jeudi 19 décembre 2019

Vers une société contributive de pair à pair – en 4 parties

Et si le pair-à-pair n’était pas seulement un moyen pratique d’échanger des fichiers mais aussi le modèle et le moteur d’une nouvelle organisation sociale ? Michel Bauwens a un plan…

Ah le P2P, que de souvenirs pour les moins jeunes… Napster, Gnutella, eDonkey et d’autres qui faisaient la nique aux droits d’auteur et nous permettaient de récupérer comme de transmettre toutes sortes de ressources numériques par nos ordinateurs individuels, avec la technique simple et efficace du Pair à pair : puisque nos ordinateurs ont la possibilité d’entrer en contact les uns avec les autres, pourquoi donc passer par un point central et demander une permission ?
Les logiciels et réseaux de P2P ont disparu après des poursuites judiciaires, mais le protocole BitTorrent est toujours disponible et encore utilisé par exemple pour la distribution massive de logiciels libres ou open source. Faut-il rappeler aussi que PeerTube, maintenant en version 1.4.1, utilise le protocole WebTorrent qui repose sur le principe du pair-à-pair ?
Cette technologie déjà ancienne semble toujours promise à un bel avenir, dans le mouvement général de re-décentralisation (le navigateur Beaker, le protocole //:dat, et encore tout cela
… mais élargissons un peu le champ et voyons comment Michel Bauwens a envisagé une pratique sociétale du pair-à-pair, lui qui déclarait dès 2012  :
« Le P2P est le socialisme du XXIᵉ siècle ! » et « La révolution induite par le P2P aura des effets similaires à ceux provoqués par l’apparition de l’imprimerie au XVe siècle » (source)
Michel Bauwens n’est pourtant ni un redoutable révolutionnaire ni un prophète gourou à la barbe fleurie. C’est un tranquille soixantenaire qui avec sa Fondation P2P s’active sérieusement pour proposer de changer de monde.
Comme vous allez peut-être le découvrir à travers notre traduction de cette page wiki de la fondation P2P, c’est toute une conception raisonnée de la société qu’il expose en prenant appui (quelle surprise) sur les Communs et les logiques collaboratives déjà à l’œuvre dans le Libre. Voici aujourd’hui une première partie, les autres suivront. Vous trouverez au bas de cet article des liens vers des ressources complémentaires, ainsi que la possibilité de commentaires qui sont comme toujours, ouverts et modérés.
Traduction Framalang : CLC, goofy, mo, Delaforest, avec l’aimable contribution de Maïa Dereva
Photo de Michel Bauwens, la soixantaine, souriant derrière ses lunettes
Photo par gullig / Jane Mejdahl [CC BY-SA 2.0]
Un nouveau mode de production est en train d’apparaître, c’est-à-dire une nouvelle façon de produire tout ce que l’on veut, que ce soit du logiciel, de la nourriture ou des villes. Nous découvrons maintenant (la plupart du temps c’est en fait une redécouverte) comment réaliser, grâce à la libre association de pairs, tout ce qui nécessitait autrefois des organisations rigides et une société structurée par une conception pyramidale. Il est désormais de plus en plus clair que l’entrée dans une ère qui se définit par une philosophie associant liberté d’association de pairs et horizontalité n’implique pas que la structure institutionnelle en tant que telle doive disparaître : celle-ci va simplement subir des transformations profondes. Dans le modèle émergeant de la production entre pairs, très présent dans l’industrie du logiciel libre, nous pouvons observer des interactions entre trois types de partenaires :
  • une communauté de contributeurs qui créent des communs de la connaissance sous forme de logiciels ou de design ;
  • une coalition d’entrepreneurs qui créent une valeur marchande en prenant appui sur ces biens communs ;
  • un ensemble d’institutions à but non lucratif qui gèrent « l’infrastructure de la coopération ».
Il existe une nette division du travail institutionnel entre ces trois acteurs.
Les contributeurs créent une valeur d’usage qui réside dans l’innovation partagée de communs de la connaissance, de design ou de code.
L’association à but non lucratif gère et défend l’infrastructure générale de la coopération qui rend le projet soutenable « collectivement ». Par exemple, la Fondation Wikimedia collecte les fonds qui servent à financer l’espace nécessaire de serveurs sans lequel le projet Wikipédia ne pourrait exister.
La coalition d’entrepreneurs rend viable l’activité des contributeurs individuels en leur fournissant un revenu et, bien souvent, elle apporte aussi les moyens financiers qui permettent d’assurer la pérennité des associations à but non lucratif.
Par ailleurs, pouvons-nous acquérir des connaissances sur l’organisation de ce nouveau mode de création de valeur, apprendre quelque chose d’utile, non seulement à ces communautés, mais aussi à la société dans son ensemble ? Ces nouvelles pratiques sociales pourraient-elles faire apparaître une nouvelle forme de pouvoir et un nouveau modèle de démocratie pouvant servir de réponse à la crise de la démocratie que nous connaissons actuellement ? Je répondrais résolument par un OUI à cette question et, plus encore, je dirais que nous assistons à la naissance d’une nouvelle forme d’État, un État « P2P » si l’on veut.
Examinons les mécanismes du pouvoir et les stratégies de la production entre pairs.

1. La logique post-démocratique de la communauté

Précisons avant tout, et c’est plutôt surprenant, que ces communautés ne sont pas des démocraties. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que la démocratie, le marché et la hiérarchie sont des modes de répartition de ressources limitées.
Dans les systèmes hiérarchiques, ce sont nos supérieurs qui décident ; sur les marchés, ce sont les prix ; dans les démocraties, c’est « nous » qui sommes les décideurs. Mais lorsque les ressources sont illimitées, comme c’est le cas pour ce qui est de la connaissance, du code ou du design, ce n’est plus véritablement utile, puisque connaissance, code ou design peuvent être copiés et partagés à un coût marginal.
Ces communautés sont de véritables « poly-archies » où le pouvoir est de type méritocratique, distribué et ad hoc. Chacun peut contribuer librement, sans avoir à demander l’autorisation de le faire, mais cette liberté de contribution a priori est contrebalancée par des mécanismes de validation communautaires a posteriori  : la validation émane de ceux dont l’expertise est reconnue et qui sont acceptés par la communauté, ceux que l’on appelle les « mainteneurs » ou encore les « éditeurs ». Ce sont eux qui décident quelle part d’un logiciel ou d’un design est acceptable. Ces décisions s’appuient sur l’expertise de certains, non sur un consensus communautaire.
L’opposition entre participation inclusive et sélection pour atteindre l’excellence existe dans tout système social, mais ce problème est réglé plutôt élégamment dans le modèle de la production entre pairs. Ce qui est remarquable ce n’est pas que celui-ci permet d’éviter tout conflit, c’est plutôt qu’il rend « inutile » le conflit puisque l’objectif de la coopération est compatible avec une liberté maximale de l’individu. En fait, le modèle de production entre pairs correspond toujours à une coopération « orientée objet », et c’est cet objet spécifique qui déterminera le choix des mécanismes de « gouvernance par les pairs ».
Le principal mécanisme d’attribution dans un projet qui remplace marché, hiérarchie et démocratie repose sur une répartition des tâches. Contrairement au modèle industriel, il n’y a plus de division du travail entre les différents postes de travail, la coordination mutuelle fonctionnant via des signaux stigmergiques.
L’environnement de travail étant construit pour être totalement ouvert et transparent (on appelle cela « l’holoptisme »), chacun⋅e des participant⋅e⋅s peut voir ce qu’il est nécessaire de faire et décider alors s’il/elle apportera sa contribution spécifique au projet.
Ce qui est remarquable dans ce nouveau modèle, c’est qu’il combine une coordination mondiale et une dynamique de petits groupes caractéristiques du tribalisme primitif, et ce sans qu’aucune structure ne donne d’ordres ni n’exerce son contrôle ! En fait, on peut dire que la production entre pairs permet une dynamique de petits groupes à l’échelle mondiale.
Bien sûr, il peut y avoir des conflits entre les contributeurs puisqu’ils travaillent ensemble, et il y en a ; cependant ces conflits ne sont pas réglés de manière autoritaire mais au moyen d’une « coordination négociée ». Les différends sont « évacués » dans les forums, les listes de discussion ou les chats que ces communautés utilisent pour coordonner leur travail.
La décision hiérarchique qui demeure, celle d’accepter ou non la modification apportée à un programme, nécessaire si l’on veut préserver la qualité et l’excellence de ce qui a été produit, est contrebalancée par la liberté de « prendre une autre voie » (fork). Cela signifie que ceux ou celles qui sont en désaccord ont toujours la possibilité de partir avec le code source et de créer une autre version où leurs choix prévaudront. Ce n’est pas une décision facile à prendre mais cela permet la création d’un contre-pouvoir. Les mainteneurs savent que toute décision injuste et unilatérale peut conduire à une chute du nombre de participant⋅e⋅s au projet et/ou les amener à créer un fork.


Source:  https://framablog.org/2019/10/16/vers-une-societe-contributive-de-pair-a-pair-1/


Et si le pair-à-pair devenait le modèle et le moteur d’une nouvelle organisation sociale ? – Deuxième volet de la réflexion de Michel Bauwens (si vous avez raté le début, c’est par ici).
Source : Blueprint for P2P Society par Michel Bauwens
Traduction Framalang : Fabrice, goofy, jums, CLC, avec l’aimable contribution de Maïa Dereva.
2. Les relations entre la communauté et la coalition d’entrepreneurs

Quelles sont les relations entre cette coalition d’entrepreneurs et les communs dont ces entrepreneurs retirent leur valeur ? La coalition subvient aux besoins vitaux des « commoners » et soutient parfois financièrement l’institution à but lucratif. IBM, par exemple, verse un salaire aux développeurs/commoners qui contribuent à l’environnement Linux ainsi que des aides à l’association à but non lucratif (la Fondation Linux). Ainsi, les coalitions entrepreneuriales co-produisent et financent les biens communs sur lesquels leur succès est bâti.
Il est vrai qu’en agissant de la sorte, ils font par ailleurs de Linux un « commun d’entreprises », comme l’a expliqué Doc Searls :
Le rédacteur en chef du Linux Journal explique que « Linux est devenue une entreprise économique commune (une joint venture) composée d’un certain nombre de sociétés, tout comme Visa est une entreprise commune à un certain nombre de sociétés financières. Comme le montre le rapport de la Fondation Linux, ces sociétés participent au projet pour des raisons commerciales diverses et variées ».
Dans un rapport de la Fondation Linux sur le noyau de Linux, il est dit clairement :
Plus de 70 % des développements du noyau sont visiblement réalisés par des développeurs qui sont rémunérés pour ce travail. Plus de 14 % vient de contributions de développeurs qui sont connus pour ne pas être rémunérés et être indépendants, et 13 % sont produits par des gens qui peuvent ou non être rémunérés, donc la contribution faite par des travailleurs rémunérés peut atteindre jusqu’à 85 %. Par conséquent, le noyau Linux est largement produit par des professionnels, et non par des bénévoles.
Mais ce n’est pas là toute l’histoire. Thimothy Lee explique que la transformation de Linux en entreprise n’a pas changé son modèle d’organisation sous-jacente :
… l’important est la manière dont les projets open source sont organisés en interne. Dans un projet logiciel traditionnel, il y a un responsable projet qui décide des fonctionnalités dont bénéficiera le produit, et affecte du personnel pour travailler sur ces différentes fonctionnalités. En revanche, personne ne dirige le développement général du noyau Linux. Oui, Linus Torvalds et ses lieutenants décident quels correctifs iront finalement dans le noyau, mais les employés de Red Hat, IBM et Novell qui travaillent sur le noyau Linux ne reçoivent pas d’ordre de leur part. Ils travaillent sur ce qu’ils (et leurs clients respectifs) pensent être le plus important, et la seule autorité que possède Torvalds est celle de décider si le correctif qu’ils soumettent est suffisamment bon pour être intégré au noyau.
Clay Shirky, auteur de « Here Comes Everybody : The Power of Organizing Without Organisations [NdT : Voici venir tout le monde: le pouvoir de s’organiser sans les organisations] souligne que les entreprises qui travaillent avec Linux, comme IBM, « ont abandonné le droit de gérer les projets pour lesquels ils payent, et que leurs concurrents ont accès immédiatement à tout ce qu’ils font. Ce n’est pas un produit IBM. »
C’est donc là où je veux en venir : même avec des sociétés d’actionnaires alliées à la production entre pairs, la création de valeur de la communauté reste toujours au cœur du processus, et la coalition entrepreneuriale, jusqu’à un certain point, suit déjà cette nouvelle logique, dans laquelle la communauté prime, et où le business est secondaire. Dans ce modèle, la logique d’entreprise doit s’accommoder de la logique sociale. En d’autres termes, c’est avant tout une « économie éthique ».
D’après une diapositive exposée par M. Dereva à l’occasion de la manifestation Le cloud de Numerique en Commun[s] – sept. 2018 (CC BY-NC-SA 4.0)
3. La logique démocratique des institutions à but lucratif
La production entre pairs repose aussi sur une infrastructure de coopération parfois coûteuse. Wikipédia n’existerait pas sans le financement de ses serveurs, pas non plus de logiciel libre ou de matériel ouvert sans mécanisme de support similaire. C’est pour cela que les communautés open source ont créé une nouvelle institution sociale : les associations à but lucratif.
Encore une fois, c’est une innovation sociale importante car, contrairement aux institutions à but non-lucratif ou non-gouvernementales, elles ne fonctionnent pas du point de vue de la rareté. Les ONG classiques fonctionnent encore comme d’autres institutions industrielles à l’instar de l’entreprise ou de l’état-marché, car elles estiment que les ressources doivent être mobilisées et gérées.
À l’inverse, celles qui ont un but lucratif ont uniquement un rôle actif qui permet et favorise la coopération au sein de la communauté, qui fournit les infrastructures, sans pour en diriger les processus de production. Ces associations existent dans le seul but de bénéficier à la communauté dont elles sont l’expression, et c’est la bonne nouvelle, elles sont souvent gérées de manière démocratique. Et elles doivent l’être, car une institution non démocratique découragerait les contributions de sa communauté de participants.
Maintenant, le hic est de savoir comment appeler une institution responsable du bien commun de tous les participants, en l’occurrence, pas les habitants d’un territoire, mais les personnes impliqués dans un projet similaire ? Je rétorquerais que ce type d’institution à but lucratif possède une fonction très similaire aux fonctions normalement dévolues à l’État.
Bien que la forme étatique soit toujours aussi une institution de classe qui défend un arrangement particulier de privilèges sociaux, elle ne peut jamais être un simple instrument de règle de privilégié à elle seule, mais doit aussi gérer le commun. Si l’on considère cette dernière option, la plupart des gens la verrait comme acceptable, voire bonne. En revanche, si l’on considère que l’État échoue dans cette gestion, alors il perd sa légitimité et il est vu de plus en plus comme une source d’oppression par une minorité.
En général, un État reflète l’équilibre des forces à l’œuvre dans une société donnée. L’État providence était une forme acceptable puisqu’il reposait sur un compromis et sur la force d’un puissant mouvement de travailleurs ouvriers, alors que « la peur de Dieu » était instillée dans les milieux privilégiés par la possibilité d’un modèle alternatif d’État qui aurait pu faire disparaître la loyauté de leurs citoyens.
Cette alternative s’est effondrée en 1989, et avec elle les mouvements sociaux occidentaux. Elle a d’autant plus été affaiblie par les choix sociaux, politiques et économiques de désindustrialiser le Nord depuis les années 1980. Depuis, l’État providence a peu à peu laissé sa place à l’État providence contemporain des multinationales (parfois appelé « l’État marché »), qui aide uniquement les privilégiés, détruit les mécanismes de solidarité sociaux, et appauvrit la majorité de la population, et a fortiori affaiblit fatalement la classe moyenne.
Malheureusement, un tel système ne peut avoir aucune une légitimité à long terme, et rompt tout contrat social qui peut garantir la paix sociale. Il est compliqué d’établir une loyauté sur la perspective d’une souffrance toujours plus grande !
Cela signifie que nous assistons non seulement à la mort réelle de l’État providence social, mais aussi à la mort et à l’impossibilité logique de l’État-marché. Nous pourrions ajouter que même l’État providence est devenu problématique. La raison principale en est que sa base sociale, la classe ouvrière occidentale et ses mouvements sociaux, sont devenues des minorités démographiques en Occident, et que ses mécanismes, même lorsqu’ils fonctionnaient, ne contribueraient pas beaucoup à aider la majorité sociale actuelle, c’est-à-dire les travailleurs de la connaissance et des services, souvent indépendants et précaires.
De plus, le fonctionnement paternaliste et bureaucratique de beaucoup d’États providence devient inacceptable face à la demande émergente d’autonomie sociale et personnelle qui est l’un des principaux désirs sociaux de la nouvelle classe des travailleurs de la connaissance. La plupart des autres fonctions sociales de l’État providence ont été affaiblies par les réformes néolibérales du « New Labour » qui tendent à introduire la logique du secteur privé dans le monde du secteur public.

Source :   https://framablog.org/2019/10/21/vers-une-societe-contributive-de-pair-a-pair-2/


Et si le pair-à-pair devenait le modèle et le moteur d’une nouvelle organisation sociale ? – Troisième volet de la réflexion de Michel Bauwens (si vous avez raté le début, c’est par ici).
Si vous souhaitez lire l’ensemble en un seul fichier, cliquez sur le lien ci-dessous (pdf 312 Ko)
bauwens-P2P
Source : Blueprint for P2P Society par Michel Bauwens
Traduction Framalang : Fabrice, goofy, jums, Delaforest, mo, avec l’aimable contribution de Maïa Dereva.

4. Vers un État partenaire

Pouvons-nous alors imaginer une nouvelle sorte d’état ? C’est là qu’entre en scène le concept d’État Partenaire ! L’État Partenaire, théorisé par le scientifique et politique italien Cosma Orsi1, est une forme d’état qui permet et renforce la création de valeur sociale par ses citoyens. Il protège l’infrastructure de coopération qui est le pilier de la société.
L’État Partenaire peut exister à n’importe quel niveau territorial comme un ensemble d’institutions qui protège le bien commun et permet aux citoyens de créer de la valeur. Il reproduit sur une échelle territoriale ce que les institutions à but lucratif font à l’échelle d’un projet. Pendant que les associations à but lucratif travaillent pour les commoners en tant que contributeurs et participants à des projets précis, l’État Partenaire travaille pour les citoyens.
Ceci est nécessaire car, tout comme la « main invisible » du marché est un mythe, la main invisible des communs l’est tout autant. Les commoners ont tendance à se sentir concernés par leurs communs, mais non pas par la société dans sa globalité. Cette considération spécifique de la totalité requiert son propre ensemble spécifique d’institutions !
La bonne nouvelle, c’est qu’un tel État Partenaire existe déjà, et nous avons pu le voir en action, au moins sous une forme embryonnaire et locale. Il y a quelques années, j’ai pu visiter la ville française de Brest. Brest n’est pas une belle ville, mais elle se situe dans une région naturelle magnifique. Elle a été bombardée lors de la Seconde guerre mondiale et de nombreux logements sociaux, peu attrayants, ont été construits conduisant à une anomie sociale. Michel Briand, adjoint au maire, ainsi que son équipe d’employés municipaux ont eu une idée brillante : pourquoi ne pas utiliser le virtuel pour améliorer la vie sociale réelle au sein de la ville ?
L’équipe a créé des versions locales de Facebook, YouTube et Flickr, a aidé les associations locales à développer leur présence en ligne, a investi énormément dans la formation et a même construit une vraie bibliothèque où les citoyens pouvaient emprunter du matériel de production. L’un de leur projet a été de redynamiser les vieux « sentiers des douaniers » dans le but d’attirer des foules de randonneurs. Ils ont alors décidé « d’enrichir virtuellement » les chemins de randonnée.
Et c’est ici que l’innovation sociale entre en jeu : le conseil municipal n’a pas effectué cela en se substituant lui-même à l’ensemble des citoyens (à la manière de l’état pourvoyeur), ni en demandant au secteur privé de mener ce projet à bien (privatisation ou partenariat public-privé). Ce qu’il a fait, c’est donner aux équipes locales de citoyens les moyens de créer de la valeur ajoutée.
Cela s’est fait sous différentes formes comme la création de galeries de photos de monuments remarquables, des collections d’histoires orales, et bien d’autres choses. Même « l’enregistrement des chants d’oiseaux » était au programme ! L’État Partenaire c’est cela, à savoir des autorités publiques qui créent le bon environnement et la bonne infrastructure de soutien pour que les citoyens puissent produire, entre pairs, de la valeur dont toute la société bénéficie.
L’État Partenaire stimule une économie locale prospère tout comme des entrepreneurs locaux créent une valeur ajoutée sur le marché et attirent plus de touristes. Michel Briand et son équipe ont travaillé sans relâche « pour le bénéfice des citoyens », améliorant leur capacité à créer de la valeur civique. Évidemment, la connaissance et la culture créées ont constitué des communs dynamiques. Si nous élargissons cela à une échelle nationale voire supra-nationale, nous obtenons un État qui pratique « les biens communs », c’est-à-dire qui promeut les communs et les commoners créateurs de valeur.
Il existe bien sûr d’autres exemples qui méritent d’être mentionnés. La région autrichienne de Linz s’est elle-même déclarée région de biens communs. La ville de Naples a créé la fonction d’« assistant du maire pour les biens communs », et San Francisco a créé un groupe de travail afin de promouvoir l’économie collaborative.
Cependant un danger guette ici, illustré par le programme Big Society au Royaume-Uni qui utilise un langage superficiel similaire d’autonomie et d’action civiques, mais cache une pratique complètement différente, c’est-à-dire qui repose sur une stratégie de continuation de l’affaiblissement de l’État-providence et de ce à quoi il pourvoit. Un État Partenaire ne peut pas se fonder sur la destruction de l’infrastructure publique de coopération.
Cela n’a sûrement pas été l’intention première de Philipp Blond et de sa société orientée vers la société civile dans son livre Red Tory, mais ce fut certainement ce que le gouvernement de David Cameron a mis en pratique avec la Big Society. La production entre pairs d’une valeur commune requiert une richesse civique ainsi que des institutions civiques puissantes ! Autrement dit, le concept d’État partenaire transcende et inclut le meilleur de l’État providence, c’est-à-dire des mécanismes de solidarité sociale, un niveau élevé d’éducation et une vie culturelle dynamique et soutenue par le public.
Ce que les conservateurs britanniques ont fait, c’est d’utiliser la rhétorique de la Big Society pour tenter d’affaiblir davantage les vestiges de la solidarité sociale et de renvoyer les gens à leur propre sort sans aucun soutien. Ce qui ne leur donnait ni pouvoir ni valorisation, mais plutôt l’inverse.
Alors que la production entre pairs apparaîtra aussi et sans aucun doute comme un moteur de résilience en période de crise, une société réellement prospère fondée sur le bien commun nécessite un État partenaire, c’est-à-dire un réseau d’institutions démocratiques d’utilité publique, qui protège le bien commun à l’échelle territoriale.

5. Une crise des valeurs de l’économie capitaliste

La production entre pairs existe en relation avec une coalition entrepreneuriale qui crée de la valeur marchande en plus des communs. Cependant, la croissance exponentielle dans la création de valeur utilisateur par des publics productifs, ou produsers comme Axel Bruns les appelle, n’est pas sans créer des problèmes et des contradictions pour l’économie politique actuelle.
En fait, cela crée un énorme problème pour le système capitaliste, mais aussi pour les travailleurs, au sens traditionnel du terme, parce que les marchés sont définis comme une manière d’allouer des ressources rares. De plus, le capitalisme n’est pas seulement un système d’allocation de la rareté mais en réalité un système de conception de cette rareté. Il ne peut accumuler du capital qu’en reproduisant et augmentant constamment les conditions de rareté. Là où il n’y a pas de tension entre l’offre et la demande, il ne peut y avoir de marché ni accumulation de capital.
Ce que les producteurs entre pairs font, pour le moment principalement dans la sphère immatérielle de production de connaissances, de logiciel et de conception, c’est créer une abondance d’informations facilement reproductibles et un savoir exploitable, qui ne peuvent pas être directement traduits en valeur marchande, car ils ne sont pas du tout rares, mais au contraire, surabondants. Et cette activité est créée par des professionnels de la connaissance, qui sont maintenant produits si massivement, que leur surnombre les transforme aussi en travailleurs précaires.
D’où un exode accru des capacités de production, sous la forme d’une production de valeur à usage direct, en dehors du système de monétisation existant, qui n’opère qu’en marge de celui-ci. Dans le passé, lorsque de tels exodes ont eu lieu – les esclaves lors de la décadence de l’Empire romain, ou les serfs lors du déclin du Moyen Âge – c’est précisément à ce moment que les conditions étaient réunies pour des transitions sociétales et économiques de grande ampleur mais aussi fondamentales.
En effet, sans une dépendance de base du capital, des marchandises et du travail, il est difficile d’imaginer une continuation du système capitaliste.
Le problème de la création de valeur d’usage que la collaboration sur Internet a permise, c’est qu’elle contourne complètement ce fonctionnement normal. Le fonctionnement normal de notre système économique voudrait qu’un accroissement de la productivité soit d’une manière ou d’une autre récompensé, et que ces récompenses permettent aux consommateurs d’en dégager un revenu et d’acheter des produits.
Mais ce n’est plus le cas. Les utilisateurs de Facebook et de Google créent une valeur commerciale pour leurs plateformes, mais uniquement sous une forme indirecte et ils ne sont pas du tout récompensés pour la création de leur propre valeur. Comme ce qu’ils créent n’est pas marchandisé sur le marché des biens rares, il n’y a pas retour sur investissement pour ces créateurs de valeur. Ce qui veut dire que les médias sociaux mettent en lumière une faille importante de notre système.
L’actuelle soi-disant économie de la connaissance est par conséquent une imposture et une chimère, car l’abondance de biens ne fonctionne pas correctement dans l’économie de marché. Pour éliminer la précarité croissante qui attend les travailleurs du monde, y a-t-il une solution à ce casse-tête ? Pouvons-nous restaurer la boucle de rétroaction qui a été rompue ?
Un exemple de recherche d’une autre gouvernance, par l’Assemblée des communs francophones, image extraite de ce diaporama.
  1. Une interview passionnante de Michel Bauwens par Cosma Orsi, en anglais malheureusement : https://wiki.p2pfoundation.net/Cosma_Orsi_interviews_Michel_Bauwens_on_P2P_Politics

Source : https://framablog.org/2019/10/28/vers-une-societe-contributive-de-pair-a-pair-3/

Et si le pair-à-pair devenait le modèle et le moteur d’une nouvelle organisation sociale ?

– Nous avons un peu tardé à vous proposer ce dernier volet de la réflexion de Michel Bauwens (si vous avez raté le début, c’est par ici), mais nous pensons que vous y trouverez une riche matière à réflexion.
Si vous souhaitez lire l’ensemble des 4 parties en un seul fichier, cliquez sur le lien ci-dessous (pdf 312 Ko)
bauwens-societe-P2P
Traduction Framalag : Evvin, Maïa, goofy, Bullcheat, berthold, mo, Fabrice, jums
La partie précédente s’achevait sur ces questions :
Pour éliminer la précarité croissante qui attend les travailleurs du monde, y a-t-il une solution à ce casse-tête ? Pouvons-nous restaurer la boucle de rétroaction qui a été rompue ?

6. Les préfigurations d’un nouveau modèle social

Étrangement, la réponse peut se trouver dans le récent mouvement politique Occupy, car au-delà de la mise en place de production de communs politiques par les pairs, ses militants ont aussi montré l’exemple par la pratique de nouvelles entreprises et de nouvelles valeurs. Ces pratiques étaient effectivement incroyablement similaires à l’écologie institutionnelle qui est aujourd’hui pratiquée dans les communautés qui produisent des logiciels libres et du matériel open source. Ce n’est pas une coïncidence.
Revenons sur le fonctionnement d’Occupy Wall Street à Zuccoti Park, lorsque le mouvement était toujours opérationnel à l’automne 2011. Un public créatif y jouait un rôle central, en cherchant le consensus par l’intermédiaire de l’assemblée générale et en offrant toutes sortes de modèles (contrôle des micros, camps de protestation, groupes de travail, etc.) qui, dans un esprit véritablement open source, pouvaient non seulement être copiés et mis en œuvre par des communautés similaires dans le monde entier, mais également modifiés pour répondre aux besoins locaux (le fork, ou ramification, dans le jargon open source). Si vous ne contribuiez pas, vous n’aviez pas votre mot à dire, de sorte que la participation était et demeure nécessaire.
occupy wall street, pancarte "libre café" (internet) sur le terrain occupé
« Occupy Wall Street » par Talk Media News Archived Galleries, licence CC BY-NC-SA 2.0
Cette communauté avait toutes sortes de besoins, tels que nourriture, hébergement, soins de santé. S’est-elle simplement appuyée sur l’économie de marché pour les combler ? Non, mais parfois oui, quoique d’une manière spécifique. Permettez-moi de développer.
Occupy Wall Street a mis sur pied des groupes de travail diversifiés pour trouver des solutions à ses besoins physiques. En d’autres termes, on considérait l’économie comme un système d’approvisionnement, tel que décrit dans le formidable livre de Marvin Brown Civilizing the Economy, et ce sont les citoyens, organisés en groupes de travail, qui ont décidé quel système d’approvisionnement serait le plus adapté à leurs valeurs éthiques.
Par exemple, des producteurs biologiques du Vermont ont offert aux militants de la nourriture gratuite, préparée par des cuisiniers volontaires, mais cela a eu des effets négatifs. Les vendeurs ambulants locaux, généralement des immigrants pauvres, ne s’en sortaient pas très bien. Comme tout le monde recevait de la nourriture gratuite, ils ne pouvaient plus vendre leurs produits aisément. La réponse à ce problème a consisté à faire en sorte que les militants s’occupent des vendeurs. Ils ont créé un projet consacré aux vendeurs ambulants afin de lever des fonds destinés à leur acheter de la nourriture.
Bingo, d’un seul coup, Occupy Wall Street a créé une économie éthique performante, qui était à la fois une dynamique de marché, mais qui fonctionnait aussi en harmonie avec le système de valeurs des occupants. Ce qui est crucial ici c’est que ce sont les citoyens qui ont décidé du système d’approvisionnement le plus approprié et pas les détenteurs de la propriété et de l’argent dans une économie qui a fait sécession des valeurs éthiques.
Que peut-on apprendre du tout nouveau modèle Occupy si on le généralise à la société toute entière ?
Aujourd’hui, nous supposons que la valeur est créée dans la sphère privée, par des entreprises à but lucratif, et nous admettons que la société civile est juste la catégorie qui reste. C’est ce qu’il se passe lorsque nous rentrons chez nous, épuisés après notre travail salarié. Cela se manifeste dans nos choix linguistiques, quand nous qualifions des organisations de la société civile comme à but non-lucratif ou non-gouvernementales.
Le système dans son ensemble est géré par un État dans lequel l’État providence social-démocrate est devenu de plus en plus un État providence néolibéral où les gains sont privatisés et les pertes sont socialisées. En d’autres termes, l’État lui-même est devenu une extension des entreprises et est, de manière croissante, de moins en moins au service des citoyens. Nous pouvons voir l’évolution de ce modèle dans la manière dont la troïka impose désormais la politique de la terre brûlée au cœur même de l’Europe, comme en Grèce, et non plus seulement dans des pays moins développés.
Occupy et les modèles open source nous montrent qu’une nouvelle réalité est possible, un modèle où la sphère civile démocratique, les biens communs productifs et un marché dynamique peuvent coexister pour engendrer un bénéfice mutuel :
1/ Au cœur de la création de valeurs se trouvent des communs variés, dans lesquels les innovations sont déposées pour que toute l’humanité puisse les partager et en tirer parti
2/ Ces communs sont établis et protégés grâce à des associations civiques à but non-lucratif, avec comme équivalent national l’État partenaire, qui habilite et permet la production sociale
3/ Autour de ces communs émerge une économie dynamique centrée sur les communs, et menée par différentes catégories d’entreprises éthiques, liées par leurs structures légales aux valeurs et aux buts de ces communautés, et non pas à des actionnaires absents et privés qui tentent de maximiser le profit à tout prix.
À l’intersection de ces trois cercles se trouvent les citoyens qui décident de la forme optimale de leur système d’approvisionnement.
Ce modèle peut exister en tant que sous-modèle au sein du capitalisme, et c’est déjà partiellement le cas dans le système actuel, avec les logiciels open source en tant qu’écologie d’entreprise. Il pourrait aussi devenir, avec quelques ajustements nécessaires, la logique même d’une nouvelle civilisation. Le mouvement Occupy ne nous a pas seulement montré une politique préfiguratrice, mais aussi et surtout une économie préfiguratrice.
Une autre question est, bien sûr, de savoir comment y parvenir. Une partie de la réponse est que cela va demander non seulement des mouvements sociaux puissants qui prônent une réforme et une transformation sociales, mais aussi une transformation et une maturation certaines du modèle de production par les pairs lui-même.
Aujourd’hui, c’est un pré-mode de production qui est entièrement interdépendant du système du capital. Il n’y aurait pas de reproduction sociale des travailleurs impliqués si ce n’est pour les infrastructures publiques générales fournies par l’État, mais plus particulièrement au travers du revenu produit par le fait de travailler pour une entreprise capitaliste.
Existe-t-il une possibilité de créer un modèle vraiment autonome de production par les pairs, qui pourrait créer son propre cycle de reproduction ? Pour ce faire, nous proposons deux « ajustements ».
Le premier consiste à utiliser un nouveau type de licence, la licence de production par les pairs, proposée par Dmytri Kleiner. Cette licence de partage propose que tous ceux qui contribuent à un commun puissent aussi utiliser ce commun. Le second ajustement consiste à créer des moyens entrepreneuriaux indépendants qui ne sont pas destinés à des entreprises à but lucratif, mais à des entreprises éthiques, dont les membres sont acteurs et dont la mission est d’aider les communs et leurs contributeur⋅ices.
À l’instar de Neal Stephenson dans son roman L’Âge de diamant, et de la pratique pionnière du réseau coopératif Las Indias, nous proposons de les appeler « phyles » (voir la page Wikipédia de phyles en anglais). Les phyles sont des entités axées sur la mission, les objectifs, le soutien à la communauté, qui opèrent sur le marché, à l’échelle mondiale, mais travaillent pour le bien commun.
De cette manière, la reproduction sociale des citoyens ordinaires ne dépendrait plus du cycle d’accumulation du capital, mais de son propre cycle de création de valeur et de réalisation. Combinées aux mouvements sociaux et à la représentation politique, nous pensons que ces trois composantes constitueraient la base d’une nouvelle hégémonie sociale et politique, qui constituerait la force sociale de base et mènerait à la transformation sociale dans le sens d’un approfondissement et d’un élargissement des modèles de production par les pairs, de la micro-économie à la macro-économie.

7. Vers une civilisation basée sur des économies de gamme plutôt que d’échelle

Suite à la division internationale du travail imposée par la mondialisation, l’objectif de la concurrence est de pouvoir produire plus d’unités, de manière à faire baisser le prix unitaire et à surpasser la concurrence. Les sociétés multinationales et les marques mondiales ont maintenant des chaînes de valeur très complexes, dans lesquelles différentes parties d’un produit sont fabriquées en série dans différentes parties du monde.
Néanmoins, le système présente des faiblesses évidentes. L’une d’elles est de conduire à des monocultures, non seulement agricoles mais aussi industrielles, telles que la dépendance de l’économie côtière chinoise aux exportations. Et ce dernier exemple met en évidence un deuxième problème connexe.
La concurrence pousse sans cesse les prix à la baisse, et donc, dans les années 1980, les principaux acteurs occidentaux ont changé de stratégie. Ils ont poussé les travailleurs occidentaux aux salaires coûteux vers la précarité en transférant la production industrielle moins rentable dans des pays à bas salaires, tout en élargissant le régime de propriété intellectuelle afin d’extraire des revenus et des superprofits via des brevets, des droits d’auteur et des marques.
Comme le relève Thijs Markus à propos de Nike dans le blog de Rick Falkvinge, si vous voulez vendre 150 $ en Occident des chaussures qui reviennent à 5 $, il vaut mieux disposer d’un régime de propriété intellectuelle ultra répressif. D’où la nécessité des SOPA, PIPA, ACTA et autres tentatives pour criminaliser le droit de partage.
Mais il existe bien sûr un problème plus fondamental : tout le système de mondialisation des économies d’échelle repose essentiellement sur des transports mondiaux peu coûteux et donc sur la disponibilité permanente de combustibles fossiles surabondants. Après le pic pétrolier, et donc la fin du pétrole bon marché, et avec la demande toujours croissante des économies émergentes des pays du BRIC, il est plus que probable que le système complet s’effondrera. Pas en une journée, bien sûr, mais progressivement, même si on peut aussi s’attendre à des chutes brutales.
L’équilibre ponctué n’est en effet pas seulement une caractéristique des systèmes biologiques, mais aussi des systèmes sociaux ! Cela signifie que la concurrence sur la base des économies d’échelle, même si elle est encore efficace aujourd’hui, perd en fin de compte de sa pertinence et, finalement, ne peut être pratiquée que par ceux qui se moquent de la destruction de notre planète. À quel jeu les autres peuvent-ils jouer ? L’augmentation constante des prix des combustibles fossiles signifie que l’innovation et la concurrence doivent trouver un autre débouché. En fait, il s’agit d’inventer un jeu complètement différent.
Mais d’abord, un court intermède historique, car ce drame de la transition s’est déjà joué auparavant…
Quand les Romains de la fin du cinquième siècle se battaient encore pour la couronne de l’empereur Auguste, les « barbares » germaniques brandissaient déjà leur menace. Et les communautés chrétiennes anticipaient les valeurs d’une prochaine ère de relocalisation basée non sur une économie d’échelle, mais sur une économie de gamme.
Mais qu’est-ce qu’une économie de gamme ? Pour vous donner envie, voici une brève définition : « Il existe une économie de gamme entre la production de deux biens lorsque deux biens qui partagent un coût commun sont produits ensemble de sorte que le coût commun est réduit ». Autrement dit, il s’agit de baisser les coûts communs d’un facteur de production, non pas en produisant plus d’unités mais en partageant le coût des infrastructures.
Mais reprenons notre petite parenthèse historique.
Tandis que l’Empire romain ne pouvait plus supporter les coûts inhérents à sa taille et sa complexité et que l’approvisionnement en or et en esclaves devenait de plus en plus problématique, les propriétaires terriens les plus intelligents commencèrent à libérer leurs esclaves, tout en les liant contractuellement aux terres comme serfs. Dans le même temps, les hommes libres, de plus en plus ruinés et écrasés par les taxes, se placèrent sous la protection de ces mêmes propriétaires terriens.
Ainsi, une partie de l’équation fut purement et simplement de la relocalisation, puisque le système ne pouvait plus prendre en charge l’Empire à l’échelle globale. Mais le nouveau système post-Empire romain inventa également un système d’innovation basé sur les avantages de gammes et non d’échelle. En effet, tandis que les cités se vidaient – et avec elles, le système de connaissances basé sur les bibliothèques urbaines, les cours à domicile élitistes et les académies – les Chrétiens inventèrent les monastères, de nouveaux centres de connaissances ruraux.
Mais l’important est que, tandis que le système physique se localisait, l’église chrétienne fonctionnait en réalité comme une communauté ouverte et globale. Moines et manuscrits voyageaient et diffusaient les nombreuses innovations des moines ouvriers. Alors que l’Europe amorçait son déclin avec l’effondrement des vestiges de l’Empire après la première révolution sociale européenne de 975, ce nouveau système fit germer la première révolution industrielle médiévale.
Entre le 10e et le 13e siècle, l’Europe recommença à se développer, grâce à une culture unifiée de la connaissance. Elle réintroduisit les monnaies à intérêt négatif contrôlant ainsi l’accumulation de richesses par les élites, doubla sa population, redéveloppa ses magnifiques villes dont beaucoup furent dirigées démocratiquement par des conseils de guildes, et inventa des universités de pair à pair à Bologne au 11e siècle. La Première Renaissance reposa entièrement sur l’économie de gamme, et sur le corpus de connaissances que les intellectuels et les artisans européens construisirent autour de celle-ci. Les guildes avaient sûrement leurs secrets, mais elles les gardèrent pour elles, partout où des cathédrales furent construites.
La même expérience a été reconduite en 1989 à l’échelle d’un pays entier, dans les circonstances les plus difficiles, quand Cuba, isolée, n’a plus pu compter sur les avantages d’échelle procurés par le système soviétique. La crise cubaine de 1989 a préfiguré la situation mondiale actuelle parce que le pays a connu son propre pic pétrolier lorsque les Soviétiques ont brusquement cessé de livrer du pétrole à des prix inférieurs à ceux du marché mondial. Tandis qu’au début, les Cubains ont recommencé à utiliser des ânes, et que la masse corporelle moyenne de la population a diminué, les dirigeants ont pris un certain nombre d’initiatives intéressantes.
Ils ont commencé par libérer l’esprit d’entreprise local en accordant plus d’autonomie aux coopératives agricoles locales, puis ils ont mobilisé les connaissances de base de la population, y compris urbaine. Mais surtout, et c’est peut-être le point le plus important, ils ont créé un certain nombre d’instituts agricoles dont le but prioritaire était de reproduire et diffuser les innovations locales. Quels que soient les autres défauts du système totalitaire à Cuba, cette expérience de conception ouverte a fonctionné au-delà de toute attente.
Comme l’a documenté Bill McKibben, Cuba produit maintenant des aliments nutritifs et de qualité « bio » en abondance avec une fraction seulement des énergies fossiles brûlées par l’agriculture industrielle. Et les Cubains les produisent tout comme le faisait le clergé chrétien du Moyen Âge en Europe : en partageant les connaissances pour obtenir des économies de gamme. Les innovations agricoles se sont diffusées rapidement dans tout le pays et ont été adoptées par tous.
Certes, les économies d’échelle fonctionnent bien dans les périodes d’énergie « ascendante », lorsque de plus en plus d’énergie afflue, mais fonctionnent de moins en moins dans les périodes d’énergie « descendante » lorsque les réserves d’énergie et de ressources diminuent. Sont alors nécessaires les économies de gamme, dans lesquelles vous pouvez démultiplier à partir d’une unité, comme dans les infrastructures émergentes de « fabrication à la demande » actuelles.
Les économies de gamme sont exactement ce qu’est la production par les pairs (sous ses diverses formes de savoir ouvert, de culture libre, de logiciel libre, de designs ouverts et partagés, de matériel ouvert et de production distribuée, etc.)
Récapitulons ce qui ne va pas dans le système global actuel, qui repose entièrement sur les économies d’échelle, et qui, dans bien des cas, rend les économies de gamme illégales.
  1. Notre système actuel repose sur la croyance en une croissance et une disponibilité infinies des ressources, en dépit du fait que nous vivons sur une planète finie ; appelons cette fuite en avant la « pseudo-abondance » débridée.
  2. Le système actuel repose sur la croyance que les innovations devraient être privatisées et seulement autorisées via des permissions ou pour un prix élevé (le régime de la propriété intellectuelle), rendant le partage du savoir et de la culture criminel ; appelons cette caractéristique, la « rareté artificielle » imposée.
Les méthodologies de production par les pairs reposent sur un ADN économique et social qui est leur exact contraire. Les communautés de production par les pairs estiment que la connaissance est un bien que tout le monde doit partager, et donc, qu’aucune innovation ne doit être cachée à la population dans son ensemble.
En fait, dissimuler une innovation qui peut sauver des vies ou le monde est vu comme immoral et constitue une véritable inversion des valeurs. Et la production par les pairs est conçue dans une optique de distribution et d’inclusion, c’est-à-dire de fabrication à petite échelle, voire individuelle. L’obsolescence programmée, qui est une caractéristique et non pas un bug du système actuel, est totalement étrangère à la logique de la production par les pairs. En d’autres termes, la durabilité est une caractéristique des communautés de conception ouverte, pas un bug.
Encore une fois, il existe des précédents historiques à ces inversions de valeurs. Les communautés chrétiennes de l’Empire romain n’étaient pas en concurrence avec l’Empire, elles construisaient leurs propres institutions sur la base d’une logique différente et étrangère. Alors que les élites romaines méprisaient le travail, qui était réservé aux esclaves, les moines chrétiens en faisaient l’éloge et essayaient de préfigurer l’Éden dans leurs cités de Dieu terrestres.
De même, les Sans-culottes de 1789 ne se battaient pas pour les privilèges féodaux mais les ont tous abolis en un seul jour. Il serait donc incorrect de voir la production par les pairs comme de simples techniques concurrentes. En fait, ces évolutions se produisent sur un plan complètement différent. Elles vivent et coexistent dans le même monde, mais elles n’appartiennent pas vraiment à la même logique du monde.
Quelles sont donc les économies de gamme du nouvel âge du P2P ? Elles sont de deux sortes :
  1. La mutualisation des connaissances et des ressources immatérielles
  2. La mutualisation des ressources matérielles productives
Le premier principe est facile à comprendre. Si nous manquons de connaissances en tant qu’individus (et personne ne peut tout savoir), dans une communauté, virtuelle ou réelle, il est bien plus probable que quelqu’un dispose de ces connaissances. Par conséquent, la mutualisation des connaissances et l’innovation « accélérée par le public » sont déjà une caractéristique bien connue de l’économie collaborative. Mais l’avantage de gamme apparaît lorsque les connaissances sont partagées et qu’elles peuvent donc être utilisées par autrui. Cette innovation sociale réduit radicalement le coût général de la connaissance, facteur de production conjointe.
Prenons l’exemple du Nutrient Dense Project
Cette communauté mondiale de travailleurs agricoles et de scientifiques citoyens s’intéresse à l’expérimentation de meilleurs nutriments pour obtenir des aliments de meilleure qualité. Ainsi, des recherches conjointes peuvent être menées pour tester divers nutriments dans divers sols et zones climatiques, et elles bénéficieront instantanément non seulement à l’ensemble de la communauté participante, mais potentiellement à l’ensemble de l’humanité. Les stratégies fondées sur la privatisation de la propriété intellectuelle ne peuvent obtenir de tels avantages de gamme, ou du moins pas à ce niveau.
Prenons un autre exemple, celui de la ferme urbaine de la famille Dervaes à Los Angeles, qui réussit à produire 6 000 livres (environ 2 700 kilos) de nourriture par an sur un minuscule terrain urbain. Comme elles partagent leurs innovations en matière de productivité, des centaines de milliers de personnes ont déjà appris à améliorer leurs propres parcelles, mais imaginez la vitesse de l’innovation qui se produirait si elles étaient soutenues par les institutions d’un État partenaire, qui soutiendraient et diffuseraient encore davantage ces innovations sociales !
Le deuxième principe, celui de la mutualisation des ressources productives physiques, est illustré par la consommation collaborative. L’idée générale est la même. Seul, je peux manquer d’un certain outil, d’une certaine compétence ou d’un certain service, mais à l’échelle d’une communauté, quelqu’un d’autre le possède probablement, et cette autre personne pourrait le partager, le louer ou le troquer. Il n’est pas nécessaire de posséder tous le même outil si nous pouvons y accéder quand nous en avons besoin. D’où la multiplication des places de marché p2p.
Prenons un exemple pour l’illustrer : le partage de véhicules. Les projets d’autopartage peuvent être mutualisés par l’intermédiaire d’une société privée propriétaire des voitures (partage d’une flotte de véhicules, comme Zipcar), de marchés p2p qui relient les automobilistes entre eux comme (RelayRides et Getaround), de coopératives comme Mobicoop ou de collectivités publiques (Autolib à Paris). Mais tous réalisent des économies de gamme. Selon une étude citée par ZipCar, pour chaque voiture louée, il y a 15 voitures en moins sur la route. Et les abonnés à l’autopartage conduisent 31 % de moins après leur adhésion. Ainsi, rien que pour 2009, l’autopartage a permis de réduire les émissions mondiales de dioxyde de carbone de près d’un demi-million de tonnes.
Imaginez des développements comparables dans tous les secteurs de la production.
Alors, à quoi ressemblera le nouveau système si les économies de gamme deviennent la norme et sont promues comme principal moteur du système économique et social ? Nous avons déjà mentionné les communautés mondiales d’open design, et nous suggérons qu’elles s’accompagnent d’un réseau mondial de micro-ateliers, qui produisent localement, comme celles que les constructeurs automobiles open source comme Local Motors et Wikispeed proposent et qui sont déjà préfigurées par les réseaux de hackerspaces, fablabs et espaces de travail communs.
Cela signifie que nous avons aussi besoin d’organisations matérielles mondiales, non pas pour produire à l’échelle mondiale, mais pour organiser nos activités matérielles de manière à minimiser les « coûts communs » des différents réseaux, et pas seulement en termes de partage des connaissances. Pour le dire autrement, qui jouera le rôle que l’Église catholique et ses moines errants ont joué au Moyen Âge ? N’oublions pas qu’il ne s’agissait pas seulement d’une sorte de communauté d’open design, mais d’une organisation matérielle efficace qui dirigeait toute une sphère culturelle à l’échelle du continent. Avons-nous une version p2p potentielle de ce système, qui pourrait fonctionner à l’échelle mondiale ?
La réponse est évidemment dans la généralisation de la « phyle » telle qu’elle est proposée ci-dessus.
Il ne reste plus qu’à répondre à cette question cruciale : à quoi ressemblera la gouvernance mondiale dans la civilisation P2P ? Comment transformer l’Empire matériel mondial qui domine actuellement les affaires du monde au profit de quelques-uns, et remplacer les institutions mondiales inefficaces qui ne sont pas en mesure de relever les défis mondiaux ?

Sourcehttps://framablog.org/2019/12/16/vers-une-societe-contributive-de-pair-a-pair-4/

Dieudonné répond à Christine Lagarde

A 3mn45 : Christine Lagarde, ancienne Ministre des finances et de l'industrie du gouvernement Fillon, ancienne directrice du FMI et actuelle présidente de la BCE, nous prévient : "L'économie de la zone Euro est confrontée à des défis à court terme et une politique monétaire très accommodante pour une période prolongée est donc nécessaire."

Traduction de Dieudonné : "On est entré en zone rouge. Les mecs des banques sont repérés. Ils ont encore des CRS et l'armée pour les protéger mais c'est la fin du jeu. Ils vont saisir les épargnes des particuliers."

C'est donc une "crise financière majeure", bien plus grave qu'un "trou d'air conjoncturel" comme on dit certains spécialistes, certains apprentis sorciers.

Source: https://www.youtube.com/watch?v=p6XyU_Xsiyg

mercredi 18 décembre 2019

Carnage au Bataclan : la salle était contrôlée par le Mossad

INFO PANAMZA. Joël Touitou, l'ex-propriétaire du Bataclan qui en assurait la "responsabilité" jusqu'en 2018, collaborait clandestinement avec le Mossad depuis 1982. Révélations.
Le 16.12.2019 à 23h01
Saviez-vous qu'il existait un passage secret au Bataclan ?
Plus exactement : un couloir souterrain reliant la salle à une brasserie extérieure.
Cette information est totalement absente du volumineux recueil des auditions de la commission d'enquête parlementaire dédiée aux attentats de 2015.
Elle est pourtant capitale : porté à la connaissance des forces de l'ordre censées intervenir efficacement au Bataclan, cet élément aurait pu accélerer leur pénétration dans la salle et la neutralisation consécutive des terroristes.
L'info fut formulée presque incidemment (à 3'15) le 13 novembre 2017, deux ans plus tard, sur le plateau de la chaîne israélienne i24news. 

Les anciens lecteurs du média Panamza (qui fait, rappelons-le, l'objet d'une plainte déposée par le ministre de l'Intérieur d'alors Bernard Cazeneuve) auront reconnu son auteur : Joël Touitou, l'homme (aujourd'hui installé à Ashdod) qui posséda (de 1975 jusqu'au 11 septembre 2015) la salle du Bataclan.
JT
Frère du rabbin intégriste David Touitou (une éminente figure politique de la ville d'Ashdod), Joël Touitou (dit Laloux) n'est pas seulement l'ex-propriétaire de la salle mythique : il en fut également le "responsable" jusqu'en "septembre 2018".
Révélée le 26 novembre 2015 par Panamza, cette info-clé était initialement rapportée par un article publié 11 jours plus tôt par le Jewish News Syndicate.
Détail troublant : peu de temps après sa divulgation par Panamza, l'article du JNS (basé sur une info "exclusive" du quotidien Israel Hayom, proche du clan Netanyahou) a été supprimé.
En vain : le fabuleux site d'archivage du web Wayback permet encore de le consulter ici.
En voici, par précaution, la capture d'écran : 
jns
Joël Touitou était donc encore en charge du Bataclan, le soir du drame.
Sa particularité ô combien singulière : une connexion étroite, ancienne et "clandestine" (selon un organe de presse israélien qui évoqua même un caractère "paramilitaire") avec le Mossad.
Une connexion (totalement passée sous silence par Mediapart et consorts) que l'on retrouve chez ces "officiels juifs" de France qui furent avertis (par le Mossad) de l'imminence des attentats.
Soyons précis : la vie de Joël Touitou, ex-manager qui a hérité du Bataclan acquis à l'origine par son père (enterré en Israël) Elie Touitou, a basculé le 3 octobre 1980, date de "l'attentat antisémite" de la rue Copernic.
Dans une vidéo réalisée en trois parties, publiée en 2018 et intitulée "Bataclan : l'horrible manipulation", Panamza avait déjà évoqué brièvement son ancrage dans le communautarisme juif et sioniste dès 1982 (passage visible à 8’45 de la seconde partie).

Pourquoi 1982 ? 
C'est l'année de son intronisation par les services secrets israéliens, sources ci-dessous à l'appui…

L’intégralité de cet article est réservée aux abonnés

vendredi 13 décembre 2019

Julian Assange: "Nearly every war has been a result of media lies"

"Mon pire ennemi c'est l'ignorance. C'est l'ennemi de tout le monde."
"Presque toutes les guerres sont le résultat de mensonges des médias."
Julian Assange
8th May 2011.
Source: RT



Sourcehttps://www.youtube.com/watch?v=qrPqfapCQT8&

Full interview: https://www.youtube.com/watch?v=0yhFRWaQbNg

jeudi 12 décembre 2019

« Démondialisation. Comment Trump vient de tuer l’OMC ! » L’édito de Charles Sannat

Charles Sannat sur les dernières initiatives de Trump: il est peut-être mais s'il démolit vraiment l'OMC, il sert une cause progressiste: le protectionnisme !
"Il ne peut pas y avoir de protectionnisme dans un commerce mondial dirigé par l’OMC.
Tout le monde le sait et Trump aussi.
Poursuivre la démondialisation, ce n’est pas uniquement taxer les produits chinois.
Permettre la démondialisation c’est aussi casser, détruire, les structures politiques et de gouvernances mondialistes.
C’est le magazine allemand Spiegel qui s’inquiète terriblement de voir que les États-Unis font tout pour que l’organe d’appel (le tribunal) de l’Organisation mondiale du commerce cesse d’exister.
En effet, « l’Appellate Body » est l’organe d’appel permanent de l’Organisation mondiale du commerce composé de sept arbitres. Vous savez c’est le « tribunal » de l’OMC qui siège et règle les conflits. Lorsque vous entendez un pays dire qu’il « porte plainte devant l’OMC », nous parlons en réalité de la saisine de l’Appellate Body.
Or les États-Unis refusent de nommer les nouveaux juges… du coup, l’organe « suprême » chargé de rendre la justice libre-échangiste est au bord de l’effondrement et de l’incapacité d’agir.
Pour le Spiegel, la fin de l’activité de ce tribunal entraînera l’effondrement de l’ensemble du système de l’OMC et des règles du commerce mondial et aura pour conséquence très rapide le retour au droit du plus fort, ce qui tombe bien puisque Donald Trump cherche un tel résultat car il «compte obtenir des conditions plus favorables pour les États-Unis dans un monde sans l’OMC».
D’après le magazine allemand, la paralysie de l’Appellate Body semble presque actée et l’Union européenne s’y prépare déjà.
Entre la destruction progressive de l’OTAN et la disparition peut-être pour Noël de l’OMC, Trump détricote consciencieusement les organes de gouvernance de la mondialisation.
La démondialisation avance à grands pas !
Faut-il avoir peur de la disparition de l’OMC ?
A court terme sans doute, parce que cela va introduire une nouvelle dose d’incertitude dans un monde complexe et fragile, mais à long terme, il n’y a pas d’autres chemins possibles que celui de la démondialisation.
D’ailleurs, la France est toujours en retard d’une guerre ou presque, et au moment où Macron, sous la pression d’une vision anglo-saxonne, libérale et mondialiste veut terminer de casser ce qui faisait la colonne vertébrale de l’État français, les Américains et les Anglais, eux font marche arrière et se lancent dans la politique contraire, en démondialisant et en reprenant les outils et les moyens de leurs souverainetés.
Il se passera la même chose en France… mais plus tard.
C’est bien dommage.
En attendant, la mort annoncée de l’OMC est une excellente nouvelle et le faire part de décès de cette organisation est un superbe cadeau de Noël… Attendons de le voir pour y croire."
Jean Bricmont


Mes chères impertinentes, chers impertinents,

L’OMC, c’est l’Organisation Mondiale du Commerce. Son siège est à Genève en Suisse.

L’OMC organise la mondialisation et le commerce mondial.

L’OMC règle les litiges entre les différents pays et dispose de son propre organe de « justice » afin de dire ce qui est une entrave à la liberté de commerce ou ce qui ne l’est pas.

L’OMC permet de sanctionner ceux qui ne jouent pas le « jeu » du libre-échange.

L’OMC est donc une organisation qui permet profondément le développement du totalitarisme marchand qui saccage notre planète et sabote nos systèmes sociaux depuis 30 ans.

Mais l’OMC vient de se faire exécuter en place publique et dans le plus grand silence médiatique par Donald Trump le président américain.

Le boulot de Trump ? La démondialisation et il le fait. 

Il ne peut pas y avoir de protectionnisme dans un commerce mondial dirigé par l’OMC.

Tout le monde le sait et Trump aussi.

Poursuivre la démondialisation, ce n’est pas uniquement taxer les produits chinois.

Permettre la démondialisation c’est aussi casser, détruire, les structures politiques et de gouvernances mondialistes.

C’est le magazine allemand Spiegel qui s’inquiète terriblement de voir que les Etats-Unis font tout pour que l’organe d’appel (le tribunal) de l’Organisation mondiale du commerce cesse d’exister.
En effet, « l’Appellate Body » est l’organe d’appel permanent de l’Organisation mondiale du commerce composé de sept arbitres. Vous savez c’est le « tribunal » de l’OMC qui siège et règle les conflits. Lorsque vous entendez un pays dire qu’il « porte plainte devant l’OMC », nous parlons en réalité de la saisine de l’Appellate Body.
Or les Etats-Unis refusent de nommer les nouveaux juges… du coup, l’organe « suprême » chargé de rendre la justice libre-échangiste est au bord de l’effondrement et de l’incapacité d’agir.
Pour le Spiegel, la fin de l’activité de ce tribunal entraînera l’effondrement de l’ensemble du système de l’OMC et des règles du commerce mondial et aura pour conséquence très rapide le retour au droit du plus fort, ce qui tombe bien puisque Donald Trump cherche un tel résultat car il «compte obtenir des conditions plus favorables pour les États-Unis dans un monde sans l’OMC».
D’après le magazine allemand, la paralysie de l’Appellate Body semble presque actée et l’Union européenne s’y prépare déjà.
Entre la destruction progressive de l’OTAN et la disparition peut-être pour Noël de l’OMC, Trump détricote consciencieusement les organes de gouvernance de la mondialisation.
La démondialisation avance à grands pas !
Faut-il avoir peur de la disparition de l’OMC ?
A court terme sans doute, parce que cela va introduire une nouvelle dose d’incertitude dans un monde complexe et fragile, mais à long terme, il n’y a pas d’autres chemins possibles que celui de la démondialisation.
D’ailleurs, la France est toujours en retard d’une guerre ou presque, et au moment où Macron, sous la pression d’une vision anglo-saxonne, libérale et mondialiste veut terminer de casser ce qui faisait la colonne vertébrale de l’Etat français, les Américains et les Anglais, eux font marche arrière et se lancent dans la politique contraire, en démondialisant et en reprenant les outils et les moyens de leurs souverainetés.
Il se passera la même chose en France… mais plus tard.
C’est bien dommage.
En attendant, la mort annoncée de l’OMC est une excellente nouvelle et le faire part de décès de cette organisation est un superbe cadeau de Noël… Attendons de le voir pour y croire.
Charles SANNAT

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin

Pour m’écrire charles@insolentiae.com
Pour écrire à ma femme helene@insolentiae.com

Vous pouvez également vous abonner à ma lettre mensuelle « STRATÉGIES » qui vous permettra d’aller plus loin et dans laquelle je partage avec vous les solutions concrètes à mettre en œuvre pour vous préparer au monde d’après. Ces solutions sont articulées autour de l’approche PEL – patrimoine, emploi, localisation. L’idée c’est de partager avec vous les moyens et les méthodes pour mettre en place votre résilience personnelle et familiale.

« Ceci est un article « presslib » et sans droit voisin, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

lundi 9 décembre 2019

Extradition de Stan Maillaud le mercredi 04.12.19 par le Venezuela pour la France

K : Une  nouvelle d' une horreur absolue; pas de quoi  me re-booster le moral ... Quel monde de merde ! Stan Maillaud , ce héros français , ex-gendarme  devenu chasseur de pédophiles est extradé en France. Il sera jugé à Bobigny par le président pédophile de ce tribunal, des photos  ont  déjà circulé où l'on voit ce président nu sur des mineurs. J' ai appris tout récemment que le meurtre des policiers à la préfecture par un informaticien, hé bien, ces policiers enquêtaient sur Epstein en France ! Comment ne pas être en colère ?

J : Les pédocriminels sont vraisemblablement au pouvoir. C'est peut-être même un rite initiatique obligatoire pour atteindre les cercles/degrés les plus élevés des réseaux de pouvoir. 
Je ne vois plus qu'une insurrection (comme l'analyse Frédéric Lordon) pour venir à bout de ce régime monstrueux.

K : Janett ; compagne de Stan Maillaud témoigne .

 



Source : https://www.youtube.com/watch?v=DYaySIR8Sd0

dimanche 8 décembre 2019

Oui au RIC, si bien conçu !


48 grands principes redondants inventoriés parmi 7912 vraies doléances.
La communauté Culture-RIC.fr a fait le boulot (6 mois d'ateliers 3 fois par semaine) c'est maintenant à vous de jouer, donner votre avis, faire connaitre cette consultation nationale car les médias mainstream et les politiques ne nous aideront pas à obtenir une représentativité nationale digne de ce nom. 

Bientôt à vous de jouer !
L'équipe Culture-RIC.fr

jeudi 5 décembre 2019

Et l'homme créa Dieu, la guerre et le capitalisme.


5 décembre 2019 : Retour à la vie, tout simplement…

“Qu’est-ce que l’État ? C’est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu’il est l’organe séparé du pouvoir politique: la société est désormais divisée entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. La société n’est plus un. Nous indivisés, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène… »
~ Pierre Clastres ~

“La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique, l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes.”
~ Pierre Clastres, directeur de recherche en anthropologie politique au CNRS, 1974 ~


« La machine de l’État est oppressive par sa nature même, ses rouages ne peuvent fonctionner sans broyer les citoyens, aucune bonne volonté ne peut en faire un instrument du bien public ; on ne peut l’empêcher d’opprimer qu’en le brisant. »
~ Simone Weil ~

“L’identification de la vie à la survie est l’un des mensonges fondateurs de la civilisation marchande.”
~ Raoul Vaneigem ~


Retour à la vie, tout simplement

Résistance 71 

4 décembre 2019

Tous les mouvements radicaux de rébellion depuis des siècles jusqu’à aujourd’hui, incluant le mouvement des Gilets Jaunes de novembre 2018, ont une chose en commun: la volonté du retour à une vie symbiotique naturelle, faite d’entraide et de complémentarité bien ordonnée plutôt que de continuer sur le chemin de cette vie sociale factice, parasitique, celui de la division, du vol, du viol, chemin parfaitement anti-naturel et donc par essence anti-humain, qui nous a été initialement imposé par la division politique de la société, menant à la sortie et au maintien du pouvoir décisionnaire des humains hors du corps social des groupements organisés et volontairement assemblés.
Une fois la division mise en place, la logique évènementielle inhérente nous a mené au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, celui de la dictature du fétichisme marchand, monde de la division entretenue artificiellement, de la tromperie, du mensonge, de la veulerie, de la marchandisation à outrance de tout et de tout le monde. Tout y a un prix, tout se vend et s’achète, y compris la vie humaine dans un grand marché de la réification absolue, pour le seul profit du plus petit nombre.
Demain 5 décembre 2019, le grand mouvement social de grève générale reconductible qui va déferler sur la France ne luttera pas contre “le gouvernement Macron”, mais contre la société du spectacle marchand planétaire ayant durci inexorablement sa dictature dans la course folle qui la mène à son auto-destruction. Le grand mouvement qui s’annonce n’est pas un épiphénomène de lutte contre des mesures avilissantes au sein de la société française, mais le nième jet de la rébellion sociale dans sa longue continuité universelle, après l’amorce récente faite par le mouvement des Gilets Jaunes depuis novembre 2018. 
Ce que nous allons vivre à partir de demain est, doit être, le grand départ de la société de l’avoir pour un retour vers la société de l’être ; un grand rejet du monde marchand et de ses crimes et turpitudes, pour un élan collectif vers la vie organique, celle de notre nature humaine profonde de la satisfaction de nos besoins sans contraintes ni avilissements. Comme le dit superbement Raoul Vaneigem, cette lutte radicale dont nous devons faire l’expérience est de fait la lutte pour retrouver en nous-mêmes les racines du vivant. Les seules qui vaillent et rien d’autre aujouterions-nous.
Le système mis en place a passé des siècles à persuader les masses, parfois à grand renfort de science tronquée ou incomplète érigée en dogme, qu’il “n’y avait pas d’alternative”, que l’État et le capitalisme étaient l’aboutissement de notre évolution et que nous devions nous en satisfaire parce que rien d’autre ne fonctionne pour gouverner et agencer l’humanité dans sa modernité achevée. Il continue aussi à dépenser des milliards chaque année pour nous convaincre par médias et financements “scientifiques” interposés, du bienfondé des raisonnement fallacieux émis en la circonstance par ses caciques à la botte.
Or, il n’en est rien. Ce système n’est en rien inéluctable, il n’est qu’une “option” imposée et maintenue par la force. Il ne tient qu’à nous de mettre à bas ce dogme éculé, ayant prouvé toujours et encore sa totale inefficacité et perversité au profit exclusif d’un petit nombre de privilégiés, lui-même dépendant du système mis en place pour sa survie politique et économique. A ce stade, le système prévaut sur l’humain, les têtes sont interchangeables mais la machine continue de broyer les vies du commun quelques soient les pilotes et les sbires en charge. Le système étant fondé sur la division et donc sur le rapport dominant/dominé, il corrompt par nature toute velléité de changement dans un grand mouvement d’auto-préservation. L’État et son acolyte du capital ne peuvent en aucun cas être “rendus plus vertueux” ou “servir l’intérêt commun” puisqu’ils sont radicalement (à leur racine), ancrés dans la disparité, l’antagonisme, l’inégalité et l’injustice. On ne peut au mieux en son sein, que changer la température ambiante de la dictature appliquée pour le faire perdurer à l’encontre de toute loi naturelle.
Pour retrouver harmonie, complémentarité, égalité, justice, entraide et fraternité, ces caractéristiques primordiales de la société humaine organique et véritable, le système doit être mis à bas dans tous ses mécanismes. Ainsi, comme nous l’avons dit depuis des années déjà, il est clair qu’il n’y a pas de solution à nos problèmes au sein du système, il n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir. Tout doit partir, pour que nous puissions réaliser notre retour vers la vie organique, celle nous faisant vivre pleinement et non plus survivre en attendant cette mort, seule certitude définitive de notre réalité organique. Alors, pour vivre enfin heureux en attendant la mort (bien à toi Pierre):
A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !
Il est devenu évident pour qui veut voir et comprendre, que tout le reste n’est que réformisme béat, reculer pour mieux sauter, bref… n’est que pisser dans un violon !
Réflexion => Coopération => Action => Émancipation
Qu’on se le dise !
Pour mieux y parvenir:
Comprendre et transformer sa réalité, le texte:
Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »
+
4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:
Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être
Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche
Manifeste pour la Société des Sociétés
Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie
“L’État est une société d’assurance mutuelle entre le propriétaire terrien, le général militaire, le juge, le prêtre et plus tard, le capitaliste, afin de soutenir l’autorité de l’un l’autre sur le peuple et pour exploiter la pauvreté des masses tout en s’enrichissant eux-mêmes.
Telle fut l’origine de l’État, telle fut son histoire et telle est son essence actuelle.”
~ Pierre Kropotkine ~
“On peut dire qu’il n’y a pas encore eu de révolution dans l’histoire, il ne peut y en avoir qu’une qui serait une révolution définitive. Le mouvement qui semble achever la boucle en entame déjà une nouvelle à l’instant même où le gouvernement se constitue. Les anarchistes, Varlet en tête, ont bien vu que gouvernement et révolution sont incompatibles au sens direct. Il implique contradiction, dit Proudhon, que le gouvernement puisse être jamais révolutionnaire et cela pour la raison toute simple qu’il est gouvernement.’  […] S’il y avait une seule fois révolution, en effet, il n’y aurait plus d’histoire. Il y aurait unité heureuse et mort rassasiée.“
~ Albert Camus ~