SAINT-DENIS DE LA RÉUNION
Avec 68 000 RMistes et treize mille bénéficiaires de l'allocation de parent isolé - soit, rapporté à la population, des taux respectivement cinq fois et quatre fois supérieure à la moyenne nationale -, la Réunion est particulièrement concernée par le RSA. Dans une région où plus de la moitié (52 %) de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où le taux de chômage atteint 28 %, l'ensemble des responsables politiques ont approuvé la philosophie générale d'un dispositif qui veut encourager le retour à l'activité.
Le Parti communiste réunionnais a regretté, pour les mêmes raisons, son échéance encore lointaine : le projet de loi prévoit son application différée dans les DOM en 2011. "Il est paradoxal qu'un dispositif destiné à lutter contre la précarité tarde à être appliqué dans les territoires où cette précarité atteint les proportions les plus considérables et fait les pires ravages", s'est étonnée la députée (PCR) Huguette Bello. Lors de son récent passage dans l'île, le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Yves Jégo, a laissé cependant entrevoir une "accélération" de la mise en place du RSA outre-mer, en chargeant le député (UMP) René-Paul Victoria d'une expertise préalable des dispositifs spécifiques à ces territoires. C'est le cas notamment de l'allocation de retour à l'activité (ARA), dont s'inspire le RSA et qui ne concernerait que deux mille personnes à la Réunion, et du revenu de solidarité (RSO), qui s'adresse aux RMistes de plus de 50 ans s'engageant à quitter définitivement le marché du travail et que touchent 7 000 allocataires.
FAVORISER L'ÉCONOMIE SOLIDAIRE
C'est aussi le cas du contrat unique d'insertion (CUI), qu'expérimente le département depuis le 1er février dernier et qui compte actuellement 6 000 bénéficiaires (pour un objectif d'environ 11 000 d'ici à la fin de l'année), dont 2 000 dans le secteur marchand.
Malgré le dynamisme de ce dernier, les 5 000 emplois créés annuellement restent bien loin de pouvoir satisfaire la demande des RMistes, dont beaucoup n'ont de surcroît qu'un faible niveau de formation. C'est la raison pour laquelle le PCR a réclamé l'adaptation du RSA à la Réunion afin de favoriser l'économie solidaire. Selon lui, les domaines de l'environnement et de l'aide à la personne constituent les plus importants gisements d'emploi. Les autres formations politiques semblent en phase avec ces préoccupations. "Ce sont des métiers qui n'entrent pas encore dans l'économie marchande mais qui peuvent dans l'avenir en faire partie", commente le député (PS) Patrick Lebreton, tandis que M. Victoria parle de "secteur quaternaire" à propos des "niches de métiers nouveaux à mettre en oeuvre".
Hervé Schulz
Article paru dans l'édition du Monde le 07.10.08.
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