mercredi 4 décembre 2019

La répartition du PIB (L'enjeu des retraites)


"Il n'y a que le travail qui produise de la valeur"
http://www.reseau-salariat.info/ 

 La conférence est disponible ici dans son intégralité :
http://tvbruits.org/spip.php?article1536


Source:   https://www.youtube.com/watch?v=L4egFh2jbqE

Retranscription
Voici les 2000 milliards de PIB, en 2010. Ces 2000 milliards de PIB se répartissent en : 60% qui va aux salaires (1200 milliards) et 40% qui va au profit (800 milliards). Sur les profits, vous avez la moitié (400 milliards) qui sont investis. Venons-en au salaire. Nous avons 55% soit environ 650 milliards en salaire net et 550 milliards en cotisations sociales qui vont aller aux pensions et à la santé. La pension c'est 40% [des 550 milliards, soit 220 milliards] et la santé, 10% du PIB soit 200 milliards. Et puis vous avez la famille et l'emploi. Qu'est-ce que c'est que la cotisation sociale ? C'est l'enjeu décisif de l'affrontement de classes. Pour le moment nous sommes battus car nous sommes muets sur la cotisation sociale, complètement muets. Tétanisés ! La cotisation sociale c'est une ponction sur la valeur ajoutée, bien sûr. Quand on dit que c'est une taxe sur la travail oui mais toute dépense vient du travail, sans exception. Le profit vient du travail, la salaire vient du travail et dans le salaire : le salaire net et la cotisation sociale. Tout vient du travail. Il n'y a que le travail qui produit de la valeur. Et la cotisation sociale c'est ce que nous piquons sur la propriété lucrative. S'il n'y avait pas la cotisation nous aurions tout ça [à l'exception du salaire net] dans la propriété lucrative. La propriété lucrative c'est le profit (investissements et dividendes). Nous avons arraché 60% (salaires nets et cotisations sociales) à la propriété lucrative. Je rappelle qu'en 1980, c'était 70-30 (70% pour les salaires et cotisations). Il manque [désormais] 200 milliards à l'appel chaque année. Pourquoi ? Parce que nous avons troqué la bagarre du salaire contre la bagarre de l'emploi. On est sûr de perdre sur les deux tableaux : et l'emploi, parce qu'on ne décide rien, et le salaire. Leur stratégie majeure, que nous poursuivons indéfiniment, dans notre quête complètement hallucinée du plein emploi, du "vrai plein emploi" du "plein emploi solidaire". La cotisation sociale c'est ce qui est piqué au profit, ce qui irait au profit si elle n'existait pas. Pourquoi faire ? Pour attribuer du salaire sans référence à l'emploi. Pour attribuer du salaire libéré de l'emploi. La cotisation sociale, elle nous libère du droit de propriété lucrative et elle nous libère de l'emploi. 650 milliards, l'emploi. Heureusement que ce n'est pas mon employeur qui paye mon opération du cœur comme aux USA sinon [???] je perdrais le procès. Heureusement que ce n'est pas mon employeur qui paye ma retraite, étant entendu que l’État n'est pas une employeur puisqu'il n'y a pas de marché du travail dans la onction publique. Nous avons déjà sorti 550 milliards d'euros de la propriété lucrative et de l'emploi. Ben continuons ! Sortons tout de la propriété lucrative et de l'emploi. Investissons par une cotisation économique. On n'ira pas jusqu'à 100% du profit mais il faut aller jusqu'à 25% du PIB (500 milliards). [Pas 100% du profit] car il y a aussi les revenus des travailleurs indépendants et aussi l'impôt qui est tiré du profit. Investissons. Passons de 400 milliards à 500 milliards en créant la cotisation économique. En continuant ce qu'a fait le CNR [Conseil National de la Résistance], en ponctionnant la valeur ajoutée avant qu'elle se forme en profit. Il ne s'agit pas de taxer le profit; il s'agit de le supprimer. Si nous allons voir ce que sont les cotisations nous allons revendiquer une cotisation économique. Nous allons en finir avec le rapport de propriété lucrative. Pour en finir avec l'emploi, que faut-il faire ? Si nous voulons que ces 650 milliards aillent aux personnes et non pas aux emplois, il ne faut plus que ce soient les employeurs qui payent. Il s'agit que les entreprises versent une cotisation salaire tout comme elles versent aujourd'hui une cotisation sociale. Une cotisation salaire qui ira à des caisses de salaires qui verseront des salaires indépendamment du chiffre d'affaire de telle entreprise. Et nous libèrerons les entrepreneurs, ceux qui aiment animer des collectifs de travail, nous les libèrerons de la fonction d'employeur. Vous savez, il y en a qui s'en foutent plein les poches, mais ce n'est pas la majorité. Prenez, je ne sais pas moi, un expert comptable qui a douze employés , ce qui l'intéresse c'est son boulot, ce qui l'intéresse c'est d'animer une équipe; il aime ça. Ça l'emmerde d'être employeur. Libérons-le ! Ça va libérer les entreprises. Libérez le travail de ceux qui n'aiment pas être chef mais aussi le travail de ceux qui aiment être chef. Et il en faut. Cette attribution à chaque personne d'une qualification suppose que toute la valeur ajoutée devienne des cotisations. Cotisation salaire à des caisses de salaires. Cotisation sociale à des caisses de Sécurité Sociale. Cotisation investissement à des caisses d'investissement. Voilà ce que je voulais dire ce soir.

Bernard Friot
Economiste et sociologue

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