mardi 11 octobre 2011

Les troubles alimentaires chez les sportifs de haut niveau

Aya Cissoko
Ex-championne du monde de boxe
Depuis mes 9 ans, période qui correspond à l'âge auquel j'ai débuté la compétition, le poids est ma hantise. Ma vie à la salle de boxe s'est souvent résumée à suer puis me peser.

Je devais m'astreindre à tenir ma catégorie de poids tout au long de l'année. Une catégorie qui, en plus, ne correspondait pas à mon poids de corps, celui que j'aurais pu conserver si j'avais fait de la pétanque.
Cette exigence m'a fait faire des choses surréalistes. Comme en 2003. Je devais disputer une finale de championnat du monde. La pesée avait lieu le matin de l'événement qui se tenait en soirée.
Faire de la corde à sauter dans un sauna
J'accusais deux kilos en trop – j'avais eu la mauvaise idée, la veille, d'étancher ma soif – et j'avais à peine une heure pour m'en délester sous peine d'être disqualifiée. Me voilà donc quinze minutes plus tard, vêtue de plusieurs couches de vêtements, à faire de la corde à sauter, dans un sauna.
Autant dire que je n'étais pas disposée à faire le spectacle lors du combat quelques heures plus tard. Je me suis contentée d'assurer le strict minimum : la victoire.
Cette anecdote prête à sourire mais qu'en est-il lorsque la question du poids devient pathologique ?
Julie, sportive grande et élancée, témoigne. Elle mesure 1,73 m pour 53 kilos. Elle a 21 ans et pratique le triathlon depuis l'âge de 16 ans. A 17 ans, elle intègre une équipe d'athlètes. Elle concède que tout a commencé par conformisme :
« J'ai pris exemple sur les meilleurs. »
« Plus tu es fine, plus tu cours vite »
Elle a adhéré alors au principe selon lequel :
« Plus tu es fine, plus tu cours vite. »
Elle s'est imposé une alimentation stricte. Finis le sucre et les matières grasses. Elle reconnaît que résister à la tentation était vécu comme une victoire. Comme l'expression de sa capacité à maîtriser, à dominer son corps et sa tête :
« On se sent le plus fort. J'exultais lorsque la balance affichait une perte de poids. »
Elle aimait se rendre à l'entraînement car elle savait qu'elle allait se dépenser et donc perdre du poids.
« C'était le seul moment de la journée où la fatigue m'abandonnait. Puis, la séance terminée, je me dépêchais de rentrer à la maison pour aller me coucher, de peur d'être rattrapée par la faim.
Parfois, le besoin de nourriture me tirait de mon sommeil. Je me contentais alors d'une pomme ou d'un biscuit diététique. »
Sa mère, inquiète de sa maigreur – « j'étais à 47 kg » – finit par la menacer de l'interner afin qu'elle se soigne. Son cas n'est pas isolé.
« On se reconnaît entre nous. On en parle entre filles concernées. On fait une distinction entre celles qui se font vomir, dont le comportement est jugé vraiment excessif, et les autres − comme elle – qui se contentent de réduire drastiquement leur alimentation. »
« Il ne se nourrissait que de pommes »
Elle insiste pour souligner que le problème ne concerne pas que les femmes.
« J'ai fréquenté un athlète, l'un des meilleurs de la discipline, qui ne se nourrissait que de pommes en période d'affûtage. Une alimentation qu'il améliorait avec des compléments afin de limiter les carences. Certains entraîneurs mettent les pieds dans le plat dès les premiers signes, d'autres trop tard, certains jamais. »
Le docteur Alexis Savigny est médecin du sport. Il reçoit en consultation privée des athlètes et des danseurs d'opéra atteints de troubles du comportement alimentaire (TCA).
« Les sportifs sont particulièrement exposés. Les TCA prévalent chez la femme encore adolescente. Mais on assiste à une augmentation manifeste chez les hommes.
Les disciplines concernées sont celles pour lesquelles s'exerce une tyrannie de l'apparence et plus encore de la minceur, comme la gymnastique, la danse classique ou encore l'endurance. »
Il ajoute :
« La problématique concerne aussi les sports avec des catégories de poids comme le judo, la lutte ou la boxe. Mais de manière plus ponctuelle. Les désordres n'apparaissent généralement qu'en période de compétition.
Lorsqu'ils veulent atteindre une catégorie de poids où ils auront l'avantage de se retrouver parmi les plus gros, les plus costauds. Ou la catégorie dans laquelle ils ont l'habitude d'évoluer.
Exemple : le judoka Benjamin Darbelet, qui a dû s'astreindre à un régime contraignant afin de participer aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004. Il devait descendre en moins de 60 kilos alors qu'il évoluait habituellement chez les moins de 66.
Il a perdu au total 12 kilos en trois mois. A cette diète succédèrent plusieurs épisodes boulimiques. Il a pris 18 kilos en sept jours. Actuellement, il évolue finalement en moins de 73 kilos.
Perdre du poids pour un sportif, un parcours en solitaire
Alexis Savigny insiste sur la nécessité de sensibiliser les athlètes, les parents et les entraîneurs. Il préconise de respecter la morphologie de l'athlète pour les sports à catégorie de poids. D'instaurer, en début de saison, un entretien avec un nutritionniste et un psychologue, afin de déceler les profils à risque. Une dernière préconisation qui a été rendue coercitive par la loi relative à la santé des sportifs de 1999, améliorée par un arrêté publié en 2006.
En dépit de ces recommandations, la gestion du poids reste principalement le problème du sportif.
Et perdre du poids est un parcours en solitaire. Je n'ai pu compter que sur moi pour y parvenir. Peu importait la méthode. J'ai moi-même souffert de TCA. J'ai connu des périodes de boulimie et de diète.
Entre 19 et 26 ans, je suis passée de la catégorie des moins de 63 kilos à celle des moins de 70, pour finalement me stabiliser à moins de 66 kilos. Il est fondamental de souligner que soumettre son métabolisme à des variations aussi violentes rend l'exercice (perdre du poids) de plus en plus difficile.
Et le temps consacré à cet effet est un temps qui n'est plus dédié à l'entraînement.
Née en 1978 de parents maliens, Aya Cissoko a été championne du monde de boxe française puis anglaise avant d'être diplômée de Sciences Po Paris. Elle est l'auteure, avec Marie Desplechin, d'une autobiographie : “ Danbé ”.
Elle y raconte la mort de son père et de sa petite soeur dans un incendie criminel lorsqu'elle avait 8 ans, sa passion pour la boxe et la fulgurance de ses succès sportifs, la fin brutale de sa carrière et sa haine de l'injustice.
Les risques
De tels comportements ne sont pas sans conséquence sur la santé de l'athlète.

Les TCA peuvent aller jusqu'à l'anorexie ou la boulimie. Et ces désordres provoquent un déficit énergétique et nutritionnel qui a pour conséquence l'apparition de pathologies telles que l'anémie (cause de fatigue), l'aménorrhée (absence de règles), l'ostéoporose (perte de masse osseuse avec un risque augmenté de fractures de fatigue) ou un affaiblissement des défenses immunitaires.
Et dans un cas extrême, la mort.

http://www.rue89.com/rue89-sport/2011/10/06/les-troubles-alimentaires-chez-les-sportifs-de-haut-niveau-225199

4 commentaires:

Je a dit…

Au-delà des excès tels que l'anorexie ou la boulimie, la lecture de "Sauvez votre corps !" (622 pages), écrit par le docteur Catherine Kousmine, m'a été recommandée parce que, de façon générale, l'alimentation est aujourd'hui responsable de nombreux maux. Ce livre contient des conseils diététiques pour apprendre à manger équilibré afin d'éviter ou vaincre la maladie.

Catherine Kousmine, née le 17 septembre 1904 à Khvalynsk, en Russie, et morte le 24 août 1992 à Lutry, en Suisse, est un médecin suisse d'origine russe. Elle est l'une des fondatrices de la médecine orthomoléculaire. Toute sa vie, elle a œuvré pour montrer qu'il existe une dépendance étroite entre l'état de santé et l'alimentation. Elle s'est notamment intéressée au cancer, à la sclérose en plaques et à la polyarthrite chronique évolutive.

Je a dit…

Originaire d'une famille aisée, Catherine Kousmine et ses parents sont obligés de s'exiler en Suisse en 1918 à cause de la révolution russe. La famille Kousmine s'installe sur les bords du lac Léman en Suisse. Catherine rentre à l'école supérieure de Lausanne. Elle passe un baccalauréat ès sciences et entreprend des études de médecine. Elle obtient son diplôme de médecin en 1928 avec le titre de lauréate. Par la suite, elle veut faire une spécialité en pédiatrie et se rend à Zurich où elle sollicite un poste dans la clinique pédiatrique du professeur Guido Fanconi. Elle étudie ensuite à Vienne en Autriche, à la clinique du professeur Epinger. Après six ans de stage, elle obtient son diplôme de pédiatrie. De retour en Suisse, elle exerce en tant que généraliste car son diplôme de pédiatrie n'était pas reconnu dans ce pays.

Elle décide alors de se lancer dans la recherche et s'intéresse en premier lieu au cancer car elle avait été touchée par le décès de deux de ses jeunes patients alors qu'elle exerçait en tant que généraliste. Elle étudia les souris pendant 17 ans dans un laboratoire installé dans sa cuisine. Elle aurait constaté une corrélation frappante entre l'alimentation saine des souris et la rémission de leur cancer. Catherine Kousmine a pu ainsi se convaincre que la guérison de maladies parfois jugées incurables passerait par un retour à une nourriture saine qui apporte tous les éléments nutritifs nécessaires à l'organisme. En 1949, elle prétendit être parvenue à guérir son premier malade cancéreux (atteint d'un réticulo-sarcome généralisé, selon elle « jugé incurable par la médecine ») grâce à ses méthodes basées sur une alimentation saine. Aucun cas analogue n'a été publié depuis parmi les articles recensés par PubMed (le principal moteur de recherche de données bibliographiques de l'ensemble des domaines de spécialisation de la biologie et de la médecine.).

Son travail - et en particulier son premier ouvrage - a été très critiqué par certains professionnels de santé, et c'est pour y répondre qu'elle expose dans son dernier ouvrage Sauvez votre corps de nombreux arbres généalogiques de familles atteintes par des maladies dégénératives, diabète, cancer, polyarthrite, allergie, etc. sous la dénomination « Histoire sanitaire de familles contemporaines »; elle présente des dizaines d'exemples de cas de ces patients qu'elle a traité avec succès.

Elle a vécu une grande partie de sa vie en Suisse.

Après sa mort, une fondation portant son nom a été créée pour perpétuer ses méthodes. Cette fondation possède des filiales dans plusieurs pays.

Je a dit…

La méthode Kousmine par le Dr Philippe-Gaston BESSON

Il est curieux de constater que le monde médical occidental s’est vu confronté aux cours des derniers siècles à des maladies bien variées dans leurs formes et leurs aspects, mais ayant toutes en commun un rapport direct avec une baisse générale et progressive de l’immunité de l’homme.

L’évolution des maladies dues aux parasites et aux bacilles (syphilis, lèpre et tuberculose principalement), puis celles des maladies causées par des bactéries (pneumonie, infections diverses…) a été considérablement influencée par la découverte des antibiotiques.

Ensuite, comme une conséquence de l’évolution de la civilisation, le cancer et les maladies psychiques se sont plus largement développés. Ces deux maladies diffèrent des précédentes dans le sens où elles ne sont pas contagieuses, et il a fallu mettre au point pour répondre à leur développement des méthodes thérapeutiques plus agressives (chimiothérapie anti-tumorale, radiothérapie pour la première, neuroleptiques et psychotropes pour les secondes).

En cette fin de siècle apparaissent de nouvelles maladies liées aux virus et, se développant parallèlement, des maladies dites « de système » : les maladies auto-immunes. Les unes et les autres sont vraisemblablement liées.

Cet état de fait est le reflet d’une baisse générale de l’immunité des races civilisées. Si les thérapeutiques ont été très efficaces, et presque radicales pour les maladies infectieuses, elles le sont beaucoup moins pour le cancer et les maladies psychiques, ne pouvant être que palliatives à défaut de curatives. Et les remèdes font presque complètement défaut dans le troisième cas.

Tout se passe comme si les traitements proposés actuellement étaient insuffisants, incomplets ! Il semble que l’on doive en plus faire appel aux propres forces de guérison de l’organisme, par l’intermédiaire de traitements dits « immuno-modulants », qui stimuleront ces forces. Mais pour ce faire, il est nécessaire que l’organisme puisse trouver en lui la capacité de répondre aux sollicitations immunitaires des traitements. (On ne fait pas avancer une voiture qui n’a plus d’essence, même si on appuie à fond sur l’accélérateur… !) Or l’organisme de la plupart d’entre nous s’avère incapable de répondre d’emblée correctement à une quelconque stimulation faisant appel à ces forces. Envisager uniquement la maladie en tant que telle sans prendre en compte l’organisme lui-même dans sa globalité, pour l’aider à retrouver la force de lutter contre la maladie, est souvent peu efficace lorsqu’on aborde le traitement des pathologies graves et chroniques.

Source : https://www.kousmine.fr/la-methode/

Je a dit…

Réflexion encore plus générale :

Notre civilisation industrielle a largement privilégié les aspects quantitatifs plutôt que qualitatifs. "L'avoir plutôt que l'être". L'alimentation ne fait pas exception à la règle.