mardi 2 octobre 2018

Le « système », qui était à la rigueur supportable jusqu’à ce siècle-ci, ne l’est plus.

Le « système », qui était à la rigueur supportable jusqu’à ce siècle-ci, ne l’est plus.
Car il n’est plus question seulement de justice sociale, mais surtout de survie de la vie.
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Le genre humain rencontre et va rencontrer des situations qu’il n’a jamais connues.
Qui sont de son fait !
Liste certainement non exhaustive :
- Le risque du feu nucléaire ( militaire )
- Le risque inhérent aux centrales nucléaires
- Le salissement de l’eau, de l’air, de l’humus, qui empoisonnés en profondeur sont sur le point de ne plus pouvoir porter la vie.
- Goudronnage et bétonnage, qui ont pour mission de faire oublier ce qui fut au dessous : l’épiderme de notre sainte mère la terre.
- L’abrasion industrielle de ces vastes forêts qui sont les poumons de la planète.
- Les capacités nouvelles qui sont nôtres, d’action sur le génome des plantes et des bêtes.
- Les capacités nouvelles, qui sont nôtres, d’action sur le génome humain.
- Presque à portée de nos gentils ingénieurs : grossesses extra-utérines, possiblement en usine …
- Machinisme extrême, explosion de l’univers des robots, mise en algorithme mécaniste de presque tout ce que maintenant nos « employeurs » appellent « travail », plus, éventuellement, dans un futur pas forcément lointain, la vraie intelligence artificielle = ce thème qui à cette heure présente amuse les auteurs de science fiction, inquiète un peu les philosophes, mais outil qui un jour pourrait décider de se débarrasser de sa concurrence de chair …
- Le big data …
Ainsi le genre humain doit il prendre des virages serrés, c’est urgent et vital.
Par les difficulté qu’il rencontra, Prométhée, en comparaison de ce que nous avons à assumer, aurait pu aisément se comporter en touriste, nous ne le pouvons pas : nous sommes à l’entrée de l’enfer, ses portes sont grandes ouvertes, et il y en a qui poussent ; d’autres aboient pour encadrer traînards et réticents ; d’autres proposent le bonheur du fast food et du grand écran plat, ou quelque autre babiole, pour que les dernières bribes de conscience se diluent dans un désir artificiel pour tout ce qui est non-sens.
Le genre humain, équipé de lunettes qui sont conçues pour ne voir que de près, fonce, à tombeau ouvert ; cela doit cesser, c’est sûr ; je cherche la poignée du frein à main, et ne la trouve pas : des idiots ont placé le moteur, l’ont mis en route, mais n’ont rien prévu pour ralentir, et encore moins pour reculer ( j’entends déjà l’agent de change hurler à la récession dès qu’il entend « reculer » … ).
Le drame humain, qui se noue, qui peut aller jusqu’à la fin des guerres faute de combattants … ce drame tient à plusieurs facteurs, intriqués, qui se nourrissent et se renforcent mutuellement.
L’un des plus difficiles à traiter consiste en l’immense retard de la conscience sur la science, et sur sa fille la technique
Un autre, réside dans le faible niveau de conscience de ceux qui par quelques tours de passe passe produits par l’Histoire, détiennent quasiment tout du pouvoir de décider. Frères ennemis qui cependant s’entendent à merveille pour mal faire …
Dans les deux cas, donc, le défaut de conscience est source : ceux qui, ayant pour mission de voir loin avant de décider, sont au contraire obsédés par les indicateurs de l’économie, des chiffres sans âme, sans philosophie, quand ce n’est pas par leur intérêt propre, de carrière politique, ou d’accumulateur compulsif, c’est selon.
Sans la présence d'une intelligence difficile à trouver, capable certes d’en faire valoir le bénéfice mais surtout d’en contenir les excès, la science et la technique sont entre les mains du genre humain comme le rasoir dans la main d’un singe. Seule la conscience est capable de limiter l’ambition technicienne afin que la technique, de remède à la rudesse du monde, ne devienne pas poison, mortel et sans retour.
Mais voilà, il y a un os dans le pâté : ni la sagesse, ni la conscience, à cette heure, ne gouvernent.
Il faut, pour étayer ce dernier propos, oser y aller au marteau pilon, car il est impossible d’être subtile quand ce qui est à dénoncer ne l’est pas.
Donc j’ose :
Ils tueraient un pou pour s’approprier sa peau ;)
et la vendre à la criée sur l’hypermarché des dupes.
Vous l’aurez compris, je pense ici d’une part aux acteurs et tenanciers du capitalisme néolibéral, et d’autre part aux fêlés qui mécaniquement accèdent aux sommets des pyramides politiques, donc là où devrait régner cette nécessaire conscience évoquée plus haut, mais là où au contraire règne majoritairement l’ambition personnelle, donc la bassesse d’esprit. Mais non, je n’exagère pas ;)
Derrière la façade truquée de la création d'emplois, le capitalisme néolibéral se donne pour objectif, pour quelques uns, l’accumulation libre et non faussée, mais colossale, de richesse, et d’outils de production destinés à accumuler encore plus de richesse et plus de possession de l’outil de production.
Néolibéral signifiant : sans le frein de la conscience hypothétique d’un État, qui soucieux du bien commun et de l’écologie, pourrait poser des limites à la boulimie et à la folie destructrice.
Et précisément, à la tête des États, sont les fêlés dont je parlais plus haut : il ne posent pas de limite, au contraire : ils poussent ! au nom du PIB, au nom de la croissance ;
ils poussent la complaisance jusqu’à signer dans notre dos des traités de type TISA CETA TAFTA, assortis de ces diaboliques tribunaux d’arbitrages, permettant aux transnationales d’attaquer les États chaque fois que sagesse ou conscience y feraient une apparition timide, pour limiter la folie.
Dans « propos sur les pouvoirs », Alain explique bien ce mécanisme qui fait que n’est candidat que l’ambitieux, que n’est donc élu que le pire. Ce mécanisme de sélection du pire est renforcé par cela que la classe psychosociale des ambitieux occupe fatalement le terrain ; viennent ensuite la sarabande des lobbies, la corruption, et toutes sortes de joyeusetés amplement développées ailleurs.
N’oublions pas le regard anxieux de tout conducteur des ""démocraties"", regard braqué sur la prochaine échéance électorale, qui pour être prise en compte justifie in petto toutes les complaisances.
Le genre humain doit, disais-je, doit en ce début de 21ème siècle, prendre des virages serrés.
Et s’il se plante, alors, et ce n’est pas une hypothèse, mais une certitude, alors tout est foutu.
Tout, pas seulement le confort, ni la sécurité, non : tout.
Alors bien sûr se pose, urgente, lancinante, cruciale, vitale, se pose la question : Qui ?
Comment négocier ces virages, et Qui doit être aux commandes.
Qui doit être aux commandes … certainement pas ceux qui présentement y sont.
Comme on ne demande pas au violeur de protéger l’enfant, on ne saurait demander à ceux qui ont engendré le pire d’être nos sauveurs, ce serait idiot :)
Au cours de conversations amicales, à distance ou dans l’espace réel, j’entends souvent parler d’une gouvernance par des sages.
Je n’y crois absolument pas :) car la prétendue sélection des sages, c’est exactement ce que nous vivons : choisir sur un plateau nécessite la préparation du plateau, et là, tous les vices de forme, que nous connaissons, sont possibles.
En outre, il n’est pas certain qu’un collège de sages authentiques qui se verrait confier le devoir de décider de tout pour tous resterait sage bien longtemps. On a eu vu des têtes bien faites devenir promptement, sous l’effet du pouvoir, de vulgaires cougourdes. La révolution française, comme tant d’autres, illustre bien ce triste tropisme, des défenseurs du bien, à devenir ses assassins.
Il reste une option : prendre le risque de considérer chaque citoyen comme potentiellement sage, et faire le pari que le pouvoir partagé entre tous ne rendra pas chacun pervers.
Cette option s’appelle donc : démocratie ; au sens étymologique, bien sûr.
Les citoyens sont dénigrés, d’une part par la prétendue élite, et d’autre part par quelques citoyens qui se laissent embobiner, et donc curieusement s’opposent à leur propre pouvoir, de peur que des imbéciles en jouissent aussi, ils choisissent donc que de vrais nuisibles, institutionnels, prétendus compétents, voire honnêtes, choisissent donc que de vrais nuisibles les gouvernent.
Les citoyens sont dénigrés, on les dits incompétents, nombrilistes, aveuglés par leurs petits intérêts personnels, incapables donc de penser collectif. Et ce dénigrement marche : les dénigrés le prennent en compte, et donc continuent d’accepter de se nommer, via le suffrage universel, des maîtres, qui pourtant, de siècle en siècle, se révèlent eux-mêmes incompétents, nombrilistes, aveuglés par leurs petits intérêts personnels, incapables donc de penser collectif, et encore moins d’envisager les remèdes à la présente autodestruction du monde vivant. C’est benêt, non ?
Le grand nombre serait il plus bête et moins honnête que l’actuelle classe dirigeante, ce petit nombre qu’on nomme oligarchie ( financière et/ou politique ).
J’en doute.
L’expérience vécue de Jacques Testart ( j’en recommande l’écoute ) semble indiquer que des lambdas, qui par nature ne sont pas encombrés du souci de faire carrière en politique, et à qui sont offertes de bonnes conditions de réflexion partagée, et une information non faussée, se révèlent promptement compétents, et surtout bien plus animés par le souci du commun que par leur nombril.
Ajoutons à ceci qu’un court mandat à un poste de réflexion partagée engendrerait moins de tentations et de corruption qu’une vie de professionnalisme en terrain hiérarchique, c’est assez évident.
En outre, comme je l’ai souvent écrit, un peuple qui se trompe sera plus prompt à réparer ses erreurs fortuites qu’une oligarchie à réparer ses tromperies intentionnelles. Mieux vaut se tromper en gardant la main qu’être trompé sans recours …
Si jusque vers la fin du vingtième siècle l’antidémocratie ( fallacieusement baptisée démocratie ) était supportable, en ce sens qu’elle ne générait que de très grandes inégalités, de graves crises économiques, des famines, ou des guerres meurtrières, parfois mondiales, rien que ça, désormais, ses ""bienfaits"" ne sont plus acceptables, car l’enjeu n’est plus la justice entre humains, mais carrément la survie de la vie.
Alors chers amis qui pétitionnez encore, continuez : dit sans humour, vous avez raison, car un miracle est toujours possible ; et en plus, au vu de l’urgence, tout doit être tenté, même ce qui est naïf.
Mais si nous ne voulons pas rester pigeons, pigeons à rôtir, pigeons bien que tout doit être repensé des mécanismes de la codécision, et que confier demain à une fine équipe de dirigeants, quelle que soit le processus de sa sélection, est collectivement suicidaire. Et ce re-pensement est urgent.
… Terre , que ta joie demeure ...

7 commentaires:

Je a dit…

La première phase, c'est l'éveil des consciences (petit pas après petit pas) mais, vu l'urgence, la seconde phase (renversement du régime en place) doit-elle être non-violente ou violente ?

Anonyme a dit…

Éveil de conscience puis violence? Bof !

Je a dit…

C'est l'urgence climatique et biologique (sixième grande extinction) qui me fait m'interroger. Sinon, j'aurais volontiers œuvré comme une fourmi (ou un colibri) tout en sachant que je ne verrai aucun changement significatif de mon vivant. C'est l'inquiétude qui me pousse à envisager l'éventualité de la violence. Réflexe de survie.

Anonyme a dit…

La question de la violence libératoire est plus qu'intéressante, ésopienne ( cf la langue d’Ésope ) ; il est important de connaître les pièges inhérents à cette "solution", en particulier le risque de reproduction de la domination, qui change de tenanciers, mais pas d'impact. On pourra lire Eric Hazan.

Rem. : ésopienne ou ésopique = Qui se rapporte à Ésope ou aux fables qui lui sont attribuées.
réf. à l'impitoyable ironie « qui ne laisse rien passer », avec laquelle, d'apr. la Préface de 1668 des Fables et La Vie d'Ésope de La Fontaine, le fabuliste esclave bafouait la méchanceté de ses maîtres; en parlant d'une façon de réagir devant une situation sans issue] Parmi les esclaves s'exerce le jugement ésopique, qui finit par tirer au clair une sorte de philosophie effrayante; car toutes les injustices et toutes les erreurs sont démêlées et en quelque sorte définies sans aucune atténuation (Alain, Propos,1922, p. 395).

Je a dit…

C'est ma grande interrogation du moment ! Merci pour le conseil de lecture !

Anonyme a dit…

Comme il est souvent rappelé sur cette page, une combustion instantanée qui décharge, un shoot passager qui nous laisse sur une faim, n'a toujours produit que des révolutions avortées.

De violence libératoire je ne connais que celle qui se cultive et fermente comme le compost que j'irais chercher demain matin. Il faut toujours vivre demain, sinon on est fait pour l'usine. Demain matin c'est tout ce que l'on peut inventer pour transformer cette force qu'est la violence en changement. Cette combustion lente exige de façonner un humus riche pour la récolte. C'est à peine une métaphore car demain je vais réellement chercher du compost bien noir au verger d'un copain pour le mélanger à du charbon que j'ai fabriqué la semaine dernière, des tessons de poterie et restes de tuiles brisées, des os d'animaux, du fumier, pour reproduire la terre noire qu'ils avaient confectionné en Amazonie il y a des milliers d'années, et qui est aujourd'hui encore auto-fertile, pour remplir mes buttes de culture. J'y mets beaucoup de violence à faire ça.

Ceci dit la remise en question institutionnelle du système hiérarchique de domination est plus délicate et demande sans doute une violence bien plus patiente et instruite qu'il nous appartient d’émuler, car elle doit aller à la source même de ce qui nous est dicté par le pouvoir et résonne en chacun de nous très profondément, dans la mauvaise partie de la biologie de nos comportements, et c'est pas de la tarte! Une chose me rassurera toujours: la conscience a ceci de particulier, c'est que lorsqu'un modèle fait ses preuves elle va chercher à le reproduire et c'est là qu'en même temps, on est en train d'imprimer dans la conscience collective un nouveau modèle de société qui est fondée sur ce nouveau comportement, c'est-à-dire que, à chaque fois, quand on œuvre à quelque chose de pratique et auto-reproductible, tout ce qu'on y met comme motivation comme cœur comme générosité, comme enthousiasme et comme envie de de montrer que ceci est possible, ...

Le colibri.

Je a dit…

Belle réponse. Patience (active, constructive) plutôt que violence.