jeudi 2 août 2012

Tony Estanguet, quatrième Français triple champion olympique

Et de trois

Aux JO, Tony Estanguet, c’est trois médailles et un enterrement

Marine Marck
Rue89



Les trois médailles d’or d’Estanguet (de gauche à droite : Londres, Athènes, Sydney) (Olivier Morin/Aris Messinis/Thom / AFP)

Ce mardi, Tony Estanguet est devenu le premier Français à remporter trois médailles d’or en individuel [dans sa discipline, le C1] sur trois JO différents. Le céiste, oublié par certains, toujours idolâtré par d’autres, a décroché la médaille d’or en canoë aux Jeux olympiques de Londres. Retour, en vidéo, sur trois sacres et un enterrement.

Londres 2012

Tony Estanguet, champion olympique de C1 à Londres en 2012

Tony Estanguet rejoint les cyclistes Félicia Ballanger et Paul Masson et l’athlète Marie-José Pérec dans le cercle des triples champions olympiques en individuel.

Septième temps des manches de qualifications, le céiste a commencé sa compétition doucement, comme à son habitude. Troisième temps des demies, on s’est pris à y croire. Et puis l’Allemand, Sideris Tasiadis, a collé cinq secondes à tout le monde, comme pour calmer notre enthousiasme chauvin.

Tony, le stress, ça ne lui parle plus trop. Il a tout laissé à Pékin, sur ce bassin maudit. Alors, emporté par la houle, il a effacé le chrono de Martikan, fichu la pression au céiste suivant, Savsek, et surtout, il s’est mis hors de portée de Tasiadis.

« Comme dans un rêve. »

Pékin 2008

On va pas se mentir : on ne donnait pas cher de son canot, après Pékin. Le 12 août 2008, Tony Estanguet, double champion olympique, prend l’eau. Le porte-drapeau de la délégation française se noie doucement en demi-finale.

Seuls les huit premiers ont le droit d’affronter les rouleaux. Tony est 9ème. Le bassin de Shunyi, qu’il n’est jamais parvenu à dompter lors des sessions pré-olympiques, lui inflige un dernier affront.

Il l’avait senti. Il avait même prévenu.

Tony Estanguet, porte-drapeau aux JO de Pékin en 2008

On s’est dit que c’était pas grave. On s’est demandé si le statut de porte-drapeau, si les longues heures de la cérémonie d’ouverture ne l’avaient pas épuisé.

Lui a remisé ses pagaies pendant quelques semaines, le temps de réfléchir à son avenir :

« Il va me falloir un peu de temps pour digérer tout ça. C’est la première fois de ma carrière que je prends une telle grosse claque. Ce serait dommage de finir comme ça. D’un autre côté, est-ce que j’aurais le courage de repartir ? »

Athènes 2004

Jamais de grosse claque, c’est vrai. Tony est plutôt du genre à en filer. Quand il se présente aux Jeux d’Athènes, en 2004, il ne connaît pas la défaite. C’est simple, en même temps, quand on surclasse tout le monde.

Sur le bassin d’Helliniko, il termine deuxième des qualifs. Puis deuxième des demies. Le Slovaque, Michal Martikan, le devance de 12 centièmes.

Pas du genre à se satisfaire de l’argent, Estanguet sort une course de grande classe en finale. Martikan est le dernier à s’élancer. Il ne parviendra pas à égaler le temps du Français. Il est deuxième. Avec 12 centièmes d’écart, dans l’autre sens.

Tony Estanguet remporte le titre olympique en canoë aux JO d’Athènes en 2004

Sydney 2000

Le grand espoir de médaille, c’est Emmanuel Brugvin. Le Français, âgé de 30 ans, est déjà champion olympique. Enfin, presque. A Barcelone, il s’impose. Et puis une décision arbitrale le prive du podium. A l’époque, le CIO s’interroge sur l’avenir du canoë-kayak aux JO, alors Brugvin ne fait pas de vagues et se tait.

Le deuxième représentant Français, c’est Tony Estanguet. On ne le connaît pas vraiment. Pour tout dire, on lui en veut un peu. La vraie star Estanguet c’est Patrice, le frangin, médaille de bronze à Atlanta. Et voilà que le cadet élimine l’aîné lors des sélections pour les Jeux. Les médias voudraient en faire des frères ennemis.

Tony et Patrice Estanguet, les frangins du canoë

Tony a bien fait d’éliminer son frère : il s’impose en finale devant Martikan, encore et toujours. Patrice se remet de sa déception. De toute manière, il est un peu champion olympique lui aussi : c’est l’entraîneur du Tony cru 2012, celui aux trois médailles d’or.

Source :http://www.rue89.com/rue89-sport/2012/07/31/tony-estanguet-trois-medailles-et-un-enterrement-234298

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