Mon parcours est atypique : ingénieur en informatique et gestion, titulaire d'un DESS d'administration des entreprises, puis, en Angleterre, d'un MBA, quelques années à travailler dans le secteur bancaire pour finalement devenir enseignant en primaire. Pas vraiment le profil type d'un prof ... et je le ressens presque quotidiennement au contact de mes confrères.
J'exerce depuis bientôt 20 ans mais je n'arrive toujours pas à m'habituer au manque de pragmatisme de l'énorme majorité de mes collègues. Cet effarement est d'autant plus grand que ce sont des cadres supérieurs, des intellectuels, capables de raisonner mais jusqu'à une certaine limite : leur dogme idéologique.
Je sors de deux journées de formation avec des collègues du primaire et d'autres du secondaire (collège). Polémiques et hypocrisie au programme ...
La première journée fut consacrée à démontrer que l'école de la République ne fonctionnait pas en tant qu'ascenseur social. Un enfant de cadre supérieur (enseignant y compris) a 15 fois plus de chance de décrocher un bac S qu'un enfant d'ouvrier ou d'employé de base. Un rapport de 94% contre 6%. Sur mon île française d'outre-mer (où la population est multiethnique, avec toutefois important métissage), cela peut même se traduire par des classes composées de Noirs et d'autres composées de Blancs.
Face à ce constat, quelle proposition suggérée par les formateurs ? Des quotas ! De la discrimination positive ! De la parité !
Mais positive ou négative, la discrimination reste de la discrimination. C'est du racisme ! Nous sommes une nation et non une société pluri-communautaire comme les États-Unis d'Amérique (dont on s'inspire avec du retard). On oublie que là-bas, des lois ségrégationnistes ont existé et que les quotas (pourtant critiqués) étaient une réponse, une compensation à un déséquilibre historiquement et légalement avéré. Mais c'est totalement inopportun et injuste en France !
La deuxième journée a été consacrée à expliquer que tout le monde n'avait pas le même fonctionnement intellectuel. Certaines personnes ont un cerveau gauche (linéaire, rigoureux, textuel) plus développé; d'autres le cerveau droit (visuel, créativité, artistique). Certaines personnes sont plus réceptives avec du visuel, d'autre de l'auditif, d'autre enfin de la manipulation (kinesthésique). Bref : à des publics différents, il faut des méthodes différentes.
J'ai donc demandé : pourquoi ne pas mettre les personnes qui fonctionnent de la même façon ensemble afin de leur offrir un enseignement qui leur corresponde, qui leur permette de réussir ?
Réponses fleuries : "ghetto !", "étoile jaune !", apartheid !".
Sous prétexte que l'école doit être le lieu de la mixité sociale (un motif idéologique), les solutions adaptées sont catégoriquement refusées pour maintenir la sacro-sainte classe hétérogène. On demandera donc aux enseignants de "bricoler" en classe, avec des méthodes tantôt pour l'un, tantôt pour l'autre ... Perte d'énergie pour les enseignants et perte de temps pour les élèves.
Mais la vraie raison du refus des classes avec des enfants en difficultés, c'est que les enseignants expérimentés n'en veulent pas. Comme ce sont les plus anciens qui décident quelles classes ils vont avoir, celles avec les élèves en difficulté échouent dans les mains des débutants, des moins outillés pour les aider. Détestable hypocrisie.
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