dimanche 30 août 2009

Tournois imaginaires en sports de combat (3)

Imaginons qu'on prenne les huit meilleurs pancratiastes et combattants polyvalents de l'Histoire (ayant conquis des titres en lutte et pancrace, ou en boxe et pancrace, etc) et qu'on les oppose dans un tournoi du type "arts martiaux mixtes" moderne, à élimination directe.
Quels appariements seraient les plus intéressants ? Quels seraient les vainqueurs des quarts de finale ? Puis des demi-finales ? Et enfin le grand vainqueur ?

Voici les huit meilleurs listés chronologiquement, avec leur(s) style(s) et les années de leurs sacres olympiques (c'est-à-dire des victoires les plus prestigieuses de leur règne long d'au moins dix années) :

- Arrhichion de Phigaleia (pancrace) 572 ; 568 ; 564 av. JC
- Théagènes de Thasos (pugilat et pancrace, estimé à 1m88, 100kg) 480 av. JC (pugilat) ; 476 av. JC (pancrace)
- Dorieos de Rhodes (pancrace, 1m78, pour un poids estimé de 109kg) 432 ; 428 ; 424 av. JC
- Sostratos de Sikyon (pancrace) 364 ; 360 ; 356 av. JC
- Astyanax de Milet (pancrace) 324 ; 320 ; 316 av. JC
- Kleitomachos de Thèbes (pancrace, pugilat et lutte) 216 av. JC (pancrace) ; 212 av. JC (pugilat)
- Straton d'Alexandrie (lutte et pancrace) 68 av. JC (deux titres : lutte et pancrace) ; 64 av. JC (lutte)
- Archibius d'Alexandrie (pancrace et lutte) 101 ; 105 ap. JC

Puis, juste un ton au-dessous :
- Timasithéos de Delphes (pancrace) 516 et 512 av. JC à Olympie
- et Marcus Aurelius Demostratus Damas de Sardis (pancrace et pugilat) 173 ; 177 ap. JC (pancrace)

8 commentaires:

Je a dit…

Appariement chronologique :

- Arrhichion de Phigaleia, premier triple vainqueur olympique en pancrace (572 ; 568 ; 564 av. JC) contre Théagènes de Thasos, premier double vainqueur olympique dans deux disciplines martiales différentes (pugilat et pancrace, respectivement en 480 av. JC et 476 av. JC).

Le premier était plus spécialiste du sol (étranglement, clés articulaires) tandis que le second était essentiellement un pugliste, mai strès polyvalent (fort, rapide, très actif).

- Dorieos de Rhodes, triple vainqueur olympique de pancrace (en 432, 428, 424 av. JC), issu d'une lignée de champions olympiques de pugilat ou de pancrace, contre Sostratos de Sikyon, lui aussi triple vainqueur olympique de pancrace (en 364 ; 360 ; 356 av. JC) surnommé "le briseur e doigt".

Il faut regarder le reste du palmarès pour départager ces deux redoutables champions. Ce sera aussi la stratégie du combat (aliptes d'expérience pour Dorieos) contre la brutalité de Sostratos.

- Astyanax de Milet, triple vainqueur olympique de pancrace (324 ; 320 ; 316 av. JC), tellement fort qu'il s'entraînait avec un taureau, contre Kleitomachos de Thèbes, le plus complet de tous les combattants antiques (couronné en pancrace, pugilat et lutte aux Jeux Isthmiques), double vainqueur olympique en 216 av. JC (pancrace) ; 212 av. JC (pugilat).

La force (Astyanax) contre la technique (Kleitomachos).

- Straton d'Alexandrie, le plus illustre des double vainqueurs olympiques (lutte et pancrace le même jour), couronné en 68 av. JC (lutte et pancrace) et 64 av. JC (lutte), contre Marcus Aurelius Demostratus Damas de Sardis, excellent tant en pancrace qu'en pugilat, et couronné aux Jeux Olympiques en pancrace lors des éditions de 173 et 177 ap. JC.

Opposition de styles : lutte (Straton) et pugilat (Demostratus). Début du combat à l'avantage du Romain et fin du combat à l'Avantage de l'Egyptien.

Je a dit…

Arrhichion devait avoir une force mentale (volonté) extraordinaire car, pris dans un étranglement arrière lors de sa troisième finale olympique, il préféra arracher l'abandon de son adversaire sur une clé de cheville plutôt que d'abandonner lui-même. Il réussir puisque l'autre finaliste leva la main en signe de renoncement mais ... Arrhichion mourut étouffé ! Les juges se concertèrent et lui accordèrent, fait exceptionnel, la victoire posthume.

Cette soif de vaincre aurait-elle été suffisante face au légendaire Théagènes de Thasos ? Ce champion livra entre 1200 et 1400 combat durant sa carrière. Le premier, il fit tomber les cloisons entre les disciplines. Athlète lourd, il remporta une course d'endurance à Phthia, patrie du mythique Achille. Pugiliste exceptionnel, il profita d'une exclusion infligée par les hellanodices pour s'attaquer (avec succès) aux concours de pancrace. Sa gamme technique devait s'apparenter à celle des boxeurs thaï plus que des boxeurs d'anglaise.

Comme à l'époque archaïque, les premiers tours des tournois de pancrace avaient lieu sous les règles de l'ano pankration (sans poursuite du combat au sol), on peut imaginer que Théagènes était avantagé. Il ne remporta certes pas 3 victoires à Olympie (seulement 2) mais quand même 3 à Delphes, et surtout 10 à Corinthe et 9 à Némée.

Victoire par KO sanglant de Théagènes face à un Arrhichion qui refuse d'abandonner.

Je a dit…

Quart de finale serré entre deux triples vainqueurs olympiques : Dorieos de Rhodes (432, 428, 424 av. JC) et Sostratos de Sikyon (364 ; 360 ; 356 av. JC).

Le style de Dorieos devait s'apparenter à celui de son père Diagoras, vainqueur olympique en pugilat, mais en boxe plus ramassée (1m78 pour Dorieos contre 1m89 pour son père).

Je a dit…

Le style de Sostratos, par contre, devait plus tenir du lutteur Leontiskos de Messene, connu lui aussi pour ses saisies aux doigts.

Belle opposition donc entre un pancratiaste plutôt frappeur et un autre plutôt lutteur debout (à la poigne terrible).

Pour les départager, on doit regarder leurs palmarès respectifs dans le détail.
Titres aux Jeux Olympiques : Dorieos 3, Sostratos 3.
Titres aux Jeux Pythiques : Dorieos 4, Sostratos 2.
Titres aux Jeux Isthmiques : Dorieos 8, Sostratos 6.
Titres aux Jeux Néméens : Dorieos 7, Sostratos 6.

Vainqueur probable : Dorieos de Rhodes !

Je a dit…

La domination d'Astyanax de Milet sur le pancrace fut totale pendant une douzaine d'années. Non seulement il conquit les titres olympiques (en 324, 320 et 316 av. JC), mais il fut aussi un des rares (le 8ème très exactement) à s'emparer des 6 titres de la Période. Il fut donc au moins une fois périodonique, peut-être même trois fois (les textes historiques ne sont pas clair).

Par contre, Kleitomachos de Thèbes, bien que plus complet techniquement (couronné en pancrace, pugilat et lutte aux Jeux Isthmiques), ne fut jamais périodonique. Il ne gagna jamais les Jeux Néméens et fut battu dans sa propre discipline, la pancrace, par le lutteur Kapros d'Elis, qui ainsi réussit le doublé olympique en 212 av. JC ("le deuxième après Héraklès).

Ainsi, même si le règne de ces deux champions est pareillement estimé à 12 années, celui d'Astyanax fut plus intense.
Le physique "de taureau" l'emporterait sur la variété technique de Kleitomachos.
Serré quand même ...

Je a dit…

De tous les vainqueurs olympiques qui réussirent le doublé lutte-pancrace à Olympie, Straton d'Alexandrie est le seul à être revenu pour remporter une troisième couronne d'olivier. Peut-être est-ce dû à la façon chanceuse dont il s'imposa la première fois en lutte : juste avant la finale, deux de ses adversaires furent disqualifiés pour tricherie. Mais il revint et gagan, cette fois, sans qu'on puisse en rien diminuer son mérite. De toute façon, il était exceptionnel depuis ses premières années de compétition puisqu'il avait un jour réussi un quadruplé : lutte et pancrace dans deux catégories d'âge, le même jour ! Il s'imposa aussi à Delphes, lors de deux éditions, en 70 et 66 avant JC mais il n'est pas précisé s'il y réussit des doublés. Probablement au moins un ! En bref : un palmarès énorme. L'un des plus impressionnants de son époque.

Mais le plus impressionnant de la période romaine, fut celui d'Archibius d'Alexandrie. Son compatriote !

Moins éclectique, car essentiellement pancratiaste, il remporta néanmoins un succès en lutte sur le site prestigieux de Delphes (en plus de ses trois en pancrace). Et quatre titres à Rome, lors de l'Agon Capitolin.

Je a dit…

L'adversaire retenu pour affronter Straton d'Alexandrie dans cette simulation est Archibius d'Alexandrie (pancrace et lutte, titres olympiques en 101 et 105 ap. JC) plutôt que Marcus Aurelius Demostratus Damas de Sardis (pancrace et pugilat) titres olympiques en 173 et 177 ap. JC en pancrace).

En effet, Demostratus, en plus de ses deux succès olympiques (comme Archibius), conquit 3 couronnes à Delphes (contre 4 à Archibius), 5 couronnes à l'Isthme de Corinthe (ce qui est mieux qu'archibius puisque ce dernier n'y gagna jamais), 2 à Némée (contre 4 à Archibius) et fut deux fois vainqueur lors de l'Agon Capitolin (alors qu'Archibius gagna 4 fois).

Sur ces cinq compétitions majeures, Archibius a fait mieux que Demostratus 3 fois, pareillement 1 fois, et moins bien 1 fois.
Avantage à Archibius.

Je a dit…

Straton fils de Korrhagos d’Alexandrie réalisa son doublé lutte/pancrace en 68 av. JC. Il avait également remporté quatre victoires le même jour (doublés lutte/pancrace catégorie «enfants» et catégorie «imberbes») aux Jeux Néméens. Est revenu à Olympie en 64 av. JC pour y emporter une nouvelle victoire (en lutte ? … peut-être pour lever le doute quant à sa précédente victoire obtenue alors que deux de ses concurrents avaient été disqualifiés pour corruption). A été périodonique (chez les «adultes» comme l’indiquent ses titres olympiques) ce qui implique plusieurs victoires isthmiques et néméennes dans cette catégorie d’âge. A remporté notamment des titres pythiques en 70 et 66 av. JC. Il fit fortune et se construisit une palestre à Aigion pour s’y entraîner. Il remporta même plus tard des courses hippiques dans de grands Jeux, signe de son opulence.

Règne estimé à 12 années (mais peut-être 14 s'il réalisa non pas un mais deux doublés "lutte - pancrace" à Delphes).