Exemple caractéristique de désaccord sur l'utilisation des bénéfices.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a indiqué ce matin que les profits des entreprises se divisaient en deux: entre «les dividendes et l'auto-financement». Pas en trois, selon la règle énoncée par Nicolas Sarkozy lors de sa dernière intervention télévisée en date.
Dans de nombreuses entreprises, les syndicats, qui ont débuté les négociations salariales annuelles, réclament - sans illusions toutefois - d'appliquer la «règle» énoncée par le Président : un tiers des bénéfices versés aux salariés en plus de leur salaire, un tiers aux actionnaires, un tiers réinvesti. Pas du tout, répond la patronne des patrons. «Les profits distribuables se décomposent en deux : en dividendes qui doivent être versés à l'actionnaire, et en auto- financement qui sert soit à l'investissement, soit pour renforcer les fonds propres», a souligné Laurence Parisot.
Selon Parisot, «seul l'actionnaire peut décider du montant des dividendes» car cela relève de son «droit de propriété», a-t-elle ajouté, sous-entendant qu'il n'était ni du ressort de l'Etat, ni des syndicats d'en décider. L'exemple de Total est venu confirmer cette réalité. Avec ses bénéfices records, le groupe pétrolier a fait le choix d'augmenter les dividendes (part reversée aux actionnaires) de 10%.
Pour autant, selon la présidente du Medef, les entreprises françaises «n'ont pas à rougir de la part de valeur ajoutée consacrée à la rémunération du travail». Et de détailler: en 2007, «72 milliards d'euros ont été versés aux actionnaires», «147 milliards ont servi à l'auto-financement» des entreprises et «672 milliards ont été consacrés à la masse salariale». Autrement dit, aux salaires versés aux salariés.
C'est une position logique de la part de Laurence Parisot qui représente les chefs d'entreprises, ceux qui prennent des risques, et les actionnaires qui investissent uniquement dans le but de toucher des dividendes. Comme ils sont les propriétaires, c'est compréhensible qu'ils votent au mieux pour eux. La seule façon d'inverser la tendance serait que les travailleurs soient eux aussi co-propriétaires de leur entreprise, en achetant des actions et en votant pour la répartition des profits.
De la part de Nicolas Sarkozy, qui est un élu, il est tout aussi logique de conseiller, d'inciter les entreprises à "faire du social", pour la paix sociale, pour l'économie nationale, d'influencer les décisions du privé par des mesures fiscales voire d'imposer de "nouvelles règles du jeu" avec des lois, à condition que l'Assemblée Nationale valide les projets de l'exécutif.
En résumé, "chacun prêche pour sa paroisse". Ce n'est sans doute pas moral mais c'est ... normal.
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