lundi 1 août 2016

Pourquoi 10 milliardaires contrôlent notre information ?



Bouygues, Xavier Niel, Dassault, Bernard Arnault, Bolloré, Pierre Bergé, Patrick Drahi, François Pinault, Matthieu Pigasse et Lagardère, voilà les dix milliardaires qui possèdent nos médias. Pourquoi se masser dans un secteur souvent déficitaire ? C’est un jeu d’influence qui se joue ici à coup de gros sous. Beaucoup de sondages, un zeste de censure, saupoudrez tout ça de quelques grains de corruption et d’une propagande structurelle et diffuse et vous avez la recette d’une influence réussie. Tant pis pour notre démocratie, notre droit à l’indépendance de la presse et à une information libre ! Que pèse l’intérêt général quand des milliards sont en jeu ?

Résumé

Lagardère vend Libération à Patrick Drahi. Bolloré reprend en main Canal. Le même Drahi rachète BFM-TV et RMC alors que Bouygues croque Eurosport. Les milliardaires s’animent sur le marché des transferts de médias. Et ce n’est que le mercato. Jetons un coup d’œil aux effectifs.
Tous nos quotidiens nationaux (Le Monde, Libération et Le Figaro), toutes nos chaînes d’info (LCI, I-Télé, BFM-TV), l’essentiel des hebdomadaires de référence (Le NouvelObs, L’Express, Le Point) et des chaînes de TV privées (Canal+, TF1) appartiennent à de grands milliardaires. En vérité, ils sont dix à se partager l’accès à nos consciences, dix à contrôler toutes les fréquences, dix milliardaires à exploiter pour leurs intérêts personnels les heures de « temps de cerveau disponibles » que nous leur laissons chaque jour. Comment expliquer que des requins de la fusion-acquisition, que des capitaines d’industrie jamais avares de reventes juteuses investissent temps et argent dans un secteur économique – les médias – en perte de vitesse et souvent déficitaire ?
Cette vidéo se propose de détailler les raisons industrielles de cette concentration de notre droit citoyen à l’information entre les mains d’une poignée de richissimes Français.
Posséder des médias est un enjeu d’influence, tant sur des clients ou partenaires privés que sur les décisions étatiques. Seulement, là où la plupart se contentent de corrompre ou d’exercer toujours davantage de lobbying, nos milliardaires demandent le meilleur. Ils exigent d’avoir une influence bien supérieure en quantité et en qualité que ce qu’autorisent un dessous de table ou une brochure de papier glacé. Les barrières des pelouses municipales lors des dimanches pluvieux, trop peu pour eux. Ils veulent jouer la Champion’s League et ont les moyens de leurs ambitions.
La Champion’s League, lorsqu’on parle d’influence industrielle, c’est de pouvoir avoir prise sur les décideurs politiques, c’est même d’en faire des partenaires, d’établir une relation de confiance réciproque avec eux. D’où l’intérêt de mettre un pied dans l’opinion, de garder en main la commande de sondages, véritables faiseurs de rois dans notre politique de l’apparence.
Enfin, lorsqu’on joue la Champion’s League de l’influence, on peut se permettre des petits cadeaux pour nouer et consolider des alliances industrielles. M6 refuse d’enquêter sur ses clients ou de publier des reportages à charge sur ses partenaires de la téléphonie. Bolloré censure coup sur coup deux documentaires sur le Crédit Mutuel (un partenaire historique du groupe familial) et sur la guéguerre médiatique Sarkozy-Hollande.
Tenir l’opinion, être à la source de la petite musique qui fait « l’actualité », qui construit le monde, les enjeux, les questions et les réponses de tous nos citoyens, euh pardon, de tous les consommateurs est un enjeu industriel à la hauteur des ambitions démesurées de nos milliardaires. Tant pis pour la démocratie, le droit à une presse libre et indépendante, le droit à l’information, tous ces grands principes ne comptent plus. C’est la Champion's League qui se joue, le théâtre des rêves. Que pèse l’intérêt général face à ces milliards ?
« Rêvons plus grand » disait le PSG sauce milliards. Il se pourrait bien que, comme pour les petits gens virés du Parc, ce soit un cauchemar qu’on nous propose !

Sources

D’abord, l’incomparable travail du documentaire Les Nouveaux Chiens de Garde :
Le descriptif sur le site des producteurs : http://www.jemproductions.fr/cinema/les-nouveaux-chiens-de-garde/
Un lien vers un streaming youtube (évidemment, achetez-le si vous pouvez mais regardez-le d’abord : https://www.youtube.com/watch?v=SdvnifgqR-0
Ensuite, le travail récent de Médiapart sur la concentration médiatique et les censures :
Une mise en perspective historique : http://www.mediapart.fr/journal/france/020915/main-basse-sur-l-information?onglet=full
Le tout en vidéo (c’est plus sympa) : http://www.dailymotion.com/video/x34gehw_contre-le-conformisme-mediatique-vive-le-pluralisme_news
Un remarquable travail de Capital sur l’influence des milliardaires et leurs mauvais résultats économiques dans la presse. Bien que datant du précédant mercato (les choses ont bougé depuis un an) l’infographie reste utile : http://www.capital.fr/enquetes/hommes-et-affaires/niel-pigasse-arnault-ils-gerent-mieux-leurs-affaires-que-leurs-journaux-957922/(offset)/3
Pour comprendre le rôle de l’État dans la régulation et l’attribution des fréquences et des réseaux :
Une illustration du rôle, décisif mais complaisant, de L’État dans le business de l’audiovisuel et des réseaux : http://www.mediapart.fr/journal/france/010815/le-fructueux-trafic-des-frequences-audiovisuelles?onglet=full
Une synthèse juridique de qualité sur la régulation de la presse (où on apprend notamment que les politiques ont essayé de réguler le secteur en 84 mais on vite abandonné) : http://fr.jurispedia.org/index.php/Concentration_dans_le_secteur_de_la_presse_(fr)
Les missions officielles du CSA dans la lutte contre la concentration des médias : http://www.csa.fr/Television/Les-chaines-de-television/Les-chaines-hertziennes-terrestres/La-procedure-d-autorisation/Concentration-des-medias
Pour en savoir plus sur l’ARCEP, l’autorité qui chapeaute les réseau et leurs attributions (on vous met le Wiki, leur site est vraiment trop obscur) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Autorit%C3%A9_de_r%C3%A9gulation_des_communications_%C3%A9lectroniques_et_des_postes
Les multiples cas récents de censures :
Bolloré censure un documentaire sur le Crédit Mutuel : http://www.mediapart.fr/journal/france/290715/canal-vincent-bollore-censure-un-documentaire-sur-le-credit-mutuel?onglet=full
Bolloré censure un documentaire sur la guéguerre médiatique Sarkozy-Hollande : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/09/13/canal-un-documentaire-sur-la-guerre-hollande-sarkozy-deprogramme_4755524_3236.html
Nicolas de Tavernost, le boss de M6, ne se cache pas de brider les investigations de « ses » journalistes : http://www.dailymotion.com/video/x2so7ad
Bolloré fait le ménage à I-Télé et Canal + : http://www.liberation.fr/economie/2015/09/07/canal-des-evictions-a-la-chaine_1377707?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook
Un point sur l’autocensure et l’uniformité de ton des autres médias.
Le travail d’Acrimed sur « C dans l’air » : http://www.acrimed.org/A-C-dans-l-air-on-assume-enfin-son-parti-pris-ultra-liberal
Le travail d’Acrimed plus général sur l’uniformité de tons entre économistes : http://www.acrimed.org/Ces-economistes-qui-monopolisent-toujours-les-debats
Un travail statistique très poussé sur les économistes intervenants dans Le Monde. Allez faire un tour sur son blog, il envoie : http://www.captaineconomics.fr/-economistes-le-monde-approche-big-data
Les ordonnances prises en 1944 par le Conseil National de la Résistance pour réguler le secteur de la presse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordonnances_de_1944_sur_la_libert%C3%A9_de_la_presse

Enfin, une galaxie de blogs et sites d’information libre :
http://www.mediapart.fr/
http://www.bastamag.net/
http://www.fakirpresse.info/
http://www.monde-diplomatique.fr/
http://www.arretsurimages.net/
http://reporterre.net/
http://www.hors-serie.net/
https://www.facebook.com/guillaume.duvalaltereco?fref=ts
https://www.facebook.com/julien.slng?fref=ts
https://www.facebook.com/atterres?fref=ts
https://www.facebook.com/humourdedroite?fref=ts
https://www.youtube.com/user/MrUsul2000 et http://www.dailymotion.com/zulmastr
https://www.youtube.com/user/LeStagirite
https://www.youtube.com/channel/UCAFQjCZo5okIPkHUQlBZM-g


Source de la vidéo : https://youtu.be/41lAe0mgjjU

1 commentaire:

Je a dit…

Pour être tout à fait exact, dans la liste des dix "milliardaires", il n'y en a réellement que sept qui le sont d'après la fameuse liste Forbes :

1- Bernard Arnault (LVMH): 2ème fortune nationale, 13ème mondiale : 37,2 milliards de $ en 2015 ;

2- Patrick Drahi (Telecom) : 3ème fortune nationale, 57ème mondiale : 16 milliards de $ ;

3- Serge Dassault (Aviation, Armement): 4ème fortune nationale, 62ème mondiale : 15,3 milliards $ ;

4- François Pinault (Vente au détail) : 5ème fortune nationale, 65ème mondiale : 14,9 milliards $ ;

5- Xavier Niel (Internet, Telecom) : 9ème fortune nationale, 136ème mondiale : 9,3 milliards $ ;

6- Vincent Bolloré (Investissements) : 12ème fortune nationale, 201ème mondiale : 6,7 milliards $ ;

7- Martin et Olivier Bouygues (Construction) : 15ème et 16ème fortunes nationales, 481ème mondiale : 3,6 milliards $.

Les trois autres sont certainement très riches mais pas encore "milliardaires" :
- Pierre Bergé (entrepreneur en confection de luxe, homme d'affaires et mécène français) ;
- Matthieu Pigasse (responsable monde des fusions-acquisitions et du conseil aux gouvernements de la banque Lazard) ;
- et Arnaud Lagardère (un des leaders mondiaux de l'édition, de la production, de la diffusion et de la distribution des contenus)