vendredi 23 mai 2014

Horizon 2050, par Jean Raspail

QUAND LA PATRIE EST TRAHIE PAR LA REPUBLIQUE (par JeanRaspail)

J’ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d’un colis piégé. Difficile de l’aborder de front sans qu’il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C’est pourtant l’interrogation capitale. J’ai hésité.

 (Jean Raspail, écrivain, auteur du Camp des Saints) 

D’autant plus qu’en 1973, en publiant « Le Camp des saints », j’ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites. Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu’« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d’une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié - la plus âgée - de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, Maghrébins ou Noirs et d’Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l’islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer.

TOUTE L’EUROPE MARCHE À LA MORT

La France n’est pas seule concernée. Toute l’Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas - rapport de l’ONU (qui s’en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment -, mais ils sont systématiquement occultés et l’Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l’Europe des Quinze est l’un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l’incurie des « gouvernances » et qu’il lui faudra affronter dans son âge d’homme. Sans compter que les « Français de souche », matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l’homme, de « l’accueil à l’autre », du « partage » cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites « antiracistes », conditionnés dès la petite enfance au « métissage » culturel et comportemental, aux impératifs de la « France plurielle » et à toutes les dérives de l’antique charité chrétienne, n’auront plus d’autre ressource que de baisser les bras et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule « citoyen » du Français de 2050.

LA PREMIÈRE HYPOTHÈSE : LES ISOLATS RÉSISTANTS

Ne désespérons tout de même pas. Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français - et pas nécessairement tous de race blanche - qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. Cela ne leur sera pas facile. Face aux différentes « communautés » qu’on voit se former dès aujourd’hui sur les ruines de l’intégration (ou plutôt sur son inversion progressive : c’est nous qu’on intègre à « l’autre », à présent, et plus le contraire) et qui en 2050 seront définitivement et sans doute institutionnellement installées, il s’agira en quelque sorte - je cherche un terme approprié - d’une communauté de la pérennité française. Celle-ci s’appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore. Cela ne plaira pas. Le clash surviendra un moment ou l’autre. Quelque chose comme l’élimination des koulaks par des moyens légaux appropriés. Et ensuite ? Ensuite la France ne sera plus peuplée, toutes origines confondues, que par des bernard-l’ermite qui vivront dans des coquilles abandonnées par les représentants d’une espèce à jamais disparue qui s’appelait l’espèce française et n’annonçait en rien, par on ne sait quelle métamorphose génétique, celle qui dans la seconde moitié de ce siècle se sera affublée de ce nom. Ce processus est déjà amorcé.

LA SECONDE HYPOTHÈSE : LA « RECONQUISTA »

Il existe une seconde hypothèse que je ne saurais formuler autrement qu’en privé et qui nécessiterait auparavant que je consultasse mon avocat, c’est que les derniers isolats résistent jusqu’à s’engager dans une sorte de « Reconquista » (lire «De la Reconquête Française» - de Marc Noé) sans doute différente de l’espagnole mais s’inspirant des mêmes motifs. Il y aurait un roman périlleux à écrire là-dessus. Ce n’est pas moi qui m’en chargerai, j’ai déjà donné. Son auteur n’est probablement pas encore né, mais ce livre verra le jour à point nommé, j’en suis sûr. Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’«éternelle» qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé. Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’État (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces « intelligents » qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l’organisme encore sain de la nation française.

LES RENÉGATS DE LA FRANCE

Même si je peux, à la limite, les créditer d’une part de sincérité, il m’arrive d’avoir de la peine à admettre que ce sont mes compatriotes. Je sens poindre le mot « renégat », mais il y a une autre explication : ils confondent la France avec la République. Les « valeurs républicaines » se déclinent à l’infini, on le sait jusqu’à la satiété, mais sans jamais de référence à la France. Or la France est d’abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n’est qu’une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d’idéologie, idéologie avec un grand « I », l’idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu’ils trahissent la première pour la seconde. Parmi le flot de références que j’accumule en épais dossiers à l’appui de ce bilan, en voici une qui sous des dehors bon enfant éclaire bien l’étendue des dégâts. Elle est extraite d’un discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République. » Puisque nous en sommes aux citations, en voici deux, pour conclure: « Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie. » (Président Boumediene, mars 1974.) Et celle-là, tirée du XXe chant de l’Apocalypse : « Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée. »

Jean Raspail

5 commentaires:

Je a dit…

Jean Raspail, né le 5 juillet 1925 à Chemillé-sur-Dême (Indre-et-Loire), est un écrivain et explorateur français.

Biographie

Fils d'Octave Raspail, président des Grands moulins de Corbeil et directeur général des mines de la Sarre, et de Marguerite Chaix, Jean Raspail fait ses études au collège Saint-Jean-de-Passy, à Paris, où il est élève de Marcel Jouhandeau, puis à l'Institution Sainte-Marie, à Antony, pour enfin aller à l'École des Roches à Verneuil-sur-Avre (Prairie-Colline 1936-1940).

Il se met tardivement à l'écriture, bien que la vocation l'ait taraudé dès le lycée; la lecture de son premier roman de jeunesse, jugé négativement par un académicien ami de son père, le bloquera pendant des années.

Pendant ses vingt premières années de carrière, il court le monde à la découverte de populations menacées par la confrontation avec la modernité. Il est marqué par le scoutisme qu'il a connu jeune, et son premier voyage, en 1949, l'emmène en canoë de Québec à La Nouvelle-Orléans, sur les traces du père Marquette. Il rallie ensuite la Terre de Feu à l'Alaska en automobile (du 25 septembre 1951 au 8 mai 1952) puis dirige une expédition française sur les traces des Incas en 1954, avant de passer une année entière au Japon en 1956.

En 1970, l'Académie française lui remet le prix Jean-Walter pour l'ensemble de son œuvre. En 1973, il s'autorise enfin à revenir au roman et écrit son œuvre phare, Le Camp des saints, dans lequel l'écrivain décrit la submersion de la France par l'échouage sur la Côte d'Azur d'une flotte de bateaux en ruine venue d'Inde, chargée de réfugiés. En février 2011, ce roman est réédité avec une nouvelle préface, intitulée « Big Other ». Roman controversé : certains médias y voient un livre de « référence » pour une partie de l'extrême droite française, laquelle considérerait l'ouvrage comme « visionnaire ».

Après Le Camp des saints, Jean Raspail écrira un grand nombre de romans couronnés de succès, parmi lesquels Septentrion, Sire et L'Anneau du pêcheur.

Un certain nombre d'ouvrages évoquent également la Patagonie, à travers la revendication du royaume de Patagonie et d'Araucanie par Orélie-Antoine de Tounens, avoué de Périgueux, dans la seconde moitié du XIXe, tout autant que dans l'évocation de l'histoire et du destin de ces régions du bout du monde, notamment dans Qui se souvient des hommes.... En 1981, il se proclame consul général de Patagonie, ultime représentant du royaume d'Orélie-Antoine Ier. Il se déclare par ailleurs royaliste.

Je a dit…

Son catholicisme traditionnel sert d'inspiration pour beaucoup de ses œuvres utopiques, dans lesquelles les idéologies du communisme et du libéralisme sont vouées à l'échec, et une monarchie catholique est rétablie. Dans le roman Sire, un roi français est couronné à Reims en février 1999, Philippe Pharamond de Bourbon, âgé de 18 ans, descendant direct des derniers rois de France.

En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix », initiée par le collectif Non à la guerre.

Il postule à l'Académie française le 22 juin 2000 et recueille 11 voix (6 pour Max Gallo et 4 pour Charles Dedeyan), sans toutefois obtenir la majorité requise pour être élu au siège vacant de Jean Guitton.

Le 17 juin 2004, il publie une tribune dans Le Figaro intitulée « La patrie trahie par la République », dans laquelle il critique la politique d'immigration menée par la France. Il est alors, avec le journal, attaqué en justice par la LICRA pour « provocation à la haine raciale », mais est finalement relaxé par une décision de la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris en date du 28 octobre.

Il a appartenu au comité d'honneur du Cercle national Jeanne-d'Arc, affilié au Front national. Il est par ailleurs membre de l'association Les Écrivains de marine, fondée par Jean-François Deniau.

En 2012, il s'associe au projet « Notre antenne », porté par Gilles Arnaud et Philippe Milliau, qui donne naissance en 2014 à TV Libertés.

Je a dit…

Œuvres

* Terre de Feu - Alaska (1952) - récit d'aventures
* Terres et Peuples Incas (1955)
* Le Vent des pins (1958)
* Terres saintes et profanes (1960)
* Les Veuves de Santiago (1962). Nouvelle édition illustrée par Yann Méot, 260 p., Via Romana, Versailles, 2010
* Hong-Kong, Chine en sursis (1963)
* Secouons le cocotier (Robert Laffont, 1966) - récits de voyage. Nouvelle édition, Via Romana, Versailles, 2012
* Secouons le cocotier : 2, Punch Caraïbe (1970) - récits de voyage
* Bienvenue honorables visiteurs (le Vent des pins) (1970) - roman
* Le Tam-Tam de Jonathan (1971) - nouvelles
* L'Armada de la dernière chance (1972)
* Le Camp des saints (Robert Laffont, 1973) - roman. Nouvelle édition précédée de « Big Other », 2011
* La Hache des steppes (1974). Nouvelle édition Via Romana, 2016 - récits de voyage
* Journal Peau-Rouge (1975) - récits de voyage
* Nuage Blanc et les Peaux-rouges d'aujourd'hui (1975) - signé Aliette et Jean Raspail
* Le Jeu du roi (1976) - roman
* Boulevard Raspail (1977) - chroniques
* Les Peaux-rouges aujourd'hui (1978)
* Septentrion (1979) - roman
* Bleu caraïbe et citrons verts : mes derniers voyages aux Antilles - récits de voyage. (1980).Nouvelle édition, Via Romana, Versailles, 2014
* Les Antilles, d'île en île (1980)
* Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie (1981) - roman. Grand prix du roman de l'Académie française
* Les Hussards : histoires exemplaires (1982)
* Les Yeux d'Irène (1984) - roman
* Le Président (1985) - roman
* Qui se souvient des hommes... (1986) - roman. Prix Chateaubriand (1986), prix Charles Oulmont 1987 et prix du Livre Inter (1987)16
* L'Île bleue (1988) - roman
* Pêcheur de lunes (1990)
* Sire (1991) - roman. Grand prix du roman de la Ville de Paris (1992) et Prix Alfred de Vigny (1992)
* Vive Venise (1992) - signé Aliette et Jean Raspail
* Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée (1993) - roman (communément appelé Sept cavaliers…)
* L'Anneau du pêcheur (1995) - roman. Prix Prince-Pierre-de-Monaco (1996) et prix Maison de la Presse (1996)
* Hurrah Zara ! (1998) - roman. Grand prix littéraire de la Ville d’Antibes Jacques-Audiberti (1999)
* Le Roi au-delà de la mer (2000) - roman
* Adiós, Tierra del Fuego (2001)
* Le Son des tambours sur la neige et autres nouvelles d'ailleurs (2002)
* Les Royaumes de Borée (2003) - roman, dont il a également scénarisé l'adaptation en bande dessinée (Le Royaume de Borée, 2011-2014)
* En canot sur les chemins d'eau du Roi : une aventure en Amérique (2005), éditions Albin Michel - récit de voyage, Prix littéraire de l'armée de terre - Erwan Bergot (2006) et Grand prix des explorations et voyages de découverte (2007) de la Société de géographie.
* Avec Alain Sanders, Armand de La Rouërie, l'« autre héros » des Deux Nations, Atelier Fol'Fer, 2013.
* Là-bas, au loin, si loin (réédition de cinq romans suivis de la nouvelle inédite et inachevée La Miséricorde), Bouquins, 2015
* Terres Saintes et profanes, Paris, Via Romana, 2017.
* La Miséricorde, Paris, Éditions des Équateurs (2019) - roman

Je a dit…

Jean Raspail s'interroge :
Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’«éternelle» qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé.

Puis émet une hypothèse :
[...]ils confondent la France avec la République. Les « valeurs républicaines » se déclinent à l’infini, on le sait jusqu’à la satiété, mais sans jamais de référence à la France. Or la France est d’abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n’est qu’une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d’idéologie, idéologie avec un grand « I », l’idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu’ils trahissent la première pour la seconde.

Je pense qu'il se trompe. Le double projet de remplacement de la population (européenne par celle issue du tiers-monde) et d'effacement de la France (au sein de l'Union Européenne, pour commencer), en tant que Nation mais aussi en tant qu’État, n'est pas un projet républicain ; c'est un projet mondialiste. Le sous-titre de l'essai "Comprendre l'Empire" d'Alain Soral est le plus clair : Demain, la gouvernance mondiale ou la révolte des nations ?

Je a dit…

Ceci étant dit, je ne suis ni catholique (je suis athée), ni raciste (je vis sur l'île du métissage : La Réunion), ni républicain (je suis anarchiste).

Le projet royaliste de Jean Raspail ne me convient pas du tout puisqu'il repose sur la notion de "droit divin" et suppose qu'il existe des êtres dignes d'être des monarques. L'Histoire nous a pourtant prouvé que ce ne sont que des tueurs, de vulgaires chefs de bandes armées.

Quant au projet "mondialiste", c'est celui des banquiers (protestants et juifs) qui à leur tour ont la folie des grandeurs. Ils veulent une population mondiale sans racines, sans cultures spécifiques; des esclaves consommateurs de produits de masse, des serviteurs dociles. Il n'y a aucune bienveillance chez des personnes comme Fabius et encore moins d'ouverture à l'autre (mariage mixte par exemple, avec un goy, un musulman ou un Africain).