jeudi 10 février 2011

Démocratie ou technocratie, que choisir ?

Dans une société recherchant le maximum d'efficacité, on confirait chaque fonction aux individus les plus compétents dans le domaine. Ainsi, la gestion d'un pays serait confiée aux meilleurs administrateurs, aux économistes les plus qualifiés.

Mais nous ne sommes pas dans une technocratie. Nous sommes dans une démocratie. C'est le peuple qui choisit; sur des critères souvent très subjectifs.

Ce sont donc les politiciens les plus populaires et non les plus compétents qui nous dirigent. Leur principale qualité étant d'être élus (et réélus), on peut aisément penser qu'ils consacrent leur énergie à cette tâche au lieu de la consacrer à la gestion optimale de l'Etat. Les réformes les plus nécessaires mais les moins populaires sont toujours laissées de côté.

La démocratie trouve là ses limites, son inefficacité.

6 commentaires:

Je a dit…

Cet article date de 2011 ; et aujourd’hui, nous sommes en 2017. Que d’erreurs de ma part à l’époque ! Que de méconnaissance des termes et du fonctionnement réel des institutions !

Bon, reprenons les choses pas à pas.

Je a dit…

J’écrivais : « la gestion d'un pays serait confiée aux meilleurs administrateurs, aux économistes les plus qualifiés ».

Mais j’ignorais qu’il existe au préalable un choix de société, une direction à prendre et que ce n’est qu’ensuite qu’il faut confier la conduite du pays aux meilleurs administrateurs. Les économistes ne sont pas tous d’accord sur les choix à prendre (capitalisme ou communisme, fascisme ou anarchie, théorie économique classique ou keynésianisme, etc.). En bref, je confondais le capitaine (le navigateur qui décide de la direction) et le pilote (le timonier qui exécute les ordres du capitaine).

Je a dit…

J’écrivais ensuite : « Mais nous ne sommes pas dans une technocratie. Nous sommes dans une démocratie. ».

Là encore, j’étais très mal informé. Depuis le Traité de Maastricht (1992) et encore plus depuis le Traité de Lisbonne (2008), la France est contrôlée par l’administration de l’Union Européenne (les 28 Commissaires Européens et leurs subalternes : des fonctionnaires européens, des technocrates) pour toutes les décisions importantes par le biais d’un document qui fixe la marche à suivre (« la direction », « le cap » pour continuer les analogies avec les termes de marine) ; un document annuel intitulé « les « Grandes Orientations de Politique Economique » (GOPE).

Compte tenu de ce que j’écrivais en 2011, j’aurais dû me féliciter de découvrir que nous étions dans une technocratie. Mais c’est parce que j’ignorais ce que « démocratie » signifie vraiment.

Je a dit…

Je définissais ainsi la démocratie (en croyant vivre dans une démocratie) : « C'est le peuple qui choisit; sur des critères souvent très subjectifs. »

J’avais tort. Ce n’est pas le peuple qui prend les décisions, ce sont les élus, quelques élus seulement pour être plus précis, et surtout, ceux qui ont financé leurs campagnes. Car qui dit élection, dit généralement corruption. Pour gagner une élection, il faut beaucoup d’argent et beaucoup de médiatisation.

En réalité, nous sommes dans une oligarchie (élective) et dans laquelle ceux qui fixent le cap, qui choisissent la direction à prendre, sont les plus riches. Plus spécifiquement, nous sommes donc dans une ploutocratie (celle des banquiers, qui créent la monnaie ; celle des grands marchands et des industriels).

Le peuple, volontairement mal informé, volontairement maintenu dans l’ignorance des mécanismes de décision, ne fait que choisir, une fois tous les 5 ans, et souvent en étant manipulé par les médias de masse, qui va prendre les décisions à sa place. Or, dans une démocratie, le peuple délibère et décide, de tout et tout le temps. C’est lui qui prend les décisions. Et cela fonctionne efficacement avec une décentralisation maximum (par exemple au niveau de la commune/municipalité/collectivité), pour la plupart des décisions du quotidien.

C’est au peuple que devrait revenir le choix de son présent et de son avenir, mais un peuple correctement informé pour prendre correctement les décisions qui correspondent à ses réelles intentions (et non celles qui lui sont suggérées ou imposées ; selon qu’on se trouve dans un régime républicain ou dans un régime autoritaire).

Je a dit…

Ce cheminement intellectuel, je ne l’ai commencé qu’en 2012, en lisant patiemment tous les programmes des candidats à l’élection présidentielle de l’année, et en constatant l’énorme écart entre ce qui était écrit et ce que les journalistes de la télévision nous en rapportaient. J’ai soudainement pris conscience du mensonge.

Ensuite, j’ai découvert la signification de la vraie démocratie grâce à Aristote (qui, il y a 2300 ans définissait l’élection comme l’expression de l’aristocratie, et le tirage au sort comme l’expression de la démocratie), grâce à Etienne Chouard (qui encourage « enfants politiques » que nous sommes à devenir de vrais citoyens au sein d’ateliers constituants, où nous pouvons nous entraîner à écrire nous-mêmes nos propres règles) et grâce à toute une série de penseurs comme Jean Meslier, le Mahatma Gandhi, Cornelius Castoriadis ou encore Murray Bookchin (qui préconisent la mise en place d’une fédération de communes/municipalités/villages démocratiques).

Bref, j’ai découvert le vrai sens de la « démocratie » et de « l’anarchie » (son synonyme).

Je a dit…

Cerise sur le gâteau, je concluais naïvement mon article par « Les réformes les plus nécessaires mais les moins populaires sont toujours laissées de côté. ».

Je ne me posais pas les bonnes questions :
- « Les réformes nécessaires à qui ? ». Car en effet, qui constitue 99% de la population ? Des ménages gagnant entre 1000€ et 10000€ par mois.
- « Les réformes qui sont prises sont favorables à qui ? ». La réponse est : au 1% des plus riches voire 0,1% ou 0,01% d’ultra-riches parmi nous. Ce sont eux qui tirent les ficelles. Ce sont pour eux que travaillent les élus (et le reste du temps, les élus le consacrent à essayer de se faire réélire, notamment en satisfaisant les desiderata des ultra-riches qui sont propriétaires des chaînes de télévision, des journaux nationaux ou des banques qui vont financer leurs campagnes électorales).