jeudi 20 avril 2017

Présidentielle: «Nous ne sommes plus en démocratie», affirme François Asselineau

A 59 ans, François Asselineau vit sa première campagne. Le candidat de l’Union populaire républicaine (UPR), est la surprise de cette présidentielle. Après HEC et l’ENA, l’inspecteur général des finances a fait le tour des cabinets ministériels. Mais le 25 mars 2007, il s’en éloigne pour fonder l’UPR, convaincu que la France doit se retirer de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan pour retrouver sa souveraineté.
Dix ans plus tard, le candidat du « Frexit » continue de prêcher pour une sortie des traités, qu’il connaît sur le bout des ongles. « On me reproche de connaître mes dossiers… C’est comme si on reprochait à un pilote de ligne de savoir comment fonctionne un avion ». Il nous reçoit à son QG de campagne, avenue de Wagram, à Paris.

Qu’avez-vous pensé des frappes américaines en Syrie. Etes-vous pour le maintien de Bachar al-Assad ?

Je suis partisan du droit international, gravé dans le marbre par l’ONU. S’il est avéré que les troupes syriennes ont gazé leur population, c’est un crime. Et à ce moment-là, l’ONU peut demander des mesures dans le cadre du Conseil de sécurité. Encore faut-il que ce soit avéré car pour l’instant on a des informations qui sortent d’un chapeau, qui viennent des médias occidentaux, qui ne sont pas confirmés par les Russes. Il faudrait qu’une enquête soit conduite.
On peut avoir un doute légitime sur les affirmations des médias quand on se rappelle ce qui s’est passé en 2003 avec la guerre en Irak. Colin Powell a finalement avoué qu’il n’y a jamais eu d’armes de destructions massives. Cette guerre a été déclenchée illégalement. Selon le droit international, les Américains n’ont pas le droit de tirer des missiles. Les Etats-Unis ne sont pas les gendarmes de la planète. Concernant Bachar al-Assad, sachez qu’il y a 193 Etats aux Nations Unies, et il doit y en avoir 130 ou 140 qui le reconnaissent comme le président légitime de la Syrie. Le monde occidental doit arrêter de penser qu’il est le dirigeant de la planète.

En souhaitant la sortie de l’Otan, estimez-vous qu’il n’y a pas de menace d’impérialisme russe comme le pensent certains ?

La Chine et la Russie sont encerclées de bases militaires américaines, notamment de l’Otan sur la partie européenne et moyen-orientale. Alors que des bases russes, il doit y en avoir 2 ou 3 dans le monde en dehors de la Russie. Mais je ne suis pas un bisounours. Je ne dis pas que Poutine et les Russes sont des anges. Chaque partie joue sa partition. Ce que je sais, c’est que la France est placée sous la domestication de l’Otan, par l’article 42 du traité de l’UE, et j’estime que ce n’est pas bien. J’ai prévu de sortir de l’UE et de l’Otan pour que la France renoue avec sa tradition, c’est-à-dire un non-alignement. Je ne vais pas dire que la France se désarme, mais on modifiera la doctrine de Défense.

Vous vous présentez comme le « candidat du Frexit ». Qu’est ce qui vous différencie des autres candidats qui proposent la sortie de l’euro ?

Moi, ça fait dix ans que je parcours la France pour dire qu’il faut sortir de l’Union européenne. Si les autres candidats vont désormais dans cette direction, c’est par effet de mode, et non par réflexion personnelle. Je suis le seul candidat qui combat le principe même de la construction européenne. Ceux qui proposent de changer l’Europe en renégociant les traités, comme Le Pen, Mélenchon, ou Dupont-Aignan, mentent. Ils savent très bien que pour renégocier profondément les traités, il faut l’accord des 28 gouvernements, puis des 28 parlements nationaux. Tout ça, c’est de la politicaillerie. Avec moi, ce sera clair et net. Une fois élu, je lancerai la procédure de l’article 50 du traité de l’UE pour en sortir.

La sortie de l’euro ne semble pas majoritaire dans l’opinion. Comment convaincre ceux qui peuvent avoir peur d’en sortir ?

Je ne suis pas certain qu’une majorité de Français soit contre. Lors du débat, sur les onze candidats, les eurocritiques étaient majoritaires. Les Français entendent toujours le même discours : on leur assure que si on sort de l’euro, ce serait la catastrophe. Moi je soutiens le contraire. Le scandale, c’est qu’il n’y a pas de débat approfondi sur cette question. L’euro est en train d’exploser, il est en train de nous entraîner dans un désastre financier mondial, mais personne n’en parle à part moi.

Vous dites que vous souhaitez sortir de l’UE pour « rétablir la démocratie ». Nous n’y sommes plus aujourd’hui ?

Il ne faut pas confondre démocratie et pluripartisme. Nous sommes dans une société pluripartiste. C’est vrai aussi de la Chine où il y a neuf partis politiques. Mais la démocratie, ce n’est pas ça. C’est le pouvoir du peuple. Aujourd’hui, nous avons des partis politiques qui s’agitent pour parler des casseroles de Monsieur Fillon ou de l’âge de Brigitte Trogneux [La femme d’Emmanuel Macron]. Nous ne sommes plus en démocratie, mais dans une démocratie de façade. Tous les vrais pouvoirs ont été transférés, sous couvert de modernité, à la Commission européenne, à la Banque centrale européenne, à l’Otan, en n’expliquant jamais aux Français ce qui se passait.
Les Français votent à droite, à gauche, et ne voient aucune différence. Ils voient toujours cette politique qu’ils détestent, qui consiste à démolir les services publics et à s’attaquer au droit du travail. Nos dirigeants n’ont plus les manettes. Moi, je veux rendre les manettes aux Français. Je ne suis pas extrémiste, bien au contraire, je suis très républicain.

Vous déclarez ne pas vouloir vous exprimer sur les sujets de société parce qu’ils divisent l’opinion. N’est-ce pas justement le rôle du politique ?

L’analyse que nous faisons, c’est que la situation est extrêmement grave en matière d’unité nationale. La politique des euro-régions est en train de saper l’unité nationale des grands Etats européens. Je ne dis pas que les sujets du mariage pour tous, du burkini, de l’euthanasie, mais aussi du gaz de schiste, ou de l’énergie nucléaire sont sans importance.
Mais je pense que si on embraye là-dedans, on n’en sortira jamais. Je prends souvent l’exemple de quelqu’un qui serait allé voir de Gaulle en juin 40 pour lui dire « mon général, je suis d’accord avec votre appel, mais avant que je m’engage dans la France libre, dites-moi ce que vous pensez du mariage gay ». En mai-juin, il y aura une campagne législative, mais aujourd’hui, nous devons élire le président de la République. Ma priorité, c’est de rassembler pour sortir de l’UE, de l’euro, et de l’Otan.

Sur l’immigration par exemple, vous souhaitez organiser un référendum ? Sur quelle question ?

On adore faire se battre les Français sur l’immigration. Mais c’est un sujet sur lequel les Français ne décident plus rien. Ce sont les articles 67, 78, et 79 du TFUE (traité sur le fonctionnement de l’Union européenne). Donc à quoi ça sert de se bouffer le nez si nous ne décidons plus ? Une fois sorti de l’UE, nous ferons trois grands débats nationaux : immigration, modèle énergétique et dette publique. A la fin, on aura un référendum. Il faut revenir à des débats sains sur ces questions.

Concernant la lutte contre le terrorisme, vous dites aussi : « on verra après l’élection » ?

Quand la France participe à des guerres illégales, où on va bombarder des populations civiles, il ne faut pas trop s’étonner qu’après, il y ait des gens qui viennent commettre des actes terroristes. Si on sort de l’UE et l’Otan, je suis persuadé qu’on fera baisser les tensions. Nous rétablirons aussi les Renseignements généraux, démantibulés par Monsieur Sarkozy. Par ailleurs, je ne ferai preuve d’aucune tolérance sur les trafics d’armes dans les banlieues, et les quartiers de non-droit. Il faut faire passer de 15 à 20 milliards d’euros le budget des services de police et de gendarmerie.
C’est un ensemble. Si on redonne aux jeunes, notamment dans les quartiers sensibles, un emploi, un Etat respectable, et un chef d’Etat respecté, l’état d’esprit général va changer.

François Asselineau, candidat de l'UPR.
François Asselineau, candidat de l'UPR. - NICOLAS MESSYASZ/SIPA



La question qui fâche d’un de nos internautes : vaidassetton
« Vous dites que les nouvelles régions de France ont été dessinées pour ressembler à des États américains. Quels seraient les buts et les résultats d’une telle manœuvre ? Cela semble absurde »

On serait prié de croire que monsieur Hollande, alors qu’il ne l’avait pas mis dans son programme, sorte brutalement de son chapeau cette réforme des régions ? La question est de savoir pourquoi ? Au même moment, en Suède, le gouvernement a proposé de passer de 21 à 6 régions. En Italie, Mattéo Renzi a été renvoyé à ses études par un référendum perdu, où il proposait de supprimer les provinces, l’équivalent de nos départements. Personne ne vous le dit, mais il a été prévu, on ne sait par qui, que les départements français devraient disparaître.
Moi j’apporte une explication qui tient la route, et si on me traite de complotiste je m’en fous. Les pays de l’Europe se rapprochent progressivement de la granulométrie administrative des Landers allemands ou des Etats de la côte est des Etats-Unis. Je ne dis pas que Washington a téléphoné à Hollande, je dis que cela se fait par mimétisme. Le projet des euro-régions vise à démanteler les Etats-nations pour avoir des Etats-Unis d’Europe qui ne soient plus France, Espagne, Royaume-Uni, mais Occitania, Breizh, Catalogna, Scotland, et Flanders.

Source http://www.20minutes.fr/elections/presidentielle/2048043-20170414-video-presidentielle-plus-democratie-affirme-francois-asselineau

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