vendredi 27 février 2015
A l'image de Rome et de ses citoyens-soldats, depuis leur création, les États-Unis ont été en guerre 222 années sur 239.
Ci-dessous, vous trouverez une chronologie de toutes les guerres menées par les États-Unis depuis l’année de leur fondation, 1776.
17
ans. C’est le nombre d’années durant lesquelles les États-Unis ont vécu
en paix. Sur plus de deux siècles d’existence, ça ne pèse pas lourd.
Pour
vous donner une idée, si vous choisissez au hasard une année entre 1776
et 2015, il y a 92,88 % de chances que les États-Unis aient été en
guerre au cours de l’année que vous avez choisie.
Aucun
président étasunien n’est à proprement parler un « président de paix ».
Tous les présidents des États-Unis de l’Histoire peuvent être
techniquement considérés comme des « présidents de guerre ».
Il n’est jamais arrivé que les États-Unis passent plus d’une décennie sans participer à une guerre.
La
seule fois que les États-Unis ont passé cinq ans sans guerre
(1935-1940), c’était durant la période isolationniste de la Grande
Dépression.
1776 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1777 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1778 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1779 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1780 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1781 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1782 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guèrres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1783 : guerre d’indépendance des États-Unis, les guèrres de Chickamagua , la seconde guerre Cherokee, la guerre Pennamite-Yankee
1784 : guerres de Chickamauga, guerres de Pennamite-Yankee War, Guerre d’Oconee
1785 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1786 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1787 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1788 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1789 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1790 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1791 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1792 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1793 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1794 : guerres de Chickamauga, Guerre amérindienne du Nord-Ouest
1795 : guerre amérindienne du Nord-Ouest
1796 : pas de guerre majeure
1797 : pas de guerre majeure
1798 : quasi-guerre (entre la France et les États-Unis)
1799 : quasi-guerre (entre la France et les États-Unis)
1800 : quasi-guerre (entre la France et les États-Unis)
1801 : guerre de Tripoli
1802 : guerre de Tripoli
1803 : guerre de Tripoli
1804 : guerre de Tripoli
1805 : guerre de Tripoli
1806 : Sabine Expedition
1807 : pas de guerre majeure
1808 : pas de guerre majeure
1809 : pas de guerre majeure
1810 : les États-Unis occupent la Floride occidentale, sous contrôle espagnol jusqu’alors
1811 : la guerre de Tecumseh
1812
: la guerre de 1812, la guerre de Tecumseh, Guerres Seminoles Wars, les
États-Unis occupent l’Amelia Island, sous contrôle espagnol auparavant,
ainsi que d’autres portions de la Floride orientale
1813
: la guerre de 1812, la guerre de Tecumseh, guerre de Peoria, guerre
Creek, les États-Unis étendent leurs territoires en Floride occidentale
1814 : la guerre de 1812, guerre Creek,
les États-Unis étendent leurs territoires en Floride , guerre contre les
pirates dans les indes occidentales
1815 : la guerre de 1812, seconde guerre barbaresque, guerre contre les pirates dans les indes occidentales
1816 : première guerre séminole, guerre contre les pirates
1817 : première guerre séminole, guerre contre les pirates
1818 : première guerre séminole, guerre contre les pirates
1819 : Yellowstone Expedition, guerre contre les pirates
1820 : Yellowstone Expedition, guerre contre les pirates
1821 : guerre contre les pirates
1822 : guerre contre les pirates
1823 : guerre contre les pirates, Guerre Arikara
1824 : guerre contre les pirates
1825 : Yellowstone Expedition, Guerre contre les pirates
1826 : pas de guerre majeure
1827 : guerre Winnebago
1828 : pas de guerre majeure
1829 : pas de guerre majeure
1830 : pas de guerre majeure
1831 : Sac and Fox Indian War
1832 : guerre de Black Hawk
1833 : Cherokee Indian War
1834 : Cherokee Indian War, Pawnee Indian Territory Campaign
1835 : Cherokee Indian War, guerres séminoles, seconde guerre Creek
1836 : Cherokee Indian War, guerres séminoles, seconde guerre Creek, Missouri-Iowa Border War
1837 : Cherokee Indian War, guerres séminoles, seconde guerre Creek, Osage Indian War, Buckshot War
1838 : Cherokee Indian War, guerres séminoles, Buckshot War, Heatherly Indian War
1839 : Cherokee Indian War, guerres séminoles
1840 : guerres séminoles, les forces navales américaines envahissent les Îles Fidji
1841 : guerres séminoles, les forces navales américaines envahissent McKean Island, Gilbert Islands, et Samoa
1842 : guerres séminoles
1843
: les forces armées américaines s’affrontent avec les forces chinoises,
les troupes américaines envahissent la côte africaine
1844 : Texas-Indian Wars
1845 : Texas-Indian Wars
1846 : guerre américano-mexicaine, Texas-Indian Wars
1847 : guerre américano-mexicaine, Texas-Indian Wars
1848 : guerre américano-mexicaine, Texas-Indian Wars, guerre Cayuse
1849
: Texas-Indian Wars, guerre Cayuse, guerres du sud-ouest indien,
guerres Navajo, Escarmouche entre la première cavalerie et les indiens
1850 : Texas-Indian Wars, guerre Cayuse,
guerres du sud-ouest indien, guerres Navajo, guerre Yuma, California
Indian Wars, Pitt River Expedition
1851
: Texas-Indian Wars, guerre Cayuse, guerres du sud-ouest indien,
guerres Navajo, guerres Apache, guerre Yuma, Utah Indian Wars,
California Indian Wars
1852 :
Texas-Indian Wars, guerre Cayuse, guerres du sud-ouest indien, guerres
Navajo, guerre Yuma, Utah Indian Wars, California Indian Wars
1853
: Texas-Indian Wars, guerre Cayuse, guerres du sud-ouest indien,
guerres Navajo, guerre Yuma, guerre Walker, Utah Indian Wars, California
Indian Wars
1854 : Texas-Indian
Wars, guerre Cayuse, guerres du sud-ouest indien, guerres Navajo,
guerres Apache, California Indian Wars, Escarmouche entre la première
cavalerie et les indiens
1855 :
guerres séminoles, Texas-Indian Wars, guerre Cayuse, guerres du
sud-ouest indien, guerres Navajo, guerre Apache, California Indian Wars,
Yakima War, Winnas Expedition, Klickitat War, Puget Sound War, Rogue
River Wars, les forces américaines envahissent les Îles Fiji et
l’Uruguay
1856 : guerres séminoles,
Texas-Indian Wars, guerres du sud-ouest indien, guerres Navajo,
California Indian Wars, Puget Sound War, Rogue River Wars, Tintic War
1857
: guerres séminoles, Texas-Indian Wars, Southwest Indian Wars, guerres
Navajo, California Indian Wars, Utah War, Conflit au Nicaragua
1858
: guerres séminoles, Texas-Indian Wars, guerres du sud-ouest indien,
guerres Navajo, Mohave War, California Indian Wars, Spokane-Coeur
d’Alene-Paloos War, Utah War, les forces américaines envahissent les
Îles Fiji et l’Uruguay
1859 :
Texas-Indian Wars, guerres du sud-ouest indien, guerres Navajo,
California Indian Wars, Pecos Expedition, Antelope Hills Expedition,
Bear River Expedition, John Brown’s raid, les forces américaines lancent
une attaque contre le Paraguay et envahissent le Mexique
1860 : Texas-Indian Wars, guerres du
sud-ouest indien, guerres Navajo, guerres Apache, California Indian
Wars, Paiute War, Kiowa-Comanche War
1861
: guerre civile américaine, Texas-Indian Wars, Southwest Indian Wars,
guerres Navajo, guerres Apache, California Indian Wars, Cheyenne
Campaign
1862 : guerre civile
américaine, Texas-Indian Wars, Southwest Indian Wars, guerres Navajo,
guerres Apache, California Indian Wars, Cheyenne Campaign, Dakota War of
1862
1863 : guerre civile
américaine, Texas-Indian Wars, Southwest Indian Wars, guerres Navajo,
guerres Apache, California Indian Wars, Cheyenne Campaign, Colorado War,
Goshute War
1864 : guerre civile
américaine, Texas-Indian Wars, Navajo Wars, guerres Apache, California
Indian Wars, Cheyenne Campaign, Colorado War, Snake War
1865
: guerre civile américaine, Texas-Indian Wars, guerres Navajo, guerres
Apache, California Indian Wars, Colorado War, Snake War, Utah’s Black
Hawk War
1866 : Texas-Indian Wars,
guerres Navajo, guerres Apache, California Indian Wars, escarmouche
entre la première cavalerie et les indiens, Snake War, Utah’s Black Hawk
War, Red Cloud’s War, Franklin County War, les États-Unis envahissent
le Mexique et entrent en conflit avec la Chine
1867
: Texas-Indian Wars, Long Walk of the Navajo, guerres Apache, Skirmish
between 1st Cavalry and Indians, Snake War, Utah’s Black Hawk War, Red
Cloud’s War, Comanche Wars, Franklin County War, les troupes américaines
occupent le Nicaragua et attaquent Taïwan
1868
: Texas-Indian Wars, Long Walk of the Navajo, guerres Apache,
escarmouche entre la première cavalerie et les indiens, Snake War,
Utah’s Black Hawk War, Red Cloud’s War, Comanche Wars, Battle of Washita
River, Franklin County War
1869 :
Texas-Indian Wars, guerres Apache,escarmouche entre la première
cavalerie et les indiens, Utah’s Black Hawk War, Comanche Wars, Franklin
County War
1870 : Texas-Indian Wars, guerres
Apache, escarmouche entre la première cavalerie et les indiens, Utah’s
Black Hawk War, Comanche Wars, Franklin County War
1871
: Texas-Indian Wars, guerres Apache, escarmouche entre la première
cavalerie et les indiens, Utah’s Black Hawk War, Comanche Wars, Franklin
County War, Kingsley Cave Massacre, les États-Unis envahissent la Corée
1872 : Texas-Indian Wars, guerres Apache, Utah’s Black Hawk War, Comanche Wars, Modoc War, Franklin County War
1873
: Texas-Indian Wars, Comanche Wars, Modoc War, guerres Apache, Cypress
Hills Massacre, les États-Unis envahissent le Mexique
1874 : Texas-Indian Wars, Comanche Wars, Red River War, Mason County War, les États-Unis envahissent le Mexique
1875
: conflit avec le Mexique, Texas-Indian Wars, Comanche Wars, Eastern
Nevada, Mason County War, Colfax County War, les États-Unis envahissent
le Mexique
1876 : Texas-Indian Wars, Black Hills War, Mason County War, les États-Unis envahissent le Mexique
1877
: Texas-Indian Wars, escarmouche entre la première cavalerie et les
indiens, Black Hills War, Nez Perce War, Mason County War, Lincoln
County War, San Elizario Salt War, les États-Unis envahissent le Mexique
1878 : Paiute Indian conflict, Bannock War, Cheyenne War, Lincoln County War, les États-Unis envahissent le Mexique
1879 : Cheyenne War, Sheepeater Indian War, White River War, les États-Unis envahissent le Mexique
1880 : les États-Unis envahissent le Mexique
1881 : les États-Unis envahissent le Mexique
1882 : les États-Unis envahissent le Mexique
1883 : les États-Unis envahissent le Mexique
1884 : les États-Unis envahissent le Mexique
1885 : guerres Apache, Eastern Nevada Expedition, les États-Unis envahissent le Mexique
1886 : guerres Apache, Pleasant Valley War, les États-Unis envahissent le Mexique
1887 : les États-Unis envahissent le Mexique
1888 : démonstration de force américaine contre Haiti, les États-Unis envahissent le Mexique
1889 : les États-Unis envahissent le Mexique
1890
: Sioux Indian War, escarmouche entre la première cavalerie et les
indiens, Ghost Dance War, Wounded Knee, les États-Unis envahissent le
Mexique
1891 : Sioux Indian War, Ghost Dance War, les États-Unis envahissent le Mexique
1892 : Johnson County War, les États-Unis envahissent le Mexique
1893 : les États-Unis envahissent le Mexique et Hawaï
1894 : les États-Unis envahissent le Mexique
1895 : les États-Unis envahissent le Mexique, Bannock Indian Disturbances
1896 : les États-Unis envahissent le Mexique
1897 : pas de conflit majeur
1898 : guerre hispano-américaine, Battle of Leech Lake, Chippewa Indian Disturbances
1899 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1900 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1901 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1902 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1903 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1904 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1905 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1906 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1907 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1908 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1909 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1910 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1911 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1912 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes
1913 : guerre américano-philippine, Guerre des Bananes, New Mexico Navajo War
1914 : guerre des Bananes, les États-Unis envahissent le Mexique
1915 : guerre des Bananes, les États-Unis envahissent le Mexique, Colorado Paiute War
1916 : guerre des Bananes, les États-Unis envahissent le Mexique
1917 : guerre des Bananes Première Guerre Mondiale, les États-Unis envahissent le Mexique
1918 : guerre des Bananes, Première Guerre Mondiale, les États-Unis envahissent le Mexique
1919 : guerre des Bananes, U.S. invades Mexicoles États-Unis envahissent le Mexique
1920 : guerre des Bananes
1921 : guerre des Bananes
1922 : guerre des Bananes
1923 : guerre des Bananes, Posey War
1924 : guerre des Bananes
1925 : guerre des Bananes
1926 : guerre des Bananes
1927 : guerre des Bananes
1928 : guerre des Bananes
1930 : guerre des Bananes
1931 : guerre des Bananes
1932 : guerre des Bananes
1933 : guerre des Bananes
1934 : guerre des Bananes
1935 : pas de conflit majeur
1936 : pas de conflit majeur
1937 : pas de conflit majeur
1938 : pas de conflit majeur
1939 : pas de conflit majeur
1940 : pas de conflit majeur
1941 : seconde Guerre Mondiale
1942 : seconde Guerre Mondiale
1943 : seconde Guerre Mondiale
1944 : seconde Guerre Mondiale
1945 : seconde Guerre Mondiale
1946 : guerre froide (les États-Unis occupent les Philippines et la Corée du Sud)
1947
: guerre froide (les États-Unis occupent la Corée du Sud, les
États-Unis mettent pied en Grèce pour combattre les communistes)
1948 : guerre froide (les États-Unis soutiennent le parti nationaliste chinois contre les communistes)
1949 : guerre froide (les États-Unis soutiennent le parti nationaliste chinois contre les communistes)
1950 : guerre de Corée, soulèvement de Jayuga
1951 : guerre de Corée
1952 : guerre de Corée
1953 : guerre de Corée
1954 : guerre sous couverture et coup d’État au Guatémala
1955 : guerre du Vietnam
1956 : guerre du Vietnam
1957 : guerre du Vietnam
1958 : guerre du Vietnam
1959 : guerre du Vietnam, Conflit à Haïti
1960 : guerre du Vietnam
1961 : guerre du Vietnam
1962 : guerre du Vietnam, guerre froide (crise des missiles à Cuba; la Marine américaine combat les communistes en Thaïlande)
1963 : guerre du Vietnam
1964 : guerre du Vietnam
1965 : guerre du Vietnam, les États-Unis occupent la République Dominicaine
1966 : guerre du Vietnam, les États-Unis occupent la République Dominicaine
1967 : guerre du Vietnam
1968 : guerre du Vietnam
1969 : guerre du Vietnam
1970 : guerre du Vietnam
1971 : guerre du Vietnam
1972 : guerre du Vietnam
1973 : guerre du Vietnam, les États-Unis soutiennent Israël dans la guerre du Kippour
1974 : guerre du Vietnam
1975 : guerre du Vietnam
1976 : pas de conflit majeur
1977 : pas de conflit majeur
1978 : pas de conflit majeur
1979 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan)
1980 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan)
1981 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan et au Nicaragua), Premier incident du Golfe de Syrte
1982 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan et au Nicaragua), Conflit au Liban
1983 : guerre froide (invasion de la Grenade, Guerre par procuration de la CIA en Afghanistan et au Nicaragua), Conflit au Liban
1984 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan et au Nicaragua),conflit dans le Golfe Persique
1985 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan et au Nicaragua)
1986 : guerre froide (guerre par procuration de la CIA en Afghanistan et au Nicaragua)
1987 : conflit dans le Golfe Persique
1988 : conflit dans le Golfe Persique, les USA occupent Panama
1989 : second incident du Golfe de Syrte, les USA occupent Panama, Conflit aux Philippines
1990 : première guerre du Golfe, les USA occupent Panama
1991 : première guerre du Golfe
1992 : conflit en Irak
1993 : conflit en Irak
1994 : conflit en Irak, les USA envahissent Haïti
1995 : conflit en Irak, les USA envahissent Haïti, l’OTAN bombarde la Bosnie-Herzégovine
1996 : conflit en Irak
1997 : pas de conflit majeur
1998 : bombardement de l’Irak, frappes aériennes en Afghanistan et au Soudan
1999 : guerre du Kosovo
2000 : pas de conflit majeur
2001 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan
2002 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan et au Yémen
2003 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak
2004 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, et au Yémen
2005 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, et au Yémen
2006 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, et au Yémen
2007 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, en Somalie et au Yémen
2008 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, et au Yémen
2009 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, et au Yémen
2010 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, et au Yémen
2011
: guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, Pakistan, en
Somalie et au Yémen; Conflit en Libye (Guerre civile libyenne)
2012 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak,Pakistan, en Somalie, en Syrie et au Yémen
2013 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, en Somalie, en Syrie et au Yémen
2014 : guerre contre le terrorisme en Afghanistan, Irak, en Somalie, en Syrie et au Yémen; Guerre civile en Ukraine
2015 : guerre contre le terrorisme en Irak, en Somalie, en Syrie et au Yémen; Guerre civile en Ukraine
Traduction : Fabio Coelho pour Quenel+
Ananalyse de Quenel+
Ainsi,
le seul moment où le peuple américain a connu la paix était quand ils
n’avaient pas de fonds. Pas d’argent, pas de guerre ? Ou faire la guerre
pour faire de l’argent ? Bizarrement suivra l’une des opérations les
plus rentables pour les États-Unis : la Seconde Guerre mondiale !
Une tour impressionnante qui crée de l’eau grâce à l’air
La Warka Water est une tour impressionnante en bambou qui peut capturer l’humidité de l’air. Tout a commencé en 2012 quand Arturo Vittori, architecte italien, est allé en éthiopie. « J’étais dans la région amhara située au nord du pays. Les paysages étaient vraiment magnifiques ! J’étais bouche bée. Mais j’ai aussi été outré de voir toutes ces femmes et ces enfants marcher jusqu’à 50 kilomètres à pied pour avoir de l’eau dans des sources souvent insalubres, et ils partagent ces sources avec les animaux », dit-il. L’architecte italien décide alors de chercher une solution pour régler le problème d’accès à l’eau.
La tour Warka Water est conçue selon des observations locales précises
Il a étudié l’artisanat traditionnel éthiopien avec des scientifiques. Et le projet Warka Water a commencé. La même année, il a présenté son invention à la Biennale de Venise. La Warka Water est une structure en forme de vase qui mesure sur 9 mètres de haut et ne pèse que 60 kilos. Elle est constituée de matériels naturels comme des tiges de bambou encordées les unes aux autres.Tour impressionnante crée de l’eau grâce à l’air
Le tissage fin comme un filet récupère les gouttes de pluie lors de la saison des moussons. Pendant les périodes sèches, les particules d’eau contenues dans la condensation de l’air sont piégées dans un tissu tendu à l’intérieur de la structure. L’eau glisse alors le long des cordages avant d’être collectée. Selon l’architecte la tour Warka Water peut générer jusqu’à 100 litres par jour.
En 2015, on installera la première tour Warka Water près de Bahar Dar, au nord-ouest du de l’Éthiopie . « Nous commençons par ce pays, car c’est un test », déclare Arturo Vittori. « Nous voulons voir si les gens l’acceptent. Ce projet peut s’adapter à n’importe quel pays. Les villages que nous avons choisis se situent à 3 000 ou 4 000 mètres d’altitude. Nous avons donc étudié la météorologie des zones montagneuses. Mais ces tours peuvent très bien êtres installées en milieu désertique », ajoute-t-il.
Capable de s’adapter au climat, la tour Warka Tower doit aussi coller à l’artisanat traditionnel. Un point sur lequel l’architecte ne plaisante pas. « Dans cette région nord de l’Éthiopie, j’ai observé la façon dont les habitations sont construites, la façon dont les gens fabriquent leurs objets de tous les jours. Et même leurs habitudes vestimentaires. Je me suis inspiré des toukouls, ces maisons rondes faites en torchis avec un toit tissé. Des paniers ou des tapis tressés très typiques de cette localité… « , dit-il.
Un moyen de freiner la déforestation
En faisant des recherches dans la région, l’architecte a aussi été stupéfait par la déforestation rampante. En un demi siècle,90 % des forêts ont disparu. D’où le nom « warka », en référence au figuier local, un arbre gigantesque, symbole de fertilité en Éthiopie. « Abattre les arbres rend encore plus difficile l’accès à l’eau. Et cet arbre, lewarka, est aussi un lieu de réunions dans les villages. Les instituteurs enseignent sous ces arbres… On a décidé avec mon équipe qu’à chaque Warka Water installée, on plantera un de ces arbres chez chaque travailleur », déclare Arturo Vittori.Si vous avez aimé cette tour impressionnante crée de l’eau grâce à l’air , partagez-le avec vos proches!
Claire C.
mardi 24 février 2015
Les 8 pays les moins chers pour partir vivre un an ! De quoi se décider à décoller...
On a tous envie de partir vivre au soleil, où il fait beau toute l’année, mais le problème, c’est que c’est cher ! Eh bien peut-être pas autant que ça figurez-vous… Le tout, c’est de bien choisir sa destination. Si vous êtes à la recherche de nouveaux horizons, cet article devrait vous aider dans votre choix.
8 pays magnifiques et peu chers pour aller passer une année :
1. Thaïlande
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 300 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 70 $
Pays du célèbre festival Songkran (fête de l’eau) et du plus grand buddha du monde ! Si vous choisissez de poser vos valises en Thaïlande, vous rencontrerez sûrement beaucoup d’expatriés. Chaque année, le pays est dans le top des destinations les plus prisées.
2. Guatemala
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 320 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 120 $
Les Mayas ont inventé la barre de chocolat et le Guatemala est le lieu de naissance du jean bleu. Et au-delà de ces faits culturels, avoir les ruines de monuments Mayas proche de chez vous n’est pas négligeable non plus ! En plus, vous avez un pass de transport mensuel pour seulement 20 $.
3. Malaisie
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 223 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 50 $
Avec un loyer mensuel à moins de 300 $ pour un appartement d’une chambre, vous allez être tenté de dépenser le reste de votre argent dans toutes les activités qu’offrent les villes modernes de Malaisie.
4. Panama
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 450 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 75 $
Vous voulez voir le lever du soleil sur le Pacifique et le coucher sur l’Atlantique ? Si ça vous branche, alors mettez le Panama tout en haut de votre liste de destinations.
Une fois que vous aurez vu la splendeur de la forêt tropicale qui vient jusqu’aux abords de la ville, appeler le Panama « maison » vous paraitra être une super idée.
5. Népal
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 90 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 30 $
Situé entre l’Inde et la Chine, le Népal est un vrai centre culturel et spirituel. Si vous avez fini la fac et que vous voulez utiliser votre année de césure pour résoudre votre crise existentielle et enfin vous trouver, le Népal est fait pour vous.
6. Vietnam
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 300 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 50 $
Pour ceux qui aiment passer leur temps libre à faire vibrer leurs papilles, c’est le Vietnam qu’il faut choisir. L’abondance et la diversité de la nourriture locale va vous rendre heureux. Et en plus, ça coûte très rarement plus de 5 $ pour un repas copieux. Et ne parlons même pas de la bière, jamais plus d’un dollar.
7. Nicaragua
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 150 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 40 $
Parce que les prix sont si bas dans le plus grand pays d’Amérique Centrale, vous pouvez aisément augmenter votre niveau de vie en venant vous y installer. Les transports par mois, c’est moins de 10 $. Un abonnement à la salle de sport, 30 dollars.
8. Inde
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 150 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 40 $
Lieu de naissance de l’une des plus vieilles civilisations, l’invention des échecs, l’une des sept merveilles du monde, c’est ça l’Inde ! Les passionnés d’histoires et de religion seront là-bas comme chez eux, ça ne fait aucun doute.
Ce pays vous permet de vivre et manger pour moins de 400 $ par mois.
8 pays magnifiques et peu chers pour aller passer une année :
1. Thaïlande
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 300 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 70 $
Pays du célèbre festival Songkran (fête de l’eau) et du plus grand buddha du monde ! Si vous choisissez de poser vos valises en Thaïlande, vous rencontrerez sûrement beaucoup d’expatriés. Chaque année, le pays est dans le top des destinations les plus prisées.
2. Guatemala
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 320 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 120 $
Les Mayas ont inventé la barre de chocolat et le Guatemala est le lieu de naissance du jean bleu. Et au-delà de ces faits culturels, avoir les ruines de monuments Mayas proche de chez vous n’est pas négligeable non plus ! En plus, vous avez un pass de transport mensuel pour seulement 20 $.
3. Malaisie
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 223 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 50 $
Avec un loyer mensuel à moins de 300 $ pour un appartement d’une chambre, vous allez être tenté de dépenser le reste de votre argent dans toutes les activités qu’offrent les villes modernes de Malaisie.
4. Panama
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 450 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 75 $
Vous voulez voir le lever du soleil sur le Pacifique et le coucher sur l’Atlantique ? Si ça vous branche, alors mettez le Panama tout en haut de votre liste de destinations.
Une fois que vous aurez vu la splendeur de la forêt tropicale qui vient jusqu’aux abords de la ville, appeler le Panama « maison » vous paraitra être une super idée.
5. Népal
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 90 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 30 $
Situé entre l’Inde et la Chine, le Népal est un vrai centre culturel et spirituel. Si vous avez fini la fac et que vous voulez utiliser votre année de césure pour résoudre votre crise existentielle et enfin vous trouver, le Népal est fait pour vous.
6. Vietnam
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 300 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 50 $
Pour ceux qui aiment passer leur temps libre à faire vibrer leurs papilles, c’est le Vietnam qu’il faut choisir. L’abondance et la diversité de la nourriture locale va vous rendre heureux. Et en plus, ça coûte très rarement plus de 5 $ pour un repas copieux. Et ne parlons même pas de la bière, jamais plus d’un dollar.
7. Nicaragua
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 150 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 40 $
Parce que les prix sont si bas dans le plus grand pays d’Amérique Centrale, vous pouvez aisément augmenter votre niveau de vie en venant vous y installer. Les transports par mois, c’est moins de 10 $. Un abonnement à la salle de sport, 30 dollars.
8. Inde
Location mensuelle moyenne (1 chambre) : 150 $
Charges mensuelle moyenne (électricité, chauffage/climatisation, eau) : 40 $
Lieu de naissance de l’une des plus vieilles civilisations, l’invention des échecs, l’une des sept merveilles du monde, c’est ça l’Inde ! Les passionnés d’histoires et de religion seront là-bas comme chez eux, ça ne fait aucun doute.
Ce pays vous permet de vivre et manger pour moins de 400 $ par mois.
Cukierman: "toutes les violences aujourd’hui sont commises par des musulmans"
Roger Cukierman, le président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France, affirme que "toutes les violences aujourd'hui sont commises par des musulmans".
J'espère que la Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme l'attaquera en justice pour propos discriminatoires.
En attendant, le président de la République Française, François Hollande, court au diner du CRIF ...
Source : http://youtu.be/WEycWW4QFe0
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lundi 23 février 2015
Vieille Réunion contre Nouvelle Réunion, ou le choc du Tiers-Monde contre le Développement
La Réunion traverse une grave crise actuellement, plus dure qu'en France. Son fort taux de chômage (35 à 40% selon les estimations, plus de 60% chez les jeunes) et la pauvreté désormais majoritaire (52% de la population sous le seuil de pauvreté national, 80% en se basant sur la vie chère locale) démontrent une précarité croissante et omniprésente dans le département.
Ces évolutions négatives ne sont pas sans effet.
La délinquance, le crime, les violences gratuites augmentent
significativement ces dernières années. Le racisme aussi, jusque dans
les plus hautes sphères politiques où la préférence régionale est
dressée en projet de société. On n'est pas loin du climat
délétère des années 30 en Allemagne avec la montée du nazisme.
Climat
dont l'aboutissement serait la République bananière et indépendante.
Pourtant la Réunion a tous les atouts pour s'en sortir. Economie
peu développée à fort potentiel d'innovation et de création d'emplois,
importants budgets publics venus de France et d'Europe, nouvelle
génération formée et riche de matière grise, statut d'outre-mer lui
ouvrant la voie d'expérimentations sociales telles que l'allocation
universelle, lui permettant de négocier avec l'Etat des
spécificités économiques comme la défiscalisation, la Réunion a toutes
les cartes en main pour se développer, faire jaillir le plein emploi, en
finir avec la pauvreté et l'insécurité. Pour prospérer dans la paix et
la fraternité. Alors qu'est-ce qui coince ?
Un capitalisme prédateur
Dans une économie classique, ce sont les
ménages et les entreprises qui investissent pour créer de nouvelles
activités, de nouvelles entreprises, de nouveaux emplois, en somme une
nouvelle économie. Les nouvelles entreprises se nourrissant de
l'activité des anciennes et vice versa, créant un cercle vertueux, celui
du développement endogène.
Malheureusement
à la Réunion, il existe de grands groupes issus de la période coloniale
qui interdisent ce développement. Par leur position dominante sur
l'économie, ils agissent comme des monopoles agressifs pour empêcher
toute concurrence et in fine la création d'entreprise. Ces
grandes entreprises vont jusqu'à mettre sur la paille des PME innovantes
(cf. affaire SOGECORE/Moussajee) pour les empêcher de croître et cela
avec la complicité du « milieu » présent jusque dans les institutions,
dans la Justice. De fait le secteur privé historique n'est pas favorable
au développement, d'autant plus que l'apparition d'une concurrence
l'obligerait à réduire ses marges abusives, donc ses profits. Quant aux
ménages, ils n'ont pas les fonds nécessaires pour investir étant souvent
au chômage, sans patrimoine et spoliés par la vie chère.
La dictature des tropiques made in France
Dans un tel contexte, c'est au pouvoir
politique d'agir. La France et l'Europe envoient d'importants budgets à
la Réunion. Le Département dispose d'1,5 milliard d'euros par an, la
Région 800 millions et le FEDER lui octroie 3 milliards tous les 6 ans.
Ces fonds sont censés servir le développement, l'investissement afin de
faire croître l'économie réunionnaise et ses emplois (comme l'aide
internationale dans les pays en développement).
Mais les politiques réunionnais ne le font pas.
Ils préfèrent utiliser ces finances pour des contrats précaires dans le
public et l'associatif - non productifs - et dont les revenus repartent
fatalement dans la consommation d'importations, à l'extérieur de l'île.
Ainsi ce sont 30 000 contrats aidés qui
sont distribués chaque année. Ils confortent les élus dans leur pouvoir
puisqu'avec les proches des bénéficiaires de ces contrats, ce n'est pas
moins d'un tiers des suffrages exprimés qui sont subordonnés aux
politiques. De plus les finances publiques sont largement détournées. Quel
parti politique réunionnais peut prétendre ne pas avoir dans ses rangs
un élu ayant dérobé des millions d'euros d'une collectivité locale,
d'une SEM ou d'une association financée par le public ? Aucun
!
La corruption est partout. Au grand dam
de la population qui reste sur le carreau et à la merci du moindre
billet de cent euros offert par le candidat passant dans sa rue. Eh oui,
c'est ça les élections à la Réunion
! Un concours d'achat de mendiants. Des
caisses noires alimentées par le détournement des fonds publics et des
appels d'offres des collectivités donnés à l'entreprise la plus
reconnaissante en rétro commissions (souvent la plus chère !). Là encore
aucun parti ne peut prétendre ne pas avoir d'élu condamné pour fraudes
électorales, pour corruption, ces pratiques désastreuses pour la
démocratie et le développement.
Cet argent noir est également utile pour
payer des nervis, des petites mains, pour faire taire les lanceurs
d'alerte, ceux qui voudraient témoigner de la corruption généralisée, y
apporter des solutions. Leader d'un mouvement citoyen comptant 10 000 sympathisants,
révélateur de fraudes électorales, porteur d'un projet global pour la
Réunion, riche de liens avec le monde artistique, associatif et
économique, je suis dérangeant pour le système. Harcèlement, insultes,
rumeurs, agressions et menaces de mort sont devenus mon quotidien. Rien
que ces deux derniers mois, j'ai échappé à un lynchage collectif au sabre et à des jets de pierres.
No future
Alors avec de tels dirigeants peu
scrupuleux, la jeunesse moins malléable que ses aînés - se sent
flouée. Parfois il lui arrive d'organiser de chaudes émeutes. Elle
exprime ainsi sa colère, sa lassitude d'une vie sans avenir.
Son destin est bouché par le chômage de masse et la fatalité des minima
sociaux qui ne permettront pas d'affronter la vie chère sans cesse plus
forte (29% d'inflation pour le chariot-type juste sur l'année
écoulée
).
La Réunion est une bombe à retardement
et ses dirigeants croient pouvoir l'apaiser de temps à autre avec des
mesurettes pour relâcher la pression sociale. Mais le fait est qu'ils se
sont totalement discrédités. Ils sont dépassés et rejetés par la
population. Leur illégitimité et leur incompétence est patente. Notre
île se retrouve face au mur. Ou elle laisse ces pseudo élus l'envoyer
dans ce mur ou elle se réveille de son coma intellectuel pour rejoindre
ces Lumières qui ont refusé de pactiser avec le système (j'ai moi-même
décliné des postes rémunérés à 6 000 /mois), qui osent dire la vérité
et porter des solutions pour une Nouvelle Réunion.
Eric Beehary
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Une mauvaise constitution qui révèle un secret cancer de notre démocratie
de Étienne Chouard prof, Lycée Marcel Pagnol - Marseille
Chers collègues et amis,
Après six mois de réflexion intense, se cristallise une argumentation autour du "traité constitutionnel", à partir de lui mais au-delà de lui, une argumentation qui n’est ni de droite ni de gauche, et qui montre un danger historique pour nous tous, au-dessus de la politique. Pour ces raisons, cette courte argumentation devrait intéresser les citoyens de tout bord.
Il y a six mois, en septembre 2004, j’étais, comme tout le monde, favorable à ce texte sans l’avoir lu, par principe, "pour avancer", même si je savais bien que les institutions étaient très imparfaites. Je ne voulais pas être de ceux qui freinent l’Europe. Je crois vraiment que l’immense majorité des européens, au-delà des clivages gauche/droite, aiment cette belle idée d’une Europe unie, plus fraternelle, plus forte. C’est un rêve de paix, consensuel, très majoritaire.
Je n’avais pas lu le texte et je n’avais absolument pas le temps : trop de travail... Et puis l’Europe c’est loin, et puis avec tous ces hommes politiques, je me sentais protégé par le nombre : en cas de dérive, il allait bien y en avoir quelques uns pour nous défendre... et je me dispensais de "faire de la politique", c’est-à-dire que je me dispensais de m’occuper de mes propres affaires.
Déjà des appels s’élevaient contre le traité, mais ils venaient des extrêmes de l’échiquier politique et pour cette simple raison, je ne commençais même pas à lire leurs arguments, restant en confiance dans le flot de l’avis du plus grand nombre sans vérifier par moi-même la force des idées en présence.
Et puis soudain, des appels sont venus de personnes non suspectes d’être antieuropéennes. J’ai alors lu leurs appels, sans souci des étiquettes, et j’ai trouvé les arguments très forts. Je me suis mis à lire, beaucoup, des livres entiers, de tout bord, Fabius, Strauss-Khann, Giscard, Jennar, Fitoussi, Généreux, etc. et beaucoup plus d’articles des partisans du traité parce que je voulais être sûr de ne pas me tromper. Et plus je lis, plus je suis inquiet.
Finalement, aujourd’hui, je ne pense plus qu’à ça, je ne dors presque plus, j’ai peur, simplement, de perdre l’essentiel : la protection contre l’arbitraire.
Je continue aujourd’hui à lire toutes les interventions, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, je continue à chercher où est la faille dans mon raisonnement et le présent texte est un appel à réfléchir et à progresser : si vous sentez une faille, parlons-en, s’il vous plaît, tranquillement, honnêtement, c’est très important. Je peux me tromper, je cherche sincèrement à l’éviter, réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien.
Je sens que c’est ma mission de professeur de droit d’en parler un peu plus que les autres, d’en parler à mes collègues, mais aussi à mes élèves, aussi aux journalistes. Je serais complice si je restais coi.
J’ai ainsi trouvé plus de dix raisons graves de s’opposer à ce texte extrêmement dangereux, et encore dix autres raisons de rejeter un texte désagréable, pas fraternel du tout en réalité. Mais les cinq raisons les plus fortes, les plus convaincantes, celles qui traversent toutes les opinions politiques parce qu’elles remettent en cause carrément la possibilité d’avoir une réflexion politique, me sont apparues tardivement car il faut beaucoup travailler pour les mettre en évidence. Ce sont ces raisons-là, les cinq plus importantes, sur lesquelles je voudrais attirer votre attention et solliciter votre avis pour que nous en parlions ensemble, puisque les journalistes nous privent de débats publics.
Dans cette affaire d’État, les fondements du droit constitutionnel sont bafoués, ce qui rappelle au premier plan cinq principes transmis par nos aïeux. Les principes 4 et 5 sont les plus importants.
1. Une Constitution doit être lisible pour permettre un vote populaire : ce texte-là est illisible.
2. Une Constitution doit être politiquement neutre : ce texte-là est partisan.
3. Une Constitution est révisable : ce texte-là est verrouillé par une exigence de double unanimité.
4. Une Constitution protège de la tyrannie par la séparation des pouvoirs et par le contrôle des pouvoirs : ce texte-là organise un Parlement sans pouvoir face à un exécutif tout puissant et largement irresponsable.
5. Une Constitution n’est pas octroyée par les puissants, elle est établie par le peuple lui-même, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants, à travers une assemblée constituante, indépendante, élue pour ça et révoquée après : ce texte-là entérine des institutions européennes qui ont été écrites depuis cinquante ans par les hommes au pouvoir, à la fois juges et parties.
Premier principe de droit constitutionnel : une Constitution est un texte lisible.
Le "traité constitutionnel" est beaucoup trop long [1] : 852 pages A4, une ramette et demie. Cette longueur est unique au monde pour une Constitution, ce qui la rend simplement illisible.
Cette longueur interdit la critique. C’est tout sauf un détail.
Les 70% d’espagnols votants qui ont approuvé ce texte, comme les 60% qui se sont abstenus, ne l’ont pas lu : ni les ministres, ni les parlementaires, ni les professeurs, ni les journalistes, ni les citoyens, qui ont tous autre chose à faire : qui a le temps matériel de lire 850 pages A4 ? Il suffit de se poser la question pour soi-même : ce n’est pas différent pour les autres.
Ces citoyens prennent ainsi le risque majeur, pour eux, mais aussi pour leurs enfants et leurs petits enfants, de découvrir trop tard ce qu’ils ne pourront plus changer.
Il faut évidemment lire et comprendre ce que l’on signe. Ou bien, on refuse de signer.
Même s’il était simple (et il ne l’est pas), un texte aussi long ne permet pas de le juger avec discernement.
Et pourtant, il faut bien avoir un avis. Comment faire pour avoir un avis sur un texte qu’on ne peut pas lire ? En s’alignant sur "les autres", on se rassure, comme les moutons de Panurge.
Cette longueur extravagante est, par elle-même, non démocratique : on éloigne ainsi les curieux. On observe ces temps-ci comme cette vieille technique obscurantiste marche bien : l’unanimisme ambiant repose sur des malentendus rendus possibles par un texte illisible.
Une Constitution est la loi fondamentale, elle doit pouvoir être lue par tous, pour être approuvée ou rejetée en connaissance de cause.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Deuxième principe de droit constitutionnel : une Constitution est un texte neutre, elle permet le débat politique sans en imposer l’issue
Une Constitution démocratique n’est pas de droite ou de gauche, elle n’est pas socialiste ou libérale, une Constitution n’est pas partisane : elle rend possible le débat politique, elle est au-dessus du débat politique.
À l’inverse, ce "traité constitutionnel", en plus de fixer la règle du jeu politique, voudrait fixer le jeu lui-même !
En imposant dans toutes ses parties [2] (I, II et surtout III) des contraintes et références libérales, ce texte n’est pas neutre politiquement, il impose pour toujours des choix de politique économique qui doivent évidemment dépendre du débat politique quotidien, variable selon la conjoncture.
Notamment, ce texte confirme pour toujours que l’Europe se prive elle-même des trois principaux leviers économiques qui permettent à tous les États du monde de gouverner : pas de politique monétaire (banque centrale indépendante, n’ayant comme seule mission, constitutionnelle, intangible, que la lutte contre l’inflation et aucunement l’emploi ou la croissance [3] ), pas de politique budgétaire (pacte de stabilité [4] ) et pas de politique industrielle (interdiction de toute entrave à la concurrence [5] , donc interdiction d’aider certains acteurs nationaux).
C’est une politique de l’impuissance économique [6] qui est ainsi institutionnalisée, imposée pour longtemps.
Ce texte infantilise les citoyens d’Europe : il nous prive tous de l’intérêt de réfléchir à des alternatives. À quoi bon continuer le débat politique, en effet, puisque toute alternative réelle est expressément interdite dans le texte suprême ?
Mise à part la constitution soviétique (qui imposait, elle aussi, une politique, le collectivisme), cette constitution partisane serait un cas unique au monde.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Troisième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est révisable
Le "traité constitutionnel" est beaucoup trop difficilement révisable [7] :
pour changer une virgule à ce texte, il faut d’abord l’unanimité des gouvernements pour tomber d’accord sur un projet de révision, puis il faut l’unanimité des peuples (parlements ou référendums) pour le ratifier.
Avec 25 États, cette procédure de double unanimité est une vraie garantie d’intangibilité pour les partisans de l’immobilisme. Ce texte est pétrifié dès sa naissance.
C’est inacceptable pour une Constitution [8] et ce serait, là encore, un cas unique au monde.
Mettre en avant le mot "traité" pour prétendre que l’unanimité est normale (ce qui est vrai en matière de traités) est malhonnête : cette supercherie de l’oxymore "Traité constitutionnel" (assemblage de mots contradictoires) permet ainsi, en jouant sur les mots, de créer une nouvelle norme suprême en s’affranchissant de la lourde procédure constituante.
Le traité de Nice est temporaire (horizon 2009). Le "traité constitutionnel", lui, est exécutoire sans limitation de durée [9] , et sa force juridique est supérieure à toutes nos normes nationales (règlements, lois, Constitution), et même à tous nos traités [10] . Ce texte n’est évidemment pas un simple traité comme ceux qui l’ont précédé. C’est une tromperie de le prétendre.
Avec le "traité constitutionnel", notre Constitution nationale devient un texte de rang inf é rieur au moindre règlement européen et ne nous protège donc plus de rien dans tous les doma ines où l’Europe p rend le pouvoir, c’est- à- dire presque partout [11].
Pour l’entrée d’un nouvel État dans l’UE, la règle de l’ unanimité est une protection, mais ce n’est pas l’una nimité des peuples consultés par référe ndum qui est requise : c’est d’abord l’ unanimité des 25 représentants des gouverne ments (dont beaucoup ne sont pas élus, et dont aucun ne l’est avec le ma ndat de décider sur ce point essentiel), puis l’ unanimité des États selon leur procédure natio nale de ratification [12]. Seuls les pays qui ont une proc édure référendaire , et la France en fait partie, verront donc leur pe uple dire c t ement consulté.
Tout indique que la volo nté des peuples compte de moins en moins pour ceux qui les gouvernent.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Quatrième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique garantit contre l’arbitraire en assurant à la fois la séparation des pouvoirs et le contrôle des pouvoirs
L’esprit des lois décrit par Montesquieu est sans doute la meilleure idée de toute l’histoire de l’Humanité : tous les pouvoirs tendent naturellement, mécaniquement, à l’abus de pouvoir. Il est donc essentiel, pour protéger les humains contre la tyrannie, d’abord de séparer les pouvoirs, et ensuite d’organiser le contrôle des pouvoirs : pas de confusion des pouvoirs, et pas de pouvoir sans contre-pouvoirs.
Ainsi le peuple dit : « Toi, tu fais les lois, mais tu ne les exécutes pas. Et toi, tu exécutes les lois, mais tu ne peux pas les écrire toi-même. » Ainsi, aucun pouvoir n’a, à lui seul, les moyens de devenir un tyran.
« D’autre part, si l’un des pouvoirs estime que l’autre a un comportement inacceptable, il peut le révoquer : l’assemblée peut renverser le gouvernement, et le gouvernement peut dissoudre l’assemblée. Dans les deux cas, on en appelle alors à l’arbitrage (élection) du peuple qui doit rester la source unique de tous les pouvoirs. »
C’est ça, la meilleure idée du monde, la source profonde de notre quiétude quotidienne.
Foulant aux pieds ces principes fondateurs de la démocratie, le "traité constitutionnel" entérine au contraire l’attribution de tous les pouvoirs au couple exécutif Conseil des ministres + Commission : c’est ainsi que le pouvoir législatif (l’exécutif européen a l’exclusivité de l’initiative des lois ! [13] ), le pouvoir exécutif, et le pouvoir judiciaire (c’est l’exécutif qui intente, ou pas, les actions en justice aux fins de respect de la Constitution [14] ) sont dans les mêmes mains !
Avec la confusion des pouvoirs, c’est un premier rempart essentiel contre la tyrannie qui nous échappe !
Avec une certaine cohérence, ce texte prive aussi le Parlement européen des pouvoirs élémentaires et essentiels que lui confère pourtant traditionnellement son élection au suffrage universel direct : le parlement européen n’a pas l’initiative des lois.
Ceci est un vice rédhibitoire, absolument pas négociable. Si on laisse passer ça, on est fous.
Le Parlement européen n’a également aucun moyen sérieux de contrôler et d’infléchir la politique menée par l’exécutif. Dans le meilleur des cas, il légifère en codécision [15] . Il y a même une série de sujets qui lui échappent totalement ! [16]
Nombreux sont les "responsables" de l’exécutif européen, à commencer par les commissaires [17] , mais surtout le Conseil des ministres, qui créent des normes contraignantes et n’ont pourtant de comptes à rendre à personne au Parlement. Un pouvoir immense sans contre-pouvoirs.
Le Parlement européen ne peut pas mettre en cause un commissaire, il ne peut que révoquer en bloc la commission et seulement pour un usage pénal, pas pour sanctionner la politique de la commission, ce qui limite considérablement son influence. Le Parlement européen ne peut pas renverser le Conseil des Ministres qui est donc absolument irresponsable.
Exemple de la toute puissance des commissaires : le commissaire chargé du commerce international est le représentant unique de l’Union dans toutes les négociations internationales (OMC et autres). À lui seul, cet homme concentre donc un pouvoir vertigineux. C’est à ce titre qu’il négocie l’AGCS (Accord général sur les services, version mondiale de la directive Bolkestein) au nom de tous les européens, mais dans le plus grand secret : il ne rend aucun compte au Parlement des négociations qu’il mène sur un accord qui va pourtant profondément changer la vie de tous les européens, et le Parlement ne peut pas lui imposer de rendre des comptes [18]. On peut donc déjà observer des signes tangibles d’une dérive de type tyrannique. Et le "traité constitutionnel" verrouille pour longtemps un déséquilibre institutionnel qui le permet.
L’affaiblissement du contrôle parlementaire, c’est un deuxième rempart essentiel contre la tyrannie qui disparaît.
C’est ce que, depuis vingt ans, les manuels scolaires des étudiants en sciences politiques appellent pudiquement le "déficit démocratique" de l’UE. Un terme bien anodin pour désigner en fait une trahison des peuples, trop confiants en ceux qu’ils ont désignés pour les défendre.
Toutes les conversations des citoyens devraient analyser ce recul historique, ce cancer de la démocratie : dans les institutions européennes, le Parlement, seule instance porteuse de la souveraineté populaire par le jeu du suffrage universel direct, est privé à la fois de son pouvoir normatif et de son pouvoir de contrôle, pendant que la confusion des pouvoirs la plus dangereuse est réalisée dans les mains d’un exécutif largement irresponsable.
C’est la porte grande ouverte à l’arbitraire.
Comment les analystes et commentateurs peuvent-ils glisser là-dessus comme si c’était secondaire ? C’est l’Europe à tout prix ? N’importe quelle Europe ? Même non démocratique ?! On n’a pas le droit d’en parler sans être qualifié d’antieuropéen ?
On nous dit : « ce texte est meilleur qu’avant, il faudrait être idiot pour refuser de progresser ». C’est masquer qu’avec ce texte, on ne ferait pas que progresser : on figerait, on bloquerait, on entérinerait, on renforcerait, on donnerait pour la première fois une caution populaire aux auteurs du texte qui s’en sont dispensés jusque-là, on voit pour quel résultat.
Même mieux qu’avant, le texte proposé est absolument inacceptable, très dangereux.
Montesquieu doit se retourner dans sa tombe.
Les partisans du traité présentent comme une avancée majeure le fait que désormais, avec ce texte, le Parlement votera le budget [19] . Est-ce qu’on se rend compte de la gravité de la situation ? Aujourd’hui, le Parlement européen ne vote même pas le budget ! Il faut garder à l’esprit que, si le Parlement est faible, ce sont les citoyens qui sont faibles.
L’avancée (réelle) sur le budget est une manœuvre qui ne doit pas masquer l’inacceptable faiblesse : si les citoyens valident eux-mêmes que leur Parlement n’ait définitivement pas l’initiative des lois, ils se font politiquement hara-kiri.
Triste paradoxe que ces peuples, mal informés, qui acceptent eux-mêmes le recul du contrôle parlementaire, c’est-à-dire du rempart fondamental qui les protège de l’injuste loi du plus fort.
Il deviendrait alors inutile, pour les citoyens, d’avoir une réflexion et une opinion politique dès lors que disparaîtrait la courroie de transmission du Parlement (la seule qui transforme nos opinions politiques individuelles en décisions et en normes juridiques générales).
Ceux qui claironnent la naissance d’un référendum d’initiative populaire à l’initiative d’un million de citoyens [20] sont des menteurs ou ne savent pas lire : le traité ne définit qu’un misérable droit de pétition sans aucune force contraignante pour la Commission qui n’est qu’invitée à réfléchir et qui peut parfaitement jeter la proposition à la poubelle sans se justifier [21] .
De la même façon, les beaux principes généraux et généreux, claironnés partout, privés de leurs modalités pratiques d’application, n’ont pas de force contraignante et font ainsi illusion.
Partout, ce texte est en trompe-l’œil pour masquer une maladie mortelle pour la démocratie : progressivement et subrepticement, en affirmant le contraire sans vergogne, les exécutifs nationaux, de droite comme de gauche, à l’occasion de la naissance de l’Europe, sont en train, en cinquante ans, de s’affranchir du contrôle parlementaire.
Les hommes politiques au pouvoir ne sont pourtant pas propriétaires de la souveraineté populaire qu’ils n’incarnent que temporairement : ni le gouvernement ni le parlement ne peuvent l’abdiquer (ou la confisquer) ; seul le peuple, lui-même, directement et en connaissance de cause, le peut.
De ce point de vue, les nombreux gouvernements qui ont fait ratifier ce texte par leur Parlement national [22] , plutôt que par leur peuple (référendum), signent une véritable forfaiture : les peuples de ces pays sont ainsi privés à la fois du débat et de l’expression directe qui leur aurait permis de résister au recul du contrôle parlementaire qui les expose immanquablement aux tyrans à venir.
C’est une juste cause d’émeute [23] .
Ce mépris des peuples et de leurs choix réels est très révélateur du danger qui grandit dans la plus grande discrétion : nos élites, de droite comme de gauche, se méfient de la démocratie et nous en privent délibérément, progressivement et insidieusement.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Cinquième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est forcément établie par une assemblée indépendante des pouvoirs en place
Une Constitution n’est pas octroyée au peuple par les puissants. Elle est définie par le peuple lui-même, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants.
À l’inverse, les institutions européennes ont été écrites (depuis cinquante ans) par les hommes politiques au pouvoir qui sont donc évidemment juges et parties : de droite comme de gauche, en fixant eux-mêmes les contraintes qui allaient les gêner tous les jours, ces responsables ont été conduits, c’est humain mais c’est aussi prévisible, à une dangereuse partialité.
C’est, là encore, un cas unique au monde, pour une démocratie.
Et on observe les résultats comme une caricature de ce qu’il faut éviter : un exécutif tout puissant et un Parlement fantoche, une apparence de démocratie avec des trompe-l’œil partout, mais un recul réel et profond du contrôle parlementaire, de la souveraineté des peuples et de la garantie contre l’arbitraire.
La seule voie crédible pour créer un texte fondamental équilibré et protecteur est une assemblée constituante, indépendante des pouvoirs en place, élue pour élaborer une Constitution, rien que pour ça, et révoquée après.
C’est aux citoyens d’imposer cette procédure si les responsables politiques tentent de s’en affranchir.
La composition assez variée de la Convention Giscard n’est pas un argument satisfaisant : cette convention est une mauvaise parodie, on est à mille lieues d’une assemblée Constituante : ses membres n’ont pas été élus avec ce mandat, ses membres n’étaient pas tous indépendants des pouvoirs en place, ils n’avaient pas les pouvoirs pour écrire un texte équilibré et démocratique : ils ont simplement validé, compilé (et légèrement modifié) les textes antérieurs écrits par des acteurs à la fois partisans et partiaux.
La réécriture du texte par les gouvernants au pouvoir, pendant encore une année après que la Convention ait rendu sa proposition, est une énormité de plus, sous l’angle constitutionnel [24] .
Tous les vices antidémocratiques du "traité constitutionnel" viennent sans doute de cette erreur centrale, commise depuis l’origine, sur la source du droit fondamental, qui ne peut être qu’une assemblée constituante indépendante, élue sur ce seul mandat.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Conclusion
Finalement, ce "traité constitutionnel" est un détonateur, un révélateur, qui met en lumière ce qui se trame discrètement depuis longtemps.
D’une certaine façon, le loup est sorti du bois et les citoyens peuvent enfin voir le grand danger, et résister.
Une des erreurs majeures, c’est de faire passer l’économique avant le politique, c’est de confier la barre aux économistes alors qu’ils devraient rester dans les soutes pour faire tourner le moteur.
En prônant la liberté comme une valeur supérieure, au lieu de la fraternité, en détruisant la régulation par l’État, gardien de l’intérêt général, pour instaurer la régulation par le marché, somme d’intérêts particuliers, les économistes libéraux s’en prennent aux fondements de la démocratie pour affranchir les principaux décideurs économiques de tout contrôle.
La dérégulation systématique menée en Europe (institutions, politique et verrou de la Constitution), et plus généralement sur la terre entière (OMC, AGCS, ADPIC) est un recul de la civilisation, un retour vers la barbarie de la loi du plus fort [25] .
Par optimisme, par crédulité, par indifférence, les peuples modernes laissent s’affaiblir leur bien le plus précieux, très rare sur cette planète, celui qui conditionne leur sérénité quotidienne : les différentes protections contre l’arbitraire des hommes forts, depuis le cœur des entreprises (droits sociaux) jusqu’à la patrie (institutions démocratiques contrôlées et révocables).
La démocratie n’est pas éternelle, elle est même extrêmement fragile. En la croyant invulnérable, nous sommes en train de la laisser perdre.
Même après le refus de ce texte-là, il faudra se battre pour la garder, et continuer à militer pour imposer à nos représentants de construire une autre Europe, simplement démocratique.
Mais ce texte fondateur en trompe-l’œil est présenté aux citoyens à travers un débat lui aussi en trompe-l’œil [26] .
De nombreux journalistes, en assimilant les opposants au texte à des opposants à l’Europe, font un amalgame malhonnête : la double égalité "Oui au traité=Oui à l’Europe, Non au traité=Non à l’Europe" est un mensonge insultant, une inversion de la réalité, un slogan trompeur jamais démontré, fait pour séduire ceux qui n’ont pas lu le traité et qui n’ont pas étudié les arguments, pourtant très forts, de ceux qui s’opposent à ce traité précisément pour protéger la perspective d’une Europe démocratique.
La responsabilité des journalistes est ici historique : n’y aura-t-il en France aucun journaliste honnête pour faire écho de façon équitable aux deux positions proeuropéennes, oui et non ?
N’y aura-t-il en France aucun journal, aucune émission, pour organiser les débats contradictoires indispensables pour se forger une opinion éclairée ?
C’est, pour l’instant, l’Internet qui est le média le plus démocratique, non censuré, le meilleur outil pour résister. Si ce message vous semble utile, diffusez-le vite dans vos propres réseaux et au-delà de l’Internet, sur papier.
On ne naît pas citoyen : on le devient.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
À l’heure de choix aussi essentiels, difficiles et dangereux que ceux qui fondent une Constitution, à quoi servent donc les journalistes ?
À quoi servent les professeurs de droit ?
Étienne Chouard, Marseille.
http://etienne.chouard.free.fr
BIBLIOGRAPHIE
Parmi les livres et articles que j’ai lu depuis six mois, tous profondément proeuropéens, certains aident particulièrement à se forger une opinion construite et solidement argumentée contre ce texte dangereux, et plus généralement sur la construction européenne et la dérégulation mondiale :
· Raoul Marc Jennar, « Europe, la trahison des élites », 280 pages, décembre 2004, Fayard : pour un réquisitoire rigoureux et passionnant. Une étude consternante des rouages européens et des dérives foncièrement antidémocratiques de cette Europe qui ment tout le temps. Comment la défense des intérêts privés des grands groupes a d’ores et déjà pris la place de celle de l’intérêt général. Les chapitres sur l’OMC, l’AGCS et l’ADPIC sont absolument é-di-fiants. Un livre essentiel, à lire d’urgence.
· Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, a écrit dans le Monde, le 11 mars 2005, un article très puissant qui résume parfaitement l’essentiel de l’essentiel : « Qui veut de la post-démocratie ? » : http://www.lemonde.fr/web/imprimer_... Un article court (une page) et très dense : important, percutant, à lire absolument.
· Raoul Marc Jennar, « Quand l’Union Européenne tue l’Europe », 40 pages, janvier 2005 : brochure résumant un argumentaire serré contre le "traité constitutionnel". Également un DVD où Jennar présente lui-même,de façon pédagogique, très posée, trois exposés sur l’AGCS, la directive Bolkestein et le traité constitutionnel. On y sent très fortement la terrifiante cohérence qui relie ces textes. Documents importants disponibles sur www.urfig.org
· Jean-Claude Fitoussi, économiste, « La politique de l’impuissance », 160 pages, janvier 2005, Arléa : un passionnant petit livre d’entretiens avec Jean-Claude Guillebaud pour comprendre comment l’Europe abandonne sciemment la démocratie et renonce à l’intervention économique des États.
· Jacques Généreux, économiste, « Manuel critique du parfait européen - Les bonnes raisons de dire "non" à la constitution », 165 pages, février 2005, Seuil : encore un excellent petit livre, très clair, vivant, incisif, très argumenté, avec une tonalité à la fois économique et très humaine. Encore un enthousiasmant plaidoyer pour une vraie Europe !
· Yves Salesse, membre du Conseil d’État, « Manifeste pour une autre Europe », 120 page, janvier 2005, Le Félin : un argumentaire précis, rigoureux,constructif.Agréable à lire et très instructif.
· Yves Salesse a également rédigé, lui aussi, un article plus court qui résume en 10 pages son analyse : « Dire non à la "constitution" européenne pour construire l’Europe » :
http://www.fondation-copernic.org/F...
· Ces temps-ci, une source majeure d’information non censurée, très orientée politiquement (à gauche), mais absolument foisonnante, est le site portail www.rezo.net J’y trouve chaque jour au moins un document passionnant.
· Bernard Maris, « Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie », novembre 1999, Albin Michel : pour une démonstration de l’imposture de "l’indispensable guerre économique", avec un parallèle très convaincant avec la guerre de 1914 : comme d’habitude, la guerre n’est pas inévitable, et ceux qui poussent à faire la guerre ne sont pas ceux qui se battent et qui souffrent. Un bel appel à la désertion.
À mettre en parallèle avec la religion de la concurrence (compétition) sans entrave, rabachée par le "traité constitutionnel" qui, finalement, monte les États et les peuples les uns contre les autres, à coups de dumping social, fiscal, et environnemental.
· Joseph E. Stiglitz, « La grande désillusion », 324 pages, sept. 2003, Fayard : un pavé dans la mare : un grand économiste libéral, patron de la banque mondiale, qui a travaillé avec les plus grands hommes de ce monde, et qui décrit en détail le dogmatisme aveugle et criminel des technocrates libéraux du FMI et ses conséquences sur les économies et les peuples. Un style soigné, 0% de matière grasse. Un grand bouquin, une référence. À lire.
· Agnès Bertrand et Laurence Kalafatides, « OMC, le pouvoir invisible », 325 pages, juillet 2003, Fayard : un livre palpitant et éclairant pour comprendre les objectifs et les moyens de cette énorme machine à déréguler que sont le GATT puis l’OMC, outils de contrainte pour les États mais jamais pour les entreprises. Ce livre permet de ressentir fortement la parfaite cohérence qui existe entre les objectifs et les influences de l’OMC et ceux de la construction européenne actuelle.
· Pour comprendre la logique d’ensemble de ce qui prend forme au niveau planétaire, il faut lire l’article à la foisterrifiantet lumineux de Lori M. Wallach, « Le nouveau manifeste du capitalisme mondial », dans Le Monde Diplomatique de février 1998, à propos de l’Accord Multilatéral sur l’investissement (AMI), (une de ces « décisions Dracula », appelées ainsi parce qu’elles ne supportent pas la lumière, tellement elles sont évidemment inacceptables) :
http://www.monde-diplomatique.fr/19...
On y perçoit clairement, comme grâce à une caricature, la logique qui sous-tend de nombreux textes et accords essentiels en préparation aujourd’hui : AGCS, Construction européenne libérale, OMC, ADPIC, directive Bolkestein, etc. La parenté de tous ces textes devient évidente : un redoutable « air de famille ».
O O O O O
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Notes :
[1] Constitution européenne : Comment se procurer le texte intégral ?
http://www.constitution-europeenne.fr
À lire avant de voter :
a/ Le traité établissant une Constitution pour l’Europe - 349 pages.
b/ Les protocoles et annexes I et II - 382 pages. Document nommé "Addendum 1 au document CIG 87/04 REV 1.
c/ Les déclarations à annexer à l’acte final de la CIG et l’acte final - 121 pages. Doc. Nommé "Addendum 2 au document CIG 87/04 REV 2. Total : 349 + 382 + 121 = 852 pages.
Pourtant, tout n’y figure pas : des définitions aussi essentielles que celle des SIEG, services d’intérêt économique général, (cités aux art. II-96, III-122, III-166), à ne surtout pas confondre avec les services publics, ne figurent pas dans les 852 pages : il faut, par exemple, consulter le "livre blanc" de la Commission pour apprendre que les SIG et SIEG n’ont rien à voir avec les services publics...
Rappel : à titre de comparaison, les Constitutions françaises et américaines font chacune environ 20 pages.
[2] Les instructions impératives de type politique sont trop nombreuses pour les citer toutes.
Entre autres, plus de trois cents articles de la partie III fixent en détail les politiques économiques de l’Union.
[3] Indépendance et missions de la banque centrale : art. I-30 : « §1 (...) La Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des États membres dont la monnaie est l’euro, qui constituent l’Eurosystème, conduisent la politique monétaire de l’Union. §2. Le Système européen de banques centrales est dirigé par les organes de décision de la Banque centrale européenne. L’objectif principal du Système européen de banques centrales est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, il apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union pour contribuer à la réalisation des objectifs de celle-ci. Il conduit toute autre mission de banque centrale conformément à la partie III et au statut du Système européen de banques centrales et de la Banque centrale européenne. §3. La Banque centrale européenne est une institution. Elle a la personnalité juridique. Elle est seule habilitée à autoriser l’émission de l’euro. Elle est indépendante dans l’exercice de ses pouvoirs et dans la gestion de ses finances. Les institutions, organes et organismes de l’Union ainsi que les gouvernements des États membres respectent cette indépendance. » et art. III-188 : « ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l’Union, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. »
[4] Pacte de stabilité : art. III-184 (2 pages) et art. 1 du protocole n°10 sur la procédure concernant les déficits excessifs « Les valeurs de référence visées à l’article III-184, paragraphe 2, de la Constitution sont les suivantes : a) 3 % pour le rapport entre le déficit public prévu ou effectif et le produit intérieur brut aux prix du marché ; b) 60 % pour le rapport entre la dette publique et le produit intérieur brut aux prix du marché. »
[5] Interdiction de fausser la concurrence : cette interdiction est partout dans le texte, elle est formelle et contraignante, également à l’encontre des services publics : Art. III-166 : « §1. Les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire à la Constitution, notamment à l’article I-4, paragraphe 2 [non discrimination], et aux articles III-161 à III-169 [règles de concurrence]. §2. Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence, dans la mesure où l’application de ces dispositions ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. Le développement des échanges ne doit pas être affecté dans une mesure contraire à l’intérêt de l’Union. §3. La Commission veille à l’application du présent article et adopte, en tant que de besoin, les règlements ou décisions européens appropriés. »
[6] « La politique de l’impuissance » : voir le petit livre lumineux de Jean-Claude Fitoussi qui démontre cette dépossession progressive des responsables politiques par méfiance de la démocratie. Voir surtout le livre enthousiasmant de Jacques Généreux, « Manuel critique du parfait européen » qui proteste, lui aussi, contre le sabordage des outils européens d’intervention économique, et contre le dogmatisme aveugle qui soutient cette folie unique au monde.
[7] Procédure de révision : art. IV-443.3 : « Une Conférence des représentants des gouvernements des États membres est convoquée par le président du Conseil en vue d’arrêter d’un commun accord les modifications à apporter au présent traité. Les modifications entrent en vigueur après avoir été ratifiées par tous les États membres conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. »
[8] Rappel : l’article 28 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’an I de la République française (1793) précisait : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut pas assujettir à ses lois les générations futures. »
[9] Durée d’application du texte : Art. IV-446 : « Le présent traité est conclu pour une durée illimitée. »
[10] Force supérieure des normes européennes sur toutes les autres normes, nationales et internationales : Art. I-6 : « La Constitution et le droit adopté par les institutions de l’Union, dans l’exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, priment le droit États membres. »
Art. I-12 : « §1. Lorsque la Constitution attribue à l’Union une compétence exclusive dans un domaine déterminé, seule l’Union peut légiférer et adopter des actes juridiquement contraignants, les États membres ne pouvant le faire par eux-mêmes que s’ils sont habilités par l’Union, ou pour mettre en oeuvre les actes de l’Union. ».
Parmi les compétences exclusives, voir l’art.I-13, §1 : « e) la politique commerciale commune. »...
Les parlements nationaux sont ainsi totalement dépouillés, par exemple, de la moindre capacité d’influencer les accords commerciaux internationaux (AGCS, ADPIC et autres avatars de l’OMC), alors que la vie des citoyens est promise à des bouleversements majeurs à l’occasion de ces accords qui se préparent dans la plus grande discrétion.
Art. I-33 : « Les actes juridiques de l’Union : Les institutions, pour exercer les compétences de l’Union, utilisent comme instruments juridiques, conformément à la partie III, la loi européenne, la loi-cadre européenne, le règlement européen, la décision européenne, les recommandations et les avis.
La loi européenne est un acte législatif de portée générale. Elle est obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre.
La loi-cadre européenne est un acte législatif qui lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
Le règlement européen est un acte non législatif de portée générale pour la mise en oeuvre des actes législatifs et de certaines dispositions de la Constitution. Il peut soit être obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre, soit lier tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
La décision européenne est un acte non législatif obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des destinataires, elle n’est obligatoire que pour ceux-ci.
Les recommandations et les avis n’ont pas d’effet contraignant. »
[11] Liste des domaines où l’Europe est compétente : Article I-13 : « Les domaines de compétence exclusive : §1. L’Union dispose d’une compétence exclusive dans les domaines suivants : a) l’union douanière ; b) l’établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur ; c) la politique monétaire pour les États membres dont la monnaie est l’euro ; d) la conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche ; e) la politique commerciale commune. §2. L’Union dispose également d’une compétence exclusive pour la conclusion d’un accord international lorsque cette conclusion est prévue dans un acte législatif de l’Union, ou est nécessaire pour lui permettre d’exercer sa compétence interne, ou dans la mesure où elle est susceptible d’affecter des règles communes ou d’en altérer la portée. » Article I-14 : « Les domaines de compétence partagée : (...) §2. Les compétences partagées entre l’Union et les États membres s’appliquent aux principaux domaines suivants : a) le marché intérieur ; b) la politique sociale, pour les aspects définis dans la partie III ; c) la cohésion économique, sociale et territoriale ; d) l’agriculture et la pêche, à l’exclusion de la conservation des ressources biologiques de la mer ; e) l’environnement ; f) la protection des consommateurs ; g) les transports ; h) les réseaux transeuropéens ; i) l’énergie ; j) l’espace de liberté, de sécurité et de justice ; k) les enjeux communs de sécurité en matière de santé publique, pour les aspects définis dans la partie III. (...) ».
[12] Procédure de ratification pour l’entrée d’un nouvel État dans l’UE : Article I-58 : « Critères d’éligibilité et procédure d’adhésion à l’Union : (...) §2. Tout État européen qui souhaite devenir membre de l’Union adresse sa demande au Conseil. Le Parlement européen et les parlements nationaux sont informés de cette demande. Le Conseil statue à l’unanimité après avoir consulté la Commission et après approbation du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le composent. Les conditions et les modalités de l’admission font l’objet d’un accord entre les États membres et l’État candidat. Cet accord est soumis par tous les États contractants à ratification, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. » Ces derniers mots font dépendre du droit national la procédure de ratification de l’entrée d’un nouveau membre. En février 2005, le Parlement français, réunis en Congrès, a changé la Constitution française pour que cette ratification soit forcément soumise au référendum : article 2 de la loi de révision : « I. - Le titre XV de la Constitution est complété par un article 88-5 ainsi rédigé : "Art. 88-5. - Tout projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif à l’adhésion d’un État à l’Union européenne et aux Communautés européennes est soumis au référendum par le Président de la République." » Quand le texte précise « est soumis », c’est obligatoire (en droit, l’indicatif vaut impératif).
[13] Exclusivité de l’initiative des lois pour l’exécutif : article I-26 : « (...) §2. Un acte législatif de l’Union ne peut être adopté que sur proposition de la Commission, sauf dans les cas où la Constitution en dispose autrement. Les autres actes sont adoptés sur proposition de la Commission lorsque la Constitution le prévoit. »
[14] Pouvoir de lancer les procédures judiciaires ou pas : Article I-26 : « La Commission européenne : §1. La Commission promeut l’intérêt général de l’Union et prend les initiatives appropriées à cette fin. Elle veille à l’application de la Constitution ainsi que des mesures adoptées par les institutions en vertu de celle-ci. Elle surveille l’application du droit de l’Union sous le contrôle de la Cour de justice de l’Union européenne. Elle exécute le budget et gère les programmes. Elle exerce des fonctions de coordination, d’exécution et de gestion conformément aux conditions prévues par la Constitution. À l’exception de la politique étrangère et de sécurité commune et des autres cas prévus par la Constitution, elle assure la représentation extérieure de l’Union. Elle prend les initiatives de la programmation annuelle et pluriannuelle de l’Union pour parvenir à des accords interinstitutionnels. »
[15] Domaines où le Parlement est habilité à légiférer en codécision ("procédure législative ordinaire" de l’art. III-396) :
Art. I-34, §1 : « Les lois et lois-cadres européennes sont adoptées, sur proposition de la Commission, conjointement par le Parlement européen et le Conseil conformément à la procédure législative ordinaire visée à l’article III-396. Si les deux institutions ne parviennent pas à un accord, l’acte en question n’est pas adopté. » Pas de liste des domaines de codécision, donc, apparemment : il faut partir à la pêche dans les 850 pages pour trouver les articles qui prévoient la procédure législative ordinaire, et donc la codécision. Voir la note suivante.
[16] Domaines exclusifs, où l’exécutif peut légiférer seul : art. I-34, §2 : « Dans les cas spécifiques prévus par la Constitution, les lois et lois-cadres européennes sont adoptées par le Parlement européen avec la participation du Conseil ou par celui-ci avec la participation du Parlement européen, conformément à des procédures législatives spéciales. » ici non plus, apparemment, pas de liste des "domaines réservés à l’exécutif-législateur" (Montesquieu souffre sans doute dans sa tombe que cet oxymore ose exister), donc : il faut partir à la pêche dans les 850 pages pour trouver les articles qui prévoient une procédure législative spéciale... Ces domaines étant en quelque sorte une zone franche de contrôle parlementaire, on aimerait pourtant savoir simplement quelles sont les matières concernées.
Ne trouvant pas ce que je cherchais dans mes 852 pages du texte original, j’ai trouvé les explications suivantes sur le site
http://www.assemblee-nationale.fr/1... , : « 2) La généralisation de la "procédure législative européenne" :
La Constitution étend sensiblement le champ d’application de la procédure de codécision, désormais nommée « procédure législative ordinaire », qui place le Parlement européen sur un pied d’égalité avec le Conseil de l’Union.
Cette extension conduit à un net renforcement des pouvoirs du Parlement européen puisque 27 domaines d’action de l’Union passent à la procédure législative, et concernent principalement :
- le marché intérieur (art III-24, III-29, III-32, et III-46-2) ;
- la gouvernance économique et l’Union économique et monétaire (art. III-71-6 et III-79-5) ;
- la justice et les affaires intérieures (art. III-163, III-166-2, III-167, III-171, III-172, III-173, III-177) ;
- la Cour de justice (art. III-264, III-269, III-289) ;
- le budget européen (art. III-318, III-319) ;
- les accords commerciaux (art III-217-2) ;
- l’agriculture (art. III-126-1, III-127-2).
Les nouvelles compétences reconnues à l’Union sont toutes soumises à la procédure législative ordinaire, ajoutant ainsi huit nouveaux domaines dans lesquelsle Parlement européen légifère sur un pied d’égalité avec le Conseil :
- le sport (article III-182) ;
- la protection civile (article III-184) ;
- la propriété intellectuelle (article III-68) ;
- l’espace (article III-150) ;
- la coopération administrative(articleIII-185) ; _-les mesures nécessaires à l’usage de l’euro (article III-83) ;
- les sanctions financières contre des personnes ou des groupes criminels (article III-49) ;
- l’énergie (article III-157).
Dans les domaines qui restent soumis à une procédure législative spéciale, le Parlement européen obtient néanmoins un renforcement de ses pouvoirs :
- pouvoir d’initiative et dernier mot sur la loi définissant les modalités d’exercice de son droit d’enquête (article III-235) ;
- procédure d’approbation sur les modalités des « ressources propres » (article I-53 § 4) au lieu d’une simple consultation ;
- procédure d’approbation sur l’extension des droits liés à la citoyenneté (article III-13) ;
- pouvoir de consultation dans plusieurs domaines où il n’avait aucun droit de regard telles que les mesures nécessaires pour faciliter la protection diplomatique et consulaire des citoyens de l’Union (article III-11). Par ailleurs, le Parlement européen devra être consulté en ce qui concerne :
- la décision du Conseil d’utiliser la « clause passerelle » (article IV-7 bis) ;
- les mesures concernant les passeports, cartes d’identité, titres de séjour, protection et sécurité sociale (article III-9) ;
- le régime linguistique des titres de propriété intellectuelle (article III-68).
Enfin, en matière d’accords internationaux, l’extension de la procédure législative entraînera la procédure d’approbation pour les accords portant sur ces domaines (article III-226). »
On reste sur l’impression qu’il y a encore des domaines où le Parlement n’a « aucun droit de regard » (ça fait froid dans le dos), mais que personne n’insiste là-dessus... Quels sont ces domaines ? Ce traité est illisible.
Lu sur http://www.legrandsoir.info/article... , : « Les 21 domaines dont le Parlement est exclu et où le Conseil des ministres décide seul sont d’une importance décisive : le marché intérieur, l’essentiel de la Politique Agricole Commune, le Tarif Douanier Commun, la Politique Étrangère et de Sécurité Commune, la politique économique, la politique sociale, la fiscalité... ». Interrogé sur les sources de cette affirmation, l’auteur JJ Chavigné m’a rapidement donné les n° d’articles précis : « il ne sera jamais écrit noir sur blanc que le Parlement est exclu de la décision. Il faudra comprendre qu’il est exclu lorsqu’un article de la Constitution précisera que c’est le Conseil décide et/ou que le Parlement sera simplement consulté. (JJC) » Inquiétante opacité du texte suprême.
« Voilà donc les domaines (ou les parties de domaine) les plus importants où le Conseil décide seul et où le Parlement n’est pas co-décideur : (JJC jusqu’à la fin de la note 16) »
Politique Étrangère et de Sécurité Commune
Article III-295 : Alinéa 1 : « Le Conseil européen définit les orientations générales de la politique étrangère et de sécurité commune, y compris pour les questions ayant des implications en matière de défense ».
Article III-300, Alinéa 1 : « Les décisions européennes visées au présent chapitre sont adoptées par le Conseil statuant à l’unanimité ».
Alinéa 2 : « Par dérogation au paragraphe 1, le Conseil statue à la majorité qualifiée ».
Le rôle du Parlement est défini à l’article III-304 : Alinéa 1 : « Le ministre des affaires étrangères de l’Union consulte et informe le Parlement européen... »
Alinéa 2 : « Le Parlement européen peut adresser des questions ou formuler des recommandations... »
Marché intérieur
Article III-130-3 :
« Le Conseil, sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens... »
Tarif Douanier Commun :
rticle III-151-5 : « Le Conseil sur proposition de la Commissionadopte les règlements ou décisions européens qui fixent les droits dutarif douanier commun ».
Politique Agricole Commune :
Article III-231 : Alinéa 2 : « La loi ou loi-cadre européenne établit l’organisation commune des marchés... »
L’expression « Loi-cadre européenne », sans autre précision, signifie que la procédure législative ordinaire, définie à l’article III-396 s’applique. Il s’agit alors d’une co-décision du Conseil et du Parlement européen. Ce qui est un progrès par rapport aux traités précédents.
Mais :
Alinéa 3 : « Le Conseil sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens relatifs à la fixation des prix, des prélèvements, des aides et des limitations quantitatives... ». Le Conseil décide donc seul, sur proposition de la Commission, des prix, des aides, des quotas...
Fiscalité :
Article III-171 : « Une loi-cadre européenne du Conseil établit les mesures concernant l’harmonisation des législations relatives aux taxes sur le chiffre d’affaires, aux droits d’accises et autres impôts indirects, pour autant que cette harmonisation soit nécessaire pour assurer l’établissement ou le fonctionnement du marché intérieur et éviter des distorsions de concurrence. Le Conseil statue à l’unanimité, après consultation du Parlement européen et du Comité économique et social ».
Social :
Il faut distinguer trois niveaux :
1er niveau : domaine de co-décision :
Article III-210-1 :
a- L’amélioration du milieu de travail...
b- Les conditions de travail.
e- L’information et la consultation des travailleurs.
h- l’intégration des personnes exclues du marché du travail
i- L’égalité entre hommes et femmes.
j- La lutte contre l’exclusion sociale
k- La modernisation des systèmes de protection sociale, sans préjudice du point c.
2ème niveau : le Conseil décide seul :
Article III-210-3 : « ... dans les domaines visés au paragraphe 1, point c, d, f et g, la loi ou loi-cadre européenne est adoptée par le Conseil statuant à l’unanimité, après consultation du Parlement européen... »
c- la sécurité sociale et la protection sociale des travailleurs.
d- La protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail.
f- La représentation et la défense collective des intérêts des travailleurs et des employeurs y compris la cogestion, sous réserve du paragraphe 6.
g- Les conditions d’emploi des ressortissants de pays tiers se trouvant en séjour régulier sur le territoire de l’Union.
3ème niveau : l’Union (que ce soit le Conseil seul ou le Parlement avec le Conseil) n’est pas compétente :
Article III-210-6 :
« Le présent article ne s’applique ni aux rémunérations, ni au droit d’association, ni au droit de grève, ni au lock-out... »
Ce qui rend impossible tout Smic européen.
Ce qui vide de son contenu l’article II-210-3-f.
Ce qui vide de son contenu l’article II-88 : le droit de grève ne pourra être imposé par l’Union à un Etat-membre qui ne le prévoirait pas ou le retirait de sa législation. Ce qui a l’avantage de ne pas, non plus, imposer le « lock out » à une législation nationale qui (telle la législation française) ne le reconnaîtrait pas. (JJC)
[17] Seule la Commission peut être renversée par le Parlement, en bloc : Article I-26, §8 : « La Commission, en tant que collège, est responsable devant le Parlement européen. Le Parlement européen peut adopter une motion de censure de la Commission conformément à l’article III-340. Si une telle motion est adoptée, les membres de la Commission doivent démissionner collectivement de leurs fonctions et le ministre des Affaires étrangères de l’Union doit démissionner des fonctions qu’il exerce au sein de la Commission. », un commissaire peut être « démissionné » par le président de la Commission (lui-même élu par le Parlement) : art. 1-27, dernier § : « Un membre de la Commission présente sa démission si le président le lui demande. », mais ni le Conseil des ministres, ni le Conseil européen, ne sont responsables devant personne.
Le Conseil nomme les membres de la Commission (art.1-27 §2), seul le président de la Commission est élu par le Parlement (art. 1-27 §1). La Commission, qui est ainsi l’émanation du Conseil, sa « chose », sert donc de « fusible » politique face au Parlement, faisant écran aux Conseils qui ne risquent rien.
[18] Voir le détail de l’humiliation infligée par Pascal Lamy aux parlementaires qui voulaient consulter les documents préparatoires pour l’AGCS dans le livre passionnant de Raoul Marc Jennar, « Europe, la trahison des élites », pages 64 et s., et notamment 70 et 71.
Voir aussi un passionnant article de Jennar intitulé « Combien de temps encore Pascal Lamy ? », à propos des deux accords AGCS et ADPIC :
http://politique.eu.org/archives/20...
[19] Soi-disant "avancées" pour le Parlement : il va voter le budget et il y aura davantage de matières où il y aura codécision : le Parlement ne sera donc plus exclu de presque tout comme avant... On croit rêver.
[20] Noëlle Lenoir, alors ministre française déléguée aux affaires européennes du gouvernement Raffarin, a déclaré : « il suffira de rassembler un million de signatures en Europe pour obliger la Commission à engager une procédure législative » (Le Monde, 30 octobre 2003).
[21] Droit de pétition : art. I-47, §4 : « Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatif d’États membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application de la Constitution. La loi européenne arrête les dispositions relatives aux procédures et conditions requises pour la présentation d’une telle initiative citoyenne, y compris le nombre minimum d’États membres dont les citoyens qui la présentent doivent provenir. » On est à mille lieues du référendum d’initiative populaire suisse qu’on fait miroiter aux électeurs.
[22] Pays qui ne soumettent pas le "traité" à leur peuple : Italie, Allemagne, Belgique, Suède, Chypre, Grèce, Estonie.
Pays qui ont opté pour le référendum : France, Royaume-Uni, Espagne, République tchèque, Portugal, Pays-Bas...
[23] RM Jennar à raison : il faut réaffirmer nos fondamentaux et rappeler ce que proclamait, le 26 juin 1793, l’article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’an I : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». (« Europe, la trahison... », p. 218).
[24] Lire à ce propos la position de Pervenche Berès, membre de la convention Giscard, coauteur du texte donc, qui renie pourtant le résultat final tant il a été défiguré par les gouvernements dans l’année qui a suivi, et qui appelle finalement à « Dire "non" pour sauver l’Europe » :
http://www.ouisocialiste.net/IMG/pd...
[25] Selon la célèbre formule de Lacordaire : " Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit".
Chacun peut prévoir ce qu’il adviendra avec des renards libres dans un poulailler libre.
[26] Lire les analyses du site Acrimed sur la partialité des médias sur cette affaire :
http://www.acrimed.org/article1950.html.
Lire aussi l’article de Bernard Cassen dans Le Monde Diplomatique : « Débat truqué sur le traité constitutionnel » :
http://www.monde-diplomatique.fr/20...
Source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=13442
Chers collègues et amis,
Après six mois de réflexion intense, se cristallise une argumentation autour du "traité constitutionnel", à partir de lui mais au-delà de lui, une argumentation qui n’est ni de droite ni de gauche, et qui montre un danger historique pour nous tous, au-dessus de la politique. Pour ces raisons, cette courte argumentation devrait intéresser les citoyens de tout bord.
Il y a six mois, en septembre 2004, j’étais, comme tout le monde, favorable à ce texte sans l’avoir lu, par principe, "pour avancer", même si je savais bien que les institutions étaient très imparfaites. Je ne voulais pas être de ceux qui freinent l’Europe. Je crois vraiment que l’immense majorité des européens, au-delà des clivages gauche/droite, aiment cette belle idée d’une Europe unie, plus fraternelle, plus forte. C’est un rêve de paix, consensuel, très majoritaire.
Je n’avais pas lu le texte et je n’avais absolument pas le temps : trop de travail... Et puis l’Europe c’est loin, et puis avec tous ces hommes politiques, je me sentais protégé par le nombre : en cas de dérive, il allait bien y en avoir quelques uns pour nous défendre... et je me dispensais de "faire de la politique", c’est-à-dire que je me dispensais de m’occuper de mes propres affaires.
Déjà des appels s’élevaient contre le traité, mais ils venaient des extrêmes de l’échiquier politique et pour cette simple raison, je ne commençais même pas à lire leurs arguments, restant en confiance dans le flot de l’avis du plus grand nombre sans vérifier par moi-même la force des idées en présence.
Et puis soudain, des appels sont venus de personnes non suspectes d’être antieuropéennes. J’ai alors lu leurs appels, sans souci des étiquettes, et j’ai trouvé les arguments très forts. Je me suis mis à lire, beaucoup, des livres entiers, de tout bord, Fabius, Strauss-Khann, Giscard, Jennar, Fitoussi, Généreux, etc. et beaucoup plus d’articles des partisans du traité parce que je voulais être sûr de ne pas me tromper. Et plus je lis, plus je suis inquiet.
Finalement, aujourd’hui, je ne pense plus qu’à ça, je ne dors presque plus, j’ai peur, simplement, de perdre l’essentiel : la protection contre l’arbitraire.
Je continue aujourd’hui à lire toutes les interventions, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, je continue à chercher où est la faille dans mon raisonnement et le présent texte est un appel à réfléchir et à progresser : si vous sentez une faille, parlons-en, s’il vous plaît, tranquillement, honnêtement, c’est très important. Je peux me tromper, je cherche sincèrement à l’éviter, réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien.
Je sens que c’est ma mission de professeur de droit d’en parler un peu plus que les autres, d’en parler à mes collègues, mais aussi à mes élèves, aussi aux journalistes. Je serais complice si je restais coi.
J’ai ainsi trouvé plus de dix raisons graves de s’opposer à ce texte extrêmement dangereux, et encore dix autres raisons de rejeter un texte désagréable, pas fraternel du tout en réalité. Mais les cinq raisons les plus fortes, les plus convaincantes, celles qui traversent toutes les opinions politiques parce qu’elles remettent en cause carrément la possibilité d’avoir une réflexion politique, me sont apparues tardivement car il faut beaucoup travailler pour les mettre en évidence. Ce sont ces raisons-là, les cinq plus importantes, sur lesquelles je voudrais attirer votre attention et solliciter votre avis pour que nous en parlions ensemble, puisque les journalistes nous privent de débats publics.
Dans cette affaire d’État, les fondements du droit constitutionnel sont bafoués, ce qui rappelle au premier plan cinq principes transmis par nos aïeux. Les principes 4 et 5 sont les plus importants.
1. Une Constitution doit être lisible pour permettre un vote populaire : ce texte-là est illisible.
2. Une Constitution doit être politiquement neutre : ce texte-là est partisan.
3. Une Constitution est révisable : ce texte-là est verrouillé par une exigence de double unanimité.
4. Une Constitution protège de la tyrannie par la séparation des pouvoirs et par le contrôle des pouvoirs : ce texte-là organise un Parlement sans pouvoir face à un exécutif tout puissant et largement irresponsable.
5. Une Constitution n’est pas octroyée par les puissants, elle est établie par le peuple lui-même, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants, à travers une assemblée constituante, indépendante, élue pour ça et révoquée après : ce texte-là entérine des institutions européennes qui ont été écrites depuis cinquante ans par les hommes au pouvoir, à la fois juges et parties.
Premier principe de droit constitutionnel : une Constitution est un texte lisible.
Le "traité constitutionnel" est beaucoup trop long [1] : 852 pages A4, une ramette et demie. Cette longueur est unique au monde pour une Constitution, ce qui la rend simplement illisible.
Cette longueur interdit la critique. C’est tout sauf un détail.
Les 70% d’espagnols votants qui ont approuvé ce texte, comme les 60% qui se sont abstenus, ne l’ont pas lu : ni les ministres, ni les parlementaires, ni les professeurs, ni les journalistes, ni les citoyens, qui ont tous autre chose à faire : qui a le temps matériel de lire 850 pages A4 ? Il suffit de se poser la question pour soi-même : ce n’est pas différent pour les autres.
Ces citoyens prennent ainsi le risque majeur, pour eux, mais aussi pour leurs enfants et leurs petits enfants, de découvrir trop tard ce qu’ils ne pourront plus changer.
Il faut évidemment lire et comprendre ce que l’on signe. Ou bien, on refuse de signer.
Même s’il était simple (et il ne l’est pas), un texte aussi long ne permet pas de le juger avec discernement.
Et pourtant, il faut bien avoir un avis. Comment faire pour avoir un avis sur un texte qu’on ne peut pas lire ? En s’alignant sur "les autres", on se rassure, comme les moutons de Panurge.
Cette longueur extravagante est, par elle-même, non démocratique : on éloigne ainsi les curieux. On observe ces temps-ci comme cette vieille technique obscurantiste marche bien : l’unanimisme ambiant repose sur des malentendus rendus possibles par un texte illisible.
Une Constitution est la loi fondamentale, elle doit pouvoir être lue par tous, pour être approuvée ou rejetée en connaissance de cause.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Deuxième principe de droit constitutionnel : une Constitution est un texte neutre, elle permet le débat politique sans en imposer l’issue
Une Constitution démocratique n’est pas de droite ou de gauche, elle n’est pas socialiste ou libérale, une Constitution n’est pas partisane : elle rend possible le débat politique, elle est au-dessus du débat politique.
À l’inverse, ce "traité constitutionnel", en plus de fixer la règle du jeu politique, voudrait fixer le jeu lui-même !
En imposant dans toutes ses parties [2] (I, II et surtout III) des contraintes et références libérales, ce texte n’est pas neutre politiquement, il impose pour toujours des choix de politique économique qui doivent évidemment dépendre du débat politique quotidien, variable selon la conjoncture.
Notamment, ce texte confirme pour toujours que l’Europe se prive elle-même des trois principaux leviers économiques qui permettent à tous les États du monde de gouverner : pas de politique monétaire (banque centrale indépendante, n’ayant comme seule mission, constitutionnelle, intangible, que la lutte contre l’inflation et aucunement l’emploi ou la croissance [3] ), pas de politique budgétaire (pacte de stabilité [4] ) et pas de politique industrielle (interdiction de toute entrave à la concurrence [5] , donc interdiction d’aider certains acteurs nationaux).
C’est une politique de l’impuissance économique [6] qui est ainsi institutionnalisée, imposée pour longtemps.
Ce texte infantilise les citoyens d’Europe : il nous prive tous de l’intérêt de réfléchir à des alternatives. À quoi bon continuer le débat politique, en effet, puisque toute alternative réelle est expressément interdite dans le texte suprême ?
Mise à part la constitution soviétique (qui imposait, elle aussi, une politique, le collectivisme), cette constitution partisane serait un cas unique au monde.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Troisième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est révisable
Le "traité constitutionnel" est beaucoup trop difficilement révisable [7] :
pour changer une virgule à ce texte, il faut d’abord l’unanimité des gouvernements pour tomber d’accord sur un projet de révision, puis il faut l’unanimité des peuples (parlements ou référendums) pour le ratifier.
Avec 25 États, cette procédure de double unanimité est une vraie garantie d’intangibilité pour les partisans de l’immobilisme. Ce texte est pétrifié dès sa naissance.
C’est inacceptable pour une Constitution [8] et ce serait, là encore, un cas unique au monde.
Mettre en avant le mot "traité" pour prétendre que l’unanimité est normale (ce qui est vrai en matière de traités) est malhonnête : cette supercherie de l’oxymore "Traité constitutionnel" (assemblage de mots contradictoires) permet ainsi, en jouant sur les mots, de créer une nouvelle norme suprême en s’affranchissant de la lourde procédure constituante.
Le traité de Nice est temporaire (horizon 2009). Le "traité constitutionnel", lui, est exécutoire sans limitation de durée [9] , et sa force juridique est supérieure à toutes nos normes nationales (règlements, lois, Constitution), et même à tous nos traités [10] . Ce texte n’est évidemment pas un simple traité comme ceux qui l’ont précédé. C’est une tromperie de le prétendre.
Avec le "traité constitutionnel", notre Constitution nationale devient un texte de rang inf é rieur au moindre règlement européen et ne nous protège donc plus de rien dans tous les doma ines où l’Europe p rend le pouvoir, c’est- à- dire presque partout [11].
Pour l’entrée d’un nouvel État dans l’UE, la règle de l’ unanimité est une protection, mais ce n’est pas l’una nimité des peuples consultés par référe ndum qui est requise : c’est d’abord l’ unanimité des 25 représentants des gouverne ments (dont beaucoup ne sont pas élus, et dont aucun ne l’est avec le ma ndat de décider sur ce point essentiel), puis l’ unanimité des États selon leur procédure natio nale de ratification [12]. Seuls les pays qui ont une proc édure référendaire , et la France en fait partie, verront donc leur pe uple dire c t ement consulté.
Tout indique que la volo nté des peuples compte de moins en moins pour ceux qui les gouvernent.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Quatrième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique garantit contre l’arbitraire en assurant à la fois la séparation des pouvoirs et le contrôle des pouvoirs
L’esprit des lois décrit par Montesquieu est sans doute la meilleure idée de toute l’histoire de l’Humanité : tous les pouvoirs tendent naturellement, mécaniquement, à l’abus de pouvoir. Il est donc essentiel, pour protéger les humains contre la tyrannie, d’abord de séparer les pouvoirs, et ensuite d’organiser le contrôle des pouvoirs : pas de confusion des pouvoirs, et pas de pouvoir sans contre-pouvoirs.
Ainsi le peuple dit : « Toi, tu fais les lois, mais tu ne les exécutes pas. Et toi, tu exécutes les lois, mais tu ne peux pas les écrire toi-même. » Ainsi, aucun pouvoir n’a, à lui seul, les moyens de devenir un tyran.
« D’autre part, si l’un des pouvoirs estime que l’autre a un comportement inacceptable, il peut le révoquer : l’assemblée peut renverser le gouvernement, et le gouvernement peut dissoudre l’assemblée. Dans les deux cas, on en appelle alors à l’arbitrage (élection) du peuple qui doit rester la source unique de tous les pouvoirs. »
C’est ça, la meilleure idée du monde, la source profonde de notre quiétude quotidienne.
Foulant aux pieds ces principes fondateurs de la démocratie, le "traité constitutionnel" entérine au contraire l’attribution de tous les pouvoirs au couple exécutif Conseil des ministres + Commission : c’est ainsi que le pouvoir législatif (l’exécutif européen a l’exclusivité de l’initiative des lois ! [13] ), le pouvoir exécutif, et le pouvoir judiciaire (c’est l’exécutif qui intente, ou pas, les actions en justice aux fins de respect de la Constitution [14] ) sont dans les mêmes mains !
Avec la confusion des pouvoirs, c’est un premier rempart essentiel contre la tyrannie qui nous échappe !
Avec une certaine cohérence, ce texte prive aussi le Parlement européen des pouvoirs élémentaires et essentiels que lui confère pourtant traditionnellement son élection au suffrage universel direct : le parlement européen n’a pas l’initiative des lois.
Ceci est un vice rédhibitoire, absolument pas négociable. Si on laisse passer ça, on est fous.
Le Parlement européen n’a également aucun moyen sérieux de contrôler et d’infléchir la politique menée par l’exécutif. Dans le meilleur des cas, il légifère en codécision [15] . Il y a même une série de sujets qui lui échappent totalement ! [16]
Nombreux sont les "responsables" de l’exécutif européen, à commencer par les commissaires [17] , mais surtout le Conseil des ministres, qui créent des normes contraignantes et n’ont pourtant de comptes à rendre à personne au Parlement. Un pouvoir immense sans contre-pouvoirs.
Le Parlement européen ne peut pas mettre en cause un commissaire, il ne peut que révoquer en bloc la commission et seulement pour un usage pénal, pas pour sanctionner la politique de la commission, ce qui limite considérablement son influence. Le Parlement européen ne peut pas renverser le Conseil des Ministres qui est donc absolument irresponsable.
Exemple de la toute puissance des commissaires : le commissaire chargé du commerce international est le représentant unique de l’Union dans toutes les négociations internationales (OMC et autres). À lui seul, cet homme concentre donc un pouvoir vertigineux. C’est à ce titre qu’il négocie l’AGCS (Accord général sur les services, version mondiale de la directive Bolkestein) au nom de tous les européens, mais dans le plus grand secret : il ne rend aucun compte au Parlement des négociations qu’il mène sur un accord qui va pourtant profondément changer la vie de tous les européens, et le Parlement ne peut pas lui imposer de rendre des comptes [18]. On peut donc déjà observer des signes tangibles d’une dérive de type tyrannique. Et le "traité constitutionnel" verrouille pour longtemps un déséquilibre institutionnel qui le permet.
L’affaiblissement du contrôle parlementaire, c’est un deuxième rempart essentiel contre la tyrannie qui disparaît.
C’est ce que, depuis vingt ans, les manuels scolaires des étudiants en sciences politiques appellent pudiquement le "déficit démocratique" de l’UE. Un terme bien anodin pour désigner en fait une trahison des peuples, trop confiants en ceux qu’ils ont désignés pour les défendre.
Toutes les conversations des citoyens devraient analyser ce recul historique, ce cancer de la démocratie : dans les institutions européennes, le Parlement, seule instance porteuse de la souveraineté populaire par le jeu du suffrage universel direct, est privé à la fois de son pouvoir normatif et de son pouvoir de contrôle, pendant que la confusion des pouvoirs la plus dangereuse est réalisée dans les mains d’un exécutif largement irresponsable.
C’est la porte grande ouverte à l’arbitraire.
Comment les analystes et commentateurs peuvent-ils glisser là-dessus comme si c’était secondaire ? C’est l’Europe à tout prix ? N’importe quelle Europe ? Même non démocratique ?! On n’a pas le droit d’en parler sans être qualifié d’antieuropéen ?
On nous dit : « ce texte est meilleur qu’avant, il faudrait être idiot pour refuser de progresser ». C’est masquer qu’avec ce texte, on ne ferait pas que progresser : on figerait, on bloquerait, on entérinerait, on renforcerait, on donnerait pour la première fois une caution populaire aux auteurs du texte qui s’en sont dispensés jusque-là, on voit pour quel résultat.
Même mieux qu’avant, le texte proposé est absolument inacceptable, très dangereux.
Montesquieu doit se retourner dans sa tombe.
Les partisans du traité présentent comme une avancée majeure le fait que désormais, avec ce texte, le Parlement votera le budget [19] . Est-ce qu’on se rend compte de la gravité de la situation ? Aujourd’hui, le Parlement européen ne vote même pas le budget ! Il faut garder à l’esprit que, si le Parlement est faible, ce sont les citoyens qui sont faibles.
L’avancée (réelle) sur le budget est une manœuvre qui ne doit pas masquer l’inacceptable faiblesse : si les citoyens valident eux-mêmes que leur Parlement n’ait définitivement pas l’initiative des lois, ils se font politiquement hara-kiri.
Triste paradoxe que ces peuples, mal informés, qui acceptent eux-mêmes le recul du contrôle parlementaire, c’est-à-dire du rempart fondamental qui les protège de l’injuste loi du plus fort.
Il deviendrait alors inutile, pour les citoyens, d’avoir une réflexion et une opinion politique dès lors que disparaîtrait la courroie de transmission du Parlement (la seule qui transforme nos opinions politiques individuelles en décisions et en normes juridiques générales).
Ceux qui claironnent la naissance d’un référendum d’initiative populaire à l’initiative d’un million de citoyens [20] sont des menteurs ou ne savent pas lire : le traité ne définit qu’un misérable droit de pétition sans aucune force contraignante pour la Commission qui n’est qu’invitée à réfléchir et qui peut parfaitement jeter la proposition à la poubelle sans se justifier [21] .
De la même façon, les beaux principes généraux et généreux, claironnés partout, privés de leurs modalités pratiques d’application, n’ont pas de force contraignante et font ainsi illusion.
Partout, ce texte est en trompe-l’œil pour masquer une maladie mortelle pour la démocratie : progressivement et subrepticement, en affirmant le contraire sans vergogne, les exécutifs nationaux, de droite comme de gauche, à l’occasion de la naissance de l’Europe, sont en train, en cinquante ans, de s’affranchir du contrôle parlementaire.
Les hommes politiques au pouvoir ne sont pourtant pas propriétaires de la souveraineté populaire qu’ils n’incarnent que temporairement : ni le gouvernement ni le parlement ne peuvent l’abdiquer (ou la confisquer) ; seul le peuple, lui-même, directement et en connaissance de cause, le peut.
De ce point de vue, les nombreux gouvernements qui ont fait ratifier ce texte par leur Parlement national [22] , plutôt que par leur peuple (référendum), signent une véritable forfaiture : les peuples de ces pays sont ainsi privés à la fois du débat et de l’expression directe qui leur aurait permis de résister au recul du contrôle parlementaire qui les expose immanquablement aux tyrans à venir.
C’est une juste cause d’émeute [23] .
Ce mépris des peuples et de leurs choix réels est très révélateur du danger qui grandit dans la plus grande discrétion : nos élites, de droite comme de gauche, se méfient de la démocratie et nous en privent délibérément, progressivement et insidieusement.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Cinquième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est forcément établie par une assemblée indépendante des pouvoirs en place
Une Constitution n’est pas octroyée au peuple par les puissants. Elle est définie par le peuple lui-même, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants.
À l’inverse, les institutions européennes ont été écrites (depuis cinquante ans) par les hommes politiques au pouvoir qui sont donc évidemment juges et parties : de droite comme de gauche, en fixant eux-mêmes les contraintes qui allaient les gêner tous les jours, ces responsables ont été conduits, c’est humain mais c’est aussi prévisible, à une dangereuse partialité.
C’est, là encore, un cas unique au monde, pour une démocratie.
Et on observe les résultats comme une caricature de ce qu’il faut éviter : un exécutif tout puissant et un Parlement fantoche, une apparence de démocratie avec des trompe-l’œil partout, mais un recul réel et profond du contrôle parlementaire, de la souveraineté des peuples et de la garantie contre l’arbitraire.
La seule voie crédible pour créer un texte fondamental équilibré et protecteur est une assemblée constituante, indépendante des pouvoirs en place, élue pour élaborer une Constitution, rien que pour ça, et révoquée après.
C’est aux citoyens d’imposer cette procédure si les responsables politiques tentent de s’en affranchir.
La composition assez variée de la Convention Giscard n’est pas un argument satisfaisant : cette convention est une mauvaise parodie, on est à mille lieues d’une assemblée Constituante : ses membres n’ont pas été élus avec ce mandat, ses membres n’étaient pas tous indépendants des pouvoirs en place, ils n’avaient pas les pouvoirs pour écrire un texte équilibré et démocratique : ils ont simplement validé, compilé (et légèrement modifié) les textes antérieurs écrits par des acteurs à la fois partisans et partiaux.
La réécriture du texte par les gouvernants au pouvoir, pendant encore une année après que la Convention ait rendu sa proposition, est une énormité de plus, sous l’angle constitutionnel [24] .
Tous les vices antidémocratiques du "traité constitutionnel" viennent sans doute de cette erreur centrale, commise depuis l’origine, sur la source du droit fondamental, qui ne peut être qu’une assemblée constituante indépendante, élue sur ce seul mandat.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
Conclusion
Finalement, ce "traité constitutionnel" est un détonateur, un révélateur, qui met en lumière ce qui se trame discrètement depuis longtemps.
D’une certaine façon, le loup est sorti du bois et les citoyens peuvent enfin voir le grand danger, et résister.
Une des erreurs majeures, c’est de faire passer l’économique avant le politique, c’est de confier la barre aux économistes alors qu’ils devraient rester dans les soutes pour faire tourner le moteur.
En prônant la liberté comme une valeur supérieure, au lieu de la fraternité, en détruisant la régulation par l’État, gardien de l’intérêt général, pour instaurer la régulation par le marché, somme d’intérêts particuliers, les économistes libéraux s’en prennent aux fondements de la démocratie pour affranchir les principaux décideurs économiques de tout contrôle.
La dérégulation systématique menée en Europe (institutions, politique et verrou de la Constitution), et plus généralement sur la terre entière (OMC, AGCS, ADPIC) est un recul de la civilisation, un retour vers la barbarie de la loi du plus fort [25] .
Par optimisme, par crédulité, par indifférence, les peuples modernes laissent s’affaiblir leur bien le plus précieux, très rare sur cette planète, celui qui conditionne leur sérénité quotidienne : les différentes protections contre l’arbitraire des hommes forts, depuis le cœur des entreprises (droits sociaux) jusqu’à la patrie (institutions démocratiques contrôlées et révocables).
La démocratie n’est pas éternelle, elle est même extrêmement fragile. En la croyant invulnérable, nous sommes en train de la laisser perdre.
Même après le refus de ce texte-là, il faudra se battre pour la garder, et continuer à militer pour imposer à nos représentants de construire une autre Europe, simplement démocratique.
Mais ce texte fondateur en trompe-l’œil est présenté aux citoyens à travers un débat lui aussi en trompe-l’œil [26] .
De nombreux journalistes, en assimilant les opposants au texte à des opposants à l’Europe, font un amalgame malhonnête : la double égalité "Oui au traité=Oui à l’Europe, Non au traité=Non à l’Europe" est un mensonge insultant, une inversion de la réalité, un slogan trompeur jamais démontré, fait pour séduire ceux qui n’ont pas lu le traité et qui n’ont pas étudié les arguments, pourtant très forts, de ceux qui s’opposent à ce traité précisément pour protéger la perspective d’une Europe démocratique.
La responsabilité des journalistes est ici historique : n’y aura-t-il en France aucun journaliste honnête pour faire écho de façon équitable aux deux positions proeuropéennes, oui et non ?
N’y aura-t-il en France aucun journal, aucune émission, pour organiser les débats contradictoires indispensables pour se forger une opinion éclairée ?
C’est, pour l’instant, l’Internet qui est le média le plus démocratique, non censuré, le meilleur outil pour résister. Si ce message vous semble utile, diffusez-le vite dans vos propres réseaux et au-delà de l’Internet, sur papier.
On ne naît pas citoyen : on le devient.
N’est-ce pas une mission des professeurs de droit, mais aussi des journalistes, de l’expliquer aux citoyens, jeunes et vieux ?
À l’heure de choix aussi essentiels, difficiles et dangereux que ceux qui fondent une Constitution, à quoi servent donc les journalistes ?
À quoi servent les professeurs de droit ?
Étienne Chouard, Marseille.
http://etienne.chouard.free.fr
BIBLIOGRAPHIE
Parmi les livres et articles que j’ai lu depuis six mois, tous profondément proeuropéens, certains aident particulièrement à se forger une opinion construite et solidement argumentée contre ce texte dangereux, et plus généralement sur la construction européenne et la dérégulation mondiale :
· Raoul Marc Jennar, « Europe, la trahison des élites », 280 pages, décembre 2004, Fayard : pour un réquisitoire rigoureux et passionnant. Une étude consternante des rouages européens et des dérives foncièrement antidémocratiques de cette Europe qui ment tout le temps. Comment la défense des intérêts privés des grands groupes a d’ores et déjà pris la place de celle de l’intérêt général. Les chapitres sur l’OMC, l’AGCS et l’ADPIC sont absolument é-di-fiants. Un livre essentiel, à lire d’urgence.
· Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, a écrit dans le Monde, le 11 mars 2005, un article très puissant qui résume parfaitement l’essentiel de l’essentiel : « Qui veut de la post-démocratie ? » : http://www.lemonde.fr/web/imprimer_... Un article court (une page) et très dense : important, percutant, à lire absolument.
· Raoul Marc Jennar, « Quand l’Union Européenne tue l’Europe », 40 pages, janvier 2005 : brochure résumant un argumentaire serré contre le "traité constitutionnel". Également un DVD où Jennar présente lui-même,de façon pédagogique, très posée, trois exposés sur l’AGCS, la directive Bolkestein et le traité constitutionnel. On y sent très fortement la terrifiante cohérence qui relie ces textes. Documents importants disponibles sur www.urfig.org
· Jean-Claude Fitoussi, économiste, « La politique de l’impuissance », 160 pages, janvier 2005, Arléa : un passionnant petit livre d’entretiens avec Jean-Claude Guillebaud pour comprendre comment l’Europe abandonne sciemment la démocratie et renonce à l’intervention économique des États.
· Jacques Généreux, économiste, « Manuel critique du parfait européen - Les bonnes raisons de dire "non" à la constitution », 165 pages, février 2005, Seuil : encore un excellent petit livre, très clair, vivant, incisif, très argumenté, avec une tonalité à la fois économique et très humaine. Encore un enthousiasmant plaidoyer pour une vraie Europe !
· Yves Salesse, membre du Conseil d’État, « Manifeste pour une autre Europe », 120 page, janvier 2005, Le Félin : un argumentaire précis, rigoureux,constructif.Agréable à lire et très instructif.
· Yves Salesse a également rédigé, lui aussi, un article plus court qui résume en 10 pages son analyse : « Dire non à la "constitution" européenne pour construire l’Europe » :
http://www.fondation-copernic.org/F...
· Ces temps-ci, une source majeure d’information non censurée, très orientée politiquement (à gauche), mais absolument foisonnante, est le site portail www.rezo.net J’y trouve chaque jour au moins un document passionnant.
· Bernard Maris, « Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie », novembre 1999, Albin Michel : pour une démonstration de l’imposture de "l’indispensable guerre économique", avec un parallèle très convaincant avec la guerre de 1914 : comme d’habitude, la guerre n’est pas inévitable, et ceux qui poussent à faire la guerre ne sont pas ceux qui se battent et qui souffrent. Un bel appel à la désertion.
À mettre en parallèle avec la religion de la concurrence (compétition) sans entrave, rabachée par le "traité constitutionnel" qui, finalement, monte les États et les peuples les uns contre les autres, à coups de dumping social, fiscal, et environnemental.
· Joseph E. Stiglitz, « La grande désillusion », 324 pages, sept. 2003, Fayard : un pavé dans la mare : un grand économiste libéral, patron de la banque mondiale, qui a travaillé avec les plus grands hommes de ce monde, et qui décrit en détail le dogmatisme aveugle et criminel des technocrates libéraux du FMI et ses conséquences sur les économies et les peuples. Un style soigné, 0% de matière grasse. Un grand bouquin, une référence. À lire.
· Agnès Bertrand et Laurence Kalafatides, « OMC, le pouvoir invisible », 325 pages, juillet 2003, Fayard : un livre palpitant et éclairant pour comprendre les objectifs et les moyens de cette énorme machine à déréguler que sont le GATT puis l’OMC, outils de contrainte pour les États mais jamais pour les entreprises. Ce livre permet de ressentir fortement la parfaite cohérence qui existe entre les objectifs et les influences de l’OMC et ceux de la construction européenne actuelle.
· Pour comprendre la logique d’ensemble de ce qui prend forme au niveau planétaire, il faut lire l’article à la foisterrifiantet lumineux de Lori M. Wallach, « Le nouveau manifeste du capitalisme mondial », dans Le Monde Diplomatique de février 1998, à propos de l’Accord Multilatéral sur l’investissement (AMI), (une de ces « décisions Dracula », appelées ainsi parce qu’elles ne supportent pas la lumière, tellement elles sont évidemment inacceptables) :
http://www.monde-diplomatique.fr/19...
On y perçoit clairement, comme grâce à une caricature, la logique qui sous-tend de nombreux textes et accords essentiels en préparation aujourd’hui : AGCS, Construction européenne libérale, OMC, ADPIC, directive Bolkestein, etc. La parenté de tous ces textes devient évidente : un redoutable « air de famille ».
O O O O O
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Post scriptum (3 avril 2005) :
Ce texte a eu un succès inattendu et a suscité des milliers de réactions. Des centaines de messages me sont parvenus en quelques heures, presque toujours enthousiastes, parfois critiques, ce qui m’a permis de progresser. Certaines questions, des doutes aussi, reviennent dans les messages et je voudrais ici, d’un mot, y répondre pour anticiper les prochaines.
Je suis professeur de droit, d’économie et d’informatique, en BTS, dans un lycée de Marseille, j’ai 48 ans, quatre enfants, je n’appartiens à aucun parti, syndicat ou association. Dans ma vie, j’ai fait beaucoup plus de parapente que de politique où je suis vierge, (un débutant absolu qui s’est "réveillé" il y a six mois), et où je ne ferai pas de vieux os (le vol libre est une drogue dure qui me rappellera vite à elle).
Je ne suis donc le "sous-marin" de personne (question marrante reçue récemment). Je suis un simple citoyen,"de base"... :o)
J’ai reçu des propositions de publication sur des sites ou dans des revues que j’ai acceptées sans contrôler que la CIA ou le KGB n’agisse en sous-main. De nombreux sites ont déjà publié des liens vers ce texte, parfois sans m’en parler, et ils font bien.
Je voudrais anticiper sur les probables calomnies à venir, à base d’étiquetage politique hâtif en vue d’un discrédit facile. Je ne suis pas un homme politique, je n’aspire pas à le devenir, je ne prétends pas non plus être juriste pour imposer mon point de vue de façon prétentieuse mais pour expliquer ma démarche, d’ailleurs je ne suis pas vraiment juriste, j’ai surtout une formation de juriste, ce n’est pas important : je voudrais que le débat reste concentré sur le fond des problèmes sans dériver sur de stériles et parfois malveillantes querelles de personne ou procès d’intention dont les commentateurs politiques ont le secret.
S’il vous plaît, fiez-vous surtout aux idées et arguments, abordez le débat comme si votre interlocuteur était de bonne foi, sans noires arrière-pensées, et ne vous laissez pas polluer l’analyse par des considérations parasites.
Ce débat important appartient au commun des mortels, c’est la beauté de la démocratie, ne le laissez pas confisquer par de soi-disant experts. Lisez, réfléchissez et prenez la parole sans complexes :o)
Ne me reprochez pas les erreurs éventuelles comme si j’étais malhonnête : elles sont prévisibles, prévues, et pas du tout définitives si on recherche sincèrement à identifier les vrais enjeux de ce traité : admettez que la tâche est rude avec ce texte complexe et sibyllin, et qu’on est beaucoup plus forts à plusieurs pour affiner une critique qui deviendra (peut-être) finalement irréfutable.
Enfin, vous avez compris que ce texte évolue, s’améliore, au gré de vos contributions, il est donc daté. Pour le faire circuler, envoyez donc de préférence un lien vers le site, plutôt qu’un document pdf figé, pour être sûr que ce soit la version la plus récente qui circule.
Merci à tous pour votre aide et votre soutien :o)
ÉC
Mise au point importante (21 avril 2005) :
Je viens d’apprendre que des hommes politiques se font interpeller dans leurs meetings par des citoyens qui leur demandent : « Que répondez-vous à Étienne Chouard, prof de droit à Marseille qui dit (citation de Chouard) »...
Je viens aussi de recevoir un fichier pdf carrément intitulé « Fac de droit Marseille », avec la version du 25 mars qui suit derrière ce titre inventé, cette première version qui contenait encore de gênantes erreurs (sur la Turquie et la durée du traité de Nice, notamment).
Je comprends mieux les messages furieux de quelques profs de fac qui crient à l’imposture.
Si ça tourne comme ça, ils ont raison, il ne faut pas du tout me lire comme si j’étais un spécialiste de droit international, il ne faut pas me présenter comme ça, c’est un malentendu : je n’ai rigoureusement aucune autorité pour dire le droit communautaire, et je commets, comme tout le monde en ce moment parce que le texte n’est pas simple, des erreurs.
Je précise dès mon introduction qu’il y a encore six mois, « comme tout le monde », je m’occupais peu de l’Europe et je ne connaissais donc pas grand-chose au droit communautaire. Je dis partout que je peux me tromper et que je cherche précisément à progresser. Il est paradoxal, et c’est vrai, dangereux pour la qualité de l’information de tous, que je passe après seulement 15 jours pour « le prof de fac de droit public qui fait autorité ».
Ce malentendu m’est imputable par le style que j’employais au début, mais ce document n’était pas destiné à la terre entière. L’enchaînement rapide des faits a, lui aussi, créé ce malentendu.
Il est essentiel de rétablir la réalité de mon message qui est en train d’aller, sans que j’y puisse grand-chose, bien au-delà de ce que j’imaginais au départ : voyez, pour me comprendre, la page Avertissement de mon site, que j’ai actualisée hier matin.
Les interpellations publiques devraient plutôt être ainsi formulées : « Que répondez-vous à Étienne Chouard, citoyen à Marseille qui dit (citation) ».
Je parle en citoyen. J’ai d’ailleurs retiré dans cette version de mon texte (trop tard, je le reconnais, je n’avais pas vu le problème) cette litanie « N’est-ce pas la mission des profs... ? ».
J’insiste : il y a en ce moment un grand débat qui s’amplifie entre citoyens, pour mieux décrypter ce texte complexe qui sera peut-être notre Constitution. Je vois tous les jours, à travers des centaines de messages, des gens qui découvrent aujourd’hui l’importance d’une Constitution dans leur vie quotidienne et qui se plongent dans le TCE.
Je trouve remarquable que les citoyens de base s’investissent autant dans le texte qui dit pour eux le droit du droit.
Je regrette que le temps nous manque pour mieux échanger entre nous.
S’il vous plaît, faites disparaître les anciennes versions de mon texte et discutons de bonne foi sur l’état actuel de nos réflexions respectives.
Vous remarquerez dans ce texte un changement notable, par rapport aux versions précédentes, dans mon jugement sur l’affaiblissement du pouvoir parlementaire qui est limité finalement à quelques domaines précis (et choquants). Notre échange me fait vraiment évoluer, c’est une réalité. Pour les autres domaines, je crois avoir découvert, au contraire, un risque de force excessive du Parlement... (à confirmer, il faut encore travailler ça).
Mais surtout, je prends conscience d’une irresponsabilité quasi générale dans cette "Europe-qui-a-besoin-d’une-Constitution-pour-être-plus-forte". Oui, nous avons évidemment besoin d’une Constitution. Mais celle-là protège-t-elle vraiment les peuples censés s’unir pour se renforcer ?
On a vraiment un problème de rapport démocratique entre les peuples et leurs élites.
Que ce texte est compliqué à évaluer... Et comme il sera difficile de voter.
Notes :
[1] Constitution européenne : Comment se procurer le texte intégral ?
http://www.constitution-europeenne.fr
À lire avant de voter :
a/ Le traité établissant une Constitution pour l’Europe - 349 pages.
b/ Les protocoles et annexes I et II - 382 pages. Document nommé "Addendum 1 au document CIG 87/04 REV 1.
c/ Les déclarations à annexer à l’acte final de la CIG et l’acte final - 121 pages. Doc. Nommé "Addendum 2 au document CIG 87/04 REV 2. Total : 349 + 382 + 121 = 852 pages.
Pourtant, tout n’y figure pas : des définitions aussi essentielles que celle des SIEG, services d’intérêt économique général, (cités aux art. II-96, III-122, III-166), à ne surtout pas confondre avec les services publics, ne figurent pas dans les 852 pages : il faut, par exemple, consulter le "livre blanc" de la Commission pour apprendre que les SIG et SIEG n’ont rien à voir avec les services publics...
Rappel : à titre de comparaison, les Constitutions françaises et américaines font chacune environ 20 pages.
[2] Les instructions impératives de type politique sont trop nombreuses pour les citer toutes.
Entre autres, plus de trois cents articles de la partie III fixent en détail les politiques économiques de l’Union.
[3] Indépendance et missions de la banque centrale : art. I-30 : « §1 (...) La Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des États membres dont la monnaie est l’euro, qui constituent l’Eurosystème, conduisent la politique monétaire de l’Union. §2. Le Système européen de banques centrales est dirigé par les organes de décision de la Banque centrale européenne. L’objectif principal du Système européen de banques centrales est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, il apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union pour contribuer à la réalisation des objectifs de celle-ci. Il conduit toute autre mission de banque centrale conformément à la partie III et au statut du Système européen de banques centrales et de la Banque centrale européenne. §3. La Banque centrale européenne est une institution. Elle a la personnalité juridique. Elle est seule habilitée à autoriser l’émission de l’euro. Elle est indépendante dans l’exercice de ses pouvoirs et dans la gestion de ses finances. Les institutions, organes et organismes de l’Union ainsi que les gouvernements des États membres respectent cette indépendance. » et art. III-188 : « ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l’Union, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. »
[4] Pacte de stabilité : art. III-184 (2 pages) et art. 1 du protocole n°10 sur la procédure concernant les déficits excessifs « Les valeurs de référence visées à l’article III-184, paragraphe 2, de la Constitution sont les suivantes : a) 3 % pour le rapport entre le déficit public prévu ou effectif et le produit intérieur brut aux prix du marché ; b) 60 % pour le rapport entre la dette publique et le produit intérieur brut aux prix du marché. »
[5] Interdiction de fausser la concurrence : cette interdiction est partout dans le texte, elle est formelle et contraignante, également à l’encontre des services publics : Art. III-166 : « §1. Les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire à la Constitution, notamment à l’article I-4, paragraphe 2 [non discrimination], et aux articles III-161 à III-169 [règles de concurrence]. §2. Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence, dans la mesure où l’application de ces dispositions ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. Le développement des échanges ne doit pas être affecté dans une mesure contraire à l’intérêt de l’Union. §3. La Commission veille à l’application du présent article et adopte, en tant que de besoin, les règlements ou décisions européens appropriés. »
[6] « La politique de l’impuissance » : voir le petit livre lumineux de Jean-Claude Fitoussi qui démontre cette dépossession progressive des responsables politiques par méfiance de la démocratie. Voir surtout le livre enthousiasmant de Jacques Généreux, « Manuel critique du parfait européen » qui proteste, lui aussi, contre le sabordage des outils européens d’intervention économique, et contre le dogmatisme aveugle qui soutient cette folie unique au monde.
[7] Procédure de révision : art. IV-443.3 : « Une Conférence des représentants des gouvernements des États membres est convoquée par le président du Conseil en vue d’arrêter d’un commun accord les modifications à apporter au présent traité. Les modifications entrent en vigueur après avoir été ratifiées par tous les États membres conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. »
[8] Rappel : l’article 28 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’an I de la République française (1793) précisait : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut pas assujettir à ses lois les générations futures. »
[9] Durée d’application du texte : Art. IV-446 : « Le présent traité est conclu pour une durée illimitée. »
[10] Force supérieure des normes européennes sur toutes les autres normes, nationales et internationales : Art. I-6 : « La Constitution et le droit adopté par les institutions de l’Union, dans l’exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, priment le droit États membres. »
Art. I-12 : « §1. Lorsque la Constitution attribue à l’Union une compétence exclusive dans un domaine déterminé, seule l’Union peut légiférer et adopter des actes juridiquement contraignants, les États membres ne pouvant le faire par eux-mêmes que s’ils sont habilités par l’Union, ou pour mettre en oeuvre les actes de l’Union. ».
Parmi les compétences exclusives, voir l’art.I-13, §1 : « e) la politique commerciale commune. »...
Les parlements nationaux sont ainsi totalement dépouillés, par exemple, de la moindre capacité d’influencer les accords commerciaux internationaux (AGCS, ADPIC et autres avatars de l’OMC), alors que la vie des citoyens est promise à des bouleversements majeurs à l’occasion de ces accords qui se préparent dans la plus grande discrétion.
Art. I-33 : « Les actes juridiques de l’Union : Les institutions, pour exercer les compétences de l’Union, utilisent comme instruments juridiques, conformément à la partie III, la loi européenne, la loi-cadre européenne, le règlement européen, la décision européenne, les recommandations et les avis.
La loi européenne est un acte législatif de portée générale. Elle est obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre.
La loi-cadre européenne est un acte législatif qui lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
Le règlement européen est un acte non législatif de portée générale pour la mise en oeuvre des actes législatifs et de certaines dispositions de la Constitution. Il peut soit être obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre, soit lier tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
La décision européenne est un acte non législatif obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des destinataires, elle n’est obligatoire que pour ceux-ci.
Les recommandations et les avis n’ont pas d’effet contraignant. »
[11] Liste des domaines où l’Europe est compétente : Article I-13 : « Les domaines de compétence exclusive : §1. L’Union dispose d’une compétence exclusive dans les domaines suivants : a) l’union douanière ; b) l’établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur ; c) la politique monétaire pour les États membres dont la monnaie est l’euro ; d) la conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche ; e) la politique commerciale commune. §2. L’Union dispose également d’une compétence exclusive pour la conclusion d’un accord international lorsque cette conclusion est prévue dans un acte législatif de l’Union, ou est nécessaire pour lui permettre d’exercer sa compétence interne, ou dans la mesure où elle est susceptible d’affecter des règles communes ou d’en altérer la portée. » Article I-14 : « Les domaines de compétence partagée : (...) §2. Les compétences partagées entre l’Union et les États membres s’appliquent aux principaux domaines suivants : a) le marché intérieur ; b) la politique sociale, pour les aspects définis dans la partie III ; c) la cohésion économique, sociale et territoriale ; d) l’agriculture et la pêche, à l’exclusion de la conservation des ressources biologiques de la mer ; e) l’environnement ; f) la protection des consommateurs ; g) les transports ; h) les réseaux transeuropéens ; i) l’énergie ; j) l’espace de liberté, de sécurité et de justice ; k) les enjeux communs de sécurité en matière de santé publique, pour les aspects définis dans la partie III. (...) ».
[12] Procédure de ratification pour l’entrée d’un nouvel État dans l’UE : Article I-58 : « Critères d’éligibilité et procédure d’adhésion à l’Union : (...) §2. Tout État européen qui souhaite devenir membre de l’Union adresse sa demande au Conseil. Le Parlement européen et les parlements nationaux sont informés de cette demande. Le Conseil statue à l’unanimité après avoir consulté la Commission et après approbation du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le composent. Les conditions et les modalités de l’admission font l’objet d’un accord entre les États membres et l’État candidat. Cet accord est soumis par tous les États contractants à ratification, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. » Ces derniers mots font dépendre du droit national la procédure de ratification de l’entrée d’un nouveau membre. En février 2005, le Parlement français, réunis en Congrès, a changé la Constitution française pour que cette ratification soit forcément soumise au référendum : article 2 de la loi de révision : « I. - Le titre XV de la Constitution est complété par un article 88-5 ainsi rédigé : "Art. 88-5. - Tout projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif à l’adhésion d’un État à l’Union européenne et aux Communautés européennes est soumis au référendum par le Président de la République." » Quand le texte précise « est soumis », c’est obligatoire (en droit, l’indicatif vaut impératif).
[13] Exclusivité de l’initiative des lois pour l’exécutif : article I-26 : « (...) §2. Un acte législatif de l’Union ne peut être adopté que sur proposition de la Commission, sauf dans les cas où la Constitution en dispose autrement. Les autres actes sont adoptés sur proposition de la Commission lorsque la Constitution le prévoit. »
[14] Pouvoir de lancer les procédures judiciaires ou pas : Article I-26 : « La Commission européenne : §1. La Commission promeut l’intérêt général de l’Union et prend les initiatives appropriées à cette fin. Elle veille à l’application de la Constitution ainsi que des mesures adoptées par les institutions en vertu de celle-ci. Elle surveille l’application du droit de l’Union sous le contrôle de la Cour de justice de l’Union européenne. Elle exécute le budget et gère les programmes. Elle exerce des fonctions de coordination, d’exécution et de gestion conformément aux conditions prévues par la Constitution. À l’exception de la politique étrangère et de sécurité commune et des autres cas prévus par la Constitution, elle assure la représentation extérieure de l’Union. Elle prend les initiatives de la programmation annuelle et pluriannuelle de l’Union pour parvenir à des accords interinstitutionnels. »
[15] Domaines où le Parlement est habilité à légiférer en codécision ("procédure législative ordinaire" de l’art. III-396) :
Art. I-34, §1 : « Les lois et lois-cadres européennes sont adoptées, sur proposition de la Commission, conjointement par le Parlement européen et le Conseil conformément à la procédure législative ordinaire visée à l’article III-396. Si les deux institutions ne parviennent pas à un accord, l’acte en question n’est pas adopté. » Pas de liste des domaines de codécision, donc, apparemment : il faut partir à la pêche dans les 850 pages pour trouver les articles qui prévoient la procédure législative ordinaire, et donc la codécision. Voir la note suivante.
[16] Domaines exclusifs, où l’exécutif peut légiférer seul : art. I-34, §2 : « Dans les cas spécifiques prévus par la Constitution, les lois et lois-cadres européennes sont adoptées par le Parlement européen avec la participation du Conseil ou par celui-ci avec la participation du Parlement européen, conformément à des procédures législatives spéciales. » ici non plus, apparemment, pas de liste des "domaines réservés à l’exécutif-législateur" (Montesquieu souffre sans doute dans sa tombe que cet oxymore ose exister), donc : il faut partir à la pêche dans les 850 pages pour trouver les articles qui prévoient une procédure législative spéciale... Ces domaines étant en quelque sorte une zone franche de contrôle parlementaire, on aimerait pourtant savoir simplement quelles sont les matières concernées.
Ne trouvant pas ce que je cherchais dans mes 852 pages du texte original, j’ai trouvé les explications suivantes sur le site
http://www.assemblee-nationale.fr/1... , : « 2) La généralisation de la "procédure législative européenne" :
La Constitution étend sensiblement le champ d’application de la procédure de codécision, désormais nommée « procédure législative ordinaire », qui place le Parlement européen sur un pied d’égalité avec le Conseil de l’Union.
Cette extension conduit à un net renforcement des pouvoirs du Parlement européen puisque 27 domaines d’action de l’Union passent à la procédure législative, et concernent principalement :
- le marché intérieur (art III-24, III-29, III-32, et III-46-2) ;
- la gouvernance économique et l’Union économique et monétaire (art. III-71-6 et III-79-5) ;
- la justice et les affaires intérieures (art. III-163, III-166-2, III-167, III-171, III-172, III-173, III-177) ;
- la Cour de justice (art. III-264, III-269, III-289) ;
- le budget européen (art. III-318, III-319) ;
- les accords commerciaux (art III-217-2) ;
- l’agriculture (art. III-126-1, III-127-2).
Les nouvelles compétences reconnues à l’Union sont toutes soumises à la procédure législative ordinaire, ajoutant ainsi huit nouveaux domaines dans lesquelsle Parlement européen légifère sur un pied d’égalité avec le Conseil :
- le sport (article III-182) ;
- la protection civile (article III-184) ;
- la propriété intellectuelle (article III-68) ;
- l’espace (article III-150) ;
- la coopération administrative(articleIII-185) ; _-les mesures nécessaires à l’usage de l’euro (article III-83) ;
- les sanctions financières contre des personnes ou des groupes criminels (article III-49) ;
- l’énergie (article III-157).
Dans les domaines qui restent soumis à une procédure législative spéciale, le Parlement européen obtient néanmoins un renforcement de ses pouvoirs :
- pouvoir d’initiative et dernier mot sur la loi définissant les modalités d’exercice de son droit d’enquête (article III-235) ;
- procédure d’approbation sur les modalités des « ressources propres » (article I-53 § 4) au lieu d’une simple consultation ;
- procédure d’approbation sur l’extension des droits liés à la citoyenneté (article III-13) ;
- pouvoir de consultation dans plusieurs domaines où il n’avait aucun droit de regard telles que les mesures nécessaires pour faciliter la protection diplomatique et consulaire des citoyens de l’Union (article III-11). Par ailleurs, le Parlement européen devra être consulté en ce qui concerne :
- la décision du Conseil d’utiliser la « clause passerelle » (article IV-7 bis) ;
- les mesures concernant les passeports, cartes d’identité, titres de séjour, protection et sécurité sociale (article III-9) ;
- le régime linguistique des titres de propriété intellectuelle (article III-68).
Enfin, en matière d’accords internationaux, l’extension de la procédure législative entraînera la procédure d’approbation pour les accords portant sur ces domaines (article III-226). »
On reste sur l’impression qu’il y a encore des domaines où le Parlement n’a « aucun droit de regard » (ça fait froid dans le dos), mais que personne n’insiste là-dessus... Quels sont ces domaines ? Ce traité est illisible.
Lu sur http://www.legrandsoir.info/article... , : « Les 21 domaines dont le Parlement est exclu et où le Conseil des ministres décide seul sont d’une importance décisive : le marché intérieur, l’essentiel de la Politique Agricole Commune, le Tarif Douanier Commun, la Politique Étrangère et de Sécurité Commune, la politique économique, la politique sociale, la fiscalité... ». Interrogé sur les sources de cette affirmation, l’auteur JJ Chavigné m’a rapidement donné les n° d’articles précis : « il ne sera jamais écrit noir sur blanc que le Parlement est exclu de la décision. Il faudra comprendre qu’il est exclu lorsqu’un article de la Constitution précisera que c’est le Conseil décide et/ou que le Parlement sera simplement consulté. (JJC) » Inquiétante opacité du texte suprême.
« Voilà donc les domaines (ou les parties de domaine) les plus importants où le Conseil décide seul et où le Parlement n’est pas co-décideur : (JJC jusqu’à la fin de la note 16) »
Politique Étrangère et de Sécurité Commune
Article III-295 : Alinéa 1 : « Le Conseil européen définit les orientations générales de la politique étrangère et de sécurité commune, y compris pour les questions ayant des implications en matière de défense ».
Article III-300, Alinéa 1 : « Les décisions européennes visées au présent chapitre sont adoptées par le Conseil statuant à l’unanimité ».
Alinéa 2 : « Par dérogation au paragraphe 1, le Conseil statue à la majorité qualifiée ».
Le rôle du Parlement est défini à l’article III-304 : Alinéa 1 : « Le ministre des affaires étrangères de l’Union consulte et informe le Parlement européen... »
Alinéa 2 : « Le Parlement européen peut adresser des questions ou formuler des recommandations... »
Marché intérieur
Article III-130-3 :
« Le Conseil, sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens... »
Tarif Douanier Commun :
rticle III-151-5 : « Le Conseil sur proposition de la Commissionadopte les règlements ou décisions européens qui fixent les droits dutarif douanier commun ».
Politique Agricole Commune :
Article III-231 : Alinéa 2 : « La loi ou loi-cadre européenne établit l’organisation commune des marchés... »
L’expression « Loi-cadre européenne », sans autre précision, signifie que la procédure législative ordinaire, définie à l’article III-396 s’applique. Il s’agit alors d’une co-décision du Conseil et du Parlement européen. Ce qui est un progrès par rapport aux traités précédents.
Mais :
Alinéa 3 : « Le Conseil sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens relatifs à la fixation des prix, des prélèvements, des aides et des limitations quantitatives... ». Le Conseil décide donc seul, sur proposition de la Commission, des prix, des aides, des quotas...
Fiscalité :
Article III-171 : « Une loi-cadre européenne du Conseil établit les mesures concernant l’harmonisation des législations relatives aux taxes sur le chiffre d’affaires, aux droits d’accises et autres impôts indirects, pour autant que cette harmonisation soit nécessaire pour assurer l’établissement ou le fonctionnement du marché intérieur et éviter des distorsions de concurrence. Le Conseil statue à l’unanimité, après consultation du Parlement européen et du Comité économique et social ».
Social :
Il faut distinguer trois niveaux :
1er niveau : domaine de co-décision :
Article III-210-1 :
a- L’amélioration du milieu de travail...
b- Les conditions de travail.
e- L’information et la consultation des travailleurs.
h- l’intégration des personnes exclues du marché du travail
i- L’égalité entre hommes et femmes.
j- La lutte contre l’exclusion sociale
k- La modernisation des systèmes de protection sociale, sans préjudice du point c.
2ème niveau : le Conseil décide seul :
Article III-210-3 : « ... dans les domaines visés au paragraphe 1, point c, d, f et g, la loi ou loi-cadre européenne est adoptée par le Conseil statuant à l’unanimité, après consultation du Parlement européen... »
c- la sécurité sociale et la protection sociale des travailleurs.
d- La protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail.
f- La représentation et la défense collective des intérêts des travailleurs et des employeurs y compris la cogestion, sous réserve du paragraphe 6.
g- Les conditions d’emploi des ressortissants de pays tiers se trouvant en séjour régulier sur le territoire de l’Union.
3ème niveau : l’Union (que ce soit le Conseil seul ou le Parlement avec le Conseil) n’est pas compétente :
Article III-210-6 :
« Le présent article ne s’applique ni aux rémunérations, ni au droit d’association, ni au droit de grève, ni au lock-out... »
Ce qui rend impossible tout Smic européen.
Ce qui vide de son contenu l’article II-210-3-f.
Ce qui vide de son contenu l’article II-88 : le droit de grève ne pourra être imposé par l’Union à un Etat-membre qui ne le prévoirait pas ou le retirait de sa législation. Ce qui a l’avantage de ne pas, non plus, imposer le « lock out » à une législation nationale qui (telle la législation française) ne le reconnaîtrait pas. (JJC)
[17] Seule la Commission peut être renversée par le Parlement, en bloc : Article I-26, §8 : « La Commission, en tant que collège, est responsable devant le Parlement européen. Le Parlement européen peut adopter une motion de censure de la Commission conformément à l’article III-340. Si une telle motion est adoptée, les membres de la Commission doivent démissionner collectivement de leurs fonctions et le ministre des Affaires étrangères de l’Union doit démissionner des fonctions qu’il exerce au sein de la Commission. », un commissaire peut être « démissionné » par le président de la Commission (lui-même élu par le Parlement) : art. 1-27, dernier § : « Un membre de la Commission présente sa démission si le président le lui demande. », mais ni le Conseil des ministres, ni le Conseil européen, ne sont responsables devant personne.
Le Conseil nomme les membres de la Commission (art.1-27 §2), seul le président de la Commission est élu par le Parlement (art. 1-27 §1). La Commission, qui est ainsi l’émanation du Conseil, sa « chose », sert donc de « fusible » politique face au Parlement, faisant écran aux Conseils qui ne risquent rien.
[18] Voir le détail de l’humiliation infligée par Pascal Lamy aux parlementaires qui voulaient consulter les documents préparatoires pour l’AGCS dans le livre passionnant de Raoul Marc Jennar, « Europe, la trahison des élites », pages 64 et s., et notamment 70 et 71.
Voir aussi un passionnant article de Jennar intitulé « Combien de temps encore Pascal Lamy ? », à propos des deux accords AGCS et ADPIC :
http://politique.eu.org/archives/20...
[19] Soi-disant "avancées" pour le Parlement : il va voter le budget et il y aura davantage de matières où il y aura codécision : le Parlement ne sera donc plus exclu de presque tout comme avant... On croit rêver.
[20] Noëlle Lenoir, alors ministre française déléguée aux affaires européennes du gouvernement Raffarin, a déclaré : « il suffira de rassembler un million de signatures en Europe pour obliger la Commission à engager une procédure législative » (Le Monde, 30 octobre 2003).
[21] Droit de pétition : art. I-47, §4 : « Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatif d’États membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application de la Constitution. La loi européenne arrête les dispositions relatives aux procédures et conditions requises pour la présentation d’une telle initiative citoyenne, y compris le nombre minimum d’États membres dont les citoyens qui la présentent doivent provenir. » On est à mille lieues du référendum d’initiative populaire suisse qu’on fait miroiter aux électeurs.
[22] Pays qui ne soumettent pas le "traité" à leur peuple : Italie, Allemagne, Belgique, Suède, Chypre, Grèce, Estonie.
Pays qui ont opté pour le référendum : France, Royaume-Uni, Espagne, République tchèque, Portugal, Pays-Bas...
[23] RM Jennar à raison : il faut réaffirmer nos fondamentaux et rappeler ce que proclamait, le 26 juin 1793, l’article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’an I : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». (« Europe, la trahison... », p. 218).
[24] Lire à ce propos la position de Pervenche Berès, membre de la convention Giscard, coauteur du texte donc, qui renie pourtant le résultat final tant il a été défiguré par les gouvernements dans l’année qui a suivi, et qui appelle finalement à « Dire "non" pour sauver l’Europe » :
http://www.ouisocialiste.net/IMG/pd...
[25] Selon la célèbre formule de Lacordaire : " Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit".
Chacun peut prévoir ce qu’il adviendra avec des renards libres dans un poulailler libre.
[26] Lire les analyses du site Acrimed sur la partialité des médias sur cette affaire :
http://www.acrimed.org/article1950.html.
Lire aussi l’article de Bernard Cassen dans Le Monde Diplomatique : « Débat truqué sur le traité constitutionnel » :
http://www.monde-diplomatique.fr/20...
Source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=13442
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