1- La lutte iranienne
2- Le style pahlavani
3- Origines et histoire
4 - La zurkhaneh
5 - Rangs et grades
6 - Pahlavans renommés
7 - Lutte à l'huile pour le sultan de l'Empire Ottoman et le Shah de Perse
8 - Lutte en Inde (dont le style pehlwani ou kushti)
1- La lutte iranienne, aussi connue sous le nom de Koshti en perse, possède une très longue tradition et histoire en Iran. Elle a été pratiquée depuis les temps anciens dans les différentes parties de l'Empire Perse sous des styles variés parmi lesquels le Pahlavani est le plus populaire.
Les styles de lutte iranienne peuvent être divisés en deux grandes catégories :
- dans la première, soulever et projeter son adversaire est synonyme de victoire;
- dans la seconde, c'est faire toucher le dos, le genou ou le bras de l'adversaire au sol qui apporte la victoire.
Les principaux styles de lutte traditionnelle iranienne sont :
- Pahlavani (ou Zurkhaneh) (dans tout l'Iran)
- Bachoukheh (province de Khorāsān)
- Chukha (province de Khorāsān)
- Gileh-Mardi (provinces de Gilan, Mazandarann et Golestan)
- Check-Chisht (province de Māzandarān)
- Loucho (province de Māzandarān)
- Tourkamani ou Kourach (province de Golestan)
- Ashirma (province d'Azerbaïdjan est)
- Kamari (région d'Azerabijan, turcs de Ghezel Bash)
- Baghal-be-Baghal (province de Qazvin)
- Zouran Patouleh et Zouran Machkeh (province de Kordestan)
- Catch Gardane (province de Baluchistan et Sīstān)
- Zhir-o-bal (régions de Kordish ; provinces de Kordestan, Kermanshah, Ilam)
- Jang (Lurestan et provinces de Chahar Mahal va Bakhtyari)
- Maghli (province de Bakhtyari Chahar Mahal va)
- Lori (province de Lorestan)
- Dasteh Baghal (province de Fars)
- Lashgarkeshi (province de Yazd)
- Kamarbandi (province de Esfahan)
- Kaviri (province de Kermān)
2- Varzesh-e Pahlavani (en persan : ورزش پهلواني), aussi appelé Varzesh-e Bastani (en persan : ورزش باستانى), traduit par "sport antique" ou "sport traditionnel"; est un sport national iranien qui consiste en une série de techniques de culturisme et de gymnastique accompagnées de lutte. De plus, ce sport accorde une grande importance à l'esprit chevaleresque, à la courtoisie et à la bravoure. Le Varzesh-e Pahlavani est normalement pratiqué dans une Zurkhaneh où différents accessoires sont utilisés pour l'entraînement (par exemple : Mīl, Kabbadeh, Sang et Takhteh Shena ). Les pratiquants de ce sport sont appelés des Pahlavan (littéralement "athlète").
Le Varzesh-e Pahlavani a été conçu à l'origine comme une sorte d'art martial en Perse antique et a joué un grand rôle dans la résistance des Iraniens contre les envahisseurs au cours de l'histoire. Depuis ses origines, il a acquis les valeurs morales, éthiques, philosophiques et mystiques de la civilisation iranienne. Le Varzesh-e Pahlavani a donc évolué jusqu'à devenir une institution unique ayant incorporé la richesse spirituelle du Soufisme, les rituels traditionnels du Mithraïsme et l'héroïsme du nationalisme iranien.
De nombreux grands lutteurs iraniens pratiquaient ce sport.
3- Origines et HistoireLes iraniens furent une des premières nations du monde a attacher de l'importance à leur santé et à leur force; ils pratiquaient des exercices de culturisme et entrainaient leurs enfants à faire de même.
Hérodote, l'historien grec, a dit:
« Les Perses [Iraniens] développent trois habitudes chez leurs enfants entre 5 et 20 ans: l'équitation, le tir à l'arc et l'exactitude. »
L'éducation physique et spirituelle possède une longue histoire commençant avec les Mèdes jusqu'à l'époque Achéménide.
L'histoire des arts martiaux traditionnels iraniens peut être divisée en 4 périodes majeures. Il existe des trous entre ces périodes pendant lesquelles le Varzesh-e Pahlavani n'est pas mentionné (notamment époque Achéménide et Sassanide). Pendant ces périodes, le statut du sport est incertain, bien qu'on pense que le sport ait continué mais comme un facteur non dominant dans la culture nationale.
L'Iran ayant été envahi de nombreuses fois au cours de son histoire pendant les deux derniers millénaires, les patriotes iraniens, épris d'indépendance et de justice, étaient forcés, pendant ces périodes d'invasions étrangères, de se servir de petites salles construites en sous-sol auxquelles on accède par une petite porte (ces salles deviendraient ensuite les zurkhaneh). Ces salles servaient de salles de réunions aux patriotes, qui pouvaient ainsi se préparer aux différentes techniques de combat qui leur serviraient le jour où ils devraient se battre contre leurs ennemis. Les envahisseurs étrangers ont souvent détruits ces zurkhaneh ("maison de la force, de la chevalerie et de la générosité"), mais les iraniens continuaient à en construire.
3.1 - Origines mythiquesLes origines mythiques sont basées sur les récits de Ferdowsi dans le Shahnameh ("Livre des rois"). Les Pahlavans mythiques de cette époque se battaient contre les forces du mal. Parfois, le résultat d'une guerre, et éventuellement le destin des pays impliquées dans la guerre, était déterminé par un combat à mains nues, connu sous le nom de Koshti gereftan (la lutte). Le pahlavan légendaire de cette époque est Rostam (autour de 1065 avant J.-C.) , qui sauvait constamment l'Iran des forces du mal.
3.2 - Empire Parthe
Le Varzesh-e Pahlavani trouverait ses origines à l'époque de l'Empire Parthe (250 av. J.-C. - 224) pendant laquelle ce sport s'est développé en tant qu'entraînement des guerriers au combat et à leurs devoirs en général. Le mot Pahlavan vient du Parthe. Les chercheurs ont noté des similarités entre les rituels mithraïques et ceux du varzesh-e Pahlavani; même les formes des temples mithraïques et des zurkhaneh présente des similarités. Cependant, peu de traces subsistent de cette époque.
3.3 - Epoque islamique
Jusqu'à l'arrivée de l'Islam en Iran, le Varzesh-e Pahlavani était purement une forme d'exercice physique. Cependant, avec l'introduction de l'Islam en Iran puis de l'adoption du Chiisme comme religion d'état sous les Safavides quelques siècles plus tard, des dimensions nouvelles ont été ajoutées au Varzesh-e Pahlavani: la philosophie et la spiritualité de l'Islam. Le Soufisme a notamment été le moyen par lequel se sont exprimées ces dimensions nouvelles. On peut là aussi noter des similarités entre certains rituels du Varzesh-e pahlavani et ceux du soufisme.
3.4 - Période contemporaineLe varzesh-e Pahlavani a atteint son apogée pendant la dynastie qajare, et plus particulièrement pendant le règne de Nassereddin Shah (1848-1896). À cette période, de nombreuses zurkhaneh ont été construites à Téhéran et ailleurs dans le pays. Le Pahlavan officiel de l'Iran, réminiscence des lutteurs nationaux de la mythologie persane était désigné au cours d'une cérémonie ayant lieu devant le Shah le 21 mars de chaque année, correspondant au nouvel an iranien. À cette occasion, le Shah remettait le Bazou band ("bracelet") au champion de la compétition, héros national iranien pour un an. Les Pahlavans ("lutteurs") les plus célèbres de tous les temps sont apparus à l'époque contemporaine (à partir du XIXe siècle) ; on peut citer Pahlavan-e Bozorg Razaz, Pahlavan Boloorforoush, Pahlavan Toosi et Jahan Pahlavan Takhti.
L'ascension de la dynastie Pahlavi a fait décliner ce sport. Le nouveau Shah d'Iran, Reza Shah, voulait transformer l'Iran en un pays moderne, et voyait donc toute référence aux traditions passées comme un conflit avec ses idéaux occidentaux. Il ne montra alors aucun intérêt dans ce sport, qu'il voyait comme une relique des cérémonies qajares.
Son fils, Mohammad Reza Pahlavi, devenu Shah en 1941, restaura ce qu'il restait de la tradition pahlavani. Le nouveau Shah était lui-même un sportif accompli. C'est pendant son règne que se tinrent les dernières compétitions nationales de lutte servant à désigner le Pahlavan officiel de l'Iran, à qui le Shah remettrait le bazou band. Malheureusement, la tradition pahlavanie fut très touchée quand le Shah nomma Shaban Jafari (qui était considéré comme un "voyou") à la tête dela fédération pahlavani.
C'est dans un effort fait pour briser les liens avec les traditions, populariser ce sport et augmenter le nationalisme iranien que le gouvernement iranien a renommé le sport Varzesh-e Bastani (en persan : ورزش باستانى). Suite à la révolution de 1979, le gouvernement islamique a commencé à regarder le sport d'un mauvais œil, de plus, l'attrait du football et d'autres sports occidentaux pour la jeunesse provoque un déclin dans la pratique de ce sport.
4 - La Zurkhaneh
4.1 -Description de la salle d'entraînement
Le Varzesh-e Pahlavani se pratique dans une salle ayant une structure particulière appelée zurkhaneh. Traditionnellement, les exercices se pratiquaient à l'aube et s'achevaient à la fin du lever du soleil. De nos jours, ils se déroulent plutôt le soir, après le coucher du soleil.
La zurkhaneh est généralement une salle construite en sous-sol à laquelle on accède par une petite porte (réminiscence du temps où la zurkhaneh servait de point de rencontre aux patriotes iraniens) ; à l'intérieur se trouve une espèce de puits de forme octogonale d'environ un mètre de profondeur et de 10 à 20 mètres de diamètre dans lequel s'exercent les pahlavans. Près de l'entrée se trouve une plateforme en hauteur (appelée Sardam) sur laquelle se trouve le Morshed (signifiant "meneur" ou "coordinateur"), qui dirige les exercices et les rythme à l'aide de chants épiques souvent tirés du Shâh Nâmâ ("le Livre des Rois"), de percussions effectuées avec un tombak. Une cloche (zang) accrochée à son côté permet de marquer le début et la fin des différents exercices.
4.2 - Déroulement d'une séance d'entraînement
La séance d'entraînement commence et se finit toujours par une prière (Niāyesh) menée par le morshed. Ces prières font souvent référence à la mentalité spéciale, aux attitudes et aux croyances des pratiquants. Ceux-ci se joignent au Morshed et prient pour la gloire du pays, la santé et la joie de son dirigeant, la respectabilité des pratiquants et des vétérans de la zurkhaneh, la puissance qui leur permette d'aider les plus faibles, la grâce de Dieu afin de rester en dehors du mauvais chemin et enfin l'amélioration de la justice et de la bonne conduite parmi l'humanité. Ils quittent ensuite le puits dans une façon organisée et hiérarchisée.
Les pahlavan ("lutteurs"), ayant remplacé les armes traditionnelles par des instruments liés à leurs exercices pendant les périodes de résistance (cf. ci-dessus), utilisent aujourd'hui les instruments suivants:
- Sang ("pierre" en persan), bouclier en métal.
- Mīl, une espèce de massue en bois.
- Kaman ou Kabbadeh, un instrument de métal ayant la forme d'un arc.
- Takhte, une barre servant à faire des pompes.
4.3 - Nom des différentes phases d'une séance d'entraînement :- Pā zadan (échauffement)
- Sang gereftan (bouclier)
- Shena raftan (pompes)
- Mīl gereftan (Masse)
- Charkh zadan (toupie)
- Kabbadeh zadan (arc)
- Koshti gereftan (lutte)
- Niāyesh (prière)
5 - Rangs et grades
Le rang le plus bas est celui de nowcheh ou novice, suivi de celui de nowkhasteh ou étudiant avancé, et finallement celui de pahlavan ou champion. Il existe plusieurs grades de champion:
- Pahlavan-e Pahlavanan, "Pahlavan des Pahlavans" qui inclut les sportifs parrainés par le tribunal.
- Pahlavan-e Zoorgar, les maîtres-lutteurs ou hommes forts.
- Pahlavn-e Keshvar, les pahlavans acclamés parmi lesquels beaucoup de lutteurs iraniens ayant participé aux Championnats du monde ou aux Jeux Olympiques (comme Gholamreza Takhti), mais aussi les vainqueurs du brassard de pahlavani (récompense symbolique, comme une couronne d'olivier aux Jeux Olympqiues antiques).
- Pahlevan-e Bozorg ou Bozorg Pahlavan, littérallement "Haut-" ou "Grand Pahlavan", approximativement équivalent au rang de Grand Maître dans les arts martiaux d'Extrême Orient. Ce titre n'a été accordé qu'à très peu de pahlavans, tel que Pourya-ye Vali (qui vécut autour de 1300) et Haj Seyyed Hasan Razaz (1853-1941, aussi connu sous le nom de Pahlavan Shoja'at).
- Jahan Pahlavan, "Pahlavan mondial", le plus haut grade de Pahlavani dans l'armée iranienne avant l'invasion arabe. Un titre donné à Rostam, le légendaire Pahlavan ayant vécu autour de 1065 avant J.-C. d'après le poème épique de Ferdowsi : le Shahnameh (écrit au Xème siècle). Le contemporain Gholamreza Takhti est un autre Pahlavan qui a reçu ce titre honorifique.
6 - Pahlavans renommés :
6.1 - Période ancienne (651-1450):
- Abu Moslem-e Khorasani
- Yaghub-e Layth
- Babak khorramdin
- Asad Kermani
- Abdul Razagh Bashtini
- Shirdel Kohneh Savar
- Mahmood Kharazmi (Pahlavan-e Bozorg), connu sous le nom de Pouriya-ye Vali
- Mohammad Abol-seyyed Abolkheyr
- Mahmood Malani
- Darvish Mohammad Khorassani
6.2 - Période intermédiaire (1450-1795):- Mirza Beyk-e Kashani
- Beyk-e Khorassani
- Hossein-e Kord
- Mir Baqer
- Jalal Yazdi
- Kabir-e Esfahani (Pahlavan-e Bozorg)
- Kalb Ali Aqa Jar
6.3 - Période moderne (1795-):- Haj Seyyed Hasan Razaz (Pahlavan-e Bozorg), aussi connu sous le nom de Pahlavan Shoja'at.
- Ali Asghar Yazdi
- Haj Reza Qoli Tehrani
- Mohammad Mazar Yazdi
- Shaban Siyah Qomi
- Yazdi Bozrog (Pahlavan-e Bozorg)
- Akbar Khorassani
- Abolqasem Qomi
- Hossein Golzar-e Kermanshahi
- Sadeq-e Qomi
- Mirza Hashem Akbarian Tefaghi, Moblsaz Esfahani
- Yazdi Kuchak (dernier Pahlavan de l'Iran officiel)
- Aziz Khan Rahmani /Kurdistani aussi connu sous le nom de Sanandaji
- "Iron Sheik" (ancien lutteur et garde du corps du Shah devenu catcheur en Amérique)
6.4 Médaillés olympiques iraniens en lutte (liste non exhaustive) :
- Gholamreza Takhti (argent en 1952 à 79kg; or en 1956 à 87kg et argent en 1960 à 87kg; 4ème en 1964 à 97kg)
- Nasser Givechi (argent en 1952 à 62kg)
- Mohammed Ali Khojastepour (argent en 1956 à 52kg)
- Emamali Habibi Goudarzi (or en 1956 à 67kg)
- Mehdi Yaghoubi (argent en 1956 à 57kg)
- Abdollah Movahhed Ardabili (or en 1968 à 70kg)
- Mansour Barzegar (argent en 1976 à 74kg)
- Askari Mohammadian (argent en 1988 à 57kg)
- Amirreza Khadem Azghadi (bronze en 1992 à 74kg et en 1996 à 82kg)
- Rasoul Khadem (or en 1996 à 90kg)
- Abbas Jadidi (argent en 1996 à 100kg)
- Alireza Dabir (or en 2000 à 58kg)
- Alireza Rezaei (argent en 2004 à 120kg)
- Seyedmorad Mohammadi (bronze en 2008 à 60kg)
7 - Lutte à l'huile pour le Sultan (de l'Empire Ottoman) et le Shah (de Perse)
7.1 - Fusion de l'Islam et des traditions martiales
Au cours de la période où l'Islam se répandit en Asie mineure, la spiritualité et la philosophie sont devenu partie intégrante de la formation physique du pehlivan. La lutte à l'huile est devenue un sport à part entière. En Iran et dans l'Empire Ottoman, la lutte est devenue le sport national. En Iran, la lutte se développa dans l'institution déjà familière qu'était la zurkhaneh ou maison de la force, où les hommes socialisaient et s'engageaient dans des exercices athlétiques. Le lutteur est l'homme fort par excellence dans la culture populaire (en perse, le terme utilisé est "gros cou"), mais c'est aussi le pahlavan, le héros chevaleresque, qui est un esprit libre, généreux et loyal.
7.2 - La légende du Kirkpinar
L'année 1362 est décrite par les organisateurs du Kirkpinar d'Edirne comme la date à partir de laquelle les soldats ottomans commencèrent à organiser annuellement un tournoi de lutte à l'huile sur le lieu-dit de Kırkpınar, un champ de lutte près du village de Samona. Ainsi, d'après le Guinness Book of World Records, cette légende fait du Kirkpınar la compétition sportive continue la plus ancienne du monde.
Le premier combat entre deux lutteurs (les frères Ali et Selim) dura toute la nuit sans qu'aucun ne puisse prendre le dessus sur l'autre. Au matin, ils furent découvert morts d'épuisement leurs corps toujours enchevêtrés. Ils furent enterrés près d'un figuier, sépulture à partir de laquelle leurs camarades se lancèrent à la conquête d'Edirne (anciennement Andrinople qui, une fois conquise, devint la nouvelle capitale de l'Empire Ottoman; jusqu'à ce que Byzance soit à son tour conquise et rebaptisée Istanbul).
Arpès la conquête, les soldats revinrent sous le figuier et découvrirent une source d'eau claire. Ainsi, ils renommèrent ce lieu (qui jusque là était connu sous le nom d'Ahirköy) Kırkpınar, qui se traduit du turc : "les quarante sources".
Pour commémorer l'héroïsme des guerriers conquérants, un tournoi de lutte fut organisé annuellement sur ce site, et ainsi commença la plus ancienne compétition ininterrompue du monde encore organisée de nos jours.
Quelle que soit la part de conte, mythe ou histoire, il y a toujorus eu un respect commun entre lutteurs à l'huile. Le pehlivan est plus fort que quiconque, ayant un corps bien bâti, vêtu d'un lourd pantalon de cuir. Jusqu'à aujourd'hui, les lutteurs se versent de l'huile sur le corps. Et lorsqu'un jeune lutteur défait un plus âgé, il embrasse la main du vieux lutteur en signe de respect.
7.3 - Les Ottomans pactisent et s'inspirent des Perses
D'après l'historien, le mot pehlivan était anciennement utilisé pour désigner un officier, gouverneur ou grande et honnête personne. A partir du XVIème siècle, le terme fut exclusivement utilisé dans l'Empire Ottoman pour désigner les lutteurs sportifs.
C'était à l'époque de Süleyman Ier, connu à travers le monde sous le surnom de "Le Magnifique", y compris parmi de grands noms tels que Charles V (Empereur du Saint Empire — régnant sur l'Espagne, l'Allemagne et une partie de l'Italie), Henry VIII (Roi d'Angleterre de la dynastie Tudor), et François Ier (Roi de France de la dynastie Valois).
Süleyman, connu dans son propre pays sous le surnom de "kanuni", le Législateur, régna de 1520 à 1566, et c'est son fils Selim II qui lui succéda, pour lequel Mimar Sinan contruisit la mosquée Selimiye à Edirne, considérée comme la plus belle mosquée de Turquie.
Mais plus encore, ce fut l'ère de Murat III (1574–1595). Sous son règne, l'Empire Ottoman atteint la plus vaste étendue géographique de son histoire.
En 1590, un traité de paix fut signé entre Murat III et le Shah de Perse. Le modèle des pantalons de cuir date de cette époque. Le modèle est toujours en usage que ce soit pour les "pahlivan" iraniens ou les "pehlivan" turcs, à la seule différence que les pantalons d elutte turcs sont fait de cuir et appelés "kispet", tandis que les pahlivan iraniens portent des "pirpet", fait de soie ornée de motifs traditionnels.
De fameux lutteurs vinrent d'Iran à Istanbul pour se mesurer aux champions ottomans et des champions turcs furent invités en Perse pour montrer leur force.
7.4 - Recrutement des hommes fortsAvant 1582, toutes les recrues provenaient des prisonniers de guerre ou des esclaves, par le système du devşirme ou devshirme (des enfants chrétiens enlevés à leurs famille et enrôlés de force dans l'une des quatre institutions : serviteurs du palais, scribe, religieux ou militaire). Grâce au devshirme, les meilleurs et les plus forts des garçons étaient recrutés dans toutes les provinces de l'Empire Ottoman. Seulement les plus forts et en meilleure santé avaient une chance de devenir pehlivan.
L'influence des Iraniens sur le sport a dû être très important puisqu'en Turquie, le départ traditionnel d'un combat de lutte à l'huile est encore appelé "peshrev"; un mot de langue perse. Et quelles que soient les réformes de la langue turque, en Turquie un lutteur est toujours appelé "pehlivan", ce qui signifie "héros" en perse.
Des championnats de lutte étaient tenus partout dans l'Empire Ottoman. Chaque ville et chaque village avait son tournoi annuel, comme aujourd'hui. La lutte apparaissait dans une grande variété de contextes, incluant des événements sociaux et des cérémonies. Il y avait de la lutte pour les jours de fêtes religieuses, pendant les soirées du mois de jeûne musulman, le Ramadan, lors des foires agricoles, des circoncisions et des mariages. Lors d'occasions spéciales, des compétitions de lutte de charité étaient organisées en dehors des palais. Seuls les meilleurs lutteurs étaient acceptés comme membre du corps d'élite des Janissaires.
8 - Lutte en Inde
Les différents styles de lutte qui existent à travers toute l'Inde et sont génériquement appelés en sanskrit "malavidya" ou "science de la préhension". Le véritable combat de lutte est appelé "malla-yuddha" dans le nord et "malyutham" dans le sud, tandis que le mot "malakhra" fait référence à la lutte comme un sport. Le Malla-yuddha a été codifié en quatre formes qui vont du concours de force purement sportif jusqu'au combat sans règle connu sous le nom de "yuddha". Etant donné son extrême violence, la dernière forme n'est généralement plus pratiquée. La deuxième forme, dans laquelle les lutteurs essaient de se soulever de terre les uns les autres pendant trois secondes, existe encore dans le sud de l'Inde. Malla-yuddha a pratiquement disparu dans le nord où il a été supplanté par le style pehlwani importé par la dysnastie musulmane des Moghol. Le Vajra-musti était un autre art martial dans lequel les compétiteurs luttaient tout en portant une sorte de ceste ou poing américain (parfois orné de pointes). Dans une variation plus tardive, les duellistes combattaient avec un bagh nakh (couteau à lame courbe).
De nombreux styles de lutte traditionnelle existent également dans les zones rurales de l'Inde, telle que le mukna de Manipur et la lutte Inbuan de Mizoram.
8.1 - Pehlwani (Urdu پہلوانی; Hindi: पहलवानी; or kushti; Urdu کشتی; Hindi कुश्ती) est un style indien de lutte populaire en Inde, au Pakistan et au Bangladesh. Il s'est développé au temps des Moghol par la synthèse du malla-yuddha indien et du Varzesh-e Pahlavani perse.
Un pratiquant de ce sport est appelé Pehlwan, ou Pahalwan, tandis que les isntructeurs sont connus comme des Ustaad, ou gourou pour les enseignants Hindous. Les champions invaincus de l'Inde portent le titre de Rustam-i-Hind, ce qui signifie "le Rostam de l'Inde", en référence au héros de l'épopée perse Shahnameh : Rostam.
Avec le temps, les méthodes d'entraînement venues d'Occident et la nomenclature d'Iran et d'Europe ont été introduites dans le Pehlwani. Des compétitions de lutte, connues sous le terme de dangals, sont tenues dans les villages et peuvent avoir leurs propres variantes de règles. Habituellement, la victoire est accordée par décision d'un groupe de juges, par mise hors combat (knockout), par arrêt de l'arbitre ou soumission.
8.2 - HistoireL'ancienne forme de lutte d'Asie du Sud, appelée malla-yuddha, est pratiquée au moins depuis le Vème siècle avant JC et décrite dans le traité du XIIIème siècle Malla Purana. C'est le style précurseur du pehlwani moderne. Au XVIème siècle, l'Inde fut conquise par les Moghol d'Asie centrale, d'origine mongole et officiellement de culture perse. Ils apportèrent les influences de la lutte perse et de la lutte mongole au style local malla-yuddha, créant de ce fait le pehlwani moderne.
Dans un récent passé, l'Inde a eu de grands lutteurs de la classe du "Great Gama" (de l'Inde Britannique et, après la partition, du Pakistan) et de Gobar Goho. L'Inde atteint le pic de sa gloire lors des IVèmes Jeux d'Asie (plus tard nommés Jeux de Jakarta) en 1962 quand tous les sept lutteurs indiens engagés atteingnirent les podiums et à eux tous gagnèrent 12 médailles dans les styles de lutte libre et gréco-romaine. Cette performance fut répétée lorsque tous les 8 lutteurs envoyés aux Jeux du Commonwealth orgénisés à Kingston, en Jamaïque, ont reçu des médailles pour leur pays. Dans les années 1960, l'Inde était classée parmi les 8 ou 9 meilleures nations du monde et organisa même les Championnats du monde de lutte à New Delhi en 1967.
Les pehlwans qui participent aux compétitions de lutte de nos jours sont connus pour pratiquer aussi d'autres sports de préhension comme le judo et le jujutsu. Les lutteurs légendaires tels que Karl Gotch (qui participa aux Jeux Olympiques de 1948 puis fut professionnel dans les années 1950-1960) ont fait des tournées en Inde pour étudier l'art des pehlwani et leurs techniques spécifiques. http://en.wikipedia.org/wiki/Karl_Istaz
Karl Gotch reçut d'ailleurs en cadeau une paire de "mudgals" (équipement utilisé par les lutteurs indiens). Les exercices physiques du pehlwani furent ensuite incorporés dans l'entraînement à la fois du catch (combats simulés) et du shootwrestling (combat réel), et leurs dérivés. Ces systèmes ont aussi emprunté plusieurs projections, soumissions et amener au sol du pehlwani.
8.3 - Entraînement
Dans la lutte indienne, le "vyayam" ou entraînement physique signifie de dévelepopper la force, la musculature et la souplesse. Les exercises qui utilisent le propre poids du corps du lutteur sont le "Surya Namaskara", le "shirshasan", et le "dand", qu'on trouve aussi dans le "hatha yoga", ainsi que dans le "bethak". Sawari (du persan "savâri", signifiant "le passager") est la pratique consistant à utiliser le poids de corps d'une autre personne pour ajouter de la résistance à de tels exercices.
Différents exercices peuvent aussi inclure des objets suivants :
- le "na"l est une pierre cylindrique avec une poignée à l'intérieur.
- le "gar nal" (poids pour le cou) est une pierre circulaire (anneau) portée autour du cou pour ajouter de la difficulté aux exercices de "dands" et "bethaks".
- le "gada" est une massue associée au dieu-singe Hanuman. Un exercice de "gada" consiste à soulever une lourde pierre attachée à l'extrêmité d'un bambou d'unmèter de long. Les trophées de Pahalwani ont la forme de ces "gadas" mais en argent ou en or.
- Les exercices de préparation physique peuvent également inclure les "dhakulis" qui sont des torsions, rotations, du grimper de corde, de la course, etc. Le massage est considéré comme une partie essentielle de la préparation des lutteurs indiens.
8.4 - Alimentation
D'après lécole de philosophie Samkhya, tout dans l'univers—y compris les humains, leurs activités et la nourriture—peuvent être classés en trois "gunas" : "sattva" (calme/bon), "rajas" (passionné/actif), et "tamas" (terne/léthargique).
En tant qu'activité vigoureuse, la lutte a une nature inhérente "rajasique", ce qui implique que les pahalwan devront consommer de la nourriture "sattvique". Le lait et le "ghee" qui sont considérés comme les aliments les plus "sattvique", constituent avec les amandes la sainte trinté du "khurak pahalwani" (du persan خوراک پهلوانی, khorâk-e Pahlavâni), ou diète. Un repas typique pour un pahalwan sont les pois chiches qui ont mariné une nuit dans l'eau et assaisonnés de sel, poivre et de citron ; l'eau dans laquelle les pois chiches ont mariné est également considérée comme nutritive. Le Kushti Bhartiya, mensuel de lutte Indien, recommande la consommation des fruits suivants : pommes, bois-pommes, bananes, figues, grenades, groseilles, citrons et pastèques. Jus d'orange et légumes verts sont également recommandés pour leur nature "sattvique". Certains pahalwan mangent de la viande en dépit de sa nature "rajasique".
Idéalement, les lutteurs sont censés éviter les aliments amers et excessivement épicés comme chatni et achar ainsi que chaat. Assaisonnement doux avec l'ail, cumin, coriandre et le curcuma est acceptable. La consommation d'alcool, tabac et paan est fortement déconseillée.
8.5 - Titres indiens en lutte
- Rustam-i-Hind: (aussi appelé Rustam-e-Hind) : champion de lutte de l'Inde en Hindoustani. Imam Baksh Pahalwan, Hamida Pahalwan, Dadu Chaugle et Harishchandra Birajdar de Maharashtra ont détenu ce titre de Rustam-I-Hind dans le passé.
- Rustam-e-Punjab : (ou Rustam-I-Punjab) : champion du Punjab en Hindustani. Pehalwan Salwinder Singh Shinda a été six fois Rustam-e-Punjab.
- Rustam-i-Zamana: Champion du monde de lutte en Hindustani. Le Grand Gama est devenu Rustam-I-Zamana quand il a battu Stanislaus Zbyszko en 1910.
- Bharat-Kesri: Meilleur lutteur poids lourd en Hindi. Les récents vainqueurs de ce titre incluent Rajeev Tomar (1m75, 90kg puis - de 120kg; vainqueur des Jeux du Commonwealth en 2007; employé des chemins de fer) et Palwinder Singh Cheema (1m95, 122kg, champion du monde junior en 2001, vainqueur des Jeux du Commonwealth en 2002, 2003 et 2005; de la police du Punjab).
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Le terme "yuddha",utilisé parmi les Indiens pour désigner le combat total, a très certainement inspiré George Lucas.
Le créateur de la saga Star Wars a effectué d'autres emprunts à cette culture, notamment le mot "Jedi" qui fait référence à la famille Jethi, spécialiste de lutte et de vajra-musti (le "poing de diamant").
Enregistrer un commentaire