jeudi 6 avril 2017

Il reste encore au moins un journaliste d'investigation (ou du moins de vérification) en France !


«Grand débat» : oui, Asselineau connaît par cœur les traités qu'il déteste

Gaël Lombart (@gaellombart)

Citant à l'envi les textes qui encadrent le fonctionnement de l'UE ou de l'Otan, le candidat de l'UPR a fait un sans-faute, mardi soir. En revanche, il a été imprécis sur l'endettement des partis politiques.

Pas une fois, il n'est intervenu sans citer un chiffre ou l'obscur alinéa d'un texte législatif. François Asselineau s'est distingué, mardi soir, lors du «Grand débat» de la présidentielle, par ses références précises, faisant même sourire François Fillon à l'évocation d'une énième disposition du traité du fonctionnement de l'Union européenne.

La débauche de mentions d'articles, — 13 au total —, était risquée. Mais comme nous avons pu le vérifier, le candidat de l'Union populaire républicaine (UPR) ne s'est jamais trompé de ligne, qu'il s'agisse du traité du fonctionnement de l'Union européenne, du traité de l'Union européenne ou du traité de l'Atlantique Nord. Des textes qu'il abomine pourtant, puisqu'il souhaite un «Frexit» et une sortie de la France de l'Otan. Pas d'erreur non plus sur la Constitution de la Vème République et la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen.

Parmi les exemples les plus techniques, il a cité correctement les deux modifications constitutionnelles de «juillet 1993» et de 2007 qui ont respectivement conduit au retrait de notre constitution de l'article 68 portant sur le «crime de complot contre la sûreté de l'Etat» et de «haute trahison». Bonne pioche aussi sur la règle qui impose la rédaction du rapport qu'il a brandi plusieurs fois face caméra, celui sur les grandes orientations de politique économique de l'UE : il s'agit bien de l'article 121 du traité sur le fonctionnement de l'Union.

Faux sur les dettes de Debout la France


En revanche, François Asselineau a été un peu plus flou sur l'endettement des partis. Le candidat de l'UPR propose que les banques ne prêtent pas aux formations politiques, selon l'argument, difficilement démontrable, «qu'à partir du moment où les partis politiques sont financés par les banques, ce sont les banques aussi qui leur donnent leurs instructions».

Dans cet esprit, il a livré sur le plateau les chiffres de l'endettement et les montants des fonds propres des partis soutenant ses principaux concurrents. Ces données, qui remontent à 2015 et qui ont été publiées le 7 février dernier, sont disponibles sur le site de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

En ce qui concerne Les Républicains, le FN et le PS, les chiffres concordent. Mais pas pour Debout La France de Nicolas Dupont-Aignan. Contrairement à ce qu'avance Asselineau, ce parti n'est pas endetté à hauteur de 1,1 million d'euros auprès des établissements de crédit, mais de 1446 €. Les dettes qu'il cite se rapportent à des fournisseurs, non à des banques. Nicolas Dupont-Aignan a d'ailleurs protesté : «C'est complètement faux, les banques ne me prêtent pas». L'UPR de François Asselineau, qui revendique «0 € d'emprunt» auprès des banques, avait contracté, en 2015, 164 779€ au titre de «dettes fournisseurs et comptes rattachés».

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Les comptes de Debout la France.

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Les comptes de l'UPR.

François Asselineau a reconnu son erreur sur Facebook, mercredi : «Vérification faite, cette information était partiellement erronée». «Par souci de transparence et de vérité, je tiens à apporter ce correctif et à présenter mes excuses à M. Dupont-Aignan pour l'erreur factuelle commise, a-t-il ajouté.


 

Source : http://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/grand-debat-oui-asselineau-connait-par-coeur-les-traites-qu-il-deteste-05-04-2017-6826416.php

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