Une nouvelle façon de calculer la durée des règnes, va permettre d'affiner le classement des meilleurs combattants de tous les temps, voire de révéler des champions qui n'apparaissaient pas jusqu'alors dans les dix meilleurs.
On va prendre comme base la période incluse entre les dates du premier et du dernier titre, ou mieux de la dernière tentative de conquête d'un titre. Puis on va appliquer un ratio : nombre de couronnes sur nombre de participations aux compétitions les plus importantes.
Voici, présentés chronologiquement, les champions dont la domination complète ou partielle a duré le plus longtemps (de 5 à 7 olympiades, c'est-à-dire un minimum de 17 années !) :
nom du champion / 1er titre / dernier titre / période de domination à cheval sur/ estimation actuelle du règne *
* d'après le livre http://www.lulu.com/content/2252321
Hipposthènes de Lacédémone : -632 / -608 / 25 ans / 24+/-3 années
Entre son premier succès olympique et son sixième et dernier, sept Jeux Olympiques se sont écoulés. Comme c'était la seule compétition existant à l'époque, on peut penser qu'Hipposthènes a participé aux 7. Mais il n'en a gagné que 6 sur 7 en 25 ans. 6/7x25=21,4... années. Hipposthènes a ensuite accompagné son fils Hetoimokles aux Jeux de 604 avant JC. A-t-il concouru lui aussi ? Hetoimoklès chez les « paides » et Hiposthènes chez les « andres » ? Auquel cas, il connut à nouveau la défaite. Si oui, le calcul de la durée de son règne donne : 6/8x29= 21,7... années.
Hetoimokles de Lacédémone : -604 / -588 / 17 ans / 20+/-3 années
Hetoimokles a conquis 5 titres consécutifs : 5/5x17=17 années. A-t-il tenté un 6ème titre, pour égaler son père ? Si oui, c'est en 584 avant JC qu'il a connu la défaite. Le calcul donne : 5/6x21=17,5 années de règne.
Milon de Crotone : -540 / -514 / 27 ans / 26+/-1 années
Milon est resté invaincu jusqu'en 512 avant JC mais, contrairement à Hipposthènes, il n'a sans doute pas participé aux Jeux Olympiques de 536 quand il n'était qu'un « imberbe ». Entre 540, année de son premier titre « enfant » et 512, année de sa défaite chez les « adultes » alors qu'il avait dépassé la quarantaine, sa carrière s'est écoulée à cheval sur 29 années. Il remporta 32 des 33 grands Jeux sacrés auxquels il participa : 32/33x29=28,1... années de règne. Même en ne considérant que les plus importants, les Jeux Olympiques et les Jeux Pythiques, Milon a gagné 13 des 14 auxquels il a participé, à cheval sur 15 éditions (29 années). L'estimation de son règne revient à un minimum de : 13/14x29=26,9... années.
Glaukos de Karystos : -520 / … / 18 ou 19 ans / 13 années environ
Glaukos de Karystos a conquis dix titres isthmiques et huit néméens en plus de son titre olympique de 520 avant JC et de ses trois titres pythiques. Sa carrière au sommet s'étend donc au moins sur 19 années, durant lesquelles Glaukos a remporté presque toutes les compétitions de l'Isthme de Corinthe (10 sur 10) et de Némée (8 sur 9). Mais durant cette période, sur 10 grands titres possibles (5 à Olympie et 5 Delphes), il n'en a gagné « que » 4 : un olympique et trois pythiques. On peut donc calculer la durée de s règne véritable de deux façons :
- soit en ne comptant que les principales couronnes : 4/10x19=7,6 années
- soit considérant tous les titres comme équivalents : 22/29x19=14,4... années.
L'estimation précédente de 13 années (celle du livre), obtenue en pondérant deux fois plus les titres olympiques ou pythiques que les isthmiques ou néméens (moyenne de (1+3)x2 et de (10+8)x1) se retrouve effectivement dans ce large intervalle.
Imaginons également qu'après sa victoire à Olympie (où il avait été terriblement amoché), Glaukos n'ait plus voulu y retourner. Cela impliquerait qu'il ait fait l'impasse sur 4 éditions des Jeux Olympiques et qu'en fait il ait en réalité gagné 4/6 des grands Jeux (Olympie ou Delphes) auxquels il se soit présenté. L'estimation de la durée de son règne deviendrait : 4/6x19=12,6... années.
Théogènes de Thasos : -490 / -473 / 18 ans / 15 années environ.
Théogènes a conquis deux titres olympiques (un en pugilat, l'autre en pancrace), trois titres pythiques (tous en pugilat), dix isthmiques (dont un doublé pugilat-pancrace) et neuf néméens. Sa carrière au sommet s'étend sur 18 années (période correspondant à 9 cycles isthmiques + 9 néméens). Sur une telle période de domination, quelques titres majeurs lui ont échappé : les Jeux Olympiques de 488 et 484 (battu par Euthymos de Locres Epizéphyriennes lors de ces derniers) et les les Jeux Pythiques de 490 et 486. Sur 18 années, il aurait au maximum pu remporter 4 titres olympiques, 5 pythiques, 9 isthmiques et 9 néméens. Concernant les isthmiques, il a fait mieux que le maximum puisqu'il a cumulé deux disciplines. Théoriquement, le total maximum de titres serait 27. Voici ce que donne le calcul de son règne d'après le ratio « victoires/participations*période de domination » : 24/27x18=16 années. S'il a continué sa carrière jusqu'aux Jeux Olympiques de 472 avant JC (à nouveau remportés par son rival Euthymos de Locres), le calcul devient : 24/29x19= 15,7... années.
Dategaseki/Tanikaze : 1772 / 1793 / 22 ans / 11 années complètes
Dategaseki, premier sumotori à recevoir le titre de yokozuna de son vivant, rebaptisé Tanikaze, remporta 21 basho sur les 39 auxquels il participa. A cette époque, les tournois de l'empereur (basho) n’avaient lieu qu'une ou deux fois par an. Les succès de Tanikaze s’étalent sur la période 1772 (premier basho victorieux à l’âge de 22 ans) à 1793 (dernier succès à l’âge de 43 ans). Il continuera à combattre l'année suivante, 1794, l'année de sa mort. Sur une période à cheval sur 23 années, il aura totalement ou partiellement dominé 16 années :
1772 (1), 1774 (1/2), 1775 (1/2), 1776 (1), 1777 (1/2), 1778 (1/2), 1779 (2/2), 1780 (2/2), 1781 (2/2), 1782 (1/2), 1783 (2/2), 1784 (1/2), 1786 (1/2), 1788 (1/2), 1792 (2/2) et 1793 (½).
Dans livre « Le meilleur combattant de tous les temps » (paru chez Lulu.com), c'est le nombre d'années de pleine domination qui avait été retenu (chaque titre comptant pour 6 mois). Son règne était donc estimé à 10,5 années (=21/2). Première correction : il aurait fallu compter 11,5 années puisqu'en 1772 et 1776, il n'y avait eu qu'un seul basho par an. Le calcul de son règne d'après le ratio « victoires/participations*période de domination » apporte un plus : on écarte les non-participations qu'on comptait jusque-là comme des défaites. Cela donne : 21/39x23=12,3... années.
Torokishi Raiden : 1790 / 1810 / 21 ans / 14 années complètes
Entre 1790 (date de son premier succès, à 23 ans) et 1810 (date de son dernier, à 43 ans), Raiden a remporté un total de 28 basho. En voici le détail, année après année : 1790 (1/2), 1793 (1/2), 1794 (2/2), 1795 (½), 1796 (½), 1797 (2/2), 1798 (2/2), 1799 (2/2), 1801 (½), 1802 (½), 1803 (2/2), 1804 (½), 1805 (2/2), 1806 (½), 1807 (2/2), 1808 (2/2), 1809 (2/2) et 1810 (2/2). Ainsi, il a dominé totalement ou partiellement 18 années différentes.
Au tout début de sa longue carrière, Raiden a été dans l'ombre de Tanikaze et d'Onogawa mais à partir de l'année 1793, il a régné pratiquement sans rival. Il a en effet remporté au moins un basho par an (à l'exception d'un « trou » en 1800), et, surtout, il n'en laissa échapper que 2 auxquels il participa (en 1800, battu par Sendagawa et en 1806 battu par Ookido). Les trois dernières années de sa carrière (1808,1809 et 1810), il a quand même parfois été égalé par un autre sumotori : Kashiwado, avec qui il partagera les titres dans trois bashos.
Dans le livre « Le meilleur combattant de tous les temps », en partant du principe qu'un basho équivalait à 6 mois de règne, la durée du règne de Raiden a été estimée à 14 années pleines. Mais s'il avait été un champion au règne continu, comme par exemple en boxe anglaise professionnelle, on aurait dit qu'il avait été champion :
- éphémèrement en 1790 (le temps d'un basho, après 3 victoires et avant 2 autres d'Onogawa),
- ensuite de 1793 à 1800 (7 années)
- puis de 1801 à 1806 (5 années)
- et enfin de 1806 à sa retraite en 1811 (5 années), soit un total de près de 18 années.
Un façon de trancher entre les deux estimations, 14 ou 18 années de règne, c'est de considérer la proportion de victoires par rapport aux participations à des bashos. En effet, contrairement à son maître Tanikaze, Raiden ne participa pas à tous les bashos une fois arrivé au sommet de sa carrière (1790-1810). Durant ces 21 années, il fit l'impasse sur 7 basho mais participa quand même à 34 et surtout, en remporta 28.
28/34x21=17,2... années.
Gaddar Kel Aliço : 1861 / 1886 / 26 ans / 26 années
Pour ce champion, le calcul est facile. Il gagna tous les Kirkpinar de 1861 à 1886, ne s'inclinant qu'à son 27ème, face à Koca Yusuf Ismaëlo. 26/27x27=26 années de règne.
Cassius Clay/Mohamed Ali : 1960 / 1979 / 20 ans / 13 années environ.
Cassius Clay a été champion olympique en 1960 à 18 ans. Ensuite, il est devenu boxeur
professionnel et est demeuré invaincu jusqu'à sa conquête de titre en février 1964. Il a régné comme champion du monde professionnel de 1964 à 1968 (destitué pour avoir refusé de participer à la guerre du Vietnam, puis retrait officiel en février 1970 pour laisser le titre mondial unifié au vainqueur du combat Joe Frazier-Jimmy Ellis ... mais Frazier était devenu champion NYSAC dès mars 1968 ; et Ellis champion WBA dès avril 1968), a reconquis son titre en octobre 1974 (deuxième règne jusqu'en février 1978) puis a pris sa revanche sur son tombeur Leon Spinks la même année 1978, en septembre, pour finalement se retirer en septembre 1979. Au total, il a bien régné : 4 ans et 1 ou 2 mois + 3 ans et 4 mois + 1 an soit 8 années et 5 ou 6 mois (c'est-à-dire 8,4 ou 8,5... années) comme champion du monde poids lourds parmi les professionnels.
Si on accorde une valeur de 4 années à un titre olympique, à l'époque où c'était la seule compétition en boxe amateur de niveau mondial, on a bien un total de 12,4... ou 12,5 années de règnes cumulés. Par contre, si on ne prend pas comme repère le retrait de sa licence et le partage de ses titres en février et avril 1968 mais son retrait officiel en février 1970 comme fin de son premier règne chez les professionnels, on peut monter jusqu'à 14,3... années !
Lennox Lewis : 1983 / 2004 / 22 ans / 11 années
Décrié pour son style ennuyeux, Lennox Lewis a quand même été triple champion du monde poids lourds chez les professionnels (comme Mohamed Ali), avec deux reconquêtes contre les deux seuls boxeurs à l'avoir battu. Comme Ali, il fut également champion olympique chez les amateurs, et même, en plus, champion du monde junior. Au final, ses règnes cumulés s'élèvent à 11 années, certes derrière Mohamed Ali mais uniquement parce que le titre olympique de ce dernier est pondéré de 4 années (contre une seule à Lewis).
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