L'intitulé "Juste mon opinion" s'applique à la politique, la philosophie, la religion, l'esthétisme, l'humour ... Mais "ça m'intéresse" aurait tout à fait convenu comme titre pour ce blog étant donné les nombreux autres thèmes abordés et les articles encyclopédiques : sur l'histoire, les sciences, etc, sans oublier les sports.
La plupart des articles sont issus de recherches sur le net et de lectures personnelles. Sources indiquées en fin d'article.
Après Epicure - De l'éthique à la politique
Épicure vivait avec une communauté d'amis (ouverte aux hommes libres, aux femmes –y compris prostituées- et aux esclaves) dans le Jardin (son école philosophique créée en 306 avant Jésus-Christ) près d’Athènes, en Grèce.
Il enseignait les moyens de parvenir au plaisir par la suppression des douleurs et des angoisses. Santé du corps et sérénité de l’esprit. Sa méthode consistait à identifier les besoins naturels et nécessaires, et de tempérer ou rejeter les autres, sources de frustration et de violences.
Bien qu’Épicure recommande de « vivre caché » et de ne pas s’impliquer dans la vie politique, ses successeurs, les philosophes épicuriens de l'époque romaine, les philosophes du siècle des Lumières ou les penseurs contemporains se sont progressivement orientés vers un épicurisme politique : un bien-être étendu à la société.
Quelle pourrait être la société idéale, aujourd'hui ou demain, selon les préceptes du sage antique ?
Au sommaire de cette compilation : - Préambule. Nous sommes mus par les sentiments. - Qu'est-ce que la beauté ? Réponse de l'éthologie. Et des dizaines d'exemples illustrés regroupés en quatre catégories : - Belles - Belles et sportives - Belles de la BD - Beaux gosses. Au format "livre papier glacé" sur : Lulu.com
Juste mon opinion 2014
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2014 ; au format livre papier glacé.
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Juste mon opinion 2013
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2013 ; au format livre papier glacé.
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Juste mon opinion - 2012 - Second Semestre
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour le second semestre de l'année 2012 ; au format livre papier glacé.
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Juste mon opinion - 2012 - Premier semestre
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Juste mon opinion - Année 2011
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Juste mon opinion - Année 2010
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Juste mon opinion - Année 2009
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Juste mon opinion - Année 2008
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Juste mon opinion - Année 2007
Articles et commentaires du blog "Juste mon opinion" pour l'année 2007 au format livre papier glacé.
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Les anarchistes (selon la terminologie habituelle
ou selon qu’on les appelle « démocrates radicaux » ou « démocrates
absolus ») ont voulu favoriser au maximum l’autonomie de l’élève, nous
dit Thomas Déri dans l’ouvrage « L’anarchie expliquée à mon père » de
Francis Dupuis-Déri (le fils) et Thomas Déri (le père).
Chose curieuse pour le Wikipédia en français, d’ordinaire si discret
sur le sujet, les trois premiers personnages (Paul Robin, Sébastien
Faure et Francisco Ferrer) sont présentés comme francs-maçons ; outre le
fait d’être libertaires-anarchistes.
Ses travaux portent principalement sur la théorie de l'action collective et la gestion des biens communs ainsi que des biens publics, aussi bien matériels qu'immatériels. Ils s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle économie institutionnelle.
Elinor Ostrom a surtout travaillé sur la notion de dilemme social,
c'est-à-dire les cas où la quête de l'intérêt personnel conduit à un
résultat plus mauvais pour tous que celui résultant d'un autre type de
comportement. Elle a surtout étudié la question du dilemme social dans
le domaine des ressources communes : ressources hydrauliques, forêts,
pêcheries, etc. Avant ses travaux, dans ces cas, seulement deux solutions étaient envisagées : l'État-Léviathan, qui impose le bien public, ou alors une définition stricte des droits de propriété individuelle. L'œuvre d'Ostrom tend à montrer qu'il existe un autre type de solutions, l'autogouvernement,
dont elle définit les huit principes caractéristiques nécessaires à sa
pérennité, ainsi que les deux éléments clés de son émergence : la
réciprocité et la confiance.
Pour analyser les dilemmes sociaux, Ostrom met au point un cadre d'analyse, l'IAD (Institutional Analysis and Development),
qui est rapidement recommandé par les institutions internationales.
L'IAD repose sur la prise en compte des caractéristiques du monde
physique environnant, sur celles de la communauté en proie au problème,
sur les règles et normes en vigueur dans le champ de la situation
d'action, ainsi que sur les interactions entre les acteurs. Les notions
de normes, de règles et de droit occupent une place centrale dans sa
pensée. Les normes sont des attributs de la communauté, les règles, au
contraire, sont fixées de façon beaucoup plus consciente pour résoudre
un dilemme social et servent de cadre à l'établissement de droits.
Ostrom reprend la conception du droit de propriété en termes de faisceau de droits de John Rogers Commons et du réalisme juridique américain. D'une manière générale, Elinor et son époux Vincent Ostrom
ont une vision décentralisée de la prise de décision qui remonte à
leurs premières études sur les ressources en eaux et sur la gestion des
aires urbaines : à la vision centralisée qui s'impose dans les années
1960 aux États-Unis, ils opposent une vision plus polycentrée — la
polycentricité est un autre de leurs concepts-clés — avec interaction de
multiples autorités non strictement hiérarchisées.
Les travaux d'Elinor Ostrom sont peu critiqués de son vivant. En effet, en soutenant — comme Herbert Simon
— que la rationalité des individus est limitée et en refusant de penser
que la maximisation de l'utilité est la seule forme de comportement
rationnel, elle s'attire les sympathies des opposants au courant strictement néo-classique
de l'économie. Par ailleurs, son refus de s'en remettre nécessairement à
l'État dans les cas de dilemmes sociaux, la fait apprécier des
disciples de Friedrich Hayek.
Après son décès, toutefois, les travaux d'Ostrom commencent à être
critiqués à la fois par les partisans de solutions par l'État, qui
l'accusent de ne pas bien prendre en considération les problèmes
politiques, et par ceux qui l'accusent de ne pas avoir bien compris la
notion de droit de propriété.
Les principes nécessaires à la gestion des biens communs par un groupe
Dans sa recherche [...] Ostrom
identifie huit « principes de conception », ou conditions essentielles
au succès de ces institutions. Elle reste toutefois prudente quant à la
portée de ces principes, précisant que s'ils sont potentiellement
nécessaires, ils ne sont pas forcément suffisants pour assurer la
durabilité de la gouvernance44.
Les huit principes caractéristiques des communautés pérennes (robust) de gestion de ressources communes (common-pool resources) identifiés par Ostrom sont les suivants45 :
définition claire de l'objet de la communauté et de ses membres46. Il s'agit d'un préalable sans lequel personne ne sait ce qui est géré ni par qui47 ;
cohérence entre les règles relatives à la ressource commune et la nature de celle-ci48. Les règles d'exploitation et de mise à disposition doivent être claires et adaptées à la nature de la ressource partagée49 ;
participation des utilisateurs à la modification des règles opérationnelles concernant la ressource commune50.
La participation des utilisateurs permet d'assurer l'adaptation dans le
temps de l'exploitation de la ressource et donc sa pérennité51 ;
responsabilité des surveillants de l'exploitation de la ressource
commune et du comportement de ses exploitants devant ces derniers52 ;
graduation des sanctions pour non-respect des règles d'exploitation de la ressource commune53. Ostrom considère cet aspect comme le « nœud du problème » et observe des résultats « surprenants » :
les communautés pérennes sont caractérisées d'une part par la
non-intervention d'une instance gouvernementale extérieure pour
sanctionner un mésusage des ressources communes et d'autre part par un
niveau initialement faible de ces sanctions, ce qu'elle analyse, en
faisant référence aux travaux de Margaret Levi(en), en termes de « conformation quasi volontaire », définie par cette dernière à partir de l'exemple de la taxation comme « volontaire
dans la mesure où les électeurs paient [les impôts] parce qu'ils
choisissent de le faire ; quasi volontaire parce qu'ils seront
sanctionnés s'ils ne le font pas et qu'ils sont pris »54 ; et par conséquent comme ne résultant ni de principes idéologiques ou moraux, ni d'une simple coercition, mais d'une « décision calculée se fondant sur la conduite des autres »55.
Selon Ostrom, les sanctions ont d'abord pour objet le rappel de
l'obligation de conformation aux règles, d'où leur degré initialement
faible, adaptées à l'intention supposée du transgresseur de s'y
conformer à nouveau56 ;
accès rapide à des instances locales de résolution de conflits57.
Selon Ostrom, les modèles théoriques de gouvernance sont fondés sur des
règles sans ambiguïtés appliquées par des intervenants extérieurs
omniscients. Mais, dans la réalité les règles sont toujours ambiguës.
Aussi si on veut assurer une gestion des ressources pérennes, il
convient d'établir une instance de résolution de conflits à faible coût
d'accès58 ;
la reconnaissance de l'auto-organisation par les autorités gouvernementales externes59,60 ;
organisation à plusieurs niveaux (multi-niveaux) des activités
d'appropriation, d'approvisionnement, de surveillance, de mise en
application des lois, de résolution des conflits et de gouvernance61.
Les principes d'Ostrom ont été confirmés à de nombreuses reprises par des études sur les CPR (common-pool resources)
et ont donc prouvé leur fiabilité. Les principales critiques concernant
ces principes portent sur leur incomplétude. En effet, ils n'incluent
pas des facteurs comme la taille et l'hétérogénéité des groupes
d'utilisateurs ou les facteurs externes comme le régime de gouvernance à
l'intérieur duquel les utilisateurs évoluent62.
Les facteurs externes, notamment l'intégration aux marchés ou
l'intervention d'un État, peuvent en effet avoir des effets
significatifs sur les communautés. Par extension, la question de la
transposition de ces principes à des échelles plus larges est sujette à
débat.
Thomas Déri : Pour ma part, de la maternelle au lycée, j’ai toujours reçu une éducation laïque où la parole du maître était considérée comme la vérité absolue, ce qui ne m’a pas empêché de la remettre en question. Ce n’est évidemment pas la forme d’éducation que les anarchistes préconisent. Considérant que l’école traditionnelle est un instrument de reproduction des structures sociales de domination et d’exploitation, ils essayent d’implanter des systèmes d’éducation libertaire. À ce propos, je te citerai une anecdote personnelle. Je suis passé par le système d’éducation laïque français traditionnel, et le seul moment où on s’interroge sur le système en question, c’est quand on fait appel, comme sujet du baccalauréat, à Rabelais et Voltaire pour disserter sur l’affirmation de Montaigne :
«Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.» Le paradoxe, c’est que ces dissertations sont corrigées par des professeurs qui sont passés par un système où l’on tient pour acquis qu’une tête bien faite est nécessairement une tête bien pleine. Allez donc ensuite prétendre le contraire.
Mais si l’on revient aux anarchistes qui ont voulu favoriser au maximum l’autonomie de l’élève, on peut citer Paul Robin et l’orphelinat de Cempuis, puis Sébastien Faure et La Ruche en France, Francisco Ferrer et l’Escuela moderna en Espagne, les écoles libertaires de Hambourg en Allemagne et A.S. Neill et l’école de Summerhill en Grande-Bretagne,
entre autres. Francis Dupuis-Déri : En effet, les anarchistes ont aussi mis sur pied un peu partout des écoles offrant une éducation progressiste aux filles et aux garçons. Ils proposaient dès le XIXe siècle une réorganisation radicale de l’école et de l’éducation : des classes mixtes, où se retrouvaient filles et garçons, et une «éducation intégrale» qui permettait de développer à la fois les compétences manuelles, techniques, intellectuelles et culturelles. On peut presque dire que les anarchistes considéraient que la révolution allait naître autant à l’école qu’à l’usine ou dans la rue. À une époque ou une majorité d’adultes étaient encore illettrés, la formation continue était une priorité, et des anarchistes ont ouvert un peu partout des «universités populaires», en Argentine, à Cuba, au Pérou, en Égypte, et des cercles de
lecture où on lisait à haute voix les journaux et les livres pour les camarades qui ne savaient pas lire. Les anarchistes insistent dès le XIXe siècle sur l’importance de réduire
le pouvoir du maître en abolissant par exemple les punitions corporelles, en limitant la discipline et en offrant des choix aux élèves. Un siècle plus tard, la majorité de la société trouve que plusieurs des idées anarchistes au sujet de l’éducation semblent relever du simple bon sens, sans savoir qu’elles ont été développées et souvent testées par les anarchistes. James Guillaume, un anarchiste proche de Bakounine, considérait que les enfants devaient pouvoir choisir leur enseignant, qui alors «ne ser[ait] plus pour
eux un tyran détesté, mais un ami qu’ils écouter[aient] avec plaisir». Fernand Pelloutier, un syndicaliste révolutionnaire français du début du XXe siècle, pensait aussi qu’il fallait éveiller les enfants aux injustices de la société libérale, former les enfants des pauvres et des exploités à la «science de leur malheur», et les «instruire pour [qu’ils se] révolt[ent]».
Et puis, pourquoi ne pas favoriser l’autogestion chez les enfants ? James Guillaume prévoyait qu’à l’école, «dans leurs réunions, les enfants seront complètement libres : ils organiseront eux-mêmes leurs jeux, leurs conférences, établiront un bureau pour diriger leurs travaux, des arbitres pour juger leurs différends, etc.» Lors d’un campement temporaire autonome et autogéré à Strasbourg en 2002, dans le cadre de la campagne No Border, un espace était réservé aux enfants, qui déléguaient même des mandataires à l’assemblée générale. Ils s’y plaignaient que des adultes ne respectaient pas la propreté des lieux, ou encore que des adultes avaient planté leur tente dans l’espace des enfants. Lorsque des rumeurs ont commencé à circuler, disant que la police procéderait à l’expulsion des campeurs, les enfants ont déclaré qu’ils voulaient rester, car c’était aussi
leur camp. Leurs parents sont intervenus et les ont emmenés…
Sur la police (pages 104 à 106) :
Thomas : Après l’armée, examinons maintenant le rôle de la police, qui est chargée de faire respecter les lois, et à qui l’État délègue son autorité. Francis : Selon toi, qu’en pensent les anarchistes ? Thomas : La police est l’organe de l’État le plus visible et le plus présent dans la vie de tous les jours pour faire appliquer certains règlements et lois. C’est donc le symbole de l’autorité le plus contraignant aux yeux des anarchistes, et quand celle-ci outrepasse ses droits, elle représente une cible de choix pour la critique. Francis : Eh oui. Les anarchistes sont d’autant plus critiques de la police qu’elle les harcèle et les brutalise depuis toujours. Michel Bakounine, Louise Michel, Pierre Kropotkine et Emma Goldman ont connu la prison et, dans certains cas, l’exil forcé. Certaines situations sont tragiques : les anarchistes italiens, qui ont été parmi les premiers à être jetés en prison par les fascistes de Mussolini, n’ont pas été libérés tout de suite des pénitenciers par le nouveau gouvernement italien après la chute du dictateur ; on les a transférés dans des camps pour les empêcher de nuire. De nos jours, avec le mouvement altermondialiste, qui compte dans ses rangs bien des anarchistes, la répression policière les vise plus spécifiquement, et des milliers d’entre eux sont arrêtés, individuellement
ou lors de manifestations. Outre ce problème, la police, tout comme l’armée, est un corps de métier incompatible avec l’idéal anarchiste de liberté, d’égalité, de solidarité et d’entraide. Il s’agit d’organisations très autoritaires et hiérarchisées qui refusent par principe l’autonomie de leurs membres, exigeant une obéissance aveugle, y compris lorsqu’il s’agit parfois de se faire tuer et d’accepter de tuer de parfaits inconnus, ce qui peut même être récompensé par des médailles et de l’avancement. Et après, on pense encore que l’État assure la paix et la sécurité et que les anarchistes sont violents !
La police comme nous la connaissons est une invention plutôt récente, qui est apparue en France et en Grande-Bretagne vers le XIXe siècle, avant tout pour protéger les riches des pauvres. C’est l’un des penseurs du libéralisme économique, l’Anglais Adam Smith, qui disait : «le gouvernement civil, en tant qu’il a pour objet la sécurité des propriétés,
est, dans la réalité, institué pour défendre les riches contre les pauvres». Il ajoutait que l’État et la police existent pour «permettre aux riches de dormir tranquillement dans leur lit». Les anarchistes sont bien d’accord, ici, avec les libéraux : «sans le gendarme, le propriétaire ne pourrait pas exister», disait l’anarchiste italien Errico Malatesta.
À la question, qui se veut déstabilisante, si souvent posée aux anarchistes, à savoir comment imaginer une société sans police, voici leur réponse : si vous voulez préserver les distinctions entre les dominants et les dominés et entre les riches et les pauvres, alors vous ne pouvez pas vous passer d’une police publique ou privée pour protéger les riches et
mettre les pauvres hors d’état de nuire (en prison, par exemple). Mais le besoin d’une police serait bien moins grand dans une société anarchiste, où il y aurait sans doute peu de crimes à prévenir et à punir puisqu’il n’y aurait plus d’État, ni de propriété privée, ni de dominants et de dominés, ni de riches et de pauvres. Qui désobéira à qui, alors, et qui volera qui ? Bref, les anarchistes ne sont pas convaincus par l’idéologie dominante
qui voit dans le premier venu un meurtrier, un violeur ou un voleur potentiel. Cette peur est d’ailleurs entretenue par la philosophie politique inspirée de Thomas Hobbes et du darwinisme social, entre autres, et surtout par les médias de masse et les films à suspens, les films policiers et même les films d’horreur. En situation de justice, de liberté et d’égalité, il devrait y avoir beaucoup moins de violence dans la société.
Mais que faire si un maniaque armé d’une tronçonneuse attaque ses voisins ? Alors, la communauté se réunira probablement pour trouver, ensemble, une solution : il serait possible de le forcer à l’exil, de le forcer à suivre une thérapie, de proposer un rituel collectif de réconciliation et de réhabilitation, etc. À titre préventif, on peut aussi imaginer un service bénévole de volontaires qui accourraient quand une personne appellerait à
l’aide. Ce ne sont pas de bonnes solutions ? Si vous avez d’autres idées, vous aurez l’occasion d’en discuter dans votre assemblée et de participer à la décision collective pour que soit gérée ensemble cette délicate situation plutôt que de laisser des policiers et des juges faire régner un ordre et une loi qui vous seraient imposés.
Mais la justice populaire est dangereuse, et le peuple assoiffé de lynchage, dira-t-on. Ah ! Bon ? Que dire alors des interventions policières qui s’effectuent souvent de manière brutale et discriminatoire ? Et des juges qui sont de mèche avec la classe dominante, à laquelle ils appartiennent, d’ailleurs ? Les anarchistes savent surtout que «notre»
système actuel de traitement de la criminalité par la police, les tribunaux et les prisons représente une catastrophe humaine. La prison est «une école du crime», comme le veut l’expression populaire. Et avouons-le : quel manque d’imagination que d’enfermer un individu indésirable entre quatre murs et de verrouiller la porte !
Sur les communs (pages 109 et 110) :
Francis : […] Au sujet de la dichotomie entre le public et le privé, des anarchistes proposent, dès le XIXe siècle, une troisième option, le «commun». Marianne Enckell, qui s’occupe du CIRA à Lausanne, rappelle que des anarchistes participant au congrès de l’Internationale fédéraliste, à Bruxelles en 1874, proposent que les «services publics»
soient la responsabilité des communes autonomes et fédérées, fonctionnant selon le principe de l’entraide et non pas d’un «État omnipotent». Or le drame, en Occident aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pratiquement plus de ressources économiques communes, il n’y a plus de commun : tout a été soit privatisé, soit «nationalisé», accaparé par l’État sous le nom de «biens publics».
Elle apparaît en 1900 de façon implicite chez le mathématicien et physicienfrançaisHenri Poincarédans un article La théorie de Lorentz et le principe de l’action et de la réaction
où il développe certains principes de déformation de l'espace-temps
qu'il appelle aussi « relativité », puis en 1903 dans la thèse peu
médiatisée de l'ItalienOlinto de Pretto.
Cette formule d’Albert Einsteind'Henri Poincarésignifie que l'énergie (E) est égale à la masse (m) multipliée par le carré de la vitesse de la lumière (c).
Cette relation signifie qu'une particule de massem isolée et au repos dans un référentiel possède, du fait de cette masse, une énergieE appelée énergie de masse, dont la valeur est donnée par le produit de m par le carré de la vitesse de la lumière dans le vide (c).
Cette formule de transformation, qui explique l'énergie dégagée par la fission et la fusion nucléaire, en particulier dans les bombes atomiques, a fortement marqué les esprits car elle met en évidence que, du fait de l'énormité du facteur c2,
une perte de masse même petite à l'échelle humaine peut dégager une
quantité d'énergie considérable. Par exemple, un gramme de matière que
l'on annihilerait par collision avec de l'antimatière correspond à environ 1014joules, soit approximativement l'énergie dégagée par les premières bombes nucléaires.
Nous sommes nombreux à avoir compris que ce pouvoir des ténèbres nous a mis le dos au mur, menaçant notre vie et la vie de nos enfants. Il est temps qu'un grand mouvement citoyen se lève et adopte la désobéissance civile en réponse aux injonctions criminelles de cet Etat voyou. La France s'éveille et décide d'agir.
Silvano Trotta Officiel, [27/05/2022 18:15] [ Photo ] Hier je
vous apprenais que les principaux médecins US avaient de faux
certificats de vaccination aujourd'hui c'est 2200 personnalités,
scientifiques espagnols qui avaient de faux vaccins. Et qui bien sûr
faisaient la morale pour faire injecter les poisons au grand public.. Et en France..
La actriz Verónica Echegui también estaría investigada en la operación Jenner.
Dr
Amine Umlil au Sénat donne une leçon de droit et de médecine : "on est
avec un vaccin qui a été mis sur le marché avec 1,5 mois de recul, alors
qu' une directive européenne de 2001 stipule un minimum de 10 ans pour un
usage médical."
L'Armée zapatiste de libération nationale (espagnol : Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN) est une faction révolutionnaire politico-militaire2 basée au Chiapas, l'un des États dont les habitants sont parmi les plus défavorisés du Mexique3,4,5, pays qui est depuis ces dernières années une importante puissance économique mondiale en termes de PIB.
L'EZLN affirme lutter non seulement pour la protection et la promotion des droits des populations indigènes mais aussi de toutes les minorités du pays6.
L'attitude non-violente du mouvement est une des raisons de la
longévité de l'EZLN et aussi de la popularité qu'elle rencontre selon
elle au sein de la population mexicaine et de la communauté
internationale7. L'organisation est devenue pour certains un symbole de la lutte altermondialiste8.
Choix du nom
Le nom vient du révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, à l'instar de très nombreuses associations civiles, groupements d'agriculteurs et autres, et ce dès les années 1920 au Mexique. Les membres de ce groupe se considèrent comme les héritiers de Zapata (qui n'était pas un indigène9) et les héritiers de 500 ans de résistance indigène à l'impérialisme occidental, espagnol, états-unien et même intégré par les régimes politiques nationaux[réf. nécessaire].
En 1858, le Mexique fut le premier pays ibéro-américain à avoir un président d'origine indigène « pure » en la personne de Benito Juárez. Le général Victoriano Huerta, également d'origine indigène, se proclamera lui-même président en 1913. Juárez et Huerta ne se réclamèrent jamais de leurs origines indigènes, ils agirent toujours en citoyens mexicains.
Caractéristiques
Bien que les membres de l'EZLN portent un uniforme et une arme, celle-ci diffère des mouvements de guérilla classiques10.
Elle a publiquement déclaré s'être soulevée en 1994 pour attirer
l'attention sur la condition des indigènes au Chiapas, mais aussi ne pas
vouloir réutiliser ses armes11,12. Les zapatistes ont un slogan : « ¡Ya basta! » (« Ça suffit ! ») qui fait référence à l'inefficacité qu'elle attribue aux méthodes de lutte politique traditionnelles (parti politique
par exemple). En certaines occasions, les zapatistes, malgré leur
déclaration de guerre, se sont rendus, avec l'accord du gouvernement à Mexico pour y défendre leurs idées13.
Histoire
Contexte social chiapanèque
Le
Chiapas est un État pauvre qui accumule des records en matière
d'analphabétisme, de dénutrition, de mortalité infantile et de mortalité
pour maladies infectieuses et respiratoires, de carence d'équipements
domestiques (eau, électricité, etc.). Il n'a bénéficié qu'avec retard et
seulement partiellement des acquis agraires de la révolution mexicaine,
en raison du contrôle politique et social exercé par une oligarchie
conservatrice et parfois raciste, surnommée la « famille chiapanèque ».
Jusqu'aux années 1970, existaient dans les grandes propriétés des formes
d'exploitation de la main d’œuvre indigène proches du féodalisme :
les paysans étaient soumis à une quasi servitude car, payés en jetons
valables uniquement dans la boutique du maître, ils contractent des
dettes transmises de génération en génération qui leur imposent de
rester sur place14.
Au début des années 1970, les luttes paysannes s'intensifient. À
ce processus contribue le Congrès indigène tenu en octobre 1974 à San Cristóbal en l'honneur de Bartolomé de Las Casas; avec le soutien de l’évêque Samuel Ruiz.
Ces associations paysannes sont renforcées par l'arrivée de militants
d'extrême gauche réfugiés dans la région pour fuir les forces de
sécurité (Massacre de Tlatelolco en 1968 et répression constante des groupes d'extrême gauche)15.
Au cours des années 1980, les élites du Chiapas utilisent les
appareils d'État locaux et nationaux pour intimider (et régulièrement
assassiner) des militants paysans. La pratique des assassinats sélectifs
par les forces de sécurité ou des groupes paramilitaires proches des
propriétaires terriens entraine des désaccords entre les militants :
certains préconisent de réagir par l'emploi de la lutte armée, ce à quoi
d'autres s'opposent15.
Origines de l'EZLN
L’EZLN est fondée clandestinement en 1983 sur le modèle des guérillas marxistes-léninistes, mais ne s'engage militairement contre le gouvernement mexicain qu'une dizaine d'années plus tard16.
Lors de son apparition publique, l'EZLN revendique une triple
ascendance : elle se pose comme héritière de « 500 ans de résistance
indigène », héritière des luttes révolutionnaires du début du XXe siècle
dont celles des paysans derrière Emiliano Zapata, mais aussi des luttes
des groupes et guérillas révolutionnaires des années 1960-1970.
Des FLN à la Selva (1969-1983)
Le
Mexique a longtemps été considéré comme une « dictature parfaite »,
mise en coupe réglée par le PRI de 1929 jusqu'en 2000. Les mouvements
sociaux, ouvriers, paysans ou étudiants se voient confrontés
systématique d'une part aux tentatives de clientélisation, d'autre part à
une répression féroce, la « guerre sale »,
parfois mené par des organisations para-légales. À la fin des années
1969, la situation est telle que de nombreux jeunes considèrent les
canaux légaux de participation politique comme bloqués et parient alors
sur la formation d'organisations armées clandestines pour tenter de renverser un régime autoritaire, et ainsi améliorer les conditions de vie de la population17.
C'est dans ce contexte, que les Fuerzas de Liberación Nacional (Forces de libération nationale, FLN) sont fondées, le 6 août 1969 dans le nord du pays à Monterrey, Nuevo León
comme organisation politico-militaire d’inspiration castro-guévariste.
Au cours des années suivantes, le groupe disposait de réseaux dans les
États de Veracruz, Puebla, Tabasco, Nuevo León, à Mexico ainsi qu'au Chiapas où opérait le Núcleo Guerrillero Emiliano Zapata (NGEZ)17.
En février 1974, un affrontement a lieu à San Miguel Nepantla,
dans l'État de Mexico, entre une unité de l'armée fédérale, et des
membres du FLN, cinq guérilleros y perdent la vie, tandis que seize ont
été arrêtés. À la suite de cet affrontement, les FLN perdent une grande
partie de leur capacité opérationnelle, leurs réseaux sont démantelés.
Le NGEZ est par ailleurs anéanti par l'armée dans la jungle.
C'est néanmoins au Chiapas que se réorganisent les FLN. Le
travail effectué à partir de 1974 au Chiapas a permis de construire des
réseaux de solidarité locaux avec des groupes maoïstes, les syndicats paysans, des militants prônant la formation de coopératives, des indigènes politisés ou catholiques proches de la théologie de la libération. À la fin des années 1970, influencées par les exemples du FMLN, du FSLN et des guérillas guatemaltèques,
les FLN rompent avec la stratégie foquiste et adoptent celle de la
guerre populaire prolongée ou de libération nationale avec l'ambition de
former une véritable armée révolutionnaire18.
Au début des années 1980, certains des militants décident donc de
fonder l'Armée zapatiste de libération nationale et l'acronyme FLN-EZLN
commencent à apparaître dans les documents du mouvement. Cependant,
c'est le 17 novembre 1983 qui est retenu comme date officielle de
fondation de l'EZLN, quand un groupe de six militants, comprenant des
indigènes et des métis, créée le premier camp de l'Armée zapatiste de
libération nationale dans la selva Lacandone. Durant les années de
construction clandestine de l'EZLN dans les communautés paysannes et
indigènes de la selva, le lien avec les FLN est maintenu : des militants
issus des communautés rurales viendront ainsi se former politiquement
auprès des réseaux urbains des FLN tandis que des militants issus des
réseaux de recrutement urbains, généralement dans les universités,
rejoindront la guérilla en tant que cadre.
Les années de clandestinités de l'EZLN (1983-1993)
Le
17 novembre 1983, lorsqu'est fondé le premier camps de l'EZLN dans la
jungle chiapanèque, les guérilleros ne sont que six. Cet isolement va
marquer les premières années de la guérilla. Non seulement ils ne
parviennent pas à établir une relation de confiance avec les indigènes
locaux mais bien au contraire ceux-ci les rejettent violemment. Cet
isolement dure jusqu'en 1985, à cette période les conflits entre les
communautés et les autorités, notamment les propriétaires terriens,
favorisent un rapprochement avec la guérilla. L'intermédiation de
militants indigènes politisés renforce ces contacts. En 1986, pour la
première fois l'EZLN entre en tant que groupe armé au sein d'une
communauté17.
À partir de cette période, l'EZLN connait un développement
exponentiel. À la fin des années 1980, l'EZLN comprend plusieurs
milliers de membres tandis que la majeure partie des communautés
indigènes des hautes-terres et de la Selva sont zapatistes et servent de
« bases d'appui » à la guérilla. Ce développement est soutenu par la
convergence entre la guérilla, l'Union des unions d'ejidos
(UU), le syndicat coopératif paysan, et l'église indigène : le
commandant Jésus de l'EZLN est ainsi le président de l'UU est le chef
des prédiacres19.
L'arrivée de l’EZLN dans la forêt a coïncidé avec le mandat du général Absalón Castellanos Domínguez
comme gouverneur du Chiapas de 1982 à 1988. Ce mandat s'est distingué
comme particulièrement répressif à l'encontre des organisations
paysannes, usant de différentes stratégies comme l’assassinat ou
l’enlèvement des leaders ou la mise en œuvre de programmes visant à les
démobiliser, comme l’attribution de centaines de « certificats
d’inaffectabilité », protégeant les terres des grands propriétaires
destinées à d’élevage de toute répartition agraire. La violence du
gouvernement Absalón a participé à cette période à ce que le fait de
prendre les armes soit vu comme un acte de légitime défense20.
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, les
divergences entre l'Église, l'UU et l'EZLN se renforcent sans entamer la
croissance de cette dernière. Les échecs coopérativistes renforcent en
effet la perspective de la lutte armée, tandis qu'une large partie de
l'église indigène se détourne des commandements épiscopaux pour se lier
plus étroitement avec l'EZLN. Tandis que la crise de la culture du café
et l'interdiction de l'exploitation du bois dans la Selva mettent en
péril la situation des populations indigènes. En 1989, l'Alianza Nacional Campesina Independiente Emiliano Zapata
(Alliance Paysanne Nationale Indépendante Emiliano Zapata, ANCIEZ) est
fondée, cette nouvelle organisation paysanne de base est la première
représentation politique publique de l'EZLN qui demeure clandestine.
Des paysans zapatistes de l'ANCIEZ renversent la statue de Diego de Mazariegos. San Cristóbal de Las Casas, 1992.
Pendant ces années de clandestinités, l'EZLN est également renforcée
par le rejet de l'impasse politique dans laquelle est engoncé le
Mexique. En 1988, Carlos Salinas de Gortari,
candidat du PRI, est élu président à la suite d'une fraude massive qui
témoigne de la crise du parti-État, mais aussi de sa volonté de rester
au pouvoir, y compris de façon illégale. Par ailleurs, ce mandat est
marqué par des réformes de droites libérales, parmi celles-ci la réforme
visant à privatiser les ejidales et adoptée en 1992 : la réforme
de l’article 27 de la Constitution met fin à la réforme agraire et au
caractère inaliénable des terres indiennes, affaiblissant par la même le
caractère imprescriptible de la figure de l’ejido, cette réforme était
l’une des conditions préalables pour l’entrée du Mexique dans l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Ce contexte pousse l'EZLN à agir, notamment à travers l'ANCIEZ21.
En 1992, les manifestations indigènes se multiplient et se
radicalisent avec la conjoncture de la contre-commémoration des 500 ans
de la colonisation. Elles culminent le 12 octobre, lorsque
10 000 personnes, pour beaucoup membres de l'EZLN, défilent à San
Cristóbal de Las Casas sous les bannières du Front des organisations
sociales du Chiapas (Frente de Organizaciones Sociales de Chiapas, FOSCH) et de l'ANCIEZ. Durant cette manifestation, les militants de l'ANCIEZ abattent la statue du conquistador
Diego de Mazariegos y Porres. C'est durant ce mouvement que la décision
du soulèvement armé commence à être sérieusement envisagé par les
zapatistes.
Entre 1992 et 1993, la décision d'entamer la lutte armée est
interrogée au sein de l'EZLN, dans ses bases d'appuis communautaires et
dans la hiérarchie. La décision finale est prise le 23 janvier 1993,
lors d'une réunion des états-majors de l'EZLN et des FLN à l'ejido
du Prado, dans la forêt Lacandone. Le commandement de l'EZLN parvient
alors à convaincre les FLN, marquant la prise d'autonomie de
l'organisation zapatiste vis-à-vis de la "maison-mère". Il faut encore
presque un an de préparation pour que la guérilla sorte de la
clandestinité19.
Déclaration de guerre de l'EZLN
Traduction du texte signé par la Comandancia General del EZLN, Selva Lacandona, Chiapas, Mexique, fin 1993 :
« Déclaration de guerre à l'armée mexicaine, pilier basique de la
dictature dont nous souffrons, monopolisée par le parti au pouvoir et
dirigée par l'exécutif fédéral que détient aujourd'hui son chef suprême
et illégitime Carlos Salinas de Gortari.
Conformément à cette déclaration de guerre, nous demandons que
les autres pouvoirs de la nation s'engagent à restaurer la légalité et
la stabilité du pays en déposant ce dictateur.
Peuple du Mexique, nous, hommes, femmes, intègres et libres, sommes
conscients que la guerre que nous déclarons est un moyen ultime mais
juste.
Les dictateurs appliquent une guerre génocidaire non déclarée
contre nos peuples, c'est pourquoi nous te demandons ta ferme
participation en appuyant ce plan qui est celui du peuple mexicain qui
lutte pour le travail, la terre, un toit, manger, la santé, l'éducation, l'indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix.
Nous déclarons que nous ne cesserons de combattre jusqu'à
l'obtention des demandes de notre peuple et jusqu'à avoir formé un
gouvernement national libre et démocratique.
Rejoins les forces insurgées de l'armée zapatiste de libération nationale22. »
Après dix années de préparation et d'organisation clandestine dans
les villages de la jungle (selva) et des hauts plateaux (los altos) du
Chiapas23 commence, le , une insurrection indigène. Ce soulèvement a lieu le jour même de l'entrée en vigueur de l'ALENA entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, la date est donc choisie pour montrer un rejet du néolibéralisme24
Les zapatistes affirment avoir opté pour la voie armée pour faire face
au peu de résultats obtenus par les formes pacifiques de protestations25.
Les combattants zapatistes, au visage caché par des paliacates
ou des passe-montagnes, déclarent la guerre au gouvernement fédéral et à
son armée, et parviennent à occuper le palais municipal (mairie) de San Cristobal durant quelques heures, faits connus sous le nom de Prise de San Cristóbal de las Casas, ainsi que ceux de Las Margaritas, Altamirano et Ocosingo25.
Après douze jours de guerre entre l'EZLN et les forces gouvernementales (faisant entre 150 et 200 morts)26,5, le gouvernement décrète un cessez-le-feu unilatéral sous la pression de la société civile nationale et internationale,[réf. nécessaire], et entame un premier dialogue avec l'EZLN dans la cathédrale de San Cristóbal de Las Casas. L'évêque de San Cristóbal, Samuel Ruiz García,
sert de médiateur. Pour prouver sa bonne volonté, le gouvernement
libère les prisonniers zapatistes et l'EZLN livre son unique prisonnier,
le général Absalón Dominguez, ancien gouverneur du Chiapas25.
Déplacement de personnes
Selon le directeur du PNUD au Chiapas, Oscar Torrens, en 1994, l'insurrection zapatiste a fait fuir principalement de la région d'Ocosingo
et de Las Margaritas 6 000 familles chiapanèques soit plus de
20 000 personnes, pour la plupart des indigènes tzeltales propriétaires
de leurs terres et sympathisants du PRI
ou membres d'organisations liées à ce parti. Ces indigènes n'ont pas
retrouvé leurs terres prises et occupées par l'EZLN et se sont, pour
certains d'entre eux, rapprochés des villes, survivant en travaillant
dans la construction ou la vente dans les rues, perdant ainsi leur mode
de vie traditionnel27.
Les accords de San Andrés
Le dialogue avec le gouvernement s'étend sur deux années et se conclut par la signature des accords de San Andrés le sur les droits et culture des populations indigènes qui spécifient des modifications à apporter à la Constitution de 1917[Lesquelles ?].
Une fois ces accords votés par le représentant du gouvernement et l'EZLN, le président Ernesto Zedillo Ponce de León
qui n'a pas le pouvoir de modifier la Constitution réfute cette
signature. L'EZLN annonce alors que les promesses à la table des
négociations n'ont pas été respectées28 et forme 38 « municipalités autonomes », mettant en œuvre unilatéralement les accords29. Le président Zedillo augmente alors la présence militaire dans cette région[réf. nécessaire].
Les zapatistes font, à partir de janvier 1996,
un appel à l'organisation d'une rencontre internationale : il se
concrétise par une « Première rencontre intercontinentale pour
l'humanité et contre le néolibéralisme » qui s'est tenue à
Aguascalientes en juillet-août 199630.
Début de la guerre de basse intensité
Le
gouvernement utilise une stratégie de guerre de basse intensité pour
répondre à l'insurrection armée, créant dès 1995 une unité spéciale de contre-insurrection, les Grupos Aeromóviles de Fuerzas Especiales (GAFES). Il arme et forme différents groupes paramilitaires31 composés d'indigènes (surtout Paz y Justicia et Máscara Roja32) liés au parti alors au pouvoir, le PRI. Ces groupes paramilitaires se développent, agissent et tuent33,34,35, avec la tolérance voire le soutien actif d'éléments des forces militaires29. En août 2009, la diffusion par la National Security Archive (Archives de la sécurité nationale des États-Unis) de documents de la Defense Intelligence Agency
(DIA) déclassés montre le soutien direct de l’armée mexicaine aux
paramilitaires dans le cadre de la guerre de contre-insurrection36.
Le a lieu le massacre d'Acteal où 45 hommes, femmes et enfants de l'association chrétienne tzotzil Las Abejas en prière furent assassinés par des paramilitaires indigènes anti-zapatistes.
Les années 2000
En 2001, le président Vicente Fox Quesada, après avoir promis de résoudre le conflit en 15 minutes37, soumet le projet de « loi COCOPA » au Congrès — il s'agit en fait d'une modification constitutionnelle — dès les premiers jours de son mandat (le )38. Le sous-commandant Marcos
et vingt-trois commandants zapatistes se rendent sans armes à Mexico
avec l'accord et la protection du gouvernement pour parler devant le
Congrès et plaider pour les amendements. Après avoir réalisé une marche
accompagnée par une caravane internationale dans douze États mexicains
où ils reçoivent selon eux une importante couverture médiatique[réf. nécessaire], les représentants de l'EZLN et du Congrès national indigène prennent la parole au Congrès mexicain le .
Peu après que l'EZLN est retournée au Chiapas,
le Congrès vote une version différente de la loi qui n'inclut pas les
clauses concernant l'autonomie. Le gouvernement explique alors cette
suppression par la contradiction entre l'autonomie et la Constitution,
issue de la révolution de 1910 et promulguée par Venustiano Carranza en 1917. Ces changements révoltent alors l'EZLN et le Congrès national indigène, mais ni le PRI, ni le PRD (tous deux membres de l'Internationale socialiste), ni le PAN
ne changèrent de position. Ces événements, considérés par les
zapatistes comme une trahison, conduisent à une certaine radicalisation
de l'EZLN39.
Après cela, un recours constitutionnel est traité par la Cour suprême fin 2002.
L'arrêt établit que les changements constitutionnels ayant été menés
par le Congrès et non par une loi, il n'était pas du ressort de la Cour
suprême d'annuler ces changements, car ce serait une atteinte à la
souveraineté du Congrès. Après cet événement, ainsi que la victoire
électorale de Vicente Fox du PAN membre de l'Internationale démocrate centriste (IDC) en 2000 (la première victoire d'un membre de l'opposition depuis la fin de la révolution mexicaine),
les zapatistes critiquent Vicente Fox qui selon eux aurait cherché à
les récupérer sans jamais avoir donné accès à leurs revendications [réf. nécessaire].
Ils rompent alors le processus de dialogue et s'engagent dans
l'application pratique et unilatérale des accords sur l'autonomie des
peuples indigènes signés à San Andrés.
En 2003, le porte-parole du mouvement, le sous-commandant Marcos, présenta dans Le Calendrier de la résistance
plusieurs éléments détaillant la situation des autochtones et le
travail effectué par des groupes d'activistes dans douze régions du
pays. Le 25 mai 2014, le sous-commandant Marcos annonce par un
communiqué renoncer à la direction de l'EZLN40.
Faits récents
Le 10 avril 2004 une attaque lancée par des militants du PRD de Zinacatán
appuyés par des forces de police locales contre une marche pacifique de
l'EZLN, a fait une dizaine de blessés de part et d'autre41.
2006-2007 : La Otra Campaña (tour qui était prévu dans les 31 États du Mexique) destiné selon l'EZLN « à réveiller les consciences à travers le pays ».
En a lieu la deuxième rencontre entre les peuples zapatistes et les peuples du monde (El segundo encuentro de los pueblos zapatistas con los pueblos del mundo). Durant une semaine, plus de 2 000 sympathisants[réf. nécessaire] de tous les continents viennent assister[Où ?] à des conférences et tables rondes et rencontrer les zapatistes dans les communes autogérées.
En décembre 2008 plusieurs affrontements entre indigènes et sympathisants de l'EZLN eurent lieu[réf. nécessaire]. Le mercredi 7 janvier 2009 des paysans indigènes partisans du PRI de San Sebastián Bachajon affrontèrent des militants de l'EZLN.[réf. nécessaire]
Le jeudi 8 janvier 2009 des affrontements à coups de pierres et
de machettes entre paysans indigènes de l'organisation COCIPEL et des
membres de l'EZLN ont fait une quinzaine de blessés. Ces événements font
suite à plusieurs incidents depuis décembre 2008. La dispute pour des
terres près d'Ocosingo semble en être la cause.[réf. nécessaire]
Au début août 2009, quinze personnes ont été blessées dans des
affrontements entre sympathisants de l'EZLN et des membres d'une
association de caféiculteurs indigènes, l'ORCAO, pour des querelles concernant la possession des terrains à Bosque Bonito42.
Le 6 février 2010,à Agua Azul,
des membres du PRI viennent réclamer la libération d'un juge retenu
prisonnier par l'EZLN. Ces membres, selon toute vraisemblance, ouvrirent
le feu43,44, et la bataille qui suivit fit trois morts et 28 blessés (dont treize par balle) 45.
Mi février 2010, selon certaines sources, une personne est tuée par
balle, par des sympathisants de l'EZLN à Tumbalá. Il s'agit d'un paysan,
suspecté d’appartenir à l’organisation paramilitaire OPDIC et d’avoir
fomenté des actions pour récupérer des terres en zone zapatiste46. L'EZLN affirme dans un communiqué avoir été agressée sur son territoire par un large groupe armé prêt à l’affrontement47.
Les organisations de défense des droits de l'homme ont plusieurs
versions contradictoires de ces évènements. Il est difficile de savoir
ce qui s'est passé réellement48. Il est cependant certain qu'il s'agissait d'un territoire zapatiste.
Le 1er mars 2010 les membres de l'EZLN de la communauté de Mitzitón
opposés à la construction d'une autoroute qui selon eux nuirait à leur
environnement dénoncent les agressions de groupes appartenant à l'Ejército de Dios ou au groupe paramilitaireAlas de Aguila. Ces attaques auraient fait huit blessés par balles, il y a aussi trois détenus par les autorités49.
Le 21 juin 2010 deux indigènes membres de la communauté de El
Pozo, municipalité de San Juan Cancuc, Chiapas ont perdu la vie et
plusieurs ont été blessés par balle et hospitalisés à la suite d'un
affrontement avec des intégrants de l'EZLN porteurs d'armes à feu. Les
indigènes de la communauté de El Pozo étant en conflit avec les
zapatistes auxquels ils reprochent de ne pas leur payer la fourniture
d'eau et d'électricité50.
Les Zapatistes dénoncent quant à eux une manipulation de l’information,
déclarant s’être trouvés en état de légitime défense face à une attaque
d’un grand nombre de personnes armées de machettes et d’outils51.
Le 3 février 2011, le gouvernement déclare avoir sauvé 17
touristes d'une prise d'otage par l'EZLN à Agua azul. Cette thèse est
reprise par nombres de journaux mexicains et étrangers52,53. Il s'agit en fait d'un mensonge : aucun zapatiste n'était présent sur place, il s'agit d'une action de La Otra Campaña.
De plus, les 17 touristes ont refusé de signer la thèse proposée par la
police d'un enlèvement, et déclarent avoir été simplement retardés. En
ce qui concerne l'arrestation ayant suivi, l'organisation mondiale
contre la torture54 appelle le gouvernement mexicain à relâcher les prisonniers pour cause de détention arbitraire55,56,57,
d'absence de traduction, d'absence de garantie judiciaire, de crainte
pour la sécurité physique et morale des prisonniers (un prisonnier ayant
un retard mental important58,59).
Le 21 décembre 2012, 40 000 zapatistes sont réapparus en faisant une marche silencieuse dans les rues de San Cristóbal de Las Casas, mais aussi d'Ocosingo60.
Le 31 décembre 2012, dans un communiqué61
le comité clandestin révolutionnaire indigène revient sur les six
dernières années de lutte et d'auto-organisation au sein des
communautés, il s'adresse directement aux différents échelons du pouvoir
mexicain (gouvernement fédéral, régional et municipal), et réaffirme
ses positions exprimées dans la sixième déclaration de la foret de
Lacandone.
Le 14 février 2013
le sous-commandant Marcos présente celui qu’il aimerait voir lui
succéder, le sous-commandant Moisés. Vétéran des luttes zapatistes, il
est contrairement à Marcos un indigène chiapanèque62 .
Les 10 avril63 et 19 août 201964,
deux communiqués successifs du sous-commandant Moisés rappellent à la
lutte et au rassemblement. Ceux-ci font suite à l'élection fin 2018 d'Andrés Manuel López Obrador
et du reniement de certaines de ses promesses de campagne, ainsi que la
militarisation plusieurs zones autonomes indigènes où les effectifs se
sont vus multipliés par deux65. Le dernier communiqué décrète aussi 11 nouvelles régions ("caracoles") et municipalités autonomes.
En septembre 2019 , 150 membres de l'organisation des propriétaires ruraux et des déplacés de la zone de conflit, ont réclamé au gouvernement d'Andrés Manuel López Obrador la restitution ou une indemnisation pour plus de 40 000 hectares de terres leur appartenant que l'EZLN a occupé et s'est approprié en 199466,67 .
Organisation
L'organisation
de l'EZLN peut référer à deux phénomènes distincts bien que liés :
l'organisation de l'EZLN en tant que telle, comme organisation
militaire, et l'organisation impulsée par l'EZLN de l'« autonomie
zapatiste » dans les zones qu'elle contrôle.
Structure de l'EZLN
Les bases d'appui
Les bases d’appui (comunidades bases de apoyo)
sont formées par les militants présents dans les villages du Chiapas,
que ces militants y soient majoritaires ou non. Non armées, elles sont
chargées du soutien logistique à l'EZLN et des grandes manifestations
politiques. Elles peuvent mobiliser plusieurs dizaines milliers de
militants pour ces manifestations, comme lors de la marche du silence du
21 décembre 201268,69.
Les miliciens
Les miliciens (milicianos)
sont des réservistes sélectionnés par les communautés zapatistes et
envoyés en services temporels ou ponctuels auprès de l'EZLN. En plus de
leur service, les miliciens reçoivent aussi une éducation
politico-militaire.
Les insurgés
Les insurgés (insurgentes)
sont les volontaires permanents de l'EZLN, femmes et hommes. C’est
parmi ces « révolutionnaire professionnels » que sont choisis les cadres
militaires de l’Armée zapatiste de libération nationale. Le corps des
insurgés forment la structure pérenne de l'armée zapatiste, la
discipline et la hiérarchie sont militaires avec des grades "major",
"colonel", etc.
La « Comandancia general »
La Comandancia General
(CG) de l’EZLN est l’instance militaire supérieure que dirigent les
« sous-commandants », ce grade symbolise leur subordination à l’instance
politique du CCRI. Les sous-commandants insurgés dirigent donc les
opérations des insurgés et des miliciens. Au déclenchement du
soulèvement zapatiste en 1994, l'EZLN avait deux sous-commandants : le
sous-commandant Marcos et le sous-commandant Pedro, tué dans les
premiers jours des affrontements. Marcos est resté longtemps le seul
sous-commandant de l'EZLN, jusqu'en 2013, lorsque le lieutenant-colonel
Moisés est publiquement reconnu comme le sous-commandant Moisés. Par
ailleurs, en 2014, Marcos abandonne sa prééminence et son nom pour
devenir le sous-commandant Galeano.
En plus de leur rôle militaire, les sous-commandants sont connus
comme les « voix » de l'EZLN. Ils sont les porte-paroles de
l'organisation et sont chargés de sa communication.
Le Comité clandestin indigène révolutionnaire
Le Comité clandestin révolutionnaire indigène (Comité Clandestino Revolucionario Indígena,
CCRI) est l'instance politique qui chapeaute tout l'EZLN dont elle
forme la direction collective. Elle est formée par cinq représentations
des langues indigènes parlées dans chacun des cinq Caracoles qui leur
correspondent. Les membres du CCRI sont les comandantes et comandantas, au nombre d'une vingtaine, et qui ne sont pas tous impliqués dans la vie militaire de l'organisation.
La pancarte indique en espagnol : « Vous vous trouvez en territoire rebelle zapatiste. Ici le peuple commande et le gouvernement obéit.
Zone nord. Conseil de bon gouvernement. Le trafic d'armes, la
production et la consommation de drogues, de boissons alcoolisées et les
ventes illégales d'essences d'arbres sont strictement interdites. Non à
la destruction de la Nature. » (Photo prise en 2005 sur l'autoroute 307, au Chiapas)
À partir de ,
les zapatistes constituent peu à peu des communes autonomes,
indépendantes de celles gérées par le gouvernement mexicain. Ces
municipalités autonomes sont regroupées par caracol, il en existe cinq :
Morelia, municipalité de Amatán, La Realidad, municipalité de
Ixtacomitán, Roberto Barrios, municipalité de Palenque, La Garrucha, municipalité de Ocosingo et Oventik.
L'expérience zapatiste s'étend sur une région — en grande partie
composée de forêts et de montagnes — de 28 000 kilomètres carrés
(l'équivalent de la superficie de la Belgique) couvrant plus d’un tiers
de l’État du Chiapas. On estime que 100 000 à 250 000 personnes forment
les bases de soutien du zapatisme. Elle constitue la plus importante
expérience d’auto-gouvernement collectif de l’histoire moderne16.
Marcos
décrit comment ces communes mettent en œuvre des pratiques concrètes
d'autogestion pour rendre leur fierté aux peuples indigènes, pauvres et
qu'ils jugent trop méprisés par le pouvoir. Ainsi, l'EZLN met en œuvre
des services de santé gratuits, des écoles là où il n'en existait pas,
un système de justice, un système de police, tout cela avec le soutien
de partenaires70.
Le système sanitaire repose sur des « maisons de santé »
proposant des soins de base. Les herbes médicinales et les thérapies
traditionnelles sont encouragées, et l’accent est mis sur la prévention.
Le système justicière zapatiste entend privilégier la réparation à la
punition : discussion avec l’accusé, travaux collectifs au lieu de
l’incarcération (il existe une seule prison dans l’ensemble des cinq
zones). La délinquance et les violences domestiques ont chuté depuis
l'implantation de ce système16.
Communication
L'EZLN accorde une priorité très importante à la communication, avec le Mexique mais aussi le reste du monde71.
Dès leurs premières actions publiques, ses membres réalisèrent des
déclarations et des analyses qu'ils firent parvenir aux médias locaux,
nationaux et internationaux72.
Ils ont aussi fait une utilisation importante de la technologie ; les
téléphones satellites et Internet leur ont servi à communiquer avec des
sympathisants d'autres pays, les aidant ainsi à gagner la solidarité
internationale et le soutien d'autres organisations73.
Tout autant que le fond du discours, ce qui a frappé dans le mouvement zapatiste, et ce dès le ,
c'est son mode de communication. En diffusant communiqués, contes,
déclarations, lettres aux uns et aux autres, le mouvement zapatiste,
mais surtout sa figure « visible », le sous-commandant Marcos, a suscité
l'attention, la surprise, parfois les railleries, mais aussi
l'indifférence et l'hostilité74.
Idéologie
Non-utilisation des armes
Depuis quelques années maintenant, les zapatistes affirment être armés mais ne pas vouloir s'en servir75.
Fernando Yañez Muñoz, l'un des fondateurs des FLN à l'origine de
l'EZNL, connu sous le nom de commandant Germán, critique les choix du
sous-commandant Marcos, et estime que l'EZLN ne devrait plus porter le
nom d' « armée » puisqu'elle a renoncé a toute action militaire contre
les institutions mexicaines76.
Changer le monde sans prendre le pouvoir
Plusieurs fois, Marcos a déclaré75
que l'objectif de l'EZLN n'était pas de prendre de force le pouvoir, et
d'imposer par le haut sa vision de la société, mais d'être des rebelles
sociaux qui luttent pour une société plus juste, plus démocratique. En
cela, le mouvement zapatiste constitue une critique du guévarisme et du léninisme77
et de l'idée (et la pratique qui en a découlé) orthodoxe dans le
marxisme qu'une révolution communiste doit se faire en premier lieu par
une prise de pouvoir étatique.
On peut ainsi rapprocher ces idées de la tradition anarchiste, prônant
une révolution « contre » le pouvoir et non « pour » le pouvoir78.
La prise du pouvoir, que ce soit par la force ou l'électoralisme,
perpétue le système de hiérarchie coercitive, ce que les zapatistes
veulent supprimer. Il faut donc partir du bas : modifier les consciences
individuelles, pour arriver à un changement spontané[réf. nécessaire].
Pour l'autonomie
Les
zapatistes ne recherchent pas l'indépendance (de leur mouvement ou du
Chiapas) mais l'autonomie (la libre détermination des peuples indigènes,
comme convenu lors des accords de San Andres) Pour cela, ils ont décidé
en 2003 d'ouvrir des caracoles leur permettant de s'organiser (système
parallèle de justice, de santé, d'éducation, de police, de gouvernance).
Les zapatistes utilisent le drapeau mexicain pour montrer leur
appartenance à ce pays (lors de la médiation de janvier 1994, dans
chaque caracol...) et l’hymne national est entonnée à chaque réunion du
Congrès national indigène. L'EZLN explique ne pas vouloir «former un
État dans l’État, mais un endroit où être libres en son sein »16.
En cela, ce mouvement ne cherche pas à être généralisé partout
dans le monde, mais appelle chaque individu à créer dans son pays des
espaces de luttes en s'inspirant de ces actes79.
Avec le système éducatif autonome et la formation des promotores
d'éducation (qui remplissent la tâche d'instituteurs et d'institutrices
dans les communautés) dans les écoles secondaires rebelles comme celle
d'Oventic – dans les Hautes Terres du Chiapas, la région tsotsil autour
de San Cristóbal de las Casas –, se met en place le système correspondant au niveau de la santé : la formation des promotores de salud (promoteurs de santé) et la création de dispensaires (clinicas autonomas) dans les Caracoles et les communes rebelles.
Les instances zapatistes accepteraient l'aide d'associations80,81,82,83 de la société civile, nationale et internationale, mais refuseraient toute aide gouvernementale mexicaine [réf. nécessaire].
Catholicisme
Bien que le mouvement ne s'en déclare pas, les symboles chrétiens sont souvent présents. L'apport de la théologie de la libération par le biais de l'épiscopat de Don Samuel Ruiz Garcia est visible84.
Anti-capitalisme
Le mouvement zapatiste a été connu lors du soulèvement du 1er janvier 1994, jour de l'entrée du Mexique dans le protocole de l'ALENA. Il s'est dès le début défini par son opposition au système capitaliste et son refus des politiques néolibérales.
Gouverner en obéissant
Pour les zapatistes, ceux qui gouvernent doivent le faire en obéissant au peuple (c'est le slogan mandar obedeciendo).
Ils ne doivent pas chercher à prendre le pouvoir, ni se laisser tromper
par celui-ci. L'historien François Cusset relève que ce slogan
« suggère que, à l’horizontalisme pur des fantasmes anarchistes, il
convient toujours de mêler une dose même marginale d’organisation — et
d’efficacité — verticale16. »
Idée déjà émise par Henri Barbusse
(que Marcos étudia) dans ses écrits et qui fut très largement connue de
par le monde à la suite de son discours au Congrès mondial contre la
guerre qui eut lieu à Amsterdam et qui réunit 2 185 délégués de 27 pays, ce à l'appel d'Albert Einstein et de Romain Rolland en août 193285.
Concrètement, les hommes et les femmes qui forment ces conseils sont élus par les municipios autonomos
(municipalités autonomes) et siègent tour à tour, par rotation suivant
en général des périodes d'une semaine. Les principes de ce mécanisme
original sont détaillés dans le texte intitulé La treizième stèle publié en juillet 2003 (dernière partie du Calendrier de la résistance).
Ces conseils siègent dans les cinq centres civils construits par
les paysans zapatistes, d'abord appelés Aguascalientes (en mémoire de la
convention entre les partisans de Francisco Villa et ceux d'Emiliano Zapata dirigée contre Venustiano Carranza durant la guerre civile entre factions révolutionnaires)86 puis devenus Caracoles (littéralement escargots, symbolisant une dynamique en spirale).
Financement actuel et origines des fonds qui ont permis la constitution de l'EZLN
On
ne connaît pas exactement l'origine des fonds qui permirent
l'organisation, l'équipement, la maintenance et la solde des effectifs
ainsi que le paiement des moyens techniques de communication de l'EZLN.
Selon Salvador Garibay Morales, dit le sous-commandant « Daniel », un
des premiers chefs et fondateur de l'EZLN, celle-ci aurait accumulé des
fonds par le trafic d'armes achetées aux États-Unis et par le
détournement de fonds divers provenant de l'aide du gouvernement fédéral87.
Le financement de l'EZLN est fait au moins en partie par des dons que les « zapatouristes » font au mouvement80,81,82,83.
Le financement par la fortune familiale de Rafael Sebastián Guillén Vicente88 dont la famille serait une des plus riches du Mexique89, membres pour la plupart du PRI, et dont une des sœurs, Mercedes del Carmen90, exerce de hautes responsabilités dans ce parti, serait possible.
Effectifs
Selon l'organisation américaine START(en), l'EZLN compterait plus de 5 000 membres91.
Le 21 décembre 2012, entre 30 000 et 40 000 zapatistes cagoulés défilent
dans les rues de plusieurs municipalités Chiapanèque, dont San Cristóbal de Las Casas60,92.
L'EZNL vu de l'étranger
Bertrand de la Grange et Maité Rico, journalistes au Monde et à El Pais, ont publié un livre intitulé Sous-Commandant Marcos, la Géniale Imposture93. Cependant, le journaliste de Libération René Solis et le sociologue Yvon Le Bot ne sont pas d'accord avec un certain nombre d'éléments de cet ouvrage94.