Le ju-jitsu est un art ancestral dont l'évolution se poursuit encore aujourd'hui ...
L'histoire politique du Japon fut longtemps dominée par les rivalités opposant les différents uji (clans militaires).
Cette situation favorisa l'émergence d'une caste guerrière, les samouraïs. Ils formaient une noblesse mineure mais dont l'accès était rigoureusement fermé.
Le rang de samouraï était en effet héréditaire. Tout fils de samouraï, à moins de s'exclure lui-même, embrassait la profession des armes. Dès l'époque Kamakura (1185-1333) qui correspond au début de l'ère féodale, le samouraï dédiait sa vie à son clan ou à son seigneur, sans rechercher d'avantages, de faveurs ou de contrepartie. C'est là une différence essentielle avec le chevalier européen qui nouait une relation d'ordre contractuel avec son suzerain, lui offrant certes son épée et sa fides (fidélité) mais en échange de sa protection.
Pour le samouraï, l'idée du devoir et du sacrifice était encore plus solidement ancrée, le lien l'unissant à son seigneur étant d'origine divine.
Sur le champ de bataille, revêtu d'une armure, le samouraï combattait à cheval et était le seul guerrier autorisé à manier le sabre (il portait le sabre long et le sabre court). Dans ses déplacements, il était accompagné par les chugen (domestiques) et les zoshiki (soldats de rang inférieur) qui le suivaient ou le précédaient, à pied.
Étaient considérées comme indignes d'un samouraï, toutes les activités ne se rattachant pas directement à la pratique des armes. Une grande partie de leur temps était donc consacrée à l'art du combat. L'escrime du sabre, l'équitation, le tir à l'arc (l'équivalent japonais du mot chevalerie est kyuba no michi, littéralement "la voie du cheval et de l'arc") faisaient partie de leur entraînement. Au fil des ans, les armures étant devenues plus légères, les samouraïs développèrent aussi des techniques de combats en corps-à-corps et à mains nues. Ainsi, un samouraï désarmé pouvait encore se défendre contre un adversaire muni de son sabre. Le Ju-jitsu, textuellement "l'art de la souplesse" était né. Les différents clans de samouraï mirent au point des techniques secrètes, jalousement gardées.
A l'époque d'Edo (1603-1768), le Japon se trouva en partie pacifié et le bakufu (gouvernement militaire) centralisa son pouvoir. Les bushi (guerriers) durent quitter les campagnes pour intégrer les villes fortifiées. Par la force des choses, les samouraïs furent obligés de se reconvertir et devinrent des guerriers lettrés, leurs fonctions évoluant alors vers des tâches administratives. Mais beaucoup furent moins chanceux ou moins aptes à tenir ce nouveau rôle. Ruinés, ils adoptaient (en échange d'une somme d'argent) le fils d'un citadin, le faisant ainsi accéder au rang de samouraï. Certains devenaient même artisans. A cette époque, les samouraïs représentaient moins d'un dixième de la population totale de l'archipel nippon. Leur situation était très variable. En haut de l'échelle, on trouvait le hatamoto, vassal direct du shogun (les shoguns sont les dictateurs militaires qui, à partir du XIIème siècle et jusqu'au XIXème siècle, gouvernèrent le Japon). Le hatamoto touchait des sommes importantes. Mais le simple ashigaru (grade le plus bas pour un samouraï) n'était qu'un des vassaux du hatamoto et devait se contenter d'une maigre pension. Dès le début du XVIIème siècle, les shogun Tokugawa abolirent ou réduisirent considérablement les fiefs.
En conséquence, les damyo (seigneurs) ne purent conserver leurs armées. Un grand nombre de samouraïs se retrouvèrent alors sans damyo à servir. Vers 1650, le Japon comptait quelques 500 000 ronins, nom donné à ces samouraïs désormais sans attaches et sans maître. Ils étaient obligés de louer ponctuellement leur service, parcourant le Japon à la recherche d'un engagement. Pour survivre, nombre d'entre eux, ouvrirent des écoles et enseignèrent à leurs élèves la pratique des armes, la stratégie et les techniques de combats à mains nues. Les premières ryu (écoles) de ju-jitsu tenues par des samouraïs mais ouvertes à tous, virent ainsi le jour. Elles se développèrent avec succès, au point que plus de 700 systèmes furent officiellement répertoriés, à la fin du XVIIIème siècle. Mais ce n'est qu'à l'époque Meïji (1868-1912) que les diverses techniques furent codifiées, après que les samouraïs aient perdu le droit de porter le sabre et que les duels aient été définitivement interdits.
Avant de fonder le judo, Maître Jigoro Kano (1860-1938) fut un pratiquant assidu de ju-jitsu (écoles tenjin-shinyo-ryu puis kito-ryu, seguchi-ryu, seigo-ryu...). C'est à partir des techniques de ju-jitsu qu'il élabora le judo. Même chose pour Maître Morihei Ueshiba (1883-1969) qui étudia également des styles de ju-jitsu (yagyu-shinkage-ryu, daito-ryu... ) avant de créer l'aikido. En France, les premières démonstrations de ju-jitsu eurent lieu dans les années 1900. Mais la pratique du ju-jitsu demeura très confidentielle. En 1924, Keishichi Ishiguro effectua des démonstrations, à Paris. En 1933, ce fut au tour de Jigoro Kano et de Hidechi Nagaoka. Mais c'est Mikinosuke Kawaishi (arrivé en France, en 1935) qui popularisa vraiment le ju-jitsu. Il publia des ouvrages de judo ainsi qu'une méthode de self-défense. Jusqu'au début des années 50, les pratiques du judo et du ju-jitsu étaient étroitement liées dans les dojos (lieux d'entraînement). Mais avec l'essor pris par le judo, le ju-jitsu tomba en désuétude et de nombreuses techniques jugées dangereuses furent alors abandonnées.
Ces dernières années, on assiste à un regain d'intérêt pour le ju-jitsu, en partie dû aux succès remportés par les combattants brésiliens lors des tournois de combats libres. Le terme de "ju-jitsu brésilien" est cependant impropre car toutes les techniques employées (atemis, projections, luxations, étranglements, etc.) sont directement issues des méthodes de ju-jitsu japonais; la seule originalité des ju-jitsuka brésiliens étant de mettre l'accent sur les phases de combat au sol. Au XIXème siècle, les pays d'Amérique du Sud et principalement le Brésil, connurent des vagues d'immigration japonaise. Ce sont, à n'en pas douter, certains de ces immigrés nippons qui importèrent les techniques de ju-jitsu. Mais au Brésil, à la différence de l'Europe et des États-Unis, la pratique du ju-jitsu continua à se développer et ce, parallèlement à l'essor des nouveaux arts martiaux japonais (judo, aïkido, karaté). C'est là, sans doute, l'une des raisons de la valeur actuelle des combattants brésiliens.
Source : http://jujitsu.contemporain.free.fr/
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