Révision historique importante de Thierry Meyssan au vu de ce qui
se passe en Palestine occupée et le consensus occidental pro-génocide.
Toujours rechercher à la source (réelle) des liens historiques hors
propagande. Pomper les écrans de fumée de la falsification historique
permanente des états occidentaux.
~ Résistance 71 ~
Palestine : la narration du 7 octobre contredite par l’histoire
Thierry Meyssan
7 mai 2024
Url de l’article original :
https://www.voltairenet.org/article220821.html
Nous reproduisons le texte d’une conférence donnée le 4 mai à
Boulogne-sur-mer. Thierry Meyssan y explique que le conflit actuel en
Palestine n’est pas imputable aux populations arabes et juives. Il a été
organisé, dès 1915, par la puissance coloniale avec l’idée que jamais
le ou les États à venir ne devaient parvenir à assurer leur sécurité. À
leur insu et à leurs dépens, les Palestiniens et les Israéliens, en
jouant l’opération du 7 octobre et sa réplique, ne font que mettre en
œuvre cette politique. En ne parvenant pas à arrêter le nettoyage
ethnique des gazaouis, les Anglo-Saxons ne manifestent pas leur
insensibilité, mais le fait qu’ils considèrent les massacres comme de
simples variables d’ajustement.
Bien que les massacres au Soudan et au Congo soient beaucoup plus
meurtriers qu’en Palestine, c’est de ces derniers dont je vais vous
parler aujourd’hui. En effet, c’est la première fois que l’on assiste,
en direct sur nos téléphones portables, à un nettoyage ethnique. Je
voudrais revenir sur diverses informations que j’ai déjà traitées dans
divers articles, mais que, manifestement, certains médias ne veulent pas
intégrer à leurs analyses. Je voudrais vous dire qu’il n’y a pas de
fatalité communautaire : ce conflit n’est pas été provoqué par les
populations de Palestine, qu’elles soient juives, chrétiennes ou
musulmanes, mais par des puissances extérieures qui, depuis un siècle
ont souhaité qu’elles ne connaissent jamais la paix.
LA CRÉATION D’ISRAËL PAR LES BRITANNIQUES
Pour me faire comprendre, je vais, avant toute chose, vous parler du
Royaume-Uni. Vous avez assisté au couronnement du roi Charles III. Vous
vous souvenez qu’au milieu de la cérémonie, il a ôté ses riches habits
et s’est habillé d’une toile de lin. Ses pages ont dressé des paravents
pour que l’assistance ne soit pas éblouie. Lorsque l’on a ôté les
paravents, il était devenu roi. On lui a alors remis les symboles de son
pouvoir, le sceptre et le globe. Que s’était-il passé durant ces
quelques instants hors de la vue du public ? Le prince de Galles avait
vu Dieu, comme Moïse devant le buisson ardent [1]. Cette
explication vous paraît probablement saugrenue et vous vous demandez
comment ses sujets peuvent croire un tel conte à dormir debout. En
réalité, depuis Jacques VI, au XVI° siècle, les souverains britanniques
se déclarent rois d’Israël [2]. C’est contre sa conception du
droit divin, qu’Oliver Cromwell renversa son fils Charles et proclama le
Commonwealth. Cependant le Lord Protecteur était tout aussi illuminé,
il professait qu’il fallait regrouper tous les juifs en Palestine et y
reconstruire le temple de Salomon [3]. En définitive, les
dynasties se succédèrent en entretenant ce mythe. Elles ont adopté
divers rites et en ont imposés d’autres à leurs sujets, comme la
circoncision juive, pratiquée d’office dans les maternités au XX° siècle
sur tous les nouveaux-nés mâles du Royaume à leur naissance.
Deux ans avant la déclaration Balfour (1917) qui annonça la création
d’un foyer national juif en Palestine, un diplomate juif et futur
ministre des Affaires étrangères, Lord Herbert Samuel, rédigea un
mémorandum sur le Futur de la Palestine (1915). Il y plaidait pour un
État juif qui permettrait de placer toute la diaspora au service de
l’Empire. Un peu plus tard, il précisa que ce nouvel État ne devrait
jamais pouvoir seul assurer sa sécurité afin d’être éternellement
dépendant de la Couronne d’Angleterre. C’est très exactement ce à quoi
nous assistons aujourd’hui. C’est le sort qui a maudit la population de
Palestine.
La déclaration de Lord Arthur Balfour a été suivie des 14 points du
président états-unien Woodrow Wilson. Il y décrit les objectifs atteints
par son pays durant la Première Guerre mondiale. Le point 12 est
étrangement rédigé, mais lors de la Conférence de Paris qui rédigea le
Traité de Versailles, il précisa par écrit ce qu’il fallait comprendre :
la création de l’État d’Israël en Palestine (et du Kurdistan en
Turquie). La Guerre mondiale avait provoqué un rééquilibrage des forces,
de sorte que désormais, Washington travaillait aux côtés de Londres
dans la défense d’intérêts communs.
Durant l’entre-deux-guerres, l’immigration juive dans la Palestine
mandataire se passa bien. Les propriétaires terriens arabes vendirent
sans problème une partie de leurs terres aux juifs. Cependant, dès 1920,
des terroristes arabes assassinèrent des juifs. Parmi les assassins,
Mohammed Amin al-Husseini fut condamné par les Britanniques à 10 ans de
prison, mais ils ne les lui firent jamais exécuter. Bien au contraire,
Lord Herbert Samuel (celui qui avait écrit qu’il ne devait jamais avoir
de sécurité en Palestine), qui était devenu le haut-commissaire
britannique en Palestine, le gracia et le nomma grand mufti de
Jérusalem, prétendument pour maintenir un équilibre entre les deux
grandes familles locales.
Survint un salafiste (c’est-à-dire un musulman souhaitant vivre comme
les compagnons du Prophète au VII° siècle), Izz al-Din al-Qassam, qui
avait déjà organisé une révolte contre les Français en Syrie et qui
devint imam à Haïfa. Il décida le jihad, non pas contre l’occupant
britannique, mais contre les immigrés juifs. Il s’en suivit divers
attentats et pogroms de juifs. Pour maintenir la paix civile, les
Britanniques tuèrent al-Qassam, ce personnage a donné son nom aux
actuelles Brigades al-Qassam du Hamas.
La mort d’al-Qassam n’avait rien résolu du tout. Les
Britanniques, fidèles à leur technique coloniale du « Diviser pour
régner », ont toujours développé d’une main ce qu’ils combattaient de
l’autre. En 1936, Lord Willam Peel, à la tête d’une
commission officielle assura que l’on ne pourrait rétablir la paix qu’en
séparant les populations arabes et juives en deux États distincts.
C’est ce que l’on appelle aujourd’hui la « solution à deux États ».
Durant la Seconde Guerre mondiale le grand mufti de Jérusalem est
devenu l’allié du chancelier Adolf Hitler. Il a notamment levé les
musulmans des Balkans pour les engager dans la SS et a soutenu la
« solution finale de la question juive ». De leur côté, les fascistes
juifs (les « sionistes révisionnistes ») de l’Ukrainien Vladimir
Jabotinsky, combattirent aux côtés de l’Axe contre les Britanniques. Les
sionistes quant à eux, se battirent aux côtés des Alliés tout en
contestant les limites que les Britanniques imposèrent en théorie à
l’immigration juive ; en théorie seulement.
Ils se réunirent en mai 1942 à l’hôtel Baltimore de New York, sous la
présidence de David Ben Gourion. Ils fixèrent les principes du futur
État d’Israël. Jusqu’à présent, on nous a assuré que Ben Gourion était
un homme de bonne volonté. Or, il avait été le compagnon de Jabotinsky
durant l’entre-deux-guerres et s’était prononcé pour le nettoyage
ethnique de la Palestine. Un livre, paru hébreu en Israël il y a deux
semaines et publié par une grande maison d’édition, assure qu’il était
tenu au courant des négociations du Hongrois Rezső Kasztner avec
Heinrich Himmler et Adolf Eichmann qui durèrent jusqu’à la chute du
Reich. Kasztner prétendait acheter la fuite d’un million de juifs
hongrois. En réalité, il n’a sauvé que sa famille et ses amis.
Surtout, il a extorqué 8,5 millions de francs suisses en or (une somme
colossale à l’époque) aux familles juives riches de Hongrie leur faisant croire à une possible fuite [4]. Si les documents cités dans
ce livre sont exacts, David Ben Gourion serait lui aussi un escroc,
ayant trompé son propre peuple.
Les Nations unies proposèrent de ne pas diviser la Palestine (et non pas la « solution Peel à deux États ») ; d’instaurer un régime républicain, démocratique et représentatif ; de
garantir les cultures des différentes minorités ; de garantir la liberté
religieuse des juifs, des chrétiens et des musulmans.
Les
conférences et négociations se succédèrent en vain. Le 29 novembre
1947, l’Assemblée générale des Nations unies (qui ne comprend alors que
56 États membres) approuve le plan de partage élaboré par une commission
spéciale [5]. Il est immédiatement rejeté par tous les pays arabes.
Le 14 mai 1948 (c’est-à-dire deux mois et demi avant la fin du mandat
britannique), David Ben Gourion coupa court aux discussions et proclama
unilatéralement l’indépendance de l’État d’Israël. Le lendemain de ce
coup de force, alors que les 100 000 soldats britanniques commençaient à
se retirer, l’Égypte, la Jordanie, l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Arabie
saoudite et le Yémen du Nord envoyèrent leurs troupes pour défendre les
arabes de Palestine. La confrérie égyptienne des Frères musulmans
envoya également un groupe de combattants, sous le commandement de Saïd
Ramadan (gendre du fondateur Hassan el-Banna et père de Tariq Ramadan),
se joindre à eux. Cependant, à ce moment-là, aucun de ces pays ne
disposait d’armée digne de ce nom. Elles sont rapidement défaites. Le
mythe de l’invincibilité de Tsahal est né.
Or, ainsi que me l’a raconté mon ami libanais Hassan Hamade, cette
narration est mensongère. En réalité, les chefs d’État arabes étaient
déjà acquis à Israël et les juifs n’étaient pas plus vaillants que les
arabes. Ainsi l’émir Majid Arslan, qui était le ministre de la Défense
libanais, a conduit ses troupes sans rencontrer grande résistance
jusqu’à Bethléem, qu’il a libéré. Le président libanais, Béchara
el-Khoury, lui ordonna immédiatement d’abandonner le champ de bataille,
ce qu’il refusa de faire. Il le destitua, mais celui-ci continua la
guerre en tant que simple officier. En définitive, ses troupes ne furent
pas vaincues par les juifs de Palestine, mais par l’armée
« jordanienne » commandée par un général britannique, John Bagot Glubb
(dit « Glubb Pacha ») et une centaine d’officiers britanniques. En
réalité, la Jordanie n’avait aucun soldat, mais la Légion arabe composée
par les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale, avait le
premier jour de la guerre changé de nom en « armée jordanienne », tout
en conservant ses officiers britanniques. Ce sont les Anglais et les
Jordaniens qui ont sauvé Israël dès sa création, comme ils viennent de
le sauver à nouveau lorsque l’Iran l’a attaqué le mois dernier. Cette
guerre n’était pas une tentative d’écraser Israël, mais la première
manifestation du sionisme arabe.
Les Nations unies, inquiètes de ces développements dépêchèrent un
envoyé spécial, le Suédois Folke Bernadotte, pour récupérer la situation
après le coup de force israélien et la guerre israélo-arabe. Dès son
arrivée, il comprend que la Commission spéciale qui a élaboré le plan de
partage ignorait les réalités démographiques : les israéliens
revendiquent un territoire disproportionné à leur nombre et bénéficient
du soutien de gouvernements arabes sionistes qui ont d’abord prétendu
jouer les bons offices et ensuite mener une guerre.
Le 17 septembre 1948, les « sionistes révisionnistes » (c’est-à-dire
les fascistes juifs) assassinent Folke Bernadotte et le chef des
observateurs de l’ONU, le colonel français André Serot. Mon grand-père
maternel, Pierre Gaïsset, se trouvait dans la voiture suivante. Il n’a
pas été blessé et a remplacé le colonel Serot dans ses fonctions.
L’assassin, Yehoshua Cohen, ne sera pas inquiété. Il deviendra deux ans
plus tard, le garde du corps attitré du Premier ministre David Ben
Gourion. Le chef des « sionistes révisionnistes », Yitzhak Shamir, est
immédiatement nommé à la tête d’un département du Mossad. Il mènera des
actions secrètes pour le compte du Royaume-Uni et des États-Unis durant
toute la Guerre froide, du Guatemala au Congo, puis il deviendra Premier
ministre (1983-84 et 1986-92).
Le 29 novembre 1948, le gouvernement Ben Gourion, qui prétend
rechercher les assassins de Folke Bernadotte et d’André Serot, dépose
une demande d’adhésion aux Nations unies assortie d’une lettre déclarant
« que l’État d’Israël accepte par la présente, sans réserve aucune, les
obligations découlant de la charte des Nations unies et qu’il s’engage à
les observer du jour où il deviendra Membre des Nations Unies ».
Convaincue, le 11 mai 1949, l’Assemblée générale des Nations unies
accepte [6]. Plusieurs États demandent aujourd’hui, au vu du non-respect systématique par Israël de son engagement, que son adhésion soit
« suspendue ».
L’OPÉRATION « DÉLUGE D’AL-AQSA »
Venons-en à la période actuelle. Le 7 octobre 2023,
la Résistance palestinienne, à l’initiative du Hamas, a lancé une vaste
opération contre une base militaire israélienne et également contre des
civils. En droit international, les arabes de Palestine forment une «
population occupée », au sens des Conventions de Genève Ils ont donc le
droit d’attaquer Israël. Cependant, ils ne peuvent attaquer que des
cibles militaires, pas des Kibboutz, ni des raves. Le but de l’opération
était de faire des prisonniers militaires, et éventuellement aussi des
otages civils, afin de négocier la libération des otages palestiniens en
Israël, c’est-à-dire des prisonniers administratifs. On ignore le
nombre de prisonniers et d’otages qu’ils ont pris, et encore plus la
répartition des civils et des militaires. Selon le Hamas, plus de 30
officiers seraient retenus.
Cette opération, « Déluge d’al-Aqsa », a été préparée durant les trois dernières années au vu et au su de tous [7].
Des centaines de kilomètres de tunnels ont été creusés au moyen de
tunneliers qui n’ont pu entrer à Gaza qu’avec l’approbation des douanes
israéliennes. Au moins 1 million de mètres cubes de terre et de gravois
ont dû être évacués sous les yeux des services de sécurité israéliens.
Plusieurs camps d’entraînement ont été construits et des entraînements
de deltaplane ont été réalisés. Non seulement les services de
Renseignement israéliens ont observé tout cela, mais d’autres puissances
aussi, comme l’Égypte et les États-Unis. De très nombreux rapports ont
été envoyés au Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Pourtant, celui-ci
n’a pas réagi. Pire, il a révoqué son ministre de la Défense, le général
Yoav Galland, en août 2023, parce que celui-ci se plaignait de cette
absence de réaction en conseil des ministres. Cependant, compte tenu des
réactions du public à ce limogeage, il préféra le réintégrer plutôt que
d’avoir à en expliquer le motif.
Les différentes factions palestiniennes (Jihad islamique,
FPLP et Initiative nationale) ont été réveillées par le Hamas à 4h30
pour participer à une opération débutant à 6h30 (c’est-à-dire avant le
lever du soleil). Elle a débuté par la destruction de tous
les robots de surveillance du Mur de séparation. Donc, dès 6h30,
l’alarme était donnée. À 8h00, les agences de presse du monde entier
commençaient à diffuser des images de l’attaque [8]. Pourtant, les forces de sécurité israéliennes ne sont pas intervenues avant 9h45.
Dès le début de leur intervention, les Forces de Défense
israéliennes (FDI) ont appliqué la « directive Hannibal » ; une
instruction qui ordonne de tuer ses propres militaires plutôt que de les
voir faits prisonniers par l’adversaire. Les chiffres des
victimes israéliennes diffusées par le gouvernement israélien ne
distinguent pas celles qui sont imputables aux attaquants de celles qui
le sont aux défenseurs. Identiquement, le gouvernement israélien a fait
état d’exactions que des combattants n’ont en principe pas le temps de
perpétrer durant une attaque surprise. La Mauricienne Pramila Patten,
rapporteuse spéciale des Nations unies sur les violences sexuelles, a
auditionné les victimes et les témoins de l’opération Déluge d’al-Aqsa.
elle a conclu que quelques exactions sexuelles ont pu être commises,
mais que les accusations les plus graves (notamment la castration de
soldats) n’étaient pas crédibles [9]. Les rapports de décapitation de bébés ont été retirés après une enquête d’Al-Jazeera.
L’opposition israélienne se refuse pour le moment à aborder la
question du rôle éventuel du Premier ministre dans l’organisation de
cette opération. Elle doit pourtant être posée : Benjamin
Netanyahu est le fils du fasciste Benzion Netanyahu, secrétaire
particulier de Vladimir Jabotinsky (l’allié de Benito Mussolini, mort au
début de la Seconde Guerre mondiale). Il a toujours exprimé son
admiration pour ces deux hommes.
Benjamin Netanyahu a toujours soutenu le Hamas, comme un allié tactique permettant de combattre le Fateh de Yasser Arafat. Or,
jusqu’en 2017, le Hamas s’affichait comme la « branche palestinienne de
la Confrérie des Frères musulmans ». Cette organisation a été
restructurée en 1949 par les services secrets britanniques sur le modèle
de la Grande Loge Unie d’Angleterre [10]. En 1950, elle a
été intégrée au dispositif anglo-saxon de la Guerre froide. C’est à ce
moment-là que Sayyed Qutob, le théoricien du jihad, en est devenu la
vedette. Certes, en 2017, des gazaouis qui souhaitaient défendre leur
pays y ont adhéré, mais ils ont réclamé que le Hamas rompe avec les
Frères musulmans et les Britanniques. En définitive, les deux courants
ont coexisté [11]. Le 19 octobre 2022, le président syrien,
Bachar el-Assad a reçu Khalil Hayya, leader du courant révolutionnaire
du Hamas. Mais il a refusé de recevoir Ismaël Haniyeh et Khaled Mechaal,
leaders du courant frériste du Hamas [12]. D’un
point de vue arabe, il n’y a donc pas un Hamas, mais deux. En effet,
durant toute la guerre en Syrie, le Hamas s’est battu aux côtés
d’Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaïda), des FDI et des forces
spéciales de l’OTAN, contre la République arabe syrienne. Le 9 décembre
2012, des éléments du Hamas étaient notamment venus assassiner à Yarmouk
(banlieue de Damas) des leaders du Front de libération de la Palestine
(FPLP), dont un de mes amis [13].
Non seulement il est faux d’attribuer l’attaque du 7
octobre au seul Hamas, mais il est également faux d’ignorer qu’il y a
deux Hamas. Ces mensonges permettent de présenter
l’opération « Déluge d’al-Aqsa » comme un vaste pogrom antisémite, selon
les mots du président Emmanuel Macron, alors qu’il s’agit d’un acte de
Résistance, ainsi que l’a souligné Francesca Albanese, rapporteuse de
l’ONU sur les Droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé.
LE MASSACRE DES GAZOUIS AVEC LES ANGLO-SAXONS
Nous sommes témoins du massacre de 35 000 personnes, de la
disparition sous les décombres de 13 000 autres, des graves blessures
physiques de 120 000 encore. Toute personne ayant des sentiments humains
ne peut qu’être horrifiée. Ceci n’a aucun rapport avec l’identité des
victimes, c’est juste une question d’humanité.
Selon le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, il s’agit juste d’une
opération de police visant à arrêter les assaillants du 7 octobre, mais
tout le monde a compris qu’il n’y aucun rapport entre cette attaque et
l’opération israélienne actuelle. Celle-ci vise juste à rendre la vie
des gazaouis insupportable jusqu’à ce qu’ils partent d’eux-mêmes. Ce
programme était celui de Vladimir Jabotinsky et de son secrétaire,
Benzion Netanyahu. Il avait été validé par le négociateur avec les nazis et
néanmoins fondateur d’Israël, David Ben Gourion.
Tout au long de ce massacre et aujourd’hui encore, les Anglo-Saxons fournissent des armes à Israël pour le perpétrer.
Cependant, alors que des manifestations ont commencé dans des
universités états-uniennes contre le sang versé et qu’elles se
généralisent dans le pays puis en France, l’Administration Biden a
envisagé de démettre Benjamin Netanyahu au profit du général Benny
Gantz. Certes, en droit cette décision ne lui appartient pas, mais
Washington a un long passé de coups d’État et de révolutions colorées.
Le secrétaire d’État, Antony Blinken, l’a donc invité pour « échanger
sur la situation ». Benny Gantz a accepté tout en organisant une
entrevue avec l’Administration Sunak durant son voyage de retour. Mais
les choses se sont mal passées [14] : Benny Gantz a parfaitement
compris que Washington lui demandait d’arrêter le massacre, ce qu’il
approuvait, mais il a tenu à informer ses interlocuteurs de sa volonté
de protéger son pays en détruisant le Hamas. Ses interlocuteurs
interloqués comprirent que ce n’était pas « un fils de pute, mais notre
fils de pute », selon l’expression du président Franklin D. Roosevelt.
Ils prévinrent immédiatement le Premier ministre britannique, Rishi
Sunak. Lorsque Benny Gantz arriva à Londres pour rencontrer le conseiller
spécial de Sécurité, Sunak s’invita à leur réunion. Il tenta d’expliquer
à Benny Gantz, à son tour interloqué, qu’on ne devait pas toucher aux
« fils de pute » du Hamas, parce que certains d’entre eux sont « nos
fils de pute ». Les Anglo-Saxons n’ont donc pas renversé Benjamin
Netanyahu.
Vu de Londres et de Washington, les massacres de civils
sont déplorables, mais ne sont que des variables d’ajustement. Dans
l’état actuel, Israël est un État indispensable. S’il
était pacifié et devenait normal, il ne servirait plus à rien. Comme la
République des Corsaires au XVIII° siècle, Israël permet les plus vastes
opérations de blanchiment d’argent et sert de refuge à certains des
plus grands criminels de la planète.
Un responsable de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP)
m’a raconté avoir été serveur au bar de l’hôtel King David à Jérusalem.
Un jour, il a été témoin de l’arrivée de quelques diamantaires, venus
sans passer par les douanes et véhiculés sous escorte militaire. Ces
hommes et quelques clients ont échangé des diamants et de l’argent
liquide, puis sont repartis incognito. Ce genre de deal ne pourrait
avoir lieu dans aucun autre État.
Notes :
[1] « Deux mondes, mis en scène les 6 et 9 mai », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 9 mai 2023.
[2] « Stratégies de gouvernance britanniques : sectes religieuses », Leonid Savin, Geopolilika, 10 avril 2024.
[3] « Qui est l’ennemi ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014.
[4] « L’affaire Kastner resurgit », Réseau Voltaire, 3 mai 2024.
[5] « Plan de partage de la Palestine », Onu (Assemblée générale) , Réseau Voltaire, 29 novembre 1947.
[6] « Admission d’Israël à l’Organisation des Nations Unies », Réseau Voltaire, 11 mai 1949.
[7] « Ce qui se cache derrière les mensonges de Benjamin Netanyahu et les esquives du Hamas », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 novembre 2023.
[8] « Response from The New York Times to the Office of the Consulate General of Israel Regarding Yousef Masoud », The New York Times, February 24, 2024.
[9] « Mission report. Official visit of the Office of the SRSG-SVC to Israel and the occupied West Bank. 29 January – 14 February 2024 », Office of the special representative of the secretary general on sexual violence in conflicts.
[10] J’ai présenté une histoire internationale de la Confrérie dans un de mes livres, Sous nos yeux. Elle est disponible gratuitement sur Internet en six parties.
[11] A Document of Genéral Principles and Policies, Hamas, May 2017.
[12] « Comment Netanyahu falsifie l’actualité », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 21 novembre 2023.
[13] « Des agents du Mossad dans l’unité d’Al-Qaida qui a attaqué le camp de Yarmouk », Réseau Voltaire, 31 décembre 2012.
[14] « Washington, Londres et Tel-Aviv empêtrés en Palestine », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 19 mars 2024.
= = =
Comprendre la géopolitique du Moyen-Orient de l’intérieur :
“Hezbollah, son histoire de l’intérieur”, Naïm Qassem, 2005 (PDF de notre traduction de l’ouvrage)
« Les 10 principes de la propagande de guerre », Anne Morelli
Merci à toi Thierry pour toutes ces années de réinformation…
Source : https://resistance71.wordpress.com/2024/05/09/palestine-occupee-reviser-le-narratif-du-7-octobre-a-la-lumiere-de-lhistoire-thierry-meyssan/