dimanche 3 février 2019

Les mots comme outils conceptuels

Il est impossible de se représenter le monde correctement si on n'a pas les mots précis pour le faire.
Par exemple, si on croit que nous vivons actuellement en "démocratie", il sera impossible de concevoir une société réellement démocratique.

Le dialogue ci-dessous l'illustre parfaitement.

FA : La démocratie représentative est capté par des intérêts privés en utilisant et introduisant des biais qui sont les médias et l'argent principalement. Et en ne l'expliquant pas à l'école. En le sortant du programme scolaire.

JS : Le régime représentatif s'appuie sur l'élection (une procédure non démocratique, mais au contraire aristocratique). Or, comme l'élection coûte cher, c'est toujours le plus "aidé" qui gagne. Le plus corrompu et le plus gros menteur.

FA : Ça, c'est une opinion, la tienne 😉

JS : Oh que non ! Je vais donc citer mes sources.

Aristote (332 avant JC) : "Les élections sont aristocratiques et non démocratiques: elles introduisent un élément de choix délibéré, de sélection des meilleurs citoyens, les aristoi, au lieu du gouvernement par le peuple tout entier."

Montesquieu (1748) : "Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie; le suffrage par le choix est celle de l'aristocratie.".

Pour ce qui est de l'impact de l'aide tant financière que médiatique sur le résultat des urnes électorales, je vais vous fournir un graphique réalisé suite aux élections présidentielles de 2012. J'ai vu les chiffres de 2017 (du CSA) pour 2017 et c'est une fois de plus vérifié.


Le vainqueur d'une élection (par nature non démocratique) est donc le "meilleur" ("aristoi" en grec) et celui qui a reçu le plus d'argent et/ou d'exposition médiatique (et comme les grands médias appartiennent aux plus grandes fortunes du pays, c'est un peu les mêmes personnes qui aident).
   
"Meilleur" en quoi ? En gestion d'un pays ? Mais la France est chaque année encore plus endettée que l'année précédente. Les élus ne sont pas bons ! Enfin, pas bon pour l'intérêt des contribuables, mais bons pour ceux qui ont financé leurs campagnes, ça oui ! Leur compétence est ailleurs. C'est celle des bonimenteurs. Dire ce que les gens/électeurs ont envie d'entendre. Ensuite, une fois élus, ils ne sont plus obligés d'appliquer leur programme/promesses puisque "le mandat impératif est nul" (article 27 de la Constitution; voir : https://www.conseil-constitutionnel.fr/.../texte-integral...).

FA : C'est la leur alors ! 😊 

JSRousseau a dit la même chose qu'Aristote et Montesquieu. Tous les pères fondateurs des républiques modernes (des systèmes s'appuyant sur l'élection) étaient anti-démocrates; et ne s'en cachaient pas.

Emmanuel-Joseph Sieyès, l’un des pères de la Révolution française, avait bien compris aussitôt la différence fondamentale entre un « gouvernement représentatif » (où les citoyens se donnent des élus) et un « gouvernement démocratique » (qui supposerait un régime direct d’assemblées générales exerçant simultanément un pouvoir souverain, par exemple de validation a posteriori des lois, comme ce fut d'ailleurs prévu plus tard dans la Constitution de l’an I, ainsi que le tirage au sort des fonctions spécialisées qu’on attribue actuellement aux élus. professionnalisés, telles que la préparation et le contrôle du budget, l’ordre du jour de l’actualité gouvernementale, la délibération législative, etc).

« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » (Discours du 7 septembre 1789, intitulé précisément : « Dire de l’abbé Sieyes, sur la question du veto royal : à la séance du 7 septembre 1789 » cf. pages 15, 19…)

Je vous ai donné des éléments d'information (philosophiques, historiques, chiffrés aussi). Je vous laisse maintenant le temps d'y réfléchir car je sais que c'est difficile, et même douloureux parfois, de réaliser que la propagande télévisée et même scolaire (depuis Guizot 1833, depuis le suffrage universel 1848, depuis Jules Ferry 1880-85, etc.) répètent inlassablement le même oxymore "élection démocratique". Mais ce mot et cet adjectif sont pourtant contraires. Une fois ceci compris, et seulement à partir de là, on peut commencer à envisager de bâtir la vraie démocratie.

FA : On dirait que tu récite une leçon, tu as bien appris. Et il y a du vrai dedans, je n'en doute pas. Mais à chacun ses certitudes. Venant des autres ou pas ? D'ailleurs si ce n'est qu'une histoire de vocabulaire, ce n'est point important, si on veut la même chose, le pouvoir au peuple !    

JS : Pour pouvoir concevoir une notion, il faut avoir les mots précis. On ne peut pas désirer la démocratie (le pouvoir au peuple) si on croit que la démocratie c'est l'élection.

Alors oui, c'est du travail de recherche, des leçons à apprendre, puis à transmettre, pour se libérer de la propagande, pour se libérer de l'endoctrinement républicain.

J'insiste sur les mots car ce n'est pas un détail, c'est un outil conceptuel. La France n'est pas une démocratie et ne l'a jamais été ! Elle a été une monarchie constitutionnelle (avec suffrage censitaire) puis une république, mais jamais une démocratie. Tant que c'est un petit nombre qui vote les lois qui vont s'appliquer à tous, cela porte un nom précis : oligarchie.

Cela fait six ans que je me documente et que je milite pour la démocratie ; cela explique probablement mon insistance et le fait que j'aie pu constater le blocage mental que représente une mauvaise utilisation des mots.

FA : Ce qui explique ta spécialisation. Et ton insistance. Oui, peut être que c'est la même chose de mon côté... Mais je ne pense pas détenir la seule vérité. Et c'est clair que quand on s'est spécialisé, il est parfois difficile d'explorer d'autres voies.    

JS : Ce n'est pas le seul sujet que j'aie approfondi; mais il est vrai que celui-ci (la démocratie), je pense l'avoir suffisamment travaillé pour m'exprimer publiquement dessus. D'ailleurs ce n'est pas une opinion a priori que je donne mais en citant mes sources, avec des auteurs de référence sur le sujet et des données chiffrées vérifiables.

J'insiste parce que je suis persuadé que si on continue de dire que l'élection c'est la démocratie, on restera dans cette impasse en essayant différents modes de scrutin et on se retrouvera toujours au même point : des maîtres élus qui décident tout à notre place. 

Dans une démocratie, on n'élit pas des maîtres ! On vote directement les lois !

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