Certaines sources historiques donnent une origine plus lointaine et non-hellénique aux compétitions d’athlétisme. Le Trinity College de Dublin conserve un document intéressant : Le Livre de Leinster, daté de 1160 de notre ère nous apprend en effet que des compétitions, les Tailteann Games, du nom d'une bourgade située dans le comté de Meath, existaient dès le XIXème siècle avant J.-C. Elles consistaient en divers concours que les Grecs ne pratiqueront pas, notamment le saut en hauteur et le lancer d'un essieu de char, le roth-cleas qui préfigure le lancer de marteau tel qu’on le pratique actuellement. L'épreuve aurait été créée en l'honneur d'un guerrier qui, doté d'une force surhumaine, se serait saisi à deux mains de l'essieu d'un char détruit, auquel étaient encore attachées deux roues et l'aurait fait tournoyer dans les airs avant de le projeter au loin.
La description énumère également le lancer de pierre, le saut en hauteur (au-dessus d’un homme debout), le jet de piques, le lancer de roue et autres exploits de force. L’origine légendaire de ces jeux anciens est donnée comme étant 1829 av. JC (soit exactement 3000 ans avant la mise sur le trône d’Irlande de John, son fils cadet, par le roi Henri II d’Angleterre). Le livre continue en indiquant que les jeux ont été tenus annuellement depuis au moins 554 av. JC. Dans une version révisée, les jeux ont duré jusqu'en 1169 après Jésus-Christ (date de l’invasion massive de l’Irlande par les Normands, déjà maîtres d’Angleterre avec Guillaume le Conquérant, un siècle plus tôt). Ces jeux supplanteraient ainsi les Jeux Olympiques grecs, en ancienneté et en durée.
La lutte y était une des activités importantes, comme le signale la légende de Cù Chulainn, tout comme le hurling, jeu de crosse à la balle toujours très populaire en Irlande.
D’après Raïko Petrov, auteur de « Les racines de la lutte », la lutte irlandaise traditionnelle était similaire au style anglais cornwall. Elle se pratiquait uniquement debout dans une tenue particulière, sa spécialité étant la prise « coude-col ». Pour remporter la victoire, il fallait que l’adversaire touche le sol avec ses trois points d’appuis.
Au XIXème siècle, de nombreux Irlandais émigrèrent vers d’autres pays et, aux Etats-Unis, contribuèrent à la formation de la lutte libre américaine (O’Kelly fut vainqueur chez les poids lourds aux Jeux Olympiques de 1908).
Le style cornwall est répandu dans le sud-ouest de l’Angleterre. Les compétitions se déroulent en vestes spéciales en toile épaisse au col empesé. Le combat commence par des prises initiales appliquées sur le col et la manche de la veste. Pour remporter la victoire, il faut projeter l’adversaire sur le dos de sorte qu’il touche le sol simultanément avec ses deux épaules et ses deux hanches (fesses), avec deux épaules et une hanche, ou avec une épaule et deux hanches.
« Les écrits de Geoffrey de Monmouth, ecclésiastique d’Oxford d’origine bretonne, donnent une origine mythologique à la lutte cornique dans le livre Historia Regum Britania, ou Histoire des Rois de (Grande) Bretagne publié en 1135. Il y est dit que c’est Corinéus qui introduisit la lutte dans les Pays de l’Ouest vers 1000 avant JC. Il y fut défié par le géant Gog-magog car Corinéus avait tué le fils de celui-ci. » (Guy Jaouen, in « Les luttes celtiques de Bretagne et du Cornwall »).
Hélas pour les historiens du sport, les Celtes se méfiaient de l’écriture, bien qu’ils utilisaient déjà un langage écrit vers le Vème siècle avant JC. Ainsi, la tradition et l’enseignement surtout oraux étaient dispensés par le druides qui constituaient la classe sacerdotales, institution commune à tous les peuples celtiques. Ceux-ci réussirent à maintenir une tradition orale très puissante, surtout en Irlande.
Ce n’est que vers le VIIème siècle de notre ère que les mythes païens celtiques furent écrits pour la première fois, par des moines chrétiens. Les spécialistes classent les textes en quatre grands cycles (ou sagas) :
- le cycle mythologique qui traite des anciens dieux de l’Irlande, les Tuatha Dé Danann (la tribu de la Déesse Dana)
- le cycle d’Ulster qui relate surtout la vie du roi Conchobar et du héros Cùchulainn
- le cycle historique décrit surtout les rois qui ont réellement vécu en Irlande pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne. Mais à cette époque, les traditions du druidisme, de la magie comme les croyances aux êtres féériques et surnaturels étaient très fortes ;
- et le cycle de Leinster ou cycle des Fenian, qui narre les aventures de Finn mac Cumaill et de sa troupe de guerriers, appelés les Fianna.
Les Irlandais n’ont ainsi laissé que des légendes qui se noient dans les brumes de la mer celtique. C’est donc en Grèce Antique qu’il faut chercher les compétitions mettant en valeur les disciplines martiales et surtout recensant les vainqueurs.
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