samedi 24 mars 2018

Sapiens : Une brève histoire de l'humanité

Sapiens : Une brève histoire de l’humanité est un livre de Yuval Noah Harari publié pour la première fois en hébreu en 2011, puis en anglais en 2014 et en français aux éditions Albin Michel en 2015.
Harari cite Jared Diamond, auteur de De l'inégalité parmi les sociétés, comme l’une de ses principales sources d’inspiration pour l’écriture de son livre. Diamond avait en effet montré qu’il était possible de « poser de vraies grandes questions et d’y répondre scientifiquement ».


Contenu

Le livre propose une vue d’ensemble de l’histoire de l’humanité et de son évolution depuis les premiers hommes de l’âge de pierre jusqu’au XXIe siècle.
Le principal argument avancé par l’auteur au cours de cette vaste étude est que l’Homo sapiens doit son statut d’espèce dominante au fait qu’il est le seul animal capable de coopérer efficacement avec un grand nombre de ses semblables. Harari explique cette capacité qui distingue l’Homo sapiens des autres animaux par sa faculté de croire en des choses qui n’existent que dans son imagination, telles que les dieux, les nations, l’argent et les droits de l’homme. L'une des thèses défendues par l’auteur est donc que tous les systèmes de coopération humaine à grande échelle — les religions, les structures politiques, les réseaux de travail et les institutions légales — sont en définitive des fictions.

Parmi les autres sujets au cœur de Sapiens, figurent la monnaie, présentée comme un système de confiance mutuelle ; le capitalisme, présenté comme une religion plutôt que comme une théorie économique ; l’empire, décrit comme le régime politique qui a rencontré le plus de succès au cours des deux mille dernières années ; le traitement réservé aux animaux par l'agriculture moderne (ou agriculture intensive), décrit comme l’un des plus grands crimes de l’histoire ; le progrès, qui n’a pas forcément rendu les hommes plus heureux que par le passé ; les humains, en passe d’évoluer pour devenir des dieux.
Harari revient sur son projet d'écriture et les idées développées dans Sapiens dans un site qu'il consacre à son livre.

Détail des chapitres

Première partie - La Révolution cognitive

Plusieurs espèces humaines ont existé simultanément par le passé. Homo sapiens a supplanté Homo neanderthalensis, il y a 30 000 ans, car seul Homo sapiens pouvait vivre en bandes de plus de cinquante individus. La coopération de groupe a été rendue possible par l'apparition de la fiction. Les religions et les mythes communs assurent une stabilité du groupe. Homo neanderthalensis, qui ne vivait qu'en petits groupes familiaux, n'a pas pu survivre à la pression de Homo sapiens et a disparu. On ne sait pas si Homo neanderthalensis a été victime d'un génocide.
Les mythes se sont développés, sous forme de réalités imaginaires, supplantant les réalités objectives. Depuis cette révolution cognitive, ces entités imaginaires (Dieu, les nations, les sociétés) régissent le comportement de Homo sapiens, et ont éliminé les réalités objectives (la nature et les espèces animales).

Deuxième partie - La Révolution agricole

Il y a 10 000 ans, Homo sapiens découvre l'agriculture. Cette transition agricole ou révolution agricole permet une croissance sans précédent de l'espèce humaine. La population humaine passe de 5 millions à plus de 200 millions. Cette transition n'est cependant pas forcément une amélioration de la vie au niveau individuel des Homo sapiens, cette révolution agricole avec son essor démographique, apporte aussi la famine en période d'aléas climatiques et l'asservissement.

Troisième partie - L'Unification de l'humanité

Au XVIe siècle, avec la conquête de l'Amérique, l'humanité est réunie dans la même sphère culturelle. L'élément unificateur de l'humanité, sur les cinq continents, est la monnaie.

Quatrième partie - La Révolution scientifique

La révolution scientifique, qui a commencé au XVIe siècle, est une révolution de l'ignorance. C'est l'aveu de l'ignorance qui a rendu les explorateurs européens du XVIe siècle et les scientifiques du XIXe siècle avides de nouvelles découvertes.
Le dernier chapitre effectue aussi la démonstration que le progrès de l'humanité n'a pas eu d'impact sur le bonheur individuel. Rien ne permet de penser que les êtres humains de l'époque moderne sont plus heureux que les chasseurs-cueilleurs de l'époque pré-cognitive.
Le livre évoque ensuite l'avenir de l'humanité. Un avenir, où Homo sapiens va évoluer, non pas par sélection naturelle, mais à la suite d'un dessein intelligent, orchestré par la recherche scientifique. Trois pistes d'évolution de Homo sapiens sont présentées :
  • le génie biologique, peut créer, par la génétique, de nouveaux individus pour les adapter à de nouvelles conditions sociales. Ces nouveaux hommes ne seront plus forcément des Homo sapiens ;
  • le génie cyborg, où les êtres humains sont complétés par des appareils bioniques ;
  • la vie inorganique : les programmes informatiques peuvent devenir des formes intelligentes, avec conscience et mémoire, ayant le potentiel pour supplanter Homo sapiens.
Le livre se termine sur l'épilogue, Un animal devenu dieu ?

5 commentaires:

Je a dit…

Jared Mason Diamond, né le 10 septembre 1937 à Boston, est un géographe biologiste évolutionniste, physiologiste et géonomiste américain. Professeur de géographie à l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), il est surtout connu pour ses ouvrages de vulgarisation scientifique : De l'inégalité parmi les sociétés (prix Pulitzer 1998) et Effondrement.

Je a dit…

Jared Diamond est né à Boston le 10 septembre 1937. Ses deux parents sont issus des familles juives qui ont émigré d'Europe de l'Est. Diplômé de l'université Harvard en 1958, il commence une thèse de physiologie sur la vésicule biliaire à l'université de Cambridge, thèse qu'il soutient en 1961. Il est nommé professeur de physiologie à l'UCLA Medical School (École de médecine de l'Université de Californie) en 1966. Il commence alors une seconde carrière de biologiste en étudiant l'écologie et l'évolution des oiseaux de Nouvelle-Guinée. Puis à partir de la fin des années 1980, il s'intéresse à l'histoire de l'environnement et devient professeur de géographie à l'UCLA, poste qu'il occupe toujours actuellement. Auteur de nombreuses publications scientifiques, il a reçu en 1999 la National Medal of Science.

En 2013, il a reçu le prix Wolf en agriculture pour sa contribution sur la compréhension des processus de domestication dans l'évolution des systèmes agricoles et sociaux.

Je a dit…

Principaux ouvrages

De l'inégalité parmi les sociétés (Guns, Germs, and Steel), prix Pulitzer 1998, développe la thèse que la situation internationale actuelle est le résultat des processus entamés durant la période moderne, c'est-à-dire depuis 13 000 ans, faisant intervenir l'interaction de facteurs technologiques (développement des armes) et biologiques (répertoire de maladies endémiques et de résistance associées). Selon Diamond, ce sont les facteurs avant tout géographiques et biogéographiques (répartition des espèces domesticables avantageuses, configuration des barrières naturelles), qui ont déterminé la vitesse et les limites du développement (technologie, forme sociale, quantité de population), et qui expliquent seules le fait que les sociétés actuellement dominantes sont issues de l'ouest de l'Eurasie. Il réfute au passage les explications racistes, ethnocentristes, ou socio-religieuses de la supériorité des sociétés occidentales, ainsi que l'idée d'une supériorité intellectuelle ou morale de l'homme blanc.

En 2005, l'ouvrage Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (Collapse: How Societies Choose to Fail or Succeed), soutient que pour certaines communautés humaines, telles que celles de l'île de Pâques, des Mayas ou des Vikings du Groenland, une des causes de leur disparition serait liée à leur impact sur leur environnement, tout en affirmant qu'il ne connaît « aucun cas dans lequel l'effondrement d'une société ne serait attribuable qu'aux seuls dommages écologiques ». Jared Diamond étudie également des sociétés, telles celles des Islandais, des Japonais ou des Tikopiens, pour montrer que celles-ci, malgré d'énormes handicaps environnementaux, sont parvenus à survivre ; il s'efforce d'en tirer des leçons pour nos sociétés modernes.

Je a dit…

Tikopia est une île de 5 km2 situé dans la province de Temotu des Salomon. C’est un ancien volcan dont le lac Te Roto est le cratère. Son point le plus haut est le mont Reani avec 380 m au-dessus du niveau de la mer. Bien qu'elle se situe en Mélanésie, elle est peuplée de Polynésiens qui parlent le tikopia.

Cette île compte 1 200 habitants, ce qui représente une densité de 240 habitants au km².

L'île de Tikopia est habitée depuis plus de 3 000 ans. Elle a fait partie de la civilisation de Lapita et a été découverte par les Européens au cours du XVIIe siècle (1606). Toutefois, elle est restée assez peu influencée par les modes de vie européens, du fait de son relatif isolement. En effet, l'île la plus proche, Anuta, est située à 130 kilomètres.

Elle a été décrite par Dumont d'Urville lors de son passage en février 1828 quand il est venu rencontrer le Prussien Martin Bushart, le dernier survivant des équipages de la Pérouse.

Les premiers missionnaires chrétiens posèrent le pied sur Tikopia en 1857, et les premières conversions des habitants datent de 1900.

Je a dit…

Du fait de son isolement, il est très dangereux de partir pour un voyage en haute mer, en direction d'une île voisine. Le voyage en pirogue est très long, soumis aux aléas du climat, et les pirogues peu sûres. Pour ces raisons, les importations sont très limitées : seules des roches sont importées, pour fabriquer des outils, ainsi que de jeunes célibataires d'Anuta, qui viennent se marier. À noter aussi l'arrivée de produits de luxe, comme des bijoux, des arcs et flèches, ainsi que des poteries.

Il n'est pas envisageable d'importer des produits alimentaires en grande quantité, car il faut non seulement nourrir 1200 personnes, mais aussi importer suffisamment de réserves pour supporter la saison sèche de mai à juin, et les éventuels cyclones (environ vingt par décennie). Le transport de telles quantités est impossible étant donné le faible trafic maritime entre les îles.

Heureusement, la production alimentaire est facilitée sur Tikopia, car il y a là une importante pluviosité, et la latitude géographique est clémente. De plus, c'est une zone de retombées volcaniques, et l'île est exposée aux nuées de poussières asiatiques. Sont ainsi cultivés des arbres qui produisent des noix, et des fruits comestibles. La partie plus basse de l'île est consacrée aux cultures de l'igname, de la banane, et du taro. Tikopia vit aussi de la chasse et de la pêche. Le canard, la pêche en mer et le ramassage de coquillages assurent l'apport en protéines aux habitants de l'île. Deux autres façons de se nourrir assurent la subsistance de la population, et ce particulièrement en cas de cyclone (qui ravagent les fermes) : les surplus de l'arbre à pain, qui fermentent plusieurs années pour donner une pâte riche en féculents, et des aliments en général non consommés (car peu appréciés), mais comestibles tout de même.

Cette économie ne peut perdurer qu'à une seule condition : le maintien d'un nombre d'habitants stable. Avant l'arrivée des Européens, la régulation de la population ne pouvait se faire que de manière interne, en particulier par le contrôle des naissances (seules certaines femmes avaient le droit de garder leurs enfants, les autres étant obligées de les tuer à la naissance ou d'avorter).

Les chefs de tribu choisissent, à la majorité, ce qui peut venir de l'extérieur. Leur souci est de préserver les traditions. Par exemple, ils ont refusé l'introduction de l'argent, leur économie fonctionne sans argent. Bon nombre de jeunes sont étudiants à l'extérieur puis reviennent vivre dans l'île.