par Mikhail Gamandiy-Egorov
Au moment des tensions sans précédent entre l’ordre
multipolaire international et les nostalgiques de l’unipolarité, le
continent africain confirme une fois de plus être l’endroit stratégique
dans le cadre de cette opposition. Les récentes manœuvres
washingtoniennes en vue de tenter de repositionner l’Occident sur la
scène africaine, en s’opposant ouvertement à la Chine et à la Russie,
n’y changeront vraisemblablement rien.
Pour comprendre les événements en cours sur le continent africain, y
compris dans le cadre de l’affrontement stratégique entre les partisans
résolus du monde multipolaire d’un côté et les vestiges de l’unipolarité
de l’autre, il faut tout d’abord une fois de plus comprendre que si
Washington, en qualité de maître incontesté de l’axe occidental
otanesque, tente de prendre un nouvel leadership occidental en Afrique –
c’est précisément en raison des échecs totalement évidents de ses
sous-traitants, notamment l’Hexagone. Ce dernier faisant face à un effet domino en termes d’échecs répétés, qui n’est d’ailleurs plus à démontrer.
Parallèlement à cela, toutes les tentatives washingtoniennes et
occidentales à faire intégrer les nations africaines dans la coalition
anti-russe, prétextant l’interprétation purement occidentale des
événements ukrainiens, se sont avérées être des échecs également. Tout
comme de manière générale toutes les tentatives à nuire au développement des relations russo-africaines.
Dans le cas des relations entre l’Afrique et la Chine – les
difficultés de l’axe occidental sont tout aussi prononcées, d’autant
plus lorsqu’on sait que la Chine est de bien loin le principal
partenaire économico-commercial des nations africaines, avec un volume
des échanges de plusieurs fois supérieur à celui de Washington et de ses
sous-traitants européens. Et face aux attaques étasuniennes à
l’encontre du partenariat sino-africain, Pékin n’hésite plus
à remettre fermement les pendules à l’heure vis-à-vis de l’adversaire
washingtonien. De manière générale – personne ne pourra évincer la Chine
de son interaction avec le continent africain. Absolument personne.
Un autre point très important, qu’Observateur Continental avait abordé
dans le passé, plus exactement en juillet 2021 – celle de la
complémentarité sino-russe en Afrique. Si à cette période, notre analyse
allait pleinement en contradiction avec celui des principaux prétendus
experts occidentaux, désormais ils ne font que constater, fort
amèrement, cette réalité. Une réalité encore plus renforcée suite à la
toute récente visite du président chinois Xi Jinping à Moscou.
Et là aussi c’est loin d’être tout. Washington a aujourd’hui de plus
en plus peur de se retrouver isolé face aux initiatives de paix de
Pékin, notamment sur le dossier ukrainien. Comme l’écrit Bloomberg
– les États-Unis craignent qu’un monde fatigué de la guerre n’accepte
la proposition de paix de la Chine sur l’Ukraine, jugée inacceptable par
l’establishment étasunien. Et plus que cela – que Pékin puisse
convaincre une large coalition de pays que c’est précisément Washington
qui refuse la paix. Bien qu’il soit nécessaire d’ajouter que c’est déjà
l’opinion de la grande partie des peuples du monde.
Et cela comme mentionné précédemment – alors que Washington n’arrive
ni à convaincre les États africains à se détourner de leurs partenariats
avec la Chine, ni à les faire joindre à l’axe de la haine
otano-occidentale contre la Russie. En bref – des schémas que ni
Washington, ni l’Occident politique dans son ensemble – ne sont en
mesure de résoudre. Ni maintenant, ni par la suite.
Enfin et c’est peut-être même le point le plus important. Dans le
cadre de l’affrontement de Washington avec Pékin et Moscou, qu’en est-il
des Africains et de leurs opinions sur la question ? Ici également et
pour tout observateur qui connait réellement le continent africain, les
sympathies sont très clairement en faveur des partisans de la
multipolarité. Et les vaines tentatives washingtoniennes de tenter de se
positionner en alternative à ses propres sous-traitants, dont Paris et
Londres, ne trompent pratiquement personne à l’échelle africaine.
Certes, Washington et les quelques capitales européennes peuvent
encore compter sur un groupe limité de citoyens africains achetés et
dévoués à leurs donneurs d’ordre. Mais ces derniers ne peuvent
absolument rien opposer de fiable, ni de fort, aux souverainistes et
panafricanistes à l’échelle continentale, et même au sein de la diaspora
africaine. C’est un fait. D’ailleurs leurs quelques sorties ne font que
les ridiculiser eux-mêmes, ainsi que de créer un rejet encore plus
puissant vis-à-vis des politiques occidentales.
Et lorsque nous prenons toutes ces données en compte, il devient
assez clair que Washington ne sera aucunement en mesure de casser le
rythme de la chute occidentale – aussi bien à l’échelle africaine, que
plus globalement internationale. En ce qui concerne l’Afrique et comme
nous l’avions plusieurs fois souligné dans le passé – le continent sera
l’un des principaux pôles du monde multipolaire. D’ailleurs, le
président russe l’avait récemment souligné lors de l’ouverture de la Conférence parlementaire internationale Afrique-Russie, dans la capitale russe.
Mikhail Gamandiy-Egorov
source : Observateur Continental et https://reseauinternational.net/washington-ne-pourra-rien-opposer-a-pekin-et-moscou-en-afrique/