L'esthétique, discipline philosophique ayant pour objet les perceptions, les sens, le beau (dans la nature ou l'art), a tendance à définir le beau par opposition à l'utile (ou le fonctionnel). Or, dans la nature d'où nous sommes tous issus, le beau est (de près ou de loin) synonyme d'utile et de fonctionnel !
Puisque le beau est "la caractéristique d'une chose qui au travers d'une expérience sensorielle (perception) procure une sensation de plaisir, un sentiment de satisfaction ou d'attirance", et que ces sentiments de plaisir et de satisfaction s'accompagnent de réactions physiologiques ayant des effets positifs sur la santé, le beau a déjà une utilité avérée. Il a d'ailleurs été démontré que les émotions dans leur grande majorité avaient ces mêmes effets bénéfiques pour la santé et la longévité.
Mieux encore : le beau exerce une sensation d'attirance, autrement dit une séduction.
De très nombreuses études scientifiques ont tenté de repérer les tenants et aboutissants du processus de séduction.
Dans le règne animal, il a été établi que les odeurs (phéromones) servent à indiquer la disponibilité des femelles prêtes à être fécondées à des partenaires potentiels éventuellement situés à plus de dix kilomètres. L'importance des odeurs est également établie, notamment celles qui sont le fait des gènes immunitaires CMH qui donnent à chacun une signature olfactive personnelle. D'après un test effectué avec des tee-shirts portés deux nuits de suite par des hommes, les femmes préféreraient ceux qui présentent des gènes, et donc des odeurs, différents des leurs. Dans son analyse détaillée des comportements animaux, le biologiste Thierry Lodé insiste sur le rôle du baiser. L'échange des salives initierait une exploration du système immunitaire (CMH) favorisant l'attrait de partenaires génétiquement différents. Le biologiste révèle également le rôle des caractères extravagants dans la séduction. Ces traits exagérés, très présents chez les animaux comme la queue du paon, résulteraient d'une tendance évolutive à l'exubérance et ces « stimuli supranormaux » provoqueraient un emballement du désir. D'après Thierry Lodé, cette même tendance qu'illustrent certains artistes comme Fernando Botero, met en évidence les éléments d'identité entre le beau, l'esthétique et la séduction. Enfin, toujours selon le même auteur, la séduction, définie à partir de caractères biologiques met encore en œuvre le système immunitaire des partenaires sexuels : c'est l'attirance pour les traits symétriques. En effet, la symétrie bilatérale fondamentale du corps est altérée par des accidents de croissance souvent dus à des maladies, ce qui révèle l'affaiblissement du système immunitaire. En préférant des partenaires sexuels aux traits symétriques, l'animal choisit un partenaire disposant d'un système immunitaire transmissible à sa progéniture et indemne de maladies. D'autres études (notamment celles réalisées par David Buss) montrent que les femmes accordent beaucoup d'importance aux perspectives financières de l'homme et à son statut social, en d'autres termes un meilleur confort pour elles et leur progéniture, tandis que les hommes se focalisent quant à eux sur l'âge et la beauté physique, indicateurs de fertilité, donc d'une descendance plus nombreuse et en meilleure santé.
Tous ces processus de séduction, d'attirance par le beau interviennent ainsi dans le choix du meilleur partenaire, puis dans l'évolution des espèces et donc dans une meilleure adaptation au milieu, assurance de la survie.
La beauté n'est donc pas à l'opposé du fonctionnel, de l'utile, elle n'en est qu'une manifestation qui intervient dans la séduction, pour la survie de l'espèce !
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