L'intitulé "Juste mon opinion" s'applique à la politique, la philosophie, la religion, l'esthétisme, l'humour ... Mais "ça m'intéresse" aurait tout à fait convenu comme titre pour ce blog étant donné les nombreux autres thèmes abordés et les articles encyclopédiques : sur l'histoire, les sciences, etc, sans oublier les sports.
La plupart des articles sont issus de recherches sur le net et de lectures personnelles. Sources indiquées en fin d'article.
Après Epicure - De l'éthique à la politique
Épicure vivait avec une communauté d'amis (ouverte aux hommes libres, aux femmes –y compris prostituées- et aux esclaves) dans le Jardin (son école philosophique créée en 306 avant Jésus-Christ) près d’Athènes, en Grèce.
Il enseignait les moyens de parvenir au plaisir par la suppression des douleurs et des angoisses. Santé du corps et sérénité de l’esprit. Sa méthode consistait à identifier les besoins naturels et nécessaires, et de tempérer ou rejeter les autres, sources de frustration et de violences.
Bien qu’Épicure recommande de « vivre caché » et de ne pas s’impliquer dans la vie politique, ses successeurs, les philosophes épicuriens de l'époque romaine, les philosophes du siècle des Lumières ou les penseurs contemporains se sont progressivement orientés vers un épicurisme politique : un bien-être étendu à la société.
Quelle pourrait être la société idéale, aujourd'hui ou demain, selon les préceptes du sage antique ?
Au sommaire de cette compilation : - Préambule. Nous sommes mus par les sentiments. - Qu'est-ce que la beauté ? Réponse de l'éthologie. Et des dizaines d'exemples illustrés regroupés en quatre catégories : - Belles - Belles et sportives - Belles de la BD - Beaux gosses. Au format "livre papier glacé" sur : Lulu.com
Juste mon opinion 2014
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2014 ; au format livre papier glacé.
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Juste mon opinion 2013
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2013 ; au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - 2012 - Second Semestre
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour le second semestre de l'année 2012 ; au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - 2012 - Premier semestre
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour le second semestre de l'année 2012 ; au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - Année 2011
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2011 au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - Année 2010
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2010 au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - Année 2009
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2009 au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - Année 2008
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2008 au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Juste mon opinion - Année 2007
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2007 au format livre papier glacé.
Source: Lulu.com
Clip clap clip clap, j'ai vraiment bien choisi mes chaussures aujourd'hui... Malgré
ces chaussures qui claquent, le vrombissement des voitures, cette
journée super glauque et l'image surexposée à cause de la vitre
fendilllée de mon téléphone, j'arrive à destination. J'arrive devant le
WEF, le Forum économique mondial.
C'est le 2ème volet
d'une enquête pour amateurs, sur le célèbre Forum champion des
partenariats public-privé, dont le chef, Klaus Schwab, nous vante l'
"indépendance' et l' "impartialité". Ce club pour milliardaires dont le
fondateur dit pudiquement qu'il est le SEUL à "réunir tant de parties
prenantes avec cette mission commune d'améliorer l'état du monde".
Sous la supervision
du gouvernement suisse depuis sa création en 1971, le WEF est resté
discret pendant presque 50 ans. Et puis le Forum a lancé avec la
Fondation Bill & Melinda Gates et l'institut John Hopkins une
simulation de pandémie en octobre 2019, mieux connue sous le nom de
"Event 201". C'était 5 mois avant le lancement mondial de la [guerre du]
Covid19, le 11 mars 2020.
Les 17 noms cités,
et surtout les 17 fonctions correspondant à ces 17 noms de très hauts
dirigeants qui composent le Conseil de Fondation du WEF sont-ils
compatibles avec cette intégrité et cette impartialité tant vantées par
l'ancien professeur d'économie devenu maître du monde ad interim ?
LA MISSION OFFICIELLE DU WEF Le Forum économique mondial est l'Organisation internationale de coopération public-privé. Il a été créé en 1971 en tant que fondation à but non lucratif et a son siège à Genève, en Suisse. "Le
Forum engage les principaux dirigeants politiques, commerciaux,
culturels et autres de la société à façonner les programmes mondiaux,
régionaux et industriels." "Il est indépendant, impartial et n'est lié à aucun intérêt particulier." "L'intégrité morale et intellectuelle est au cœur de tout ce qu'il fait." https://www.weforum.org/about/world-economic-forum
CONSEIL DE FONDATION DU WEF (29 membres, dont les 17 suivants) https://www.weforum.org/about/leadership-and-governance • Klaus Schwab, Fondateur et président du WEF • Fabiola Gianotti, Directrice générale du CERN • Larry Fink, Fondateur et directeur de BlackRock • Orit Gadiesh, Directrice de Bain & Company • Kristalina Giorgieva, Directrice du FMI • Christine Lagarde, Présidente de la BCE, ex-présidente du FMI •
Al Gore, Actionnaire de BlackRock, Vice-président des USA (1993-2001),
directeur de GIM (General Investment Management), réalisateur de "Une
vérité qui dérange" • Chrystia Freeland, Vice-premiere ministère du Canada et Ministre des finances du Canada • Peter Maurer, Président de la Croix Rouge, démissionnaire en septembre 2022 • Ngozi Okonjo-Iweala, Présidente de l'OMC
• La Commission
Trilatérale est un cercle mondialiste, créé en 1973 et initié par les
principaux dirigeants du groupe Bilderberg et du CFR, parmi lesquels
Henry Kissinger, David Rockefeller, Zbiniew Brzezinski https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Commission_trilat%C3%A9rale
Aujourd’hui je vous propose un essai sur la blockchain pour les gilets jaunes. Philosophiquement, je vais vous démontrer qu’elle apporte une fusion fascinante entre Marx et Lincoln.
Ayant
pour avocats : Maître Fabrizio S. Nucera Giampaolo, ROMA TORINO –
ITALIE. Maître Philippe Fortabat-Labatut. Paris et Saint-Sébastien
(Espagne).
En substance Un homme, né le 11 février
1945 à Amiens, aujourd’hui âgé de 79 ans, du nom de Jean-Michel
Trogneux, usurpe depuis le milieu des années 1980 l’identité de sa plus
jeune sœur Brigitte Trogneux, née le 13 avril 1953 à Amiens et
aujourd’hui disparue depuis 1960 et ce en se présentant lui-même comme
femme.
Cet homme dispose depuis plusieurs décennies
de documents officiels d’identité, qu’il utilise et qui lui ont été
fournis par des dépositaires de l’autorité publique ayant ainsi commis
des faux criminels.
En septembre 1992, alors qu’il
exerce le métier de professeur de français dans un collège-lycée
d’Amiens, cet homme, se présentant comme femme en se faisant appeler
Brigitte Trogneux, alors âgé de 47 ans, rencontre le jeune Emmanuel
Macron, né le 21 décembre 1977 à Amiens et initie une relation de couple
avec lui, alors que celui-ci n’est âgé que de 14 ans.
Ce
fait constitue une atteinte sexuelle et un viol sur mineur, par un
adulte ayant autorité et plus de cinq ans de différence d’âge. Ni les
agents de l’État ni les autres adultes ayant connaissance de cette
situation ne la dénonceront aux autorités compétentes comme la loi leur
en fait obligation.
En 2007, M. Jean-Michel
Trogneux contracte officiellement mariage avec M. Emmanuel Macron, alors
même que le mariage entre deux personnes du même sexe n’est autorisé
par la loi que depuis 2013. Ce mariage est donc illégal, nul et non
avenu.
Depuis cette date, M. Jean-Michel Trogneux
se présente comme « Brigitte Trogneux, épouse Macron » et bientôt,
depuis 2017, comme l’épouse du Président de la République française, ce
qui constitue formellement une usurpation de fonctions punie par la loi.
Il déclare demeurer au Palais de l’Élysée, 55 rue du faubourg
Saint-Honoré, 75008 PARIS.
En juin puis septembre
2024, M. Jean-Michel Trogneux se fait représenter devant la 17e chambre
correctionnelle du Tribunal Judiciaire de Paris sous la double identité
de Jean-Michel Trogneux et de Brigitte Macron, aux fins d’obtenir des
dommages et intérêts des prévenues qu’il a poursuivies en diffamation.
Ce fait constitue une escroquerie au jugement.
Cette
affaire d’usurpation d’identité, faux et usage de faux, corruption de
mineur, mariage illégal puis usurpation de fonctions et escroquerie au
jugement est désormais connue par les autorités étatiques de la plupart
des pays de la planète.
Ce dossier offre ainsi à
plusieurs États qui y ont intérêt le moyen d’exercer un chantage et
d’imposer pressions et exigences économiques et politiques à l’État
français, qui portent gravement atteinte aux intérêts fondamentaux de la
nation et met en cause la vie même de sa population.
Les
citoyens et électeurs français sont victimes directes de cet ensemble
de tromperies, crimes et délits tout particulièrement depuis 2017,
lorsque M. Emmanuel Macron, que l’on considèrera comme victime de
l’emprise psychologique de M. Jean-Michel Trogneux par abus de
faiblesse, est élu Président de la République française.
La différence entre hédonisme, eudémonisme et épicurisme :
explication et analyse. Quel rapport entre bonheur et plaisir en
philosophie ?
Bonheur, félicité, bien-être, sérénité, plaisir, jouissance, hédonisme : ces mots ont pour point commun de traduire un état de satisfaction.
La recherche du bonheur est centrale chez l’être humain ; mais les philosophes ont très tôt distingué différentes formes de satisfaction :
éphémère ou durable,
individuelle ou partagée,
sensible (physique) ou abstraite (intellectuelle).
Épicure, fondateur de l’école du Jardin en
306 avant J-C, s’est particulièrement intéressé au bonheur et à son
rapport au plaisir. Pour Épicure, le bonheur consiste en un ressenti
agréable : c’est une sensation positive que tout humain recherche
naturellement. Toutefois, Épicure met en garde contre les plaisirs
éphémères qui annoncent des lendemains douloureux ; il prône une éthique de vie construite sur la sobriété et la prudence.
Ainsi, à la différence de l’hédonisme, Épicure invite à cultiver une sensation de plaisir stable, calme, sereine et durable. Le plaisir se confond alors avec l’ataraxie (absence de trouble) : il est la source du bien et de la vertu.
Une fois abordée la différence entre hédonisme et épicurisme, nous pouvons tenter les définitions suivantes :
l’hédonisme est une doctrine philosophique (notamment celle d’Aristippe de Cyrène, IVème siècle avant J-C) qui considère la recherche du plaisir comme le but suprême de l’existence,
l’épicurisme est une doctrine philosophique qui vise à atteindre le bonheur par la satisfaction des plaisirs raisonnables,
quant à l’eudémonisme, c’est la doctrine de la
recherche du bonheur, mais un bonheur intellectualisé, soumis à la
raison. C’est la doctrine de la plupart des grands philosophes grecs,
ainsi que celle des stoïciens.
Voyons plus précisément la différence entre hédonisme, eudémonisme et épicurisme.
La différence entre hédonisme, eudémonisme et épicurisme
On l’a compris, la différence entre hédonisme, eudémonisme et épicurisme repose sur une vision différente du rapport entre bonheur et plaisir :
pour les hédonistes, le but de la vie est le plaisir ; le plaisir a donc une valeur supérieure au bonheur,
pour les épicuriens, le but suprême est le bonheur, un bonheur qui passe certes par le plaisir, mais un plaisir mesuré et raisonnable,
enfin, pour les eudémonistes, le but suprême est le bonheur, mais un bonheur qui est dissocié du plaisir sensible.
L’épicurisme
occupe donc une position intermédiaire entre hédonisme et eudémonisme.
Pour Épicure, il ne faut pas chercher le plaisir pour le plaisir, car
cela pourrait avoir des conséquences négatives. En effet, la débauche et
la luxure sont contraires à l’honnêteté et à la justice. Les plaisirs
éphémères sont cause de souffrance future.
Le schéma suivant permet de visualiser la différence entre hédonisme, eudémonisme et épicurisme :
D’autre part, l’hédonisme est un individualisme, alors que l’eudémonisme tend à découvrir la vérité universelle, le but étant d’approcher les notions de Beau, de Vrai et de Juste. L’épicurisme se situe là encore à mi-chemin.
Enfin, l’hédonisme tend au nihilisme, alors que l’eudémonisme est une quête de sens rationnelle. L’épicurisme, quant à lui, n’est ni un nihilisme ni un rationalisme pur : c’est la recherche d’un plaisir « vrai », durable.
Hédonisme, eudémonisme et épicurisme aujourd’hui
L’hédonisme
est largement répandu dans notre société : on recherche le plaisir et
la jouissance, on cherche à « profiter », à se divertir, à voyager, à
consommer, bref à satisfaire les sens.
Pourtant, ce mode de vie ne
permet pas de faire disparaître le mal-être et la souffrance psychique.
Les dépressions sont nombreuses. La consommation d’anxiolytiques,
d’hypnotiques et de somnifères n’a jamais été aussi élevée.
En réalité, l’hédonisme pur est une impasse :
la jouissance individuelle ne peut mener qu’à un bonheur illusoire et
éphémère. Les désirs génèrent d’autres désirs ; le manque entraîne la
douleur.
A l’inverse, le bonheur véritable se construit avec les autres et ne peut se passer d’une quête de sens rationnelle, c’est-à-dire d’une réflexion à la fois éthique et métaphysique.
Le bonheur véritable serait alors semblable à l’ataraxie des stoïciens : c’est la juste appréciation de la valeur des choses, qui mène à la connaissance et à la sérénité, autrement dit à un état de satisfaction durable.
Est-ce à dire que le bonheur doit forcément être déconnecté du plaisir ?
Il
n’est pas forcément utile d’adopter un mode de vie ascétique pour être
heureux. Au contraire, le plaisir peut être rencontré dans la recherche
rationnelle du bonheur : c’est le plaisir non pas des sens, mais de l’âme.
Dégagé
de la contrainte physique, de la tyrannie des désirs et de la peur du
manque, le véritable plaisir se manifeste par l’atteinte de nouveaux niveaux de conscience et la conquête de nouveaux territoires spirituels.
Avec le soutien massif d’un pays-membre de l’OTAN, la Turquie d’Erdogan, qui rêve depuis longtemps d’annexer le Nord de la Syrie, les mercenaires takfiristes ont pris le pouvoir à Damas, et l’État syrien s’est effondré comme un château de cartes. On s’étonne de cette soudaineté. Mais une économie en ruine, génératrice d’une corruption généralisée, une armée saignée à blanc par la guerre, une légitimité minée par l’impuissance du gouvernement face aux intrusions étrangères, sans parler de l’usure du pouvoir, tout a contribué à cet effondrement. Face à une armée turco-takfiriste lourdement équipée et composée de mercenaires arabes, ouzbeks et ouïghours mieux payés que les officiers de l’armée syrienne, les digues ont cédé, et Bachar Al-Assad a préféré éviter un bain de sang inutile en se retirant du jeu.
La conquête de Damas par le dernier avatar frelaté d’Al-Qaida est le résultat d’un très long travail de sape : il aura fallu treize années de guerre ininterrompue et de sanctions mortifères infligées au peuple syrien par ses ennemis occidentaux pour liquider le régime fondé par Hafiz Al-Assad il y a plus de soixante ans. La victoire des takfiristes de HTS, ces proches parents des assassins du Bataclan, a été saluée par les applaudissements enthousiastes de Tel Aviv et des capitales occidentales. Ces mêmes milices ont d’ailleurs chaleureusement remercié Israël pour son aide précieuse. Dans la foulée, l’armée sioniste vient de s’emparer de la totalité du Golan, et son aviation détruit systématiquement les infrastructures militaires syriennes.
Depuis des décennies, la Syrie était le pivot de l’axe de la résistance face à l’invasion sioniste et à la domination impérialiste. Son engagement en faveur de la nation arabe et de la cause palestinienne lui a surtout valu des ennuis. Elle était isolée dans la région, où seuls la résistance palestinienne, le Hezbollah, les Houthis, et bien sûr l’Iran n’ont pas plié le genou devant l’ennemi. Au sein de la Ligue arabe, rares sont les pays, comme l’Algérie, à avoir eu le courage d’affronter les vents dominants en provenance de Washington. Aujourd’hui, la Syrie souveraine, ce «cœur battant du nationalisme arabe» dont parlait Nasser, est vaincue, et nul ne sait ce qu’elle deviendra à l’issue de ces événements dramatiques. Un scénario à la libyenne est tout à fait plausible, puisque le pays est déjà morcelé et occupé par des puissances étrangères qui utilisent leurs «proxies» pour se tailler un fief territorial, faisant fi du droit international dont ils se réclament hypocritement en d’autres occasions.
Au total, cette victoire du mercenariat takfiriste piloté par Ankara avec la complicité de Washington et Tel Aviv est une défaite cuisante non seulement pour l’axe de la résistance, mais pour le monde arabe dans son ensemble. Les Palestiniens seront les premiers à en faire les frais. Avec la coupure des voies d’approvisionnement du Hezbollah depuis l’Iran, cette nouvelle donne laisse l’organisation chiite dans l'incertitude. Tel Aviv pourrait en profiter pour pousser son avantage au Sud-Liban et laver l’affront de son échec sur le terrain depuis deux mois. Si la résistance libanaise subissait le sort de la Syrie, le mouvement national palestinien serait privé de son dernier allié dans la proche région. En saluant la prise de Damas par les takfiristes, le Hamas s’est tiré une balle dans le pied.
Au-delà de l’enjeu palestinien, le plan américano-sioniste visant à la décomposition du Moyen-Orient par la stratégie du chaos, opportunément relancé par Ankara et ses ambitions néo-ottomanes, se déroule de manière implacable. Ni la Russie ni la Chine n’y pourront rien. Trop loin, trop occupées à assumer les conséquences de la menace impérialiste à leurs propres frontières terrestres ou maritimes. Si le monde arabe ne se ressaisit pas, il continuera de subir le joug. Aucun sauveur suprême ne volera à son secours. Ceux qui disent que la Russie a laissé tomber la Syrie n’ont qu’à aller se battre dans le Donbass. Ceux qui disent que la Chine n’a rien fait peuvent toujours aller défier la flotte américaine dans le détroit de Taïwan. Quant à ceux qui prétendent défendre la cause palestinienne tout en se réjouissant de la victoire takfiriste en Syrie, le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont laissé leur cerveau au vestiaire.
Bachar el-Assad s’est très bien rendu compte de cette situation, il a
très bien vu que la situation était un peu désespérée, si vous voulez,
et je pense que c’est la raison pour laquelle il a commencé à négocier
avec les « rebelles » pour qu’il n’y ait pas de combats. Il a constaté
que la guerre de 2011 à 2017, à peu près, avait coûté de très nombreuses
vies de citoyens syriens, qu’elle avait amené des destructions qui
n’ont pas pu être réparées depuis, et par conséquent l’idée de Bachar
el-Assad était probablement de dire « on ne va pas refaire une guerre,
[…] on épargne des vies et on change de régime ».
Il n’a pas été lâché par les Russes. Bachar el-Assad n’a pas voulu
avoir une nouvelle guerre syrienne qui aurait fait d’énormes victimes.
Et de nouveau, il faut sortir de la logique occidentale de garder le
pouvoir, etc. C’était pas quelqu’un qui était attaché au pouvoir ; c’est
quelqu’un qui était attaché, je pense, à ce que son peuple vive bien.
Comme je l’ai dit, la soi-disant révolution que nous avons eu dans les
années précédentes, était le fait des Occidentaux, et d’Israël (dans les
Occidentaux, je mets Israël, parce qu’Israël n’est pas un pays du
Moyen-Orient, c’est un pays en fait occidental). La logique humaine, pas
la logique politique ni peut-être la logique stratégique, a fait dire à
Bachar el-Assad « ça sert à rien de faire souffrir davantage le
peuple ». C’est pour ça qu’il n’a pas demandé même l’aide des Iraniens
ou l’aide des Irakiens. Les Russes, c’est un peu différent. Les Russes,
dans un premier temps, ont voulu aider Bachar el-Assad, mais
apparemment, et c’est d’ailleurs ce que dit le communiqué du ministrère
des Affaires étrangères russe, les Russes n’ont pas été impliqués dans
la négociation menée par le gouvernement syrien et les rebelles ou la
Turquie – il n’y a pas de clarté à ce stade entre qui et qui a eu lieu
cette négociation. Les Russes, dans un premier temps, ont voulu réagir
parce qu’ils pensaient que l’armée syrienne réagirait, mais ça n’a pas
été le cas, et les Russes ont appliqué une logique assez simple,
d’ailleurs ; c’est la même logique qu’on a eu en Arménie, lorsque les
Arméniens ont cédé le Nagorny Karabakh à l’Azerbaïdjan. Les Russes ont
dit « si vous-mêmes vous ne voulez pas défendre cette terre, c’est pas
nous qui allons la défendre à votre place ».
Cet
ouvrage aborde, dans une tonalité théorique, les problèmes agricoles et
alimentaires mondiaux et propose les outils pour l'analyse de fond des
bouleversements à l'oeuvre dans les économies nationales, riches et
pauvres, des continents africain, américain, asiatique et européen. Il
éclaire la signification des formidables confrontations mondiales qu'il
s'agisse du GATT, de la Politique Agricole Commune de l'Europe, ou des
relations Nord-Sud. Ce livre constitue un instrument de travail efficace
pour ceux qui veulent renouveler la pensée sur le développement rural.
Quatrième de couverture
A
l'intersection de l'économie agricole et de l'économie du
développement, ce livre a pour ambition de redonner aux décideurs
actuels et futurs le goût de la réflexion et la jubilation du doute,
ainsi qu'aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs un guide dans
ce gigantesque labyrinthe de la littérature économique sur la question
de la ruralité dans le changement social. Il aborde, dans une tonalité
théorique, les problèmes agricoles et alimentaires mondiaux et propose
les outils pour l'analyse de fond des bouleversements à l’œuvre dans
les économies nationales, riches et pauvres, des continents africain,
américain, asiatique et européen. Il éclaire la signification des
formidables confrontations mondiales qu'il s'agisse du GATT, de la
Politique Agricole Commune de l'Europe, ou des relations Nord-Sud. En
fournissant en langue française un panorama critique du corpus théorique
international disponible sur la croissance agricole, cet ouvrage
constitue un instrument de travail efficace pour ceux qui veulent
renouveler la pensée sur le développement rural et faire, non d'une
posture normative, mais de l'interprétation des mouvements économiques
un guide pour l'action.
Biographie de l'auteur
Alain
Mounier, Docteur d'Etat en sciences économiques, est Directeur de
Recherches à l'Institut National de la Recherche Agronomique, où il mène
actuellement des travaux sur l'évolution à long terme des secteurs
productifs dans différents pays.
La « légende de la dame de Condé » a été écrite par l’économiste Jacques Dartan [...]. Il s’agit d’une fable qui tente de démontrer la situation globale de l’économie réelle au travers de la situation d’un village, prenant un billet comme «témoin», que se repassent sans le savoir tous les personnages.
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La Dame de Condé est une histoire visant à faire réfléchir et à susciter le débat à propos de l'économie.
« Nous
sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses
ortolans et pour sa discrétion ! Un vendredi après-midi débarque une
jeune femme, d'apparence convenable, bien qu'un peu trop fardée.
Elle réserve une chambre à un grand lit pour la nuit et, comme
elle n'a pas de bagage, elle laisse en acompte un billet de 500 F, tout
neuf. Puis, elle s'en va visiter la vieille ville.
Le pâtissier qui a vu la scène dit au patron: "Ça fait 6 semaines
que vous me devez 500 F pour la pièce montée que j'ai livrée à
l'occasion de la communion de votre fille". Le patron lui donne le
billet de bonne grâce.
Comme cette scène a été vue par d'autres, elle se reproduisit 5
nouvelles fois car le pâtissier devait aussi 500 F au minotier,.., qui
en devait autant au garagiste,... lui-même débiteur de cette somme au
boucher,... qui avait à régler 500 F au représentant de la maison
Elida,... lequel devait à son tour acquitter sa chambre à l'hôtel de la
Gare pour 500 F.
Au moment où le représentant donne le billet au patron de
l'hôtel, notre dame revient de promenade. Elle annonce qu'elle annule sa
réservation. L'hôtelier lui rend donc son billet qu'elle brûle
aussitôt. "Il était faux", dit-elle en souriant..
Vrai ou faux, ce billet a permis d'annuler 3 000 F de dettes qui, sans lui, seraient restées impayées.
»
Mécanisme économique
Rôle fiduciaire de l'argent
Pourquoi un billet faux a t-il été capable de catalyser autant d'échanges?
Parce qu'un billet est de la monnaie fiduciaire (du latin fiducia:
confiance). C'est exclusivement une "valeur de confiance" entre les
membres d'une communauté. Dans un autre pays, il n'aurait pas été
accepté. Un billet faux perd "sa valeur" quand il se révèle faux et
n'est plus accepté par celui qui le reçoit. C'est celui qui le détient
qui assume la perte. Dans cette histoire, il n'y a pas eu de perte sauf
pour la Dame de Condé qui sachant qu'il était faux l'a détruit.
Serait-ce qu'il y a carence de pouvoir d'achat dans notre société?
En effet la Dame de Condé, en réservant sa chambre, a accru de 500
francs la masse monétaire du village, ce qui a permis à six personnes
d'éteindre réciproquement leurs dettes. La nature de la monnaie
utilisée, bonne ou mauvaise, est indifférente. C'est une façon de
montrer que la monnaie d'échange, quand elle circule, peut être
considérée comme un voile, ne modifiant en rien les échanges de biens et
de services.
Équilibre financier au sein du village
Le billet est faux. C’est le plus spectaculaire de cette histoire, et pourtant c’est bien la réalité.
S'il a permis d'effacer les dettes, c'est qu'il existe un
consensus dans le village sur les prix des différentes prestations
réglées par la circulation de ce billet. Ce consensus résulte forcément
d’une concertation préalable et d’une délibération que nous supposerons
démocratique pour rester dans la symbolique que les gouvernements
occidentaux revendiquent hautement. Les différentes dettes sont toutes
égales. La Dame n’a tenu aucun rôle dans la fixation des prix de ces
différentes prestations.
Avec ces règlements, l’ensemble des acteurs du village se
retrouve en équilibre comptable, en temps réel, de ses transactions
commerciales. Il n’y a eu aucune catalyse d’échange comme le commentaire
a pu le suggérer, ceux-ci étaient antérieurs à l’apparition du billet.
Si
un des acteurs de cette histoire avait donné le billet à quelqu'un qui
n'a aucun lien avec l'hôtelier, ce dernier aurait dû rendre 500F de sa
poche à la dame. Un trou de 500F dans la caisse.
Cette histoire ne serait valable que dans une société composée d'une
poignée d'individus. Dans la réalité, c'est une fable à l'usage des
incultes en économie.
Oui
Bien
au contraire, cette histoire est d'autant plus vraisemblable que le
nombre d'individus concernés est grand. En raisonnant par l'absurde, si
condé représente le monde entier, c'est à dire l'ensemble du système
économique, il ne peut y avoir de fuites. Si cette fable est peut être
critiquable, ce n'est pas dans ce domaine, mais plutôt sur le fait que,
hélas ou non, la monnaie ne peut être considérée, hélas, comme un simple
voile monétaire, sinon il suffirait de faire du troc, c'est d'ailleurs
ce que, implicitement, il se passe à Condé.
Cependant, il faudrait qu'à l'échelle du monde, les dettes soient
toutes les mêmes, ce qui ne tiendrait pas comptes des inégalités entres
pays, individus, etc.
Généralisation : le rôle des banques
Suite de l'histoire
« Hôtelier
et ses collègues sont contents: ils ont trouvé le moyen de ne plus se
casser la tête à se rappeler leurs dettes respectives. Ils ont décidé
d’aller un peu plus loin et de demander à la Dame de fournir à chacun
une somme en (faux) billets correspondant à leur besoin de trésorerie
correspondant au temps qu’ils ont prévu d’attendre avant de réévaluer
les prix des diverses prestations. Ils ont convenu que ces nouveaux prix
tiendraient compte de la conjoncture qu’ils avaient connu pendant cette
période (notamment des récoltes et de la météo, et de ce qu’on pouvait
prévoir pour la période suivante).
Ils ont décidé que la Dame ferait partie de l’équipe et qu’elle serait
rémunérée pour la fonction qu’elle tiendrait auprès d’eux: remplacer les
billets devenus inutilisables. »
« Six
mois après , certains des villageois ont constaté que leur dotation en
billets n’était plus suffisante pour entreprendre les travaux qu’ils
avaient envisagé, en accord avec la communauté.
Ils ont demandé à obtenir une rallonge personnelle liée à ces projets:
l’assemblée a conclu que, puisque ces billets étaient faux, il n’y avait
aucun inconvénient à en donner des supplémentaires au demandeur, qui
seraient détruits quand il les aurait remboursé à la Dame.
Il fut aussi conclu que, si le demandeur venait à faillir à
rembourser lors d’un projet accepté par la communauté, on trouverait un
remplaçant pour achever l’ouvrage et finir de rembourser.
Et comme il fallait malgré tout prévoir le cas où le projet accepté par
tous se révélerait ruiné par des circonstances imprévisibles, il serait
prévu pour tous les projets un léger excès de remboursement, géré en
mutuelle, pour rétablir l’équilibre comptable.
La Dame serait chargée de toutes les opérations financières
associées, et à leur publicité devant l’organe de concertation du
village, et rémunérée pour le service.
Toutes ces dispositions respectent bien le concept fondamental de la
fausse monnaie.
La Dame, c’est bien entendu La Banque. »
À quoi servent en fait les banques : la vraie Dame de Condé…
Les intérêts
« Nous sommes toujours à Condé-sur-Gartempe…
La même Dame est venue passer la journée, le billet a circulé
tout pareil. Mais quand la Dame est revenue, elle a tenu un discours
différent: je n’ai jamais eu l’intention de passer la nuit ici : « et
pourtant, - dit-elle - , me suis démunie de mon argent pendant quelques
heures, j’ai pris le risque que vous le perdiez, celui d’un tremblement
de terre, de…, enfin j’ai investi , comme d’ailleurs vous auriez pu (et
dû !) le faire au lieu de le faire circuler bêtement. Ce risque doit
être rémunéré. Donc je dois récupérer 600F, les 500F que je vous ai
remis et que je vais brûler car ils sont faux, plus 100F d’intérêt.
Et bien sûr, ces 100F vous ne les avez pas ! Je vais donc prendre le
repas de ce soir chez vous, vous m’en mettrez pour 100F… ou plutôt je
vous achète ce bout de terrain dont vous ne faites rien… ou plutôt… » »
Que s’est-il donc passé ?
Un
miracle, tout simplement, la Dame a ainsi pu matérialiser le rejeton
du faux billet de 500F, celui de 100 F.
Et c’est le principe de l’intérêt. Il transforme tout prêteur en faux
monnayeur légal : tout prêt d’argent à intérêt est celui d’un
« mistigri » qui rapporte tant qu'on se fait rembourser…
Cependant, si les habitants s'étaient rendus compte seuls de
l'égalité des dettes, ils n'auraient pas eu besoin de la banque et
n'auraient pas eu à fournir 100 F d'intérêts.
Conclusion : l'utilité de la fable
Une « science »
(comme l’économie monétariste nous est présentée) qui peut faire de
pareils miracles, ce n’est assurément plus une science, c’est une religion, c’est l’équivalent laïc de la transsubstantiation du dogme catholique, mais cette fois, bien dans le domaine du réel.
La fable de la Dame de Condé est en fait une parabole qui devrait
être incontournable (sous cette forme, ou sous forme académique) dans
le chapitre 1 de tout manuel d’économie qui ferait preuve d’honnêteté
intellectuelle et qui devrait disserter du but et des limites de
validité de la circulation monétaire.
En 1916, il publie son ouvrage majeur L'Ordre économique naturel. Il y présente sa théorie de la monnaie franche qui le rendra célèbre, laquelle consiste en la mise en circulation d'une monnaie fondante c'est-à-dire qui se déprécie à intervalle fixe (tous les mois ou tous les deux mois...).
Mathilde Talbot, la mère de Silvio Gesell était catholique wallonne, francophone . Ernst Gesell, son père, originaire d'Aix-la-Chapelle, de confession protestante, était percepteur des contributions du canton de Malmedy
(qui passera de la souveraineté allemande à la souveraineté belge au
lendemain de la première guerre mondiale). Silvio était le septième
enfant d'une fratrie de neuf frères et sœurs.
Après avoir fréquenté l'école à Saint-Vith,
Gesell part au lycée de Malmedy. Il doit pourvoir tôt à sa subsistance,
renonce par conséquent aux études et est engagé à la poste impériale
allemande à l'âge de 16 ans. La carrière de fonctionnaire ne lui
convient cependant pas. Il décide d'apprendre la profession de
commerçant auprès de ses frères aînés, Paul et Roman, à Berlin. Puis il passe deux ans en tant que correspondant à Malaga (Espagne).
À contrecœur il retourne à Berlin, pour faire son service militaire,
qu'il parvient à effectuer en une seule année. Ensuite, il travaille en
tant qu'employé commercial à Brunswick et Hambourg.
En 1887, il part pour Buenos Aires (Argentine),
où il s'installe à son propre compte et ouvre une filiale de l'affaire
de Berlin. Cette même année, il épouse Anna Boettger à Montevideo.
Les crises économiques importantes qui fragilisent le pays attisent sa
réflexion sur la problématique structurelle du capitalisme. En 1891, il publie à compte d'auteur ses deux premiers ouvrages : Die Reformation des Münzwesens als Brücke zum sozialen Staat (La Réforme du régime monétaire, étape vers un État social) et Nervus Rerum-Fortzetzung zur Reformation im Münzwesen (Le fond du problème-Prolongements à la Réforme du régime monétaire . Après avoir transmis en 1890 son affaire argentine à son frère, il retourne en Europe en 1892.
En 1895 il fait rentrer son frère Ernst comme associé dans sa société
la Casa Gesell. En 1898 il confie la direction de sa société à Ernst et
rentre en Europe afin d'y diffuser ses idées.
Après un court passage en Allemagne à Weimar près de son frère Roman, séjour au cours duquel il subit les critiques de l'économiste Karl Helfferich, il s'établit en Suisse, aux Hauts-Geneveys dans le Canton de Neuchâtel
et y acquiert une propriété rurale. Parallèlement à son activité
agricole il se consacre plus encore à des études économiques et à
l'écriture. En 1902 il fonde la revue, plus ou moins mensuelle, Die Geldreform (La réforme monétaire) qui devient en 1904Die Geld-und Bodenreform (La Réforme agraire et monétaire) qui paraît trois années durant, ce qui lui permet d'amorcer un réseau de pairs. En 1906 il publie Die Verwirklichung des Rechtes auf des vollen Arbeitsertrag durch die Geld-und Bodenreform (La mise ne pratique du droit au produit intégral du travail par la réforme de la monnaie et du sol). En 1907
le décès de son frère Ernst le rappelle quelque temps en Argentine, où
il confie la Casa Gesell à ses deux fils avant de regagner l'Allemagne
en 1911.
Il s'établit à Oranienburg dans la coopérative agricole Eden(de) une communauté végétarienne, terrain d'expérimentations sociales . Cette même année 1911, il publie à Berlin Die neue Lehre vom Geld und Zins (Les lois nouvelles de la monnaie et de l’intérêt). En 1912 il y créé, avec Georg Blumenthal(de), la revue « Der Physiokrat », en référence à François Quesnay (la revue cessera de paraître en 1916, victime de la censure).
Du fait de la première guerre mondiale, Gesell quitte l'Allemagne en 1915 pour s'établir en Suisse. C'est là que, en 1916, il refond, remanie et publie en auto-édition les deux ouvrages de 1906 et 1911 sous le nouveau titre Die natürliche Wirtschaftsordnung durch Freiland und Freigeld (L'ordre économique naturel fondé sur l'affranchissement du sol et de la monnaie ou plus simplement L'Ordre économique naturel).
Après la guerre, en 1919, Gesell voyage à Berlin. Le 1er avril il est à Munich en pleine révolution socialiste. Le gouvernement révolutionnaire de la République des conseils de Bavière
lui offre d'abord un siège dans la commission de socialisation et fait
de lui peu après son commissaire aux finances. S'assurant la
collaboration de son ami, le docteur Theophil Christen(de), il prend ses fonctions le 7 avril. Le 14 le gouvernement est renversé. Le 1er mai il est arrêté et emprisonné (comme bien d'autres dont Gustav Landauer
qui sera assassiné en prison). Après la fin sanglante de la République
des conseils, Gesell, accusé de haute trahison, passe en jugement le 9 juillet
devant un tribunal d'État de Munich. Il est acquitté, ainsi que son ami
Christen, à l'unanimité. Les frais du procès sont à la charge du Trésor
public.
Devenu persona non grata même en Suisse, Gesell s'installe en 1919 à Rehbrücke, près de Potsdam. Au début des années 1920, l'inflation et l'hyperinflation
régnant en Allemagne, les thèses de Gesell sont peu entendues mais
eurent une certaine influence au seins du mouvement national-socialiste
d'Autriche et des Sudètes, où elles entrèrent en concurrence avec celles
de Gottfried Feder2. En 1924-25, il séjourne en Argentine. En 1927, il revient à Eden/Oranienburg. C'est là qu'il publie en 1927Der abgebaute Staat (L’État démantelé). C'est là aussi qu'il succombe d'une pneumonie le .
Recherches et observations
Alors que l'industrialisation était en plein essor en Europe à cette époque, la puissance coloniale espagnole empêchait un développement autonome de l'Argentine.
Le gouvernement espagnol était intéressé par les gisements d'argent
(d'où l'« Argentine »), et non pas par un développement autonome de
l'agriculture, du commerce et de l'industrie. Cela aurait forcé l'Espagne à des importations importantes de sa propre colonie.
Après la chute du dictateur Juan Manuel de Rosas, entra en vigueur en 1853
une constitution libérale qui ouvrit le pays aux immigrants. L'économie
commença à prospérer, la laine de mouton devint l'article d'exportation
le plus important. Un recul de la conjoncture mondiale au milieu des
années 1870 et l'introduction d'une monnaie indexée sur l'or provoquèrent en 1890
une nouvelle crise économique. L'économie basée sur l'exportation fut
bridée par les dispositions de garantie-or. Les signes typiques d'une spirale déflationniste se développèrent :
Masse monétaire en diminution → baisse des salaires → thésaurisation (recul de la consommation) → stocks de marchandises → faillites d'entreprises → renvois → chômage de masse.
La tentative du gouvernement de mettre en place une politique
inflationniste échoua, car la population accumula le nouvel argent par
peur de l'avenir. L'offre resta excessive, les prix baissèrent encore
rapidement jusqu'au niveau d'avant. Des augmentations de prix à long
terme auraient rendu l'épargne moins attractive, auraient poussé à plus
de consommation, et auraient relancé l'économie intérieure.
Ces instabilités économiques amenèrent Gesell à réfléchir à la nature de l'argent, dans son propre intérêt commercial.
Aperçus et conséquences
Gesell est arrivé à la conviction suivante :
Dans la nature tout est soumis au changement rythmique du «
Devenir et Disparaître » (Werden und Vergehen) - seule la monnaie
semble soustrait au caractère passager de ce monde. Puisque la monnaie,
contrairement aux marchandises, ne « rouille » ni ne « s'abîme », le
détenteur peut attendre, jusqu'à ce que les marchandises soient assez
bon marché pour lui. Des commerçants sont forcés d'abaisser leurs prix,
puis ils doivent couvrir leurs frais par des crédits. Le possesseur de
monnaie fait payer ce besoin par l'intérêt. Ces rentrées d'intérêts ne
profitent toutefois pas à la communauté, mais sont prêtés à nouveau
(intérêts composés). De cette façon, de plus en plus de monnaie est
extrait du flux économique. Des richesses « improductives » sont
accumulées où elles ne sont pas nécessaires. À l'opposé, la monnaie
« gagnée » est enlevé à la population active. Pour surmonter cette
position dominante, la monnaie, dans son essence, doit imiter la nature.
La monnaie doit « rouiller » conformément à la proposition de
Gesell, ce qui signifie qu'elle doit perdre périodiquement de sa valeur.
Aussitôt qu'elle est « éphémère », elle n'a plus de position dominante
(« liquidité ») sur le marché par rapport au travail humain et aux
produits, de telle sorte qu'elle doit se mettre au service du marché,
sans intérêts. Ainsi, la monnaie sert à l'homme, et pas l'homme la
monnaie.
La réévaluation sur le niveau antérieur doit avoir lieu à l'aide
de « la monnaie libre » (Freigeld). Chacun serait ainsi désireux de ne
pas garder sa monnaie trop longtemps. Celui qui n'a pas besoin de biens,
peut ainsi payer régulièrement ses dettes, ses factures, son loyer,
etc. Ainsi, de la monnaie est disponible à tout moment et pour tous.
C'est pourquoi Gesell lui a donné le nom « monnaie libre »
(Freigeld). Il est à tout moment librement disponible, car personne ne
serait stupide au point d'accepter une perte de valeur progressive vers
zéro. Une telle monnaie est une vraie monnaie, car la monnaie doit
servir d'instrument d'échange, et ne pas paralyser l'économie par son
accumulation.
Monnaie stable, économie stable
Par
la circulation monétaire constante, sa quantité peut être dosée de
telle sorte que le pouvoir d'achat de la monnaie, ainsi que les prix,
restent stables. Il y aurait toujours des fluctuations naturelles des
prix par le fait d'innovations permanentes. Les produits démodés
seraient retirés rapidement du marché, ne serait-ce que par leur don aux
nécessiteux. Il n'y aurait pas ainsi de fluctuations importantes dans
l'économie, ni déflation ni inflation. D'après Gesell, les désordres
sociaux dus à un chômage élevé seraient également éliminés de façon
durable.
La découverte d'un ordre « naturel » de la monnaie, ressenti
comme tel par Gesell, a changé sa vie du tout au tout. Il est devenu un
réformateur social, ses réflexions furent une contribution importante à
la résolution de la question sociale. Ses premiers écrits en seront la
conséquence (Die Reformation im Münzwesen als Brücke zum sozialen Staat, Nervus rerum et Die Verstaatlichung des Geldes). Suivirent une abondance de brochures, de livres et d'essais en allemand et en espagnol.
En 1900, Gesell s'installe à Neuchâtel (Suisse), pour se consacrer à l'agriculture et, en tant qu'autodidacte, à l'étude de la théorie économique. Son principal livre parut en 1916Die natürliche Wirtschaftsordnung durch Freiland und Freigeld (L'ordre économique naturel fondé sur l'affranchissement du sol et de la monnaie), a été traduit en plusieurs langues et réédité de nombreuses fois.
Engagement politique
En , il fut nommé par Ernst Niekish au poste de commissaire du peuple aux finances, qu'il n'exerça toutefois que durant une semaine. Après la fin de la République des conseils de Bavière,
Gesell fut tout d'abord accusé de haute trahison, puis acquitté. À
cause de sa participation aux événements de Munich, le retour sur son
exploitation agricole lui fut refusé par les autorités suisses. Après
cela, Gesell se retire à colonie coopérative cofondée par Franz Oppenheimer à Oranienburg/Eden. Il y décède le .
Applications, expérimentations
Peu de temps après, deux expériences réussies d'argent libre ont lieu à Schwanenkirchen dans la forêt bavaroise et Wörgl au Tyrol. L'expérience d'argent libre (Wära-Freigeldexperiment) mise en œuvre par le Dr. Nordwall sur l'île de Norderney, appartient également à cette série d'études pratiques d'économie libre.
Ces projets pouvaient faire front aux mauvaises conséquences de
la crise de l'économie mondiale dans les années 1930. Les idées de
Gesell fonctionnèrent très bien. Toutefois, les responsables ont fait
l'erreur d'imprimer de « véritables billets » faisant ainsi concurrence
aux banques nationales. Ainsi, les projets purent être interdits.
Selon des critiques, les banques ont fait cela dans leur propre
intérêt, et non pas dans l'intérêt de la population qui s'appauvrit
immédiatement à nouveau. Partout dans le monde on entendra parler de ces
projets ; particulièrement en France et aux États-Unis où on désira les
imiter, pour contrôler les crises intérieures.
Les deux principales limites de ces expériences sont, selon la plupart des économistes :
- le caractère local de ces monnaies, qui interdisent tout échange commercial avec l'extérieur.
- la fongibilité de ces monnaies, qui interdisent toute épargne et donc tout investissement.
Ces deux limites décisives expliquent pourquoi toutes les expériences de
«monnaies naturelles» furent très limitées dans le temps (quelques
mois) et dans l'espace (quelques villages).
Schwanenkirchen
Wörgl
Banque WIR
En 1934, la Banque WIR s'inspire des travaux de Silvio Gesell sur la monnaie franche3. Elle utilise d'autre part son système de monnaie fondante
jusqu'en 1948. Le principe de la monnaie franche reste utilisé,
conjointement avec le franc suisse, en fonction des besoins et
prévisions de dépense de chacun des clients-membres4.
Nice
En 1933 se constitue à Nice
un Comité national de la mutuelle d'échanges qui créée des bons
d'échanges destinés à circuler uniquement entre les adhérents,
essentiellement des commerçants.(Les statuts du Comité paraissent dans
la presse le , la création de l'association étant annoncée officiellement au J.O. le
de la même année). Sous le ministère Laval, une intervention de la
Banque de France frappe l'expérience d'illégalité. Un joaillier du nom
de Soriano, qui participa à cette expérience viendra apporter
après-guerre son soutien à « la commune libre de Lignières-en-Berry »5,6
Lignières-en-Berry et Marans
Deux
brèves expériences ont eu lieu respectivement dans le Cher en 1956 et
en Charente-Maritime en 1957. Émises par une association sous le terme
de « bons d’échange » ou de « bons de travail » , ces monnaies franches
durent être abandonnées à la suite de l'adoption en
de l'ordonnance interdisant « l’émission ou la mise en circulation de
moyen de paiement ayant pour objet de suppléer ou de remplacer les
signes monétaires ayant cours légal »7.
Pierre Tournadre, horloger, et Georges Lardeau, directeur du
cinéma, pour faire face à l'exode rural et au dépérissement économique,
déclarèrent le « la commune libre de Lignières-en-Berry ». La monnaie franche est émise en .
Tandis que l'expérience commence à faire parler d'elle, et dans un
contexte de développement du poujadisme, le gouvernement commence par
déposer un projet de loi en décembre pour tenter d'interdire ce genre
d'entreprise. En
une enquête de police judiciaire diligentée ne trouve rien à charge. La
revue "Science et Vie" (Étienne Dugue, La monnaie accélérée, numéro
488, ) fait le récit de cette expérience à laquelle viendra mettre fin l'ordonnance de 58-1298 datée du 8,5.
Marino-Bertil Issautier rendit compte des expériences de
Lignières et de Marans dans Perspectives d'une Révolution Économique et
Monétaire, une édition spéciale des Cahiers de la Pensée et de l'Action,
Paris, 1961.
Adoption, oubli et renaissance de sa pensée
Jean Barral forgea le néologisme franchisme (il fut l'auteur de La Révolution économique. Paris 1935).
Fondée en 1915, la ligue franchiste suisse
(Freiland-Freigeld-Bund), prend le nom de Schweizer Freiwirtschaftsbund
en 1924. Th. Christen, Hans Bernoulli, Werner Schmid, Hans Konrad Sonderegger, Fritz Schwarz et Friedrich Salzmann comptèrent parmi ses principaux représentants.
En Allemagne après la Seconde Guerre mondiale des partisans des idées de Gesell se constituent en parti, le Radikalsoziale Freiheitspartei(de) qui changera ensuite de nom pour devenir le Freisoziale Union(de).
Ces formations politiques n'obtiennent que de très faibles suffrages.
Une institution, la Silvio-Gesell-Haus est créée entre Wuppertal et
Neviges pour accueillir réunions et colloques.
Des situations de chômage de masse et de déflation dans de
nombreux pays ont conduit des communautés d'individus à créer des
monnaies locales et complémentaires à la monnaie d'État, comme les systèmes d'échange local (SEL) ou des monnaies régionales en Argentine et en Allemagne (le regiogeld, dont chiemgauer) fonctionnant sur les principes de la monnaie franche.
Le regio fonctionne comme une « monnaie complémentaire »
à l'euro, et est à parité avec elle. La circulation de la monnaie est
garantie par le caractère périssable de la monnaie. Les billets sont
protégés tout comme l'euro de la contrefaçon et sont garantis de
l'inflation du fait de sa perte régulière de valeur. On peut aussi citer
l'expérience de la « commune libre de Lignières (Cher) » en 19569,10.
[...]
Citations
« Nous voudrions spécialement certifier de notre estime pour des pionniers tels que Proudhon, Walras,
et Silvio Gesell, qui accomplirent la grande réconciliation entre
individualisme et collectivisme sur laquelle l'ordre économique pour
lequel nous nous battons doit reposer. »
« Les économistes universitaires sont prêts à ignorer les « doux dingues », en particulier les réformateurs de la monnaie. Johannsen, Foster et Catchings, Hobson
et Gesell ont tous eu de brillantes contributions à faire à notre
époque, mais n'ont pu se faire écouter. Il est à espérer, que dans le
futur les économistes accorderont une oreille compatissante à ceux qui
sont doués d'une grande intuition économique. »
« Pendant les années d'après-guerre, ses disciples nous bombardèrent
d'exemplaires de ses ouvrages. [...] nous estimions, comme les autres
économistes universitaires, que ses efforts profondément originaux ne
méritaient guère plus d'attention que l'œuvre d'un déséquilibré. [...]
Attirant à lui la faveur quasi religieuse dont Henry George
avait jadis été l'objet, Gesell devint le prophète vénéré d'un culte
groupant à travers le monde des milliers de disciples. [...] Depuis la
mort de Gesell survenue en 1930 une grande partie de la ferveur spéciale
que suscitent les doctrines comme les siennes s'est portée sur d'autres
prophètes (moins éminents à notre avis). »
« Le plus grand économiste de notre temps (Keynes) a consacré de
nombreuses pages à célébrer les mérites d'auteurs très secondaires, tels
que le Major Douglas ou Silvio Gesell. »
« Plusieurs auteurs, tels Dillard (1940; 1942), Seccareccia (1988) et
Herland (1992) se sont penchés sur l’oeuvre de Gesell afin d’identifier
la trajectoire théorique qui va de Proudhon et Gesell à Keynes, en
passant par Wicksell »