C’est à la fin du VIIIème siècle que l’empereur Kammu, désireux d’échapper à l’influence d’un clergé bouddhique aux ambitions de plus en plus affirmées, quitta sa capitale de Nara(Heijo-Kyô) pour s’installer à Nagaoka en 784 puis, dix ans plus tard, à Yamashiro, la nouvelle ville-capitale (Kyô-to) rebaptisée Heian-Kyô, « la capitale de la paix tranquille ». La ville demeura le centre politique du Japon pendant plus d’un millénaire et soixante-douze empereurs s‘y succédèrent jusqu’en 1868, l’année qui vit le début de la révolution des Meiji, la vaste métamorphose qui allait faire de l’archipel nippon un pays moderne n’ayant rien à envier aux puissances occidentales. Alors que les empereurs, considérés comme des dieux vivants, demeuraient à l’écart de la vie des peuples l’autorité politique réelle passa successivement à diverses grandes familles. Les clans Fujiwara, Taira, ou Minamoto se disputèrent ainsi le pouvoir et, à la fin du XIIème siècle, les régents sinstallèrent à Kamakura avant que Tokugawa Ieyasu ne transfère, en 1603, le siège du gouvernement à Edo devenue Tokyô, la « capitale de l’est », que ralliera, au XIXème siècle, l’empereur Mutsu Hito.
Installée entre les rivières Kamo (à l’est) et Katsura (à l’ouest), la ville de Kyotô, située au fond d’une petite plaine du centre de Honshu, fut construite - comme Chang’an, la capitale chinoise - selon un plan en échiquier, sur un espace quadrangulaire de cinq kilomètres du nord au sud et de quatre kilomètres et demi d’est en ouest. Dépourvue d’enceinte, elle s’agrandit rapidement vers l’ouest, l’est et le sud, au point de compter, au XVIIème siècle, jusqu’à six cent mille habitants. Une large avenue, encadrée à son début par deux temples bouddhiques, le Tô-ji (de l’est) et le Sai-ji (de l’ouest), était orientée du sud au nord et aboutissait au palais impérial. Avec ses habitations construites pour la plupart en bois, Kyotô fut touchée à seize reprises par les incendies entre le Xème et le XIIIème siècle, puis fut complètement dévastée lors des guerres de la fin du XVème siècle. Il fallut attendre Oda Nobunaga, Toyoyomi Hideyoshi et, surtout, Tokugawa Ieyasu les fameux seigneurs de la guerre qui se disputèrent le pouvoir au tournant des XVIème et XVIIème siècles pour que la cité retrouve enfin son ancienne prospérité. Préservée des bombardements américains durant la seconde guerre mondiale, cette ville universitaire compte aujourd’hui de nombreux musées, abrite trente huit « trésors nationaux » et cent soixante « biens culturels importants» auxquels s’ajoutent dix jardins, ce qui justifie amplement son classement dans la liste des sites du Patrimoine mondial de l’Humanité établie par l’Unesco. Fréquemment restaurés notamment aux XVIIème et au XIXème siècles, des monuments dont l’origine remonte pour certains au VIIIème siècle témoignent encore de l’importance religieuse qui fut celle de Kyotô. On retiendra plus particulièrement le To-ji, les lieux de pélerinage shintoistes de Kamigamo et Shimogamo. L’Enryaku-ji fut fondé en 788 par le moine Saicho, qui introduisit au Japon la secte bouddhiste Tendai. Il faut ajouter le Ninna-ji où l’empereur Uda deviendra moine bouddhiste après avoir renoncé au pouvoir. Le Saiho-ji abrite des jardins typiques des temples zen et il en va de même du Tenriyu-ji. Enfin le nijo-jo, construit en 1603, est considéré comme le chef d’oeuvre d’architecture résidentielle des débuts de l’époque Tokugawa.
Découvrir le Japon avec Clio
mardi 8 juillet 2008
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