samedi 29 octobre 2016

Primaire : si on se passait des partis ?

Pour contribuer au renouvellement des candidats, deux amis ont lancé Laprimaire.org, une plateforme Web qui doit permettre d'organiser une consultation citoyenne pour la prochaine élection présidentielle.

« Et sinon, ça te dirait de crowdsourcer (NDLR : désigner par une consultation Web) le prochain président de la République ? » A l'été 2014, Thibauld Favre, ingénieur trentenaire, et David Guez, avocat quadra, en sont encore aux blagues de geeks. Six mois passent, durant lesquels les deux amis ressassent leur « frustration latente et grandissante face à l'absence de renouvellement de la vie politique ». En janvier 2015, enfin, ils lancent Laprimaire.org. Parmi d'autres initiatives numériques citoyennes, leur plate-forme Web doit permettre d'organiser une primaire citoyenne « ouverte, démocratique et transpartisane ». En un an, elle a attiré près de 12 000 inscrits et quelque 40 000 € de dons. En dessous de 100 000 participants, le seuil critique selon eux, l'initiative sera abandonnée.

« L'objectif, c'est de contester le monopole des partis sur la désignation des candidats aux élections », explique David Guez, qui regrette que 365 000 militants encartés puissent confisquer ce choix. Les sondages, qui montrent la défiance à l'égard des formations politiques, ne lui ont pas échappé. Tous répètent que les Français ne rêvent pas d'un match retour Hollande-Sarkozy. Pour le jeune avocat, la primaire des Républicains de novembre 2016 — ouverte à tous les sympathisants —, tout comme une éventuelle primaire de la gauche, ne sont pas la solution. « Elles ne seront pas vraiment ouvertes et ce seront des candidats issus des partis », relève-t-il. Lui veut laisser aux internautes le soin de choisir, hors de tout cadre partisan, le candidat qu'ils souhaitent voir se lancer dans la course à l'Elysée.

Le vainqueur aura droit à une campagne clé en main.

De février à mai, chaque Français pourra proposer cinq prétendants via leur application. Le choix est totalement libre. David Guez a déjà quelques noms en tête, comme Emmanuel Macron ou Rama Yade. Car il ne s'agit pas d'évincer les politiques. « Renouveler, cela ne veut pas dire qu'on vire tout le monde, mais qu'on insuffle un nouvel élan », précise-t-il. Les personnalités qui auront reçu au moins 500 soutiens de citoyens lors de cette première phase de consultation pourront concourir à la primaire. Le candidat sera désigné par un vote en décembre. Et l'heureux élu bénéficiera d'une campagne quasiment clé en main : l'association s'engage à trouver les 500 parrainages d'élus et à l'accompagner pour son financement.

Le profil du candidat idéal ? : « Quelqu'un qui a une vision, une équipe composée à la fois de responsables politiques et de personnes issues de la société civile, qui dépasse les clivages partisans. » David Guez l'assure, l'initiative séduit les petits partis comme Nous citoyens ou Nouvelle Donne, et bénéficie du regard bienveillant de l'ex-ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye. Sous couvert d'anonymat, un ancien Premier ministre leur a même souhaité bon courage. Silence radio, en revanche, du côté des Républicains, du PS ou du FN. Guez, lui, rêve déjà tout haut : « En 2017, sur la ligne de départ, il y aura François Hollande, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et peut-être Monsieur X, désigné par 200 000 à 300 000 citoyens. »

Source http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/primaire-si-on-se-passait-des-partis-25-01-2016-5481481.php

1 commentaire:

Je a dit…

365 000 membres "encartés" des partis politiques (soit moins de 1% des citoyens inscrits sur les listes électorales) choisissent la poignée de candidats pour qui on pourra voter. C'est anti-démocratique.

Les 500 parrainages sont également un critère anti-démocratique.

En fait, l'élection elle-même est anti-démocratique puisqu'elle implique ce système pyramidal, cette nécessité d'un financement de campagne qui lie les candidats à leurs financeurs plutô qu'à leurs électeurs.