samedi 23 avril 2011

Lettre d'une assistante sociale à TF1

T F 1
1 Quai du Point du jour
92100 Boulogne Billancourt.

A l'attention du Responsable du Journal télévisé

Objet : Les « sans-papiers ».
Messieurs,

Le dimanche 8 Novembre 2009, aux actualités du 20 heures, vous nous avez, à nouveau, sensibilisé au problème des « sans-papiers » : c'est un leitmotiv récurant chez les journalistes.
Si je comprends bien l'angoisse de ces gens de vivre dans l'insécurité du lendemain, (car moi je les fréquente 2 jours par semaine) je peux vous dire que votre reportage m'a fait bondir car vous occultez systématiquement une bonne partie du problème :

- 1. Ils sont venus ici en connaissance de cause et en sachant qu'ils violaient les lois françaises sur l'immigration et savaient très bien qu'ils devaient préalablement demander un visa.

- 2. Ils travaillent illégalement « au noir » (car il faut bien qu'ils se nourrissent), en toute connaissance de cause, mais se servent ensuite de cet alibi pour réclamer, devant vos caméras compatissantes, la régularisation de leur situation. Ils étalent ainsi leurs violations des lois françaises pour revendiquer leur régularisation : c'est un comble ... et en plus vous les soutenez. Faisant ainsi l'apologie de la violation de nos lois !!!

- 3. Pourquoi n'avoir pas dit aux téléspectateurs que ces gens n'étaient pas aussi malheureux que vous voulez bien le faire croire (ils étaient tous en forme et chaudement vêtus) et que :
- Ils ont accès aux soins gratuits par l’AME (Aide Médicalisée d'Etat),
- Ils ont droit à la CMU dans l'attente de leur régularisation (et à la carte vitale que certains considèrent comme une véritable reconnaissance de leurs droits).
- Leurs enfants sont accueillis immédiatement et gratuitement dans nos écoles.
- Ils obtiennent des logements par des contacts déjà en place.
- Certains d'entre eux, régularisés, m'ont même dit que, maintenant qu'ils étaient en règle, ils avaient beaucoup plus de mal à trouver un emploi qu'avant !!!

Je me permets de vous informer aussi que, pour beaucoup d'entre eux, la régularisation est un moyen d'avoir accès à beaucoup d'autres avantages sociaux (et pas forcément au travail) et qu'une fois régularisés, ils me font faire, par exemple, des dossiers MDPH pour faire reconnaître une invalidité (pour eux ou leur femme) afin de toucher l’AAH. (Allocation adulte handicapé. Sans avoir à travailler)!

- 4. Quant aux demandes de nationalité française que je fais, elles concernent surtout des 50 ans et plus qui veulent pouvoir faire librement la navette entre leur pays du Maghreb et la France pour pouvoir se faire soigner chez nous : quelle motivation et quel amour de la France !!!!
A titre d'exemple, je vous citerai l'histoire d'une jeune femme qui a fait venir sa mère de 80 ans, en France pour 3 mois en vacances touristiques : la mère n'est jamais repartie, est devenue « sans papier » et s'est faite opérer au titre de L' AME gratuitement d'une prothèse de la hanche ; puis elle s'est maintenue sous prétexte de soins consécutifs et a obtenu la régularisation de ses papiers. Elle sera ainsi soignée gratuitement jusqu'à la fin de ses jours alors qu'elle n'a jamais
séjourné en France et n'a jamais cotisé !!!!

Personnellement je vois ces cas à longueur d'année ; je ne suis pas assise derrière un beau bureau, grassement payée, pour diffuser des messages humanitaires ! Mais je peux vous dire qu'au rythme des entrées illégales actuelles, notre système social ne survivra pas longtemps.
Vous feriez bien d'y réfléchir et d'en informer les Français : ça, ce serait de l'Information !!!!
Continuez également, pendant que vous y êtes, à jouer les outragés quand on renvoie 3 Afghans en situation irrégulière chez eux pendant que nos soldats combattent en Afghanistan pour leur liberté), croyez-moi vous allez encore faire bouillir beaucoup de téléspectateurs !!!

Sincères salutations.

PS : il faut savoir qu'un sans papier touche de l'état plusieurs centaines d'euros mensuels. Certains retraités qui ont travaillé toute leur vie n'en touchent pas autant...

3 commentaires:

Je a dit…

De cet article, je retiendrai deux choses :

- d'abord que les médias de masse ne nous fournissent qu'une information tronquée, partielle, pré-mâchée donc qui ne permet pas de développer le sens critique et même façonne une certaine opinion publique ; que certains qualifient de "pensée unique" ou encore de "droits-de-l'hommisme" (cf. article de Bruno Guigue "La supercherie du droit-de-l'hommisme" : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/08/la-supercherie-du-droit-de-lhommisme.html);

- et qu'ensuite, cette manipulation de l'opinion est forcément volontaire, efficacement réalisée par des professionnels, et orchestrée pour le bénéfice de certains.

Je me pose ensuite la question : pour qui les journalistes de TF1 travaillent-ils ? En d'autres termes : qui est le propriétaire de TF1 ?
Il se trouve que c'est un certain milliardaire français répondant au nom de Martin Bouygues.

Je a dit…

Bouygues est un groupe industriel diversifié français fondé en 1952 par Francis Bouygues (centralien, 1946) et dirigé par son fils Martin Bouygues.

Le groupe est structuré autour de trois activités :
- la construction avec Bouygues Construction, Bouygues Immobilier et Colas,
- les télécoms avec Bouygues Telecom
- et les médias à travers TF1.

En 2016, le chiffre d’affaires de Bouygues s’élève à 31 768 millions d’euros. Fin 2016, le groupe est implanté dans près de 90 pays sur les 5 continents et emploie plus de 118 000 salariés dont 51 943 à l’international.

Au sein du CAC 40, Bouygues a la particularité d'être la première société par son actionnariat salarié, avec 20,2 % des titres du groupe détenus par des salariés.

Je a dit…

Une remarque concernant les "sans papiers" maintenant. Ils sont "sans papiers" mais pas sans emploi. Et dans quels secteurs professionnels évoluent-ils le plus ?

Réponses dans l'article de François Brun (Ingénieur de recherche au Centre d’études de l’emploi) : "Sans papiers, mais pas sans emploi" (cf. https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2004-2-page-8.htm).

Je cite :

"Dans un nombre limité de secteurs, très clairement identifiés, où ils sont employés en nombre suffisant pour peser de façon sensible sur l’économie du secteur.
Cette concentration est particulièrement marquée du fait qu’elle porte sur des emplois bien répertoriés et caractérisés à l’intérieur de chaque secteur.

Nul n’ignore que l’embauche d’un sans-papiers peut être particulièrement avantageuse et commode pour un particulier ou une petite entreprise, derrière le verre opaque de la sous-traitance, pour une charge de travail extrêmement fluctuante, dans un emploi aux horaires flexibles, sans contact avec le public et ne nécessitant pas une grande maîtrise de la langue.

C’est à ces critères que répondent, à un titre ou à un autre, leurs emplois dans :
- le bâtiment (dans des entreprises sous-traitantes sur des grands chantiers ou en rénovation),
- dans la restauration (en cuisine),
- dans la confection (chez les façonniers sous-traitants),
- dans l’agriculture, (comme saisonniers),
- dans les services aux particuliers (services domestiques, garde d’enfants, coiffure)."

Intéressant !

On notera que le premier secteur d'activité de la liste (d'employeurs de "sans papiers") est justement le secteur d'activité principal du groupe Bouygues (les grands chantiers du bâtiment) ...