mercredi 4 novembre 2009

Il a réussi à passer une semaine sans Internet.

À l'heure des e-mails,du Wi-Fi et de l'iPhone, peut-on vivresans utiliser Internet ? Pendant sept jours,l'un de nos jeunes journalistess'est déconnecté du réseau virtuel mondial.À 24 ans, cela ne lui était jamais arrivé.Il a découvert une vie faite de coupsde téléphone et d'archives papier.C'était mieux avant ?

Internet prend-il trop d'importance dans votre vie? Le pari avait été lancé à la cantonade : passer une semaine sans me connecter à Internet. On n'y croyait pas. « Tu vas tenir ? », demandait ma copine, intriguée.

Car, ayant le Net à domicile depuis l'âge de 15 ans, je me demande comment on faisait avant. Avant, quand le fax et les pellicules photos étaient encore dans le coup.

Lundi, 8 h. C'est le jour J, le premier de ma semaine de diète. Entre le café et la douche, j'allume l'ordi. Un réflexe chaque matin. En temps normal, je serais passé prendre des nouvelles de mes connaissances, lire les gros titres de l'actualité, jeter un coup d'oeil sur mon compte bancaire, voir les nouveautés à télécharger... Aujourd'hui, rien. Dur retour à la réalité. Sans Internet, je n'ai malheureusement rien à faire sur l'ordinateur : je l'éteins, ronge mon frein et file dans la salle d'eau. Ces quelques jours s'annoncent longs. Mais qu'est-ce qui m'a pris de me lancer là-dedans ? !

Direction le boulot, pour mon deuxième jour « déconnecté ». Je vais expérimenter le 'journalisme à l'ancienne'. À 24 ans, je n'ai jamais travaillé sans Internet. Là, toute recherche en ligne est bannie. Ça change tout. En quête d'informations pour un article, je me dirige vers le service de la documentation. Un « moteur de recherche » humain qui m'a déniché des coupures de presse papier dont certaines datent de 1979. Je les lis avec fierté : j'ai triomphé de Google. Encore plus incroyable, en cette fin de journée, je me mets à classer des articles photocopiés dans une chemise cartonnée. Une pratique que j'avais observée chez les journalistes qui ont de la bouteille.

Malheureusement, mes envies de Web reviennent vite. Je m'autoriserais bien un petit écart, mais je tiens bon. J'ai quand même l'impression de louper des trucs. Les derniers commentaires sur Facebook, les vidéos sur YouTube, la musique sur Deezer, les nouveautés sur les blogs... En rentrant chez moi, je questionne ma copine pour tenter de grappiller quelques infos. « Alors quoi de neuf sur le Net ? Du nouveau sur Facebook ? » Elle ne lâche rien.

« T'as pas Internet ? Ah la tuile ! »

Très vite, je me sens coupé du monde. J'ai beau compenser par quelques textos, j'ai l'impression de ne plus pouvoir communiquer. Au travail notamment. Les courriers électroniques y ont pris une place folle. « Je t'envoie ça par mail... Quoi t'as pas Internet ? Ah la tuile ! », me lance une collègue. Je reprends donc l'habitude du combiné téléphonique. À l'ancienne. Tout roule, jusqu'à ce qu'un interlocuteur me demande de lui envoyer mes questions par mail. Je ne craque pas : l'interview attendra la semaine prochaine.

Je me sens tout de même libéré. Faute de fenêtre sur la Toile, je ne suis plus perturbé par toutes ces infos qui déboulent à chaque seconde sur le Web. Je m'éparpille moins. Je ne fais plus qu'une seule chose à la fois. Une situation inconcevable d'ordinaire, quand plusieurs onglets de mon navigateur sont constamment ouverts.

Jeudi, nouveau défi : acheter des billets de train. Comment faire ? À défaut de pouvoir consulter les horaires en ligne et réserver ma place en quelques clics, je cherche une solution. Demander à quelqu'un de le faire pour moi ? Cela serait trop facile. Appeler la gare ? Je n'ai pas d'annuaire papier. Me déplacer ? Je ne vais quand même pas y aller spécialement. Dans l'impasse, je jette l'éponge et me résous à attendre le jour J pour prendre mon « Rennes-Morlaix ».

Pour fêter ce début de week-end, j'investis la cuisine. Gâteau pommes/ chocolat au programme. Je sors tous les ingrédients et prépare les ustensiles. Combien de grammes de farine ? Combien d'oeufs ? Combien de centilitres de lait ? Seulement voilà, je n'ai pas de livre de recettes. À défaut de pouvoir la trouver sur la Toile, je décide de me rabattre sur de l'immanquable, de l'inratable, même avec des proportions au pif : des pommes caramélisées. La mission est remplie, bon gré mal gré, mais je commence à maudire cette dématérialisation des supports que permet le Net. Après cinq jours sans musique en ligne, je suis même contraint de réécouter des vieux CD sur ma chaîne hi-fi.

Ma semaine touche à sa fin. J'ai survécu. Mais qu'est-ce que j'ai hâte de reprendre mes bonnes vieilles habitudes. Musique, vidéo, Facebook, forums de discussion, blogs spécialisés, jeux débiles... En cette dernière journée, je m'endors avec mon iPod équipé de Wi-Fi (connexion sans fil) à proximité. Vivement demain.

Julien MARCHAND.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDetFdj_-J-ai-reussi-a-passer-une-semaine-sans-Internet-_39382-1126517_actu.Htm

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