Du point de vue de Résistance 71 : Remplacer une
tyrannie par une autre, porte ouverte au capitalisme d’état léniniste,
trotskiste, staliniste, maoïste et trahison de la révolution sociale,
méthode Marx-Engels et de leurs propres mots :
“Cette organisation du prolétariat en une classe et conséquemment en un parti politique
est continuellement dérangée par la concurrence entre les travailleurs
eux-mêmes. Mais il revient toujours, plus fort, plus ferme, plus
puissant. Il force la reconnaissance législative des intérêts particuliers des travailleurs en prenant avantage des divisions au sein de la bourgeoisie même…
Les communistes ne forment pas un parti séparé des autres partis de la classe ouvrière…
Le prolétariat utilisera sa suprématie politique pour arracher par degré, tout le capital de la bourgeoisie, pour centraliser tous les outils de production dans les mains de l’État, du prolétariat organisé en classe dirigeante…
Ce qui suit sera généralement applicable : [s’ensuivent 10 points élaborés par Marx et Engels]
[…]
5- Centralisation du crédit entre les mains de l’État…
6- Centralisation des moyens de communication et de transport aux mains de l’État.
7- Extension des usines et instruments de production propriétés de l’État
[…]”
~ Karl Marx, “Manifeste du PARTI communiste”, 1848 ~
“A quoi sert l’État ?… C’est la protection de l’exploitation,
de la spéculation, de la propriété privée, — produit de la spoliation.
Le prolétaire, qui n’a que ses bras pour fortune, n’a rien à attendre de
l’État ; il n’y trouvera qu’une organisation faite pour empêcher à tout
prix son émancipation.
Tout pour le propriétaire fainéant, tout contre le prolétaire
travailleur : l’instruction bourgeoise qui dès le bas âge corrompt
l’enfant, en lui inculquant les préjugés anti-égalitaires ; l’Église qui
trouble le cerveau de la femme ; la loi qui empêche l’échange des idées
de solidarité et d’égalité ; l’argent, au besoin, pour corrompre celui
qui se fait un apôtre de la solidarité des travailleurs ; la prison et
la mitraille à discrétion pour fermer la bouche à ceux qui ne se
laissent pas corrompre. Voilà l’État.”
~ Pierre Kropotkine, “Paroles d’un révolté”, 1885 ~
Nous avons trouvé la récente analyse, que nous avons traduite
ci-dessous très intéressante et appropriée alors que l’on voit ces
derniers temps, comme en chaque période de crise grave, refleurir les
officines, les cultes éculés de la droite “droitarde beauf” et de la
gauche “gauchiasse pseudo-révolutionnaire” dont le seul but est de
garder le troupeau dans la ligne étatique et de maintenir la division
entre ses membres. Il est particulièrement important de
comprendre certaines choses pour ne pas reproduire les mêmes erreurs
fatales. Il n’y aura pas de révolution, celle-ci est un leurre de plus…
mais il y aura une (r)évolution en dehors de tous les systèmes, hors
État, hors marchandise, hors argent et hors salariat. Toute proposition
politique ramenant les ouailles vers les officines d’état et un système
“réformé” n’est que poudre aux yeux et merde habituelle du contrôle
étatico-marchand. Ne reproduisons pas nos erreurs. Changeons-nous pour
changer la société radicalement, à sa racine, ensemble, dans toute la
complémentarité de notre diversité et notre humanité vraie. Comme
l’analyse très bien Gelderloos : ne ressuscitons pas la pire erreur du
XXème siècle !… Cet article est le premier de toute une série que nous
publierons dans les semaines à venir, en provenance de nombreux auteurs
sur ce sujet. Notre but n’est pas tant une critique du “marxisme”, mais
de faire prendre conscience du danger du dogmatisme d’où qu’il vienne et
d’inciter les gens à agir sur la base d’une pensée critique au delà de
toutes les paroisses étatico-marchandes en place.
Vive la Commune Universelle de notre humanité enfin réalisée!
~ Résistance 71 ~
Socialisme : ne ressuscitons pas la pire erreur du XXème siècle
Peter Gelderloos
Juin 2023
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
Url de l’article original :
https://petergelderloos.substack.com/p/socialism-lets-not-resuscitate-the
Vers la moitié du XIXème siècle, socialisme et communisme furent
largement synonymes et le plus souvent référaient au rêve d’un futur
sans les institutions au service des banquiers, des propriétaires
terriens et industriels, un futur sans État. Comme le marxisme a
supplanté (en volume) les variations utopistes du socialisme, le terme
est devenu une référence au glissement autoritaire du mouvement
anticapitaliste international. Dans le courant du XXème siècle,
le socialisme s’est référé à tout un système de politiques d’état, qui
furent générées au cours de révolutions ou au sein d’états pré-existants
capturés par les moyens électoraux au service des partis politiques
socialistes.
C’est par référence à cette expérience que je dis que le
socialisme fut la plus grosse erreur commise ces deux derniers siècles
et si dans le cours des deux prochaines décennies nous ne survivons pas
aux ravages du capitalisme, l’impasse du socialisme en portera le blâme. Pour bien en comprendre le pourquoi, revenons à l’origine de la division.
D’abord, je veux clarifier quelque chose : je n’écris pas cet
argument pour tourner en rond dans les intérêts du dogmatisme. Je ne
veux pas faire que quelqu’un pense comme moi. Sur un plan de contacts
humains et de voisinage, je suis parfaitement à l’aise pour travailler
avec des gens qui ont de terribles idées, aussi loin qu’ils n’appellent
pas les flics ou fassent quelque chose qui mettrait les autres voisins
en dangers. Sur une plus grande échelle, je suis heureux de travailler
avec des gens qui ne sont pas anarchistes. Mais ceux qui poussent des
mouvements afin de créer des partis politiques, à participer à des
élections ou imaginent la révolution comme la création d’un nouvel état,
mettent le reste d’entre nous en danger. Le but de cet essai est
d’expliquer pourquoi.
Le résumé le plus bref du marxisme
Marx et Engels doivent être crédités d’une brillante
analyse et critique du modèle économique moderne qui est aussi plus que
cela, car elle est une analyse de la relation entre l’économie,
l’organisation sociale et comment les gens pensent et parlent de nos
circonstances. Ils ont démontré en de très forts termes comment la
relation entre tous les aspects de la vie furent connectés, historiques
et en évolution.
Ils donnèrent également une inspiration vitale aux mouvement
anti-coloniaux les décennies suivantes parce qu’ils furent parmi les
quelques premiers hommes blancs de la classe moyenne à être directement
concernés par les horreurs du colonialisme, bien qu’ils exprimèrent tous
deux des vues coloniales et racistes essentiellement liées à leur
vision progressiste de l’histoire sous un angle de la suprématie
blanche.
Ceci nous amène à leurs faiblesses primordiales qui, ironiquement,
sont aussi inter-connectées à leurs relations subjectives de classe
envers le mouvement des travailleurs qu’ils firent plus à détruire et à
affaiblir que toutes les agences policières de la plupart des
gouvernements contemporains.
Toutes leurs hypothèses au sujet de la cause et de l’ordre, d’où
viennent ces oppressions, comment elles changeront, comment les changer,
sont pires que nulles. Elles sont soit phrasées d’une façon
pseudo-scientifique et intestable, ce qui aide à comprendre pourquoi le
marxisme a maintenu une attraction croissante parmi les cultes
gauchistes et pourquoi les expériences marxistes ont prouvé être des
échecs dans la vie réelle (les cultes reposent et fleurissent sur la
pseudo-science). Ou, leurs affirmations au sujet du futur du capitalisme
et comment le changer phrasées de manière falsifiable, furent prouvées
fausses ; exactement comme l’avaient prédit leurs contemporains
anarchistes.
Ces anarchistes n’avaient pas une méthode claire, reproductible et
publiée, mais leurs prédictions sur l’évolution de la géopolitique
européenne sur les 50 années suivantes, le résultat des états
socialistes et l’importance relative et les rôles des mouvements
abolitionnistes du capitalisme contre les résultats de l’évolution du
capitalisme comme un moteur de l’histoire, se sont toutes avérées
correctes. Parce que sans doute les anarchistes pensaient non pas depuis
une méthodologie rigide, mais d’une compréhension intuitive du
capitalisme et de l’État basée sur leur position subjective pleine au
sein des luttes des plus basses strates de la société de la Russie à
Oaxaca, des luttes qui, plutôt que d’imposer une classification morale
du prolétariat favorisant le travail industriel mâle comme le parangon
de la classe travailleuse, furent ouverts et enthousiastes à la
solidarité et à l’apprentissage mutuel entre les paysans, les ouvriers
des usines, les marins, les travailleurs du sexe, les vrais
intellectuels déclassés (c’est à dire ceux qui ne gardaient pas dans
leurs poches les copains industriels…), le sous-prolétariat des
bidonvilles et les paysans indigènes (autochtones, ex : Chiapas, Oaxaca,
Rojava etc…)
Rien ne fut parfait dans la solidarité, mais elle fut sincère et à la
fin du XIXème siècle, ce fut le catalyseur le plus efficace de la
révolution globale que nous ayons eu. Marx a détruit tout ça, parce
qu’en tant qu’intellectuel aliéné qui se voyait comme le leader d’un
mouvement sans jamais vraiment avoir été participant (quant à sa
présence de jeunesse sur les barricades, nous pouvons en avoir l’écho
avec Andreas Malm), il a détruit l’Internationale par des jeux
politiques mesquins en expulsant les anarchistes. […]
En fait, les anti-autoritaires finirent par être la plus grande
partie de la scission comme cela devint apparent lorsque
l’Internationale Anarchiste partit dans la région des artisans
auto-organisés de St Imier, en Suisse. Dans le même temps, Marx et
Engels, pour s’assurer du contrôle de l’Internationale et qu’elle ne fut
pas prise en charge par des ouvriers et travailleurs, la transportèrent
à New York où le climat était réactionnaire et où les travailleurs
organisés étaient bien rares. L’Internationale y mourut d’une mort
rapide, mais l’essentiel fut réalisé : épargner l’ego de Marx.
Les révolutions socialistes
Toute création étatique résultant d’une révolution par un parti
socialiste ou communiste n’a résulté que dans la continuation du
capitalisme. Souvent, les communistes (autoritaires d’état)
eurent plus de succès que les capitalistes à implanter le capitalisme
dans des pays “moins développés” comme la Russie ou la Chine
(terminologie souvent cohérente d’un bureaucrate de parti ou d’un
technocrate du FMI).
Eu URSS, dès le début des années 1920, le parti (communiste)
abandonna ses tentatives limitées d’abolir le capitalisme. Lénine
lui-même admit alors, qu’ils avaient créé une sorte de capitalisme
d’état. Ils avaient aussi détruit une plus large partie du mouvement
anticapitaliste. En 1918, les bolchéviques tuèrent et
emprisonnèrent des centaines d’anarchistes à Moscou pour les empêcher de
mettre en pratique les expropriations et autres attaques contre la bourgeoisie locale.
Afin de conserver la main mise sur le pouvoir, les bolchéviques eurent
besoin en bien des occasions de s’allier avec la bourgeoisie, montrant
une fois de plus qu’indépendamment de la couleur du drapeau, les calculs
de l’état et de sa bureaucratie demeurent.
Alors que des membres de la classe supérieure furent victimes des
purges, la vaste majorité de l’appareil policier bolchévique fut dirigée
contre la classe travailleuse et les paysans, spécifiquement ceux qui
menèrent des actions révolutionnaires. Les paysans furent supprimés et
assassinés pour avoir établi des communes, des ouvriers supprimés et
assassinés pour avoir mené des grèves. Informez-vous plus en détail sur
les actions répressives contre-révolutionnaires des bolchéviques ici : One Hundred Years after the Bolshevik Counterrevolution (NdT : et aussi “La révolution inconnue” de Voline,
récit de l’intérieur de la révolution russe par un anarchiste qui
combattit avec Makhno et fut condamné à mort par son « pote » de longue
date : Trotsky)
Le leadership socialiste de Cuba a aussi réprimé les
organisations de travailleurs et après une brève tentative de changer
les fondations du système économique, a décidé qu’il était plus censé de
préserver le rôle de Cuba dans l‘économie globale en tant que
plantation de canne à sucre. Ceci parce que tous les états ont besoin
d’implanter et de gérer des économie exploiteuses. Et c’est ainsi que la Chine,
sous le règne d’un parti communiste, est la seconde plus grosse
économie capitaliste au monde. En fait, mesurée idéologiquement, c’est
le pays sans doute le plus purement capitaliste étant donné que dans sa
politique intérieure et extérieure, le gouvernement chinois promeut de
manière constante et priorise la croissance économique, tout en
critiquant le gouvernement américain pour ses guerres aventurières qui
mettent en danger la croissance continue.
Les gouvernements socialistes sont aussi impérialistes. L’URSS
déploya une géopolitique qui fut en bien des circonstances une
continuation de l’impérialisme russe. Les communistes chinois ont
reproduit la politique de la cour impériale chinoise envers l’Asie du
Sud-Est et les communistes vietnamiens ont reproduit les prétentions
impériales de leurs monarchies antérieures envers le Cambodge et envers les peuples (volontairement) sans état comme les Hmong, vivant au sein de leurs frontières nationales autoproclamées et fabriquées.
Les élections socialistes
Les tentatives de parvenir au socialisme par le processus électoral
ont (souvent) été moins violentes, mais elles ont été toutes aussi
désastreuses pour les mouvements révolutionnaires, pour nos tentatives
de finalement nous libérer du joug capitaliste, de créer des vies valant
la peine d’être vécues, de survivre à ce système exploiteur, oppresseur
qui détruit la vie sur cette planète.
Quand Marx a poussé l’Internationale à abandonner sa mission
historique de créer des organisations de travailleurs autonomes afin de
former des partis politiques et de errer pour capturer l’État, ce fut en
fait l’État qui la captura de manière si prévisible. Ce fut
aussi la fin d l’Internationale et un grand échec pour le mouvement des
travailleurs. Mais les partis politiques d’inspiration marxiste
réussirent bien ! Un des premiers d’entre eux, le SPD allemand, arriva
au pouvoir et eut une grosse opportunité de mettre un terme à une guerre
nationaliste, ou dans ce cas-ci, de soutenir une guerre nationaliste et
d’envoyer des millions d’ouvriers et de travailleurs au massacre, parce
qu’un parti politique dit faire ce qu’il a à faire.
Les socialistes n’ont pas tiré beaucoup de leçons des désastres de la
première guerre mondiale. En Italie, le parti socialiste a ralenti
l’expansion des communes de travailleurs, les conseils ouvriers,
empêchant une bien possible révolution en 1919-20. Quand le mouvement
ouvrier a rompu (NdT : trahi par le PCI), les fascistes de
Mussolini prirent le relais. En France, le Parti socialiste (Front
Populaire) refusa d’agir contre le coup fasciste de Franco en Espagne en
1936 ou de donner un soutien effectif au mouvement antifasciste dans la
guerre civile qui s’en suivit en Espagne. De leur côté, les socialistes
espagnols firent leur part du boulot à réprimer les communes libres,
les organisations autonomes des travailleurs et les anarchistes afin de
protéger les droits bourgeois à la propriété plutôt que de combattre les
fascistes (et renforcer la révolution sociale).
Après la seconde guerre mondiale, les partis socialistes de l’Europe
occidentale soutinrent les priorités de la guerre froide des
planificateurs militaires yankees. En GB, le parti travailliste commença
son tournant vers le néolibéralisme dès le début des années 1970, les
autres partis socialiste européens suivirent.
Les Referenda
Les partis de gauche tentant de canaliser le pouvoir des soulèvements
populaires en ce qu’ils comprennent être des gains concrets, ont aussi
aidé à détruire ces mouvements et à renforcer l’État, parce qu’ils ont
échoué dans la compréhension qu’un changement substantiel, pour ceux qui
croient en l’État, n’est rien d’autres que quelques mots sur un bout de
papier.
En Grèce, après l’insurrection de 2008, quand les gens ont brûlé tous
les commissariats de police et les banques du pays, des mouvements
sociaux en ont pris avantage dans les années qui suivirent et dans le
rétablissement de l’équilibre des forces qui créa des centaines et
centaines d’espaces autonomes, afin d’améliorer l’accès pour les gens
aux soins médicaux et encourager à l’auto-organisation des voisinages
contre l’augmentation des loyers et aider les réfugiés à survivre à la
violence des frontières et à la criminalisation.
Le parti politique “progressiste” Syriza a aussi pris avantage de la
situation pour gagner des élections alors que les forces combinées de la
Banque Centrale Européenne (BCE) et du FMI firent de leur mieux pour
écraser les mouvements sociaux avec la précarité, utilisant l’arme de la
restructuration de la dette qu’ils ont provoquée les décennies
précédentes ans le grand sud global. Quand Syriza a promis de rejeter
les mesures d’austérité s’il gagnait le referendum, la participation fut
massive, incluant des gens des mouvements sociaux qui auparavant
avaient défendu l’autonomie en ne faisant jamais confiance au
gouvernement ou aux partis politiques et en les tenant à distance
respectable. Tous ces gens furent remplis d’espoir et l’espoir est une
des meilleures choses dans un mouvement révolutionnaire. L’option de
rejeter les mesures d’austérité gagna le referendum et de manière tout à
fait prévisible, le parti Syriza ne tint pas ses promesses. Lorsque
vous êtes un parti politique au pouvoir, vous faire ennemi des banques
et autres états n’a aucun sens. Les espoirs déçus, balayés, les
mouvements sociaux se dégonflèrent, la droite vint au pouvoir et
l’austérité fut à l’ordre du jour en Grèce.
Fin 2020, un referendum constitutionnel se tint au Chili pour
remplacer la constitution qui autorisa la prise de pouvoir de Pinochet
et sa dictature. Le referendum fut proposé comme soupape de sécurité à
la pression du soulèvement qui fit tanguer le pays en 2019 et la plus
grande partie de 2020, provoqué par des années d’austérité et une
augmentation de la pauvreté. Une grande majorité des gens votèrent pour
la nouvelle constitution, élisant des représentants des différents
peuples indigènes des territoires occupés par l’état chilien, ainsi que
des politiciens “progressistes” et des représentants des mouvements ou
du moins, de gens se disant représenter ces mouvements.
Pendant deux ans, les mouvements sociaux qui furent si combattifs
entrèrent en léthargie et devinrent spectateurs de ce processus. Quand
le manuscrit de la nouvelle constitution alla au vote dans un autre
referendum, il fut défait et tout cela ne servit absolument à rien. Ceci
était bien entendu totalement prévisible. Les capitalistes continuent
de posséder les médias et les médias de masse, indépendamment de qui les
possèdent, créent des spectateurs et des spectateurs passifs sont très
faciles à effrayer. Historiquement, la seule exception à l’efficacité de
cette forme de contrôle social des esprits est quand le peuple est dans
la rue, mettant le feu aux banques et construisant un futur différent
au lieu de rester assis sur le canapé à la maison devant sa télé
propagandiste.
Une dernière chance
Beaucoup d’entre nous, peut-être la plupart d’entre nous, n’aurons
plus une autre chance à la révolution, à la création d’un monde fait
pour la vie et non pas pour l’extraction perpétuelle du profit et du
pouvoir. Nous avons eu une réelle opportunité il y a un siècle et on
s’est chié dessus. Depuis lors, il est bien tard. Malgré cela
ou, le plus vraisemblablement, intoxiqués par un certain sens de
l’urgence, beaucoup d’entre nous ont oublié notre histoire et nous
tournons de nouveau vers toutes ces fausses promesses de l’État, sous la
forme de ces politiciens charismatiques, soit disant “progressistes”,
de cet éco-socialisme ou plutôt éco-léninisme, les sectes trotskistes et
staliniennes ont commencé à proliférer de nouveau, ou ce
crypto-autoritarisme du tout nouveau culte en date de ces étudiants
supérieurs qui croient savoir mieux que les autres.
Beaucoup d’entre nous ont été écrasés par la répression, la fatigue
des luttes, la déception perpétuelle de ces mouvements politiques qui
refusent de voir et d’analyser leurs faiblesses ou le sentiment de
dépression de vivre une belle rébellion par laquelle nous devenons plus
forts que jamais, pour nous voir revenir au point de départ (NdT : c’est pourquoi nous disons toujours d’enlever le “r” de “révolution” = (r)évolution…).
Alors ils prient pour cette balle d’argent magique, pour ce
super-héros, cette entité toute puissante, un État qui viendrait
résoudre les choses pour nous. Et tout ce que dieu demande en retour est
qu’ils abandonnent leur mémoire et leur capacité d’agir.
Mais seulement nous et nous seuls, serons capables de nous sauver.
Une insurrection n’a jamais résolu les choses en une nuit. Le
révolution a toujours été un long chemin, un chemin qui ne se termine en
fait jamais. Les rébellions majeures, les expansions qualitatives de
nos mouvements, ne sont faites que pour nous présenter un nouveau défi,
un besoin de développer de nouvelles stratégies de nouvelles structures.
La stagnation, spécifiquement dans nos moments de force, ne peut mener
qu’à toujours plus de stagnation.
Mais il n’est pas trop tard. Récupérer notre mémoire collective de
générations de lutte. D’apprendre de nos récents échecs. De découvrir
des façons de nous entraider le plus possible afin de survivre cet enfer
capitaliste. L’État est une machine de contrôle et d’exploitation de la société. Il n’a pas d’autre fonction. Aucune autre.
Mais des communautés d’êtres vivant en solidarité ? Personne n’est
mieux positionné pour définir la survie et la réaliser. La survie mais
surtout, la vie, la joie et la guérison du traumatisme.
= = =
DÉMOCRATIE
« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
« Aux pays poivrés et détrempés ! — au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
« Au revoir ici, n’importe où. Conscrits du bon vouloir, nous
aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le
confort ; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En
avant, route ! »
~ Arthur Rimbaud, “Les Illuminations”, 1886 ~
“Sur plus de 6000 pages, il y a donc 7 références directes de Marx
à l’abolition de l’État (dont une est d’Engels d’ailleurs), en des
termes vagues et qui constituent un matériel bien mince pour conclure
que Marx était un ‘théoricien de l’anarchisme’. On peut s’étonner qu’un
auteur qui voulait, paraît-il, faire sur l’État ce qu’il avait fait sur
le capital, n’ait pas parsemé son œuvre d’indications plus nombreuses
sur la société sans État, Or, c’est là tout de même un concept
déterminant de la théorie anarchiste qui, s’il constituait une
préoccupation majeurs de Marx, devrait être suffisamment présent dans
son œuvre pour qu’il ne puisse pas être occulté par les différents
partis qui se réclament de son enseignement. […] Le ‘Manifeste [du parti
communiste]’ne dit nulle part comment la conquête de la démocratie
pourrait assurer au prolétariat l’hégémonie politique ; Engels dit
simplement dans son projet de Catéchisme, que le suffrage universel
assurera directement dans les pays où la classe ouvrière est
majoritaire, la domination de cette dernière…[…] Il y a des textes où
Marx fait une critique radicale d’un type déterminé d’État, mais la
critique de l’État en tant que principe, reste très limitée.”
~ René Berthier ~
Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)
Comprendre et transformer sa réalité, le texte:
Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »
+
5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:
Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être
Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche
Manifeste pour la Société des Sociétés
Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie
Société des sociétés organique avec Gustav Landauer
Source : https://resistance71.wordpress.com/2023/06/28/analyse-critique-afin-de-ne-pas-recommencer-la-plus-grosse-erreur-socialiste-du-siecle-dernier-1ere-partie-peter-gelderloos-et-resistance-71/