Le parti
des Verts européens souhaite promouvoir les identités régionales au sein
de l’Union européenne à 25. Leur carte prévoit candidement un
remodelage complet de l’Europe, fragmenté en une kyrielle d’entités
ethniques. Initialement soutenu par l’Allemagne qui, compte tenu de
l’importance des populations germanophones, serait sortie seule
renforcée de cette redistribution, ce projet est aujourd’hui porté de
l’extérieur par le département d’État et des fondations états-uniennes.
En effet, en application de la « Doctrine Wolfowitz », Washington
considère comme prioritaire de priver les Européens de leurs États pour
mieux les faire entrer dans un libre-marché globalisé. Pierre Hillard
analyse cette ethno-Europe.
Réseau Voltaire
| Paris (France)
- La carte de l’Europe telle que la souhaitent les Verts européens
Les partisans de la fragmentation des États européens précisent leur projet. Dans un article précédent [1], nous avons eu l’occasion de présenter une carte réalisée par le Parti Démocratique des Peuples d’Europe – Alliance Libre Européenne (PDPE-ALE)
siégeant au Parlement européen. Les partis indépendantistes présentés
ne concernaient que les pays de l’Union européenne à quinze. Déjà
certains accèdent à une gloire toute nouvelle en décrochant la gestion
de la politique régionale. C’est le cas de l’ERC (Esquerra Republicana
de Catalunaya) de Josep Lluis Carod Rovira, parti indépendantiste
catalan qui seconde les socialistes du président de région Pasqual
Maragall. Cependant, ces partis indépendantistes auraient une action
limitée si les structures naissantes de l’Union européenne (UE) ne leur
étaient aussi favorables. Or tout concourt dans les textes fondateurs de
la construction européenne à donner une ampleur certaine aux
revendications ethno-régionalistes. Le droit européen primant sur le
droit national, les représentants politiques régionaux se sentent
pousser des ailes pour faire entendre leurs revendications à Bruxelles.
Le poids de ces partis les conduit à former des alliances politiques qui
font basculer les régions en leur faveur. L’exemple espagnol lors des
élections de décembre 2003 est particulièrement révélateur.
Les exigences catalanes
Le parti socialiste catalan n’a pu arriver au pouvoir qu’en raison de l’appui intéressé et déterminant de l’ERC. Cet appui a contraint le président socialiste Pasqual Maragall de la région Catalogne à des accommodements atteignant le sommet de l’État espagnol. Ainsi, Pasqual Maragall a su rappeler aux barons du socialisme madrilène qu’en mars 2004 sur onze millions de voix pour le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), un million et demi étaient catalanes [2] Par conséquent, le gouvernement Zapatero du PSOE est dans l’obligation, pour se maintenir au pouvoir, de ménager la représentation politique catalane. Finalement, le suffrage universel se colore d’une vision ethnique et linguistique qui mine la démocratie espagnole. Le phénomène n’en est qu’à son début et, tout naturellement, le principe du vote identitaire se développera dans la péninsule ibérique.Le président de l’ERC, Josep Lluis Carod Rovira, sait « gentiment » rappeler aux dirigeants socialistes que « Nous avons voté l’investiture de José Luis Zapatero, mais ce n’est pas un chèque en blanc ! Le PSOE a l’opportunité de montrer que le gouvernement espagnol a un projet d’Etat qui n’est pas celui de la droite. On espère qu’il sera multilingue, multiculturel, multinational et fédéral (…), sinon l’option indépendantiste catalane va aller croissant » [3].
Ce n’est sûrement pas l’effet du hasard si José Luis Zapatero reconnaît comme nécessaire le besoin de redéfinir « l’architecture » de l’État espagnol. Un des premiers effets de ce remodelage devrait être la traduction en langue basque, catalane et galicienne du Traité constitutionnel européen. Pour ces régionalistes, en particulier catalans, cette traduction est justifiée. Si des Estoniens, des Maltais ou des Danois numériquement moindres ont leurs propres versions, pourquoi « discriminer » les Catalans fort de leurs six millions et demi d’habitants.
Les revendications basques
Un autre incendie promet de se prolonger bien au-delà de la période estivale ; c’est le Pays basque espagnol. En effet, le président du Pays basque, Juan José Ibarretxe, souhaite que sa région soit librement associée à l’Espagne avec une délégation nouvelle de pouvoirs (administratifs, judiciaires, droit à l’autodétermination, …) ainsi qu’une reconnaissance de la nationalité basque. Le Pays basque devrait même obtenir, selon ses défenseurs, une représentation directe à tous les niveaux des instances européennes [4]. Le débat politique doit commencer dès l’automne 2004 (plan Ibarretxe). Dans cette affaire, le gouvernement basque est composé des partis politiques suivants : PNV (Parti Nationaliste Basque, membre de l’Alliance Libre Européenne), Eusko Alkartasuna (membre de l’Alliance Libre Européenne) et Ezker Batua-Izquierda Unida (Gauche Unie). Les passions identitaires ne sont donc pas prêtes de s’éteindre surtout quand elles sont excitées de l’extérieur. Comme nous avons eu l’occasion de l’écrire, ces élans s’expliquent en raison du caractère favorable à la cause ethno-régionaliste des instances bruxelloises, mais aussi en raison des activités de troupes d’avant-gardes accueillant en leur sein ces partis indépendantistes permettant ainsi l’accélération de la fragmentation européenne. Le rôle grandissant et corrosif de l’Alliance Libre Européenne (ALE) dirigée depuis juillet 2004 par Ian Hughton (membre du Scottish National Party, SNP [5] alliée aux Verts (Verts/Alliance Libre Européenne : co-présidents Monica Frassoni et Daniel Cohn-Bendit) [6] est particulièrement significatif.L’alliance ALE-Verts
La plupart des partis politiques européens comme le PSE (Parti Socialiste Européen) et le PPE (Parti Populaire Européen) est acquise au principe du super État ainsi qu’à la délégation croissante de pouvoirs politiques aux régions. Mais pareil au leurre que l’on utilise pour les courses de lévriers, l’ALE joue un rôle d’entraînement car elle est à la pointe du combat. En mars 2004, ce parti politique a pris un nouvel essor en instaurant une association renforcée entre les différents mouvements indépendantistes régionaux. Ne s’appelant plus PDPE-ALE mais uniquement ALE (Alliance Libre Européenne), trente partis politiques régionaux ont signé à Barcelone la déclaration donnant naissance à ce parti politique européen. Un manifeste électoral, Vers une Europe de la diversité, a aussi été adopté [7]. Les dossiers prioritaires pour l’ALE sont : le combat en faveur d’une bicaméralisation, composée du Parlement européen (directement élu par les citoyens européens) et du Conseil ou Sénat (composé des représentants des entités territoriales autonomes), la reconnaissance de toutes les langues européennes, le transfert « aux autorités décentralisées du contrôle et de la gestion des Fonds structurels », « la liberté de mettre en place une coopération interrégionale et transfrontalière en dehors de toute ingérence des États. Développement des eurorégions (régions européennes transcendant les frontières des Etats membres) », le refus de toute discrimination fondée sur l’origine ethnique, religieuse, sexuelle (ndlr : conformément aux articles 21 et 22 de la Charte des droits fondamentaux) et l’instauration d’une politique étrangère commune pour l’Europe.Ces « Tables de la Loi » sont amenées à peser lourd dans le paysage politique européen en raison de l’alliance entre ces partis régionalistes indépendants et les Verts. Ces derniers ont été les premiers à fonder en février 2004 « un parti Vert européen » à Rome réunissant sous un toit unique toutes les mouvances vertes des États de l’Union [8]. Les Verts d’outre-Rhin, les plus puissants d’Europe, véhiculent une pensée politique imprégnant désormais ce nouveau parti européen qui a bénéficié lors de son lancement de l’adoubement du ministre des Affaires étrangères d’Allemagne, Joschka Fischer.
- Congrès de Rome, février 2004.
La nouvelle carte de l’Europe
Avant d’avancer plus loin dans l’entrelacs identitaire, nous devons comparer l’évolution de ce phénomène avec la carte ci-jointe des Verts/Alliance Libre Européenne [11], élaborée au printemps 2004, avec celle de 1997. En partant d’Ouest vers l’Est, on constate que l’Espagne est fragmentée en trois régions supplémentaires par les Verts/ALE (l’Andalousie, l’Aragon et les Iles Baléares). Des régions italiennes comme la Vénétie et l’Émilie-Romagne ont, elles aussi, adhéré à ce parti. Cette nouveauté italienne est d’autant plus importante que ces régions appartiennent déjà à la communauté de travail Alpen-Adria, fille de l’institut germano-européen l’ARFE (Association des Régions Frontalières Européennes) [12] L’Alsace-Lorraine, étonnement intégrée au corps germanique (carte de 1997), se trouve détachée, formant une entité à part comme une sorte de terre d’Empire (Reichsland) d’avant 1914. Le phénomène est inverse pour la Savoie (rattachée à la France en 1997 mais détachée en 2004). Mais c’est l’Europe centrale qui connaît les plus grandes modifications. Avec l’élargissement à 25 depuis le 1er mai 2004, on assiste à une fragmentation des États européens sur la façade orientale de l’Allemagne. Le sud de la Lituanie avec sa minorité polonaise, la Silésie, la Moravie, le territoire sud le long de la Slovaquie, le Banat de Serbie, la Transylvanie roumaine (ces trois dernières régions sont à forte majorité hongroise) [13] et la Macédoine grecque (avec débouché sur la mer avec Salonique, port qui a connu et connaît tant de trafics) ont rallié les Verts/ALE. Même si une frontière d’État continue à exister entre l’Albanie et le Kosovo, la carte de 2004 présente cependant ces deux territoires avec la même couleur bleue. Ceci n’est sûrement pas dû à un manque de couleur. Ainsi, de part et d’autre des frontières occidentales et orientales de l’Allemagne ou, plus exactement, du corps germanophone, les États de l’UE se fissurent, se craquèlent. Une multitude de nains régionaux entoure l’entité du centre de l’Europe qui, elle, ne bouge pas.Le ralliement aux Verts/ALE, les caractéristiques et les objectifs de ces régions d’Europe centrale sont particulièrement bien résumés par Bartlomiej Swiderek, membre du bureau exécutif et responsable des affaires internationales du mouvement autonomiste silésien : « La Silésie, ou plus précisément la Haute-Silésie où le Mouvement Autonomiste Silésien est politiquement actif, est considérée comme une « Région-Nation » située entre la Pologne, l’Allemagne et la Bohême. Il ne s’agit pas d’une nation au sens strict du terme, mais d’un mélange de composantes linguistiques, culturelles et identitaires, que ces éléments soient germaniques, polonais, tchèques ou seulement silésiens (…). La principale revendication du Mouvement Autonomiste Silésien est l’autonomie politique, fiscale et culturelle de la Silésie au sein d’une large communauté européenne de régions. Une telle autonomie devrait être calquée sur le modèle catalan ou plus généralement sur le système des Länder allemands ou autrichiens. En tant que mouvement fédéraliste, le Mouvement Autonomiste Silésien veut voir la Pologne se transformer en fédération de régions capables de jouer un rôle significatif au sein d’une Europe décentralisée (…). Nous sommes très actifs dans le domaine de la coopération inter-régionale avec des mouvements et partis politiques analogues à travers l’Europe, en particulier avec ceux qui appartiennent au parti de l’Alliance Libre Européenne des Peuples d’Europe. Nous tissons avec prudence des liens avec d’autres mouvements, ce qui signifie que nous coopérons seulement avec les partis politiques qui sont pleinement démocratiques, qui s’abstiennent de violence et ne représentent pas une position extrémiste. Au titre de nos partenaires, nous comptons ainsi la Ligue savoisienne, le Parti Nationaliste Basque (PNV) et Solidarité Basque (Eusko Alkartasuna), le Plaid Cymru gallois ou le Parti Démocratique Morave. Comme l’Union européenne s’engage avec beaucoup d’enthousiasme dans les affaires régionales, nous considérons que cette structure est l’une de celles qui nous permettront de réaliser notre objectif : une Silésie autonome au sein d’une Europe des régions (…) » [14]
Les principes défendus par ce Mouvement Autonomiste Silésien prennent une toute autre couleur au sein d’un parti européen comme les Verts/ALE qui amplifient ces revendications. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que cette représentation silésienne a une représentation en Pologne (Rybnik) et à Bruxelles (ce qui est normal), mais aussi en Allemagne (à Bensheim) et aux … États-Unis (à Clearwater) [15]. Cependant, derrière les structures des Verts/ALE et en liaison avec elle, prolifère une multitude d’instituts qui permettent les échanges et une politique commune entre tous ces mouvements régionalistes. Il n’est pas possible d’évoquer les multiples rencontres et colloques qui réunissent dans un front commun les partisans d’une Europe tribale. Toutefois, nous citerons quelques exemples décrivant la toile identitaire et le rôle significatif de l’Allemagne dans cette affaire.
Le rôle de l’Allemagne
Le 49è Congrès de l’UFCE a eu lieu du 20 au 22 mai 2004 en Pologne au château de Kamien Slaski. Un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur allemand, Detlev Rein (successeur de Rolf Gossmann) [16], encadrait cette réunion où se pressait l’intelligentsia identitaire. L’équipe dirigeante de l’UFCE est internationale : suisse, croate, danoise … Mais nous pouvons relever que cette équipe dirigeante de l’UFCE a un représentant britannique ou, plus exactement, cornouallais en la personne de Nigel Hicks (membre du Cornish Stannary Parliament) [17]. La collusion entre les Verts/ALE et l’UFCE se révèle en particulier avec la présence du Rainbow Party (parti macédonien de Grèce) qui est membre adhérent de ces deux entités [18]. Lors du congrès de l’ALE et du Rainbow Party, le 30 mai 2004 à Thessalonique, un des vices-présidents de l’UFCE, Bela Tonkovic, y participait au côté de Georg Nakratzas, conseiller aux affaires balkaniques de l’Alliance Libre Européenne [19]. Les liens transversaux se multiplient avec d’autres instituts qui entretiennent des liens avec le ministère de l’Intérieur allemand via l’UFCE. Ainsi, lors de son congrès en 1998 à Prague, l’UFCE accueillait Bojan Brezigar, président du Bureau for Lesser Used Languages (EBLUL) [20]. Or le vice-président de l’EBLUL, Jean-Luc Fauconnier, a participé à la conférence organisée par Eurig Wyn (député gallois du Plaid Cymru au sein de l’ALE) le 13 octobre 2003 afin de discuter de la création d’une Agence européenne pour la diversité linguistique [21]. À côté de ces dirigeants, se pressaient le dirigeant galicien du Bloque Nacionalista Galego (BNG) adhérent à l’Alliance Libre Européenne, Camilo Nogueira, un haut fonctionnaire de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), John Packer, dont nous retrouvons la présence lors du congrès de l’UFCE à Bozen en 2003 [22] ou encore François Grin, membre de l’équipe dirigeante de l’ECMI [23]. Cet institut qui travaille en liaison avec le ministère de l’Intérieur allemand (un des fondateurs de l’ECMI est Manfred Carstens, haut fonctionnaire au BMI) [24] entretient lui aussi des liens étroits avec l’UFCE. Les représentants de l’ECMI, son directeur Marc Weller [25], et l’équipe dirigeante de l’UFCE se sont rencontrés le 31 mars 2004 afin de définir et de répartir les tâches entre les deux instituts [26] Tous ces contacts et échanges sur la question identitaire ont pris un tour certain avec la réalisation d’un programme intitulé Déclaration de Bozen le 1er mai 2004 sous l’égide de l’EURAC [27] (European Academie, Académie Européenne de Bozen fondée en 1992 à l’initiative du Sud-Tyrol) [28].La promotion identitaire
Suite à un colloque tenu dans cette ville les 30 et 31 janvier 2004 où plus de 90 ONG, experts et politiques [29] se pressaient, plusieurs objectifs ont été définis. Ainsi, l’accélération de la promotion identitaire dans toute l’Europe doit être améliorée grâce à la coopération entre le Conseil de l’Europe, l’OSCE et l’Union européenne. Par ailleurs, la protection des minorités doit devenir un des critères de l’Union européenne validant le respect des droits de l’homme par les différents États membres. Les signataires de cette Déclaration de Bozen sont entre autres : Bojan Brezigar (président de l’EBLUL), Michl Ebner, député italien germanophone au Parti Populaire Européen (PPE) à l’origine de l’adoption de la résolution en faveur des langues minoritaires et régionales et de la diversité linguistique (Commission de la culture, septembre 2003) [30]. Or c’est le même Michl Ebner que nous retrouvons lors du congrès de l’UFCE à Bozen en 2003 à côté d’ailleurs du secrétaire général de l’EBLUL, Markus Warasin [31]. A cette liste de signataires, nous retrouvons John Packer (OSCE), Marc Weller (directeur de l’ECMI), Joseph Marko proche de l’UFCE, un des éditeurs de la revue Europa Ethnica [32] et membre du comité consultatif de la convention-cadre pour la protection des minorités (pour l’année 1999) [33] et Gabriel von Toggenburg, membre actif de l’EURAC et dont nous retrouvons la participation au congrès de l’UFCE au congrès de Bozen en 2003. En plus de cette Déclaration de Bozen, un ouvrage intitulé Minority protection and the enlarged European Union - The way forward [34] a vu le jour. Parmi les nombreux rédacteurs de ce livre, nous trouvons en plus de certains noms cités ci-dessus la participation de Rainer Hoffmann, président du comité consultatif en charge de vérifier la bonne application de la convention-cadre pour la protection des minorités (mais aussi membre de l’équipe dirigeante de l’ECMI) [35] et un des éditeurs de la revue Europa Ethnica proche de l’UFCE. Ce dernier personnage entretient un lien direct avec le gouvernement allemand. Rappelant la mission de Rainer Hoffmann, le ministère des Affaires étrangères allemand a rappelé clairement les origines de sa nomination : « Le président actuel du Comité (ndlr : de la convention-cadre pour la protection des minorités) est un professeur de droit envoyé par le gouvernement fédéral (Professeur Dr. Rainer Hoffmann, Université de Kiel) » [36].Tous les travaux que nous relevons, connaissent une approbation et une application au plus haut sommet des instances européennes. En effet, même si l’EURAC remplit une fonction essentielle, une section spéciale de cet institut de Bozen s’occupe du processus d’intégration européenne en liaison avec la protection des minorités. C’est sous l’égide du PECEDE (Platform for an Enriching Culturally and Ethnically Diverse Europe) créé, outre par l’EURAC, par la Commission européenne et l’Open Society Institute (OSI) de George Soros [37] que s’élaborent les mesures identitaires [38] La portée de ces initiatives est complète lorsque l’on sait que l’ECMI, l’UFCE ou encore l’Académie Européenne de Bozen travaillent au sein du Conseil de l’Europe, en particulier dans la section consacrée à la bonne application de la convention-cadre pour la protection des minorités [39]. L’influence anglo-saxonne n’est pas à négliger puisque nous devons ajouter à ces instituts susmentionnés la participation du Minority Rights Group International (Londres) et du Project on Ethnics Relations (PER, Princeton, États-Unis). La présence du PER au sein des instances européennes fondée en 1991 et qui a pour mission de prévenir les conflits ethniques en Europe centrale et orientale, dans les Balkans et en Russie révèle aussi l’influence très intéressée des États-Unis. De nombreux organismes américains apportent leurs soutiens au PER. Doit-on s’étonner si on y trouve la Carnegie Corporation [40], le US Department of State, le Rockfeller BrothersFund,la Ford Foundation [41] ou le German Marshall Fund [42] pour ne citer que ces quelques organismes de soutien.
Conclusion
Comme on peut le constater, la toile identitaire est vaste. En tout cas, l’abondance des textes et l’importance de leurs concepteurs placés à des secteurs clefs nous permettent d’affirmer que le processus de fragmentation de l’Europe ne peut que s’accélérer. Le SNP (membre des Verts/ALE) a déjà présenté le 16 septembre 2002 un projet de constitution écrite dans le cadre d’une Ecosse indépendante intitulé A Constitution for a Free Scotland [43] Les propos de John Swinney, dirigeant du Scottish National Party (SNP) affirmant en 2003 que l’Ecosse serait indépendante pour 2007 [44] sont révélateurs de l’optimisme qui règne parmi ces mouvements régionalistes. Que cela soit réalité ou simples vœux un peu précipités de la part de ce dirigeant écossais, de tels propos manifestent la vigueur et l’ambition du SNP comme aussi de l’ensemble de ces partis régionalistes indépendantistes en Europe. Les dirigeants Verts/ALE sont donc appelés à être dans l’avenir de plus en plus satisfaits de la tournure des événements sur le vieux continent. Mais ne voient-ils donc pas qu’ils ouvrent en vérité une boîte de Pandore où instabilités, guerres et affaiblissement de l’Europe en général prendront de plus en plus les traits d’un immense chaos du type yougoslave ?Source : http://www.voltairenet.org/article14960.html
1] « L’Allemagne et l’Europe des ethnies » par Pierre Hillard, Voltaire, 24 octobre 2002.
[2] Le Monde du 10 juin 2004. Article de Martine Silber
[3] Ibid.
[4] L’intégralité du plan Ibarretxe est disponible sur : www.nuevoestatutodeeuskadi.net/docs/estatuvasco_fr.pdf Voir aussi : Déclaration institutionnelle du président Ibarretxe (en particulier la composition du gouvernement de coalition basque. Deux partis sur trois, le PNV et Eusko Alkartasuna, sont membres des Verts/ALE) : www.nuevoestatutodeeuskadi.net/docs/declaracion25-10-2003_fr.pdf
La France avec le pays basque français est concernée par le plan Ibarretxe. Le préambule de ce plan stipule en particulier : « Le peuple basque ou Euskal Herria est un peuple avec une identité propre au sein de l’ensemble des peuples d’Europe, dépositaire d’un patrimoine historique, social et culturel singulier, qui s’étend géographiquement sur sept Territoires actuellement articulés en trois domaines juridiques et politiques différents et qui se répartissent sur deux Etats (ndlr : souligné par nous) (…). L’exercice du droit du peuple basque à décider de son propre avenir se matérialise depuis le respect au droit des citoyens des différents espaces juridiques et politiques dans lesquels ce droit s’articule actuellement à être consultés pour décider de leur propre avenir. C’est-à-dire en respectant la décision des citoyens de l’actuelle Communauté Autonome basque, la décision des citoyens de la Communauté de Navarre, ainsi que celle des citoyens des territoires basques du Pays basque français – Iparralde - : le Labour, la Basse Navarre et la Soule.
[5] www.greens-efa.org/fr/press/...
[6] www.greens-efa.org/fr/press/...
[7] www.greens-efa.org/pdf/docum...
[8] « Grüne schaffen in Rom gemeinsame europäische Partei » par Paul Badde, Die Welt, 21 février 2004.
[9] « Unter deutscher Führung : die Grünen des Kontinents » par Konral Schuller, Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung du 22 février 2004.
[10] Voir notre ouvrage Minorités et régionalismes dans l’Europe fédérale des régions, éditions François-Xavier de Guibert, pp. 149, 155, 183 et 184.
[11] Membres des Verts/Alliance Libre Européenne en 2004 : Bloque Nacionalista Galego (BNG), Chunta Aragonesista, Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), Eusko Alkartasuna (EA), Fryske Nasjonale Partij, Liberta Emiliana-Nazione Emilia, Liga Fronte Veneto, Ligue savoisienne (qui a participé au congrès de l’UFCE à Haderslev en 1999), Lithuanian Polish People’s Party, Mebbyon Kernow, Mouvement Région Savoie, Partei der Deutschsprachigen Belgier, Partido Andalucista, Parti Occitan, Partito Sardo d’Azione, Partitu di a Nazione Corsa, Plaid Cymru (Party of Wales), Rainbow-Vinozhito, Scottish National Party (SNP), Silesian Autonomy Movement, Slovenska Skupnost Spirit, Union démocratique bretonne, Union du Peuple alsacien, Union für Südtirol, Union Valdôtaine, Unitat Catalana.
Observateurs : Hungarian Federalist Party, Moravian Democratic Party, Partido Nacionalista Vasco, Parti Socialista de Mallorca i Menorca-Entesa Nacionalista, Transilvanian Party.
[12] Voir notre ouvrage Minorités et régionalismes dans l’Europe fédérale des régions, p. 242.
[13] On peut constater que ces trois ensembles correspondent aux frontières de la grande Hongrie durant la seconde guerre mondiale.
[14] Diplomatie Magazine, mars-avril 2003 – n°2, p. 61.
[15] www.raslaska.org/ras/pol/ind...
[16] www.fuen.org/pages/deutsch/d..., Pressemitteilung 2004 – 29.
[17] www.fuen.org/pages/deutsch/d..., Präsidium, liste de l’équipe dirigeante de l’UFCE en 2004.
[18] Ibid., Ordentliche Mitglieder et www.florina.org
[19] www.fuen.org/pages/deusch/d_..., Pressemitteilung 2004 - 31 : Kongress des European Free Alliance – Rainbow party, Konferenz am 30. Mai 2004 in Thessaloniki/Solun, FUEN (ndlr : UFCE) wird von Bela Tonkovic vertreten.
[20] www.fuen.org/pdfs/19980524Do...
[21] www.plaidcymru.org/press0310...
[22] www.fuen.org/pdfs/20030908DO...
[23] www.ecmi.de/doc/about_staff.html
[24] Statutes of the Foundation « European Centre for Minorities Issues », Flensburg, Editions ECMI, 29 janvier 1998, p. 9.
[25] www.ecmi.de/doc/about_staff.html
[26] www.fuen.org/pages/deutsch/d..., Pressemitteilung 2004 – 17.
[27] www.eurac.edu/Org/Minorities..., liste des signataires à la fin de la Déclaration de Bozen.
[28] www.eurac.edu/About/history_...
[29] www.eurac.edu/Org/Minorities... On peut y lire le curriculum vitae des participants dont ceux de Rainer Hoffmann et de Marc Weller.
[30] www.welcomeurope.com/news_in...
[31] www.fuen.org/pdfs/20030908DO.... On trouve parmi les participants au Congrès de l’UFCE en 2003 : Bruno Hosp (membre actif au sein de l’Assemblée des Régions d’Europe, ARE), Ulrich Bohner (membre dirigeant du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe, CPLRE), mais aussi John Packer (OSCE), Gabriel von Toggenburg (EURAC) ou encore Jochen Welt, haut fonctionnaire au sein du gouvernement allemand chargé de l’intégration en Allemagne des réfugiés germaniques originaires d’Europe centrale et orientale ainsi que de la conservation des minorités allemandes dans tout l’est européen.
[32] Europa Ethnica, éditions Braumüller, prologue. Dans la liste des éditeurs de cette revue, nous trouvons aussi Rainer Hoffmann dont le rôle au sein des instances européennes est incontournable.
[33] Voir notre ouvrage Minorités et régionalismes dans l’Europe fédérale des régions, p. 188
[34] www.eurac.edu/Org/Minorities... (avec liste des contributions).
[35] www.ecmi.de/doc/about_board.html Il faut souligner aussi la présence au sein de l’ECMI du haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur allemand, Detlev Rein, agent de liaison avec l’UFCE. Voir note de bas de page numéro 16.
[36] www.auswaertiges-amt.de/www/... Le comité consultatif en charge de vérifier la bonne application de la convention-cadre pour la protection des minorités a été remanié. Depuis juin 2004, Rainer Hoffmann n’est plus président.
[37] « George Soros, spéculateur et philantrope », Voltaire, 15 janvier 2004.
[38] www.eurac.edu/Org/Minorities...
[39] www.coe.int, rubrique Droits de l’homme, section minorités nationales.
[40] « La Fondation Carnegie pour la paix internationale », Voltaire, 25 août 2004.
[41] « LafondationFord,paravent philantropique de la CIA » et « Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation »par Paul Labarique, Voltaire, 5 et 19 avril 2004.
[42] www.per-usa.org/brochure.htm
[43] www.greens-efa.org/pdf/docum..., p. 6.
[44] www.greens-efa.org/pdf/docum..., p. 12.
1 commentaire:
Hypocrisie. Ce que veulent les chefs de ce parti pro-union-européenne et pro-mondialiste, c'est la désagrégation des États-nations et l'émergence d'euro-région plus faciles à gouverner, à exploiter.
Enregistrer un commentaire