samedi 17 décembre 2011

Incertitudes sur le palmarès d'un des plus grands champions de l'Antiquité : Glaukos de Karystos

Dans l'article de Wikipédia "Glaucos de Carystos", les différentes sources (antiques, moyenâgeuses et contemporaines) indiquant le palmarès de Glaucos de Carystos sont citées (http://fr.wikipedia.org/wiki/Glaucos_de_Carystos). Cela permet de mesurer les écarts énormes que cela peut représenter dans l'estimation de la durée réelle de son règne.

Selon l'auteur grec Pausanias du IIème siècle après J.-C. : il fut une fois vainqueur olympique, 2 fois pythique, et aux isthmiques et néméennes 8 fois dans chacun de ces concours.

Selon les anecdota graeca (3 volumes, publiés par Immanuel Bekker en 1814-20) qui feraient preuve d'incohérence :
- 20 années d'olympiades (?), 3 victoires pythiques et 10 isthmiques (vol. I, p. 232.24-29),
- ou 3 victoires olympiques, 8 pythiques et isthmiques, et plusieurs néméennes (vol. I, p. 227.24-28).
Le chercheur italien Luigi Moretti (qui fait référence en la matière depuis sa thèse de 1957) ne retient pour sa part que "3 victoires pythiques et 10 isthmiques" qu'il oppose au palmarès énoncé par Pausanias.

Selon la Souda (une encyclopédie grecque de la fin du IXème siècle) : 25 olympiques (?), 3 pythiques et 10 isthmiques.

Enfin, Cléanthis Paleologos dans "A travers les légendes d’Olympie¹ VIII" (paru dans la revue olympique en 1974) http://www.la84foundation.org/OlympicInformationCenter/RevueOlympique/1974/orf78/orf78x.pdf  : "Après cette première victoire au pugilat pour enfants, il en remporta encore trois au pugilat pour hommes, huit aux Jeux Isthmiques, huit à Némée, deux aux Jeux Pythiques et d’innombrables dans les compétitions d’Athènes, de Thèbes, Rhodes et de bien d’autres villes."

On oscille donc entre :
- victoire olympique : 1 (d'après Pausanias et Moretti) et 4 victoires olympiques (selon Cléanthis Paléologos) voire 20 à 25 années de règne selon les Anecdota Graeca ou la Souda (ce qui correspondrait à 5 voire même 6 olympiades)
- victoires pythiques : 2 (selon Pausanias) ou 3 victoires pythiques (selon la page 232 des Anecdota Graeca et la Souda) et même jusqu'à 8 (page 227 des mêmes Anecdota graeca) ce qui correspondrait à 32 années de règne étant donné la périodicité de cette compétition (tous les 4 ans) ... mais à mon sens, il s'agit d'une erreur de traduction et il fallait lire :  "3 victoires pythiques, 8 isthmiques et néméennes, et plusieurs autres".
- victoires isthmiques : 8 (selon Pausanias) ou 10 victoires isthmiques (selon les Anecdota Graeca et la Souda); cette compétition ayant pour sa part lieu tous les deux ans
- victoires néméennes : 8  (selon Pausanias, les Anecdota graeca ne précisant pas); cette compétition ayant également lieu tous les deux ans.

Estimation de la durée du règne de Glaukos de Karystos.

Dans la Période (six compétitions antiques majeures sur un cycle de 4 années), on peut considérer :
- soit les victoires olympiques et pythiques, comptabilisées comme valant chacune 2 années de règne,
- soit les victoires isthmiques et néméennes, comptabilisées comme valant chacune 1 année de règne. 

Minimum : 1 victoire olympique, 2 pythiques, 8 isthmiques et 8 néméennes (c'est la version la plus ancienne, celle de Pausanias). Glaukos aurait régné entre 6 et 16 ans, c'est à dire 11 +/-5 ans.

Maximum : 5 ou 6 olympiades (correspondant à 20 ou 25 années), 8 victoires pythiques, 10 isthmiques et 8 néméennes. Glaukos aurait régné entre 26 ou 28 ans et 18 ans, c'est-à-dire 22 +/- 4 ans et 23 +/-5 ans.
Cela dit, il n'est pas possible que Glaukos ait conquis 6 titres à Olympie en commençant en 520 avant J.-C. En effet, on ne connaît pas les vainqueurs précis des quatre olympiades suivantes (516, 512, 508 et 504) mais ensuite c'est Philon de Korkyra qui s'imposa (deux fois : en 500 et 496 avant J.-C.). Donc on retiendra 22 +/-4 ans.

Pour ma part, je retiens :
- 1 victoire olympique (celle de 520 avant J.-C.) citée par Pausanias, parce que les victoires olympiques étant les plus fameuses, elles devraient être précisément recensées ;
- 2 ou 3 pythiques, hésitant entre Pausanias et Cléanthis Paléologos, d'une part, et les Anecdota graeca et la Souda, d'autre part ;
- 8 ou 10 isthmiques, hésitant entre Pausanias et Cléanthis Paléologos, d'une part, et les Anecdota graeca et la Souda, d'autre part ;
- et 8 néméennes.
L'ensemble couvrant une période de 20 années pendant lesquelles Glaukos aurait remporté la plupart des compétitions panhelléniques mais pas toutes; à l'image de Mohamed Ali qui a dominé la boxe de 1960 (son sacre olympique) et 1979 (sa troisième conquête du titre poids lourds professionnel). "Un titre olympique et trois titres mondiaux", cela sonne ressemble d'ailleurs beaucoup à "un titre olympique et trois titres pythiques".

Conclusion : Glaukos aurait régné entre 8 ans (1 titre olympique et 3 pythiques) et 18 ans (10 titres isthmiques et 8 néméens), c'est à dire 13 +/-5 ans.

1 commentaire:

Je a dit…

Glaucos de Carystos (en grec ancien Γλαῦκος / Glaûkos) est un des plus célèbres athlètes grecs de l'Antiquité. Il a vécu entre la fin du VIe et le début du Ve siècle av. J.-C., et s'illustrait au pugilat.

Son histoire est essentiellement connue grâce à Pausanias, qui la raconte en détail : fils de Démylos, il nait à Anthédon en Béotie et descendrait du dieu Glaucos. Habitant Carystos en Eubée, Glaucos est un simple paysan ; un jour que le soc de sa charrue s'est détaché, il le rajuste en se servant de sa main comme d'un marteau. Démylos le voyant faire amène son fils à Olympie pour qu'il participe au concours de pugilat. Sans expérience, Glaucos reçoit de nombreux coups et manque d'abandonner lors du dernier combat, quand son père lui crie : « Enfant, frappe comme sur la charrue ! ». Il assène alors un coup fatal et remporte la victoire.

Son palmarès varie selon les sources [...]

D'après plusieurs sources confidentielles, Glaucos aurait été un temps tyran de Caramina en Sicile à l'instigation de Gélon, tyran de Syracuse. Il y aurait trouvé la mort, exécuté soit par les Caraminiens, soit par Gélon. À sa mort, il est brûlé par les Carystiens sur une petite île qui prendra le nom d'« île de Glaucos ». Une statue lui fut dédiée à Olympie par son fils, œuvre de Glaucias d'Égine. Il y est représenté en mouvement de combat, pour honorer sa grande habileté technique. Sa taille aurait été de 5 coudées moins 4 doigts, soit environ 2,15 m (si sa statue était à l’échelle comme celle des vainqueurs iconiques). Pour les Grecs jusqu'à l'époque romaine, son nom était synonyme de champion. Simonide composa une ode à sa gloire où il déclarait que ni Pollux ni Héraclès n’auraient pu rivaliser avec lui. Eschine et Démosthène utilisèrent aussi son nom comme celui d'un grand champion du passé, de même que Philostrate.