par Nicolas Bonnal.
Il y a ceux, presque mignons et amusants, comme les journalistes du NYT,
qui prétendent que le Grand Reset est une théorie du complot, alors que
Davos s’en vante sur son site, et puis il y a ceux qui redoutent le
Grand Reset à venir, comme s’il n’était déjà là. Un petit rappel pour
les distraits alors. Je suis assez vieux pour avoir vu le Grand Reset
commencer au début des années 70 : c’était les années de la crise du
pétrole, du Club de Rome, de « Soleil Vert » et de « Rollerball
», tout ce qu’il fallait pour rassurer les enfants et préparer un Grand
Reset. Car dès cette époque on évoque privation, fin des industries
(une vieille lune : découvrez Arthur Penty), catastrophe écologique,
désastres urbains, détraquement climatique (« Soleil Vert », « Blade Runner
»), émeutes, violence et pénuries. Tout a été dramatisé et exagéré pour
nous faire peur, et maintenant c’est au virus de jouer ce rôle pour
détruire ce qui nous reste de libertés.
Dans les années 80, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ces
questions, j’ai rencontré un spécialiste nommé Yann Moncomble, disparu
prématurément, qui décrivait la stratégie des mondialistes depuis le
début du vingtième siècle. Jacques Bordiot l’avait précédé quelques
années avant avec un excellent livre nommé « Une main cachée dirige ». On sentait que tout se mettait en place par les banques au milieu du dix-neuvième siècle (c’est « La grande transformation
» du génial Polanyi ou le manifeste communiste de Karl Marx) et depuis
nous sommes conduits par ces bons bergers, en bon troupeau. Exercices
d’ingénierie physique et mentale, les deux guerres mondiales ont encadré
le mouvement et précipité la montée de la technocratie dirigeante et
celle du troupeau apeuré dont a parlé Tocqueville sur un ton
visionnaire.
1945 et la pseudo-déclaration des droits de l’homme marquèrent une
avancée vers le totalitarisme planétaire. François Furet, l’homme qui a
redécouvert Augustin Cochin, dont j’ai parlé tant de fois, la trouvait
trop précise cette déclaration. Et pour cause : elle est indiscrète,
elle contrôle, elle commande, elle oriente et elle sert une élite
dirigeante à venir et qui est passé au contrôle de tout vers la fin des
années 60. Comme dit Watzlawick elle a besoin du malheur des hommes pour
mieux les gouverner.
Les élites qui dirigent maintenant (Merkel, Macron, Bruxelles,
Netanyahou – voyez le rabbin Amnon Itshak) sont impitoyables : ils
veulent plumer, ficher, vacciner, contrôler. En 1967 Brzezinski présente
son fameux livre sur la société technétronique. Lui non plus ne se paie
pas de mots, certain qu’il est de n’être dénoncé que par les plus
lucides vite redéfinis théoriciens du complot ! Et il écrit le bougre :
« Une autre menace, moins manifeste mais non moins fondamentale, est
celle de la démocratie libérale. Plus directement liée à l’impact de la
technologie, elle implique l’apparition progressive d’une société plus
contrôlée et dirigée. Une telle société serait dominée par une élite
dont la prétention au pouvoir politique reposerait sur un savoir-faire
scientifique prétendument supérieur. Libérée des contraintes des valeurs
libérales traditionnelles, cette élite n’hésiterait pas à atteindre ses
objectifs politiques en utilisant les dernières techniques modernes
pour influencer le comportement public et maintenir la société sous
étroite surveillance et contrôle ».
L’élite qui bosse avec Macron est une conséquence du satané
Bonapartisme dont j’ai parlé maintes fois ici et ailleurs (voyez mon « Coq hérétique
» publié en 1997 aux Belles Lettres). Mais elle a été sélectionnée pour
aller jusqu’au bout et elle le fera. Elle est payée et motivée pour.
Dans les années 80 toujours on a vu cette caste mondialiste de hauts
fonctionnaires et de soixante-huitards se mettre aux ordres de Bruxelles
et du Capital, quand il est apparu que l’U.R.S.S. ne représentait plus
une menace (voyez mon texte sur Zinoviev) et qu’on aurait enfin les
coudées franches pour se remplir les poches et mettre au pas le populo.
Guy Debord écrivait en cette fin des années 80 :
« Il faut conclure qu’une relève est imminente et inéluctable dans la
caste cooptée qui gère la domination, et notamment dirige la protection
de cette domination. En une telle matière, la nouveauté, bien sûr, ne
sera jamais exposée sur la scène du spectacle. Elle apparaît seulement
comme la foudre, qu’on ne reconnaît qu’à ses coups. Cette relève, qui va
décisivement parachever l’œuvre des temps spectaculaires, s’opère
discrètement, et quoique concernant des gens déjà installés tous dans la
sphère même du pouvoir, conspirativement. Elle sélectionnera ceux qui y
prendront part sur cette exigence principale : qu’ils sachent
clairement de quels obstacles ils sont délivrés, et de quoi ils sont
capables ».
On voit avec Macron, Merkel ou Grisham (Gouverneure démocrate de
l’État du Nouveau Mexique qui vient d’ordonner la fermeture partielle
des magasins d’alimentation) que plus aucun obstacle ne les gêne et
qu’ils sont capables de tout. Une fois, ajoute Debord que l’on peut «
mesurer le point qu’avait pu atteindre la capacité d’hébétude et de
soumission des habitants », on peut tout se permettre. Désolé, mais
c’est ainsi. Relisez Bernays ou Céline ou même « Le Loup des Steppes » pour comprendre. Il ne parle pas d’autre chose « Le Loup des Steppes ».
L’élite mondialiste voulue par Wilson ou le pseudo-Colonel Mandel
House s’est constituée en 1945 donc, et est arrivée à maturité à la fin
des années 60 : ce sont les années Rockefeller, Giscard et Trilatérale
dont parlait mon ami Moncomble. Cette élite est totalement déracinée,
technophile et gavée de paradigmes (Nizan a très bien vu sa source
bourgeoise, j’en ai parlé ici). C’est une élite gnostique élevée par des
écrans dans des Babel de verre, comme du reste son troupeau
innombrable. En Europe on a pu voir l’émergence de cette élite en partie
nazie d’ailleurs (voyez mon texte sur Hallstein) dès les années 60.
L’immigration, la société de consommation et la liquidation des
enseignements allait créer une nouvelle population technophile, nomade
et soumise.
Et puis Gorbatchev est arrivé. Tout est allé depuis en s’amplifiant
et en s’accélérant, la bêtise et la lâcheté de la masse ne faisaient
rien pour écouter les Cassandre muées en théoriciens du complot. Le
contrôle des élites asiatiques ou russes est allé de pair, quoiqu’en
pensent certains naïfs préoccupés par la Route de la Soie ou le modèle
chinois. Modèle chinois qui exige vaccination, contrôle biométrique et
gestion informatique de son milliard et quelques d’habitants. Ici encore
les oligarques du capitalisme et du Communisme se seront
merveilleusement tendu la main. C’est bien Kissinger et Nixon qui ont
voulu ce rapprochement avec la Chine de Mao, non ?
Je ne suis pas là pour parler de l’an prochain, tout le monde
antisystème le fait, en vain d’ailleurs (« Théorie du complot ! Théorie
du complot ! »). Je voulais dire seulement que les choses sont dans une
logique terminale. Qui en a fait tant ne peut pas s’arrêter en route (la
route du Club de Rome et de « Soleil Vert ») et qui en a fait
aussi peu pour se défendre à part cliquer depuis vingt ans (moi y
compris, ce n’est pas le problème) ne doit pas s’étonner de ce qui va
lui arriver.
Nicolas Bonnal
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Bibliographie très sommaire :
Zbigniew Brzezinski : l’ère technétronique
Guy Debord : Commentaires
Paul Watzlawick : Faites vous-même votre malheur
Nicolas Bonnal : Si quelques résistants… Coronavirus et servitude volontaire
Source : Réseau International https://reseauinternational.net/pourquoi-le-grand-reset-se-termine-et-ne-commence-pas/