mercredi 20 avril 2016

Amazones du Dahomey

Les Amazones du Dahomey ou Mino sont un ancien régiment militaire entièrement féminin Fon du Royaume du Dahomey (actuel Bénin) qui a existé jusqu'à la fin du XIXe siècle. Elles sont nommées ainsi par les Occidentaux et les historiens à cause de leurs similitudes avec les mythiques Amazones de l’ancienne Anatolie.

Origines

Le roi Houegbadja (qui gouverne de 1645 à 1685), troisième roi du Dahomey, est censé être à l'origine de la création du groupe qui devient ensuite les Amazones, un corps de chasseurs d'éléphant appelé gbeto1. Durant le XVIIIe siècle, le roi entraîne certaines de ces femmes à devenir gardes du corps.
La reine Tasi Hangbè (ou Nan Hangbe), sœur jumelle d'Houessou Akaba, règne sur le royaume du Dahomey de 1708 à 1711 après la mort soudaine d'Akaba en 1708. Elle est la vraie créatrice du corps des amazones du Dahomey, comme régiment combattant, intégré aux armées professionnelles du royaume.
Lors d'une campagne contre les voisins ouémènou du royaume, elle prend la tête de l'armée, travestie - pour galvaniser ses troupes - à l'image de son frère jumeau défunt, Akaba. Elle a été largement effacée de l'histoire officielle du Dahomey, sous le roi Agadja son successeur, dont les partisans obligent la reine à abdiquer.
Le fils de Houegbadja, Agadja (roi de 1708 à 1732), développe le groupe de femmes gardes du corps en une milice et les utilise avec succès pour vaincre le royaume de Savi en 1727.
Les marchands européens notent leur présence ainsi que celle d'autres femmes guerrières parmi les Ashantis. Durant les années suivantes, les guerrières acquièrent une réputation de combattantes sans peur. Elles combattent rarement, mais avec vaillance.
Le groupe de femmes guerrières est appelé Mino, ce qui signifie « nos mères » en langue fon, par l'armée masculine du Dahomey. À l'époque du roi Ghezo (qui gouverne de 1818 à 1858), le Dahomey se militarise de plus en plus. Ghezo donne une grande importance à l'armée, augmente son budget et améliore sa structure. Les Mino sont entraînées, obtiennent des uniformes et sont équipées avec des fusils danois (obtenus via le commerce des esclaves). À ce moment les Mino sont entre 4 000 et 6 000 femmes et représentent environ le tiers de l'armée du Dahomey.

Recrutement

Seh-Dong-Hong-Beh, une chef des Amazones (gravure de Frederick Forbes réalisée en 1851).
 
Les Amazones sont sélectionnées parmi les enfants d'esclaves et seules les jeunes filles sont gardées, affranchies et entrent au harem du roi. Après une formation, elles intègrent le corps des femmes de guerre du roi, l'"Agoledjié". Les Dahoméens les surnomment "Minos", c'est-à-dire les femmes du roi. Certaines femmes de la société fon deviennent minos volontairement alors que d'autres sont enrôlées de force. Tous les 3 ans, les sujets du roi doivent présenter leurs filles devant un conseil de révision qui désignent celles admises dans la maison du roi. Elles deviennent soldats ou officiers selon le rang social de leur famille. Tant qu'elles sont minos, les femmes ne sont pas autorisées à avoir des enfants ou à être mariées mais elles peuvent être offertes aux meilleurs guerriers ou choisit comme épouse par le roi2. Beaucoup d'entre elles sont vierges. Le régiment a un statut semi-sacré qui est fortement lié à la croyance du peuple fon au vaudou.

Composition

Le corps des "Minos" est composé d'environ 5000 guerrières réparties en 3 brigades de plusieurs régiments et il est commandé par une femme s'étant illustrée au combat. La hiérarchie comprend des officiers ("gahu"), des sous-officiers ("aouaigan") et de simples soldats.
Elles sont regroupées en bataillons qui marchent à proximité du roi et ne combattent que sur son ordre. Un bataillon est divisé en 5 catégories de combattantes :
  • les "agbaraya", armées de tromblons
  • les "gbeto", qui chassent l'éléphant
  • les "nyckphehthentok", qui sont chargées de l'équarrissage
  • les "galamentoh", armées de Winchester
  • les archères avec leurs flèches empoisonnées
Leur entraînement est sommaire et ne consiste qu'en de longues marches et de gigantesques danses lors des fêtes royales. De toute manière, leur stratégie n'obéit qu'à une seule règle : tuer sans se soucier de sa propre vie2. Pour cela, elles s'enivrent d'alcool avant le combat. Les captifs des Amazones sont généralement décapités.

Conflit avec la France

L'invasion de l'Afrique de l'Ouest par les Européens s'accélère dans la seconde moitié du XIXe siècle et, en 1890, le roi Behanzin commence à combattre les forces françaises au cours de la Première Guerre du Dahomey. Selon Holmes, beaucoup de soldats français hésitent avant de tirer ou de charger à la baïonnette les mino. Cette hésitation provoque la mort de nombreux soldats français.
Cependant, selon certaines sources, l'armée française perd plusieurs batailles non à cause de ces hésitations mais bien à cause des compétences militaires des mino.
Finalement, renforcée par la Légion étrangère et disposant de meilleures armes dont des mitrailleuses ainsi que d'une cavalerie et d'une infanterie de marine, les Français infligent du côté du Dahomey des pertes dix fois plus importantes que les leurs. Après plusieurs batailles, ils finissent par l'emporter. Les Légionnaires écrivent plus tard sur « l'incroyable courage et audace » des Amazones.
Après que le Dahomey soit placé sous protectorat français le 17 novembre 1894, Agoli Agbo devient le nouveau souverain et décide de dissoudre le corps des Amazones.

Aucun commentaire: