Cela devait arriver un jour : Fedor Emelianenko (1m83, 104kg) a perdu son titre de "meilleur combattant du monde" en ce mois de juin 2010.
Faute d'un organisme qui fasse l'unanimité dans les arts martiaux mixtes, c'est ainsi qu'on désignait "The Las Emperor" depuis sa conquête du titre des poids lourds lors du Pride Fighting Championship de mars 2003 contre Antonio Rodrigo "Minotauro" Nogueira. Malgré la dissolution du Pride FC et la (re)montée en puissance de l'Ultimate Fighting Championship, Fedor Emelianenko était resté le maître incontesté surfant sur diverses organisations. Après avoir facilement vaincu d'anciens champions de l'UFC, il s'apprêtait à conquérir une nouvelle ceinture (celle du Strike Force) mais le combat préliminaire au titre lui fut fatal.
Son tombeur est un ancien double champion du monde de jiu-jitsu brésilien (2003 et 2004) et l'actuel double champion du monde poids lourds de grappling (2007 et 2009) : Fabricio Werdum (1m94, 108kg). En arts martiaux mixtes, son palmarès est bon (14-4-1) mais pas extraordinaire puisqu'il compte des défaites contre Sergei Kharitonov (aux points, en 2005), Antonio Rodrigo Nogueira (aux points, en 2006), Andrei Arlovski (aux points, en 2007) et Junior Dos Santos (par TKO en 1'21'', en 2008).
Deux des trois premiers combattants à avoir vaincu Werdum étant d'anciennes victimes du Tsar, on ne lui donnait aucune chance de détrôner Fedor. Effectivement, dès les premières secondes, Werdum est touché dans un échange de coups de poings et va au sol. Fedor se précipite pour achever au plus vite le combat, tombe dans le triangle des jambes de son adversaire à l'agonie, en sort immédiatement ... mais y retourne et cette fois-ci Werdum verrouille l'étranglement. Le combat s'achève déjà, en 1'09'' !
Cette victoire fait de Fabricio Werdum le champion linéaire mais il n'est pourtant détenteur d'aucune ceinture ! En effet, le détenteur de la ceinture du Strike Force est toujours Alistair Overeem (que Werdum a battu par clé de bras en 2006). Les deux hommes doivent se retrouver face-à-face lors de leur prochain combat.
Pourtant, ce titre n'est pas le plus prestigieux. Depuis quelques années, la société Zuffa, propriétaire de l'UFC, rachète tous les concurrents et attire ainsi les meilleurs combattants dans son giron. Ainsi, les champions de l'UFC sont incontestablement les meilleurs dans les différentes catégories de poids :
- 70kg : BJ Penn (Hawaï, Etats-Unis)
- 77kg : George Saint-Pierre (Canada)
- 84 kg : Anderson Silva (Brésil)
- 93 kg : Mauricio "Shogun" Rua (Brésil)
Seule la situation chez les poids lourds semblait indécise. Certes Brock Lesnar était un champion au gabarit impressionnant (1m91, 121 kg) mais avec un maigre palmarès en arts martiaux mixtes : 5-1. La chute de Fedor Emelianenko le propulse en tête des classements ... mais n'en fait pas pour autant le champion linéaire.
En 1993, Royce Gracie avait été le premier champion de l'ère moderne. En 1995, il avait concédé un match nul face à Ken Shamrock avant de se retirer. Ce dernier s'était automatiquement auto-proclamé champion mais avait par la suite perdu ses titres au Japon en Pancrase et aux Etats-Unis à l'UFC. C'est finalement le Néerlandais Bas Rutten qui "réunifia" ce titre en s'empara de la ceinture de l'UFC en 1999 après avoir été champion du Pancrase quelques années plus tôt. Mais Bas Rutten se retira sur ce succès obtenu contre le lutteur Kévin Randleman.
On assista alors à l'organisation du tournoi le plus prestigieux de l'ère moderne : le Pride Grand Prix 2000 qui couronna Mark Coleman. Celui-ci conserva son titre jusqu'en 2001. Puis ce fut au tour du "Minotaure", Antonio Rodrigo Nogueira, de régner, jusqu'en 2003 et le début du long règne de Fedor Emelianenko.
A bien y regarder, Fedor Emelianenko n'a donc dominé son sport "que" 7 années. C'est certes très bien mais pas unique dans l'histoire des sports de combat. Il faudra donc se souvenir de lui comme le premier grand champion des arts martiaux mixtes modernes, au milieu d'autres champions éphémères qui n'auront tout au plus régné qu'un ou deux ans.
Depuis sa défaite au championnat du monde de sambo combat 2009, contre le Bulgare Blagoi Ivanov, la fin du règne de Fedor Emelianenko se faisait sentir. Mais pas contre Fabricio Werdum. La logique sportive voudrait qu'on accorde une nouvelle chance à Fedor. Mais est-ce que ce sera suffisant pour qu'on le traite encore comme le meilleur ? Est-ce qu'il ne sera finalement pas obligé d'accepter les conditions de l'UFC (contrat d'exclusivité) ?
Voilà en tout cas une défaite qui ouvre de nouvelles perspectives dans une catégorie de poids où plus rien d'intéressant ne semblait vouloir se passer.
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