation familiale, allocation chômage, pension de retraite).
Ce que dit l'auteur de l'article est donc impossible (à moins d'augmenter de façon magistrale la productivité) : si on augmente le profit (c'est-à-dire les bénéfices du capital), on diminuera la part qui revient aux ménages (aux travailleurs ou chômeurs non-propriétaires).
Quand aux pronostics de l'auteur (pourtant admirateur de Jacques Attali), il n'a pas deviné ce qui se tramait et ce qui allait se passer en 2017.
L'UMP et le PS ont "explosé" mais on pourrait dire aussi bien : ont officieusement "fusionné" autour du candidat (quasiment sorti de nulle part avant d'être choisi comme ministre de l'économie et des finances par François Hollande pourtant autoproclamé "ennemi de la finance") choisi par la grande bourgeoisie de ce pays. Je parle bien sûr du détestable Emmanuel Macron, inspecteur des finances sorti de l'ENA et employé de la banque Rothschild; qui se révèle dès novembre 2018 être un dictateur quoiqu'en dise la propagande télévisuelle.
"le Front National n'a aucune chance de se faire élire dans cette île" poursuit-il.
C'est devenu moins sûr depuis les élections européennes 2019 où le Front National (devenu Rassemblement National) est arrivé en tête dans toutes les communes de l'île de la Réunion; et la France Insoumise (parti du député union-européen Younouss Omarjee) deuxième dans 21 des 24 communes.
PS : La remarque entre guillemets Younouss Omarjee a été "élu" fait référence au fait que ce dernier a bénéficié d'un taux de participation pour les élections européennes précédentes proprement exceptionnel dans les communes de l'est de la Réunion : plus de 80% contre plutôt 40% partout ailleurs ... et surtout avec nombre de signatures d'électeurs contrefaites (analyses graphologiques à l'appui).
Et pourtant son élection n'a pas été remise en doute.
Et pourtant ce même Younous Omarjee a été réélu en 2019 (mais peut-être au bénéfice d'un changement de mode de scrutin).
Pour en savoir plus sur ce changement : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_europ%C3%A9ennes_de_2019_en_France#Par_d%C3%A9partement
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