Bernard Arnault, PDG de LVMH (industrie du luxe), a vu son patrimoine
augmenter de 71% sur un an (800 euros par seconde). Il est désormais la
4ème fortune mondiale.
Petit calcul, en 2017 le RSA était de 565
euros par mois. C'est-à-dire que sa fortune a augmenté de 1,416 RSA
mensuels par seconde soit d'environ 3 721 000 RSA annuels sur l'année
2017. Comme ça on voit mieux...
Ce n'est pas la crise et l'austérité pour tout le monde. Les pauvres s'appauvrissent parce que les riches s'enrichissent, aussi simple que ça.
vendredi 31 août 2018
jeudi 30 août 2018
Thierry Meyssan chez Thierry Ardisson
Thierry ARDISSON reçoit Thierry MEYSSAN pour une "Interview vérité" au sujet de son livre "11 septembre 2001, l'effroyable imposture". (Jingle "marionnettes"). Il soutient dans son ouvrage qu'aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone et que les attentats du 11 septembre seraient le fruit d'un complot intérieur organisé par les lobbies militaire et pétrolier américains dans le but d'augmenter les budgets de l'armement et de faire passer le pipe line qui doit descendre de l'Asie centrale à travers l'Afghanistan jusqu'aux mers chaudes. De même, le World trade center se serait effondré parcequ'il y avait des explosifs placés au rez de chaussée et des balises sur les tours qui auraient guidé les avions pour qu'ils s'écrasent.
Images d'archive INA
Source : https://www.youtube.com/watch?v=gdeWjrLrcuc
Images d'archive INA
Source : https://www.youtube.com/watch?v=gdeWjrLrcuc
mercredi 29 août 2018
Système monétaire vs écologie
"Notre système monétaire* est structurellement, systémiquement ANTI-ÉCOLOGIQUE.
C'est lui qui nous impose la nécessité d'une croissance permanente et infinie.
C'est donc bien lui qui nous impose la nécessité de piller les ressources de notre planète.
TOUTE initiative pour "sauver la planète" n'est au mieux que de la poudre aux yeux, au pire qu'une gigantesque escroquerie très lucrative.
AUCUN écologiste n'abordant cette question, j'affirme que LES ÉCOLOS ne servent strictement à rien ( pour l'écologie )."
Pierre Meunier
* La façon dont on crée la monnaie
Source : https://www.facebook.com/pierre.meunier.370/posts/2263088720580550?__xts__[0]=68.ARAjTrpRpzkeFas9G0EIr5E9O7bWyIkUKETWs4BSc_dn9P8J4cpMzvFq_i_hbpVdHyhJCCg3JdQ1kjcITRfMWmCcEH3J3fCWevf4nJ3eA2m9xdTvgURepVnqSavS-hjmLzBn9n4&__tn__=C-R
C'est lui qui nous impose la nécessité d'une croissance permanente et infinie.
C'est donc bien lui qui nous impose la nécessité de piller les ressources de notre planète.
TOUTE initiative pour "sauver la planète" n'est au mieux que de la poudre aux yeux, au pire qu'une gigantesque escroquerie très lucrative.
AUCUN écologiste n'abordant cette question, j'affirme que LES ÉCOLOS ne servent strictement à rien ( pour l'écologie )."
Pierre Meunier
* La façon dont on crée la monnaie
Source : https://www.facebook.com/pierre.meunier.370/posts/2263088720580550?__xts__[0]=68.ARAjTrpRpzkeFas9G0EIr5E9O7bWyIkUKETWs4BSc_dn9P8J4cpMzvFq_i_hbpVdHyhJCCg3JdQ1kjcITRfMWmCcEH3J3fCWevf4nJ3eA2m9xdTvgURepVnqSavS-hjmLzBn9n4&__tn__=C-R
Comment les molécules organiques se forment dans l'espace
Des chercheurs ont montré que le
rayonnement cosmique interagit avec la matière afin de créer les
"briques élémentaires de la vie" dans l'environnement spatial hostile.
D'où vient la vie ?
Toute réponse à cette question doit composer avec deux vérités en
apparence contradictoires : la vie sur Terre est abondante et
extrêmement diversifiée, mais dans le même temps, la Terre est la seule
et unique planète où la vie est apparue – à notre connaissance.
Pour cette raison, la quête des origines de la vie s'est longtemps cantonnée à l'étude des organismes terrestres. L'hypothèse la plus consensuelle à l'heure actuelle est dérivée des expériences de Miller-Urey : il y a des milliards d'années, une "soupe" moléculaire a donné naissance aux premières formes de vie sur Terre, qui ont elles même pris une trajectoire évolutive assez audacieuse pour produire des singes qui utilisent des iPhones.
Au cours des dernières décennies, cependant, des technologies spatiales raffinées nous ont permis de consolider une hypothèse concurrente selon laquelle les "briques élémentaires de la vie" aurait effectué un long voyage à dos d'astéroïde ou d'une comète avant d'arriver sur Terre et de former des molécules organiques complexes. C'est ce que l'on nomme l'hypothèse de la panspermie. Aujourd'hui, des chercheurs de l'Université de Sherbrooke au Québec ont publié un article dans le Journal of Chemical Physics afin d'apporter des preuves supplémentaires que les molécules organiques à l'origine des êtres vivants auraient effectivement pu se former dans l'environnement spatial, hostile et impitoyable.
Nous savons depuis des années que les molécules complexes qui forment les briques élémentaires de la vie peuvent exister dans l'espace. En 2015 par exemple, la mission Philae de la NASA a observé et inventorié 16 molécules organiques différentes sur la comète Tchouri. Deux ans plus tôt, des astronomes ont découvert la présence d'une molécule qui produit l'un des quatre bases azotées de l'ADN parmi les particules de glace d'un nuage de gaz interstellaire géant, à 25 000 années-lumière de la Terre. Plus près de chez nous, des scientifiques travaillant sur la météorite de Murchison, tombée sur Terre en 1969, ont trouvé des dizaines d'acides aminés et d'autres composés organiques incrustés dans le roc spatial.
"Au cours des dernières décennies, des radio-astronomes ont trouvé des tas de molécules organiques et biologiques dans le milieu interstellaire", explique Michael Huels, chercheur à l'Université de Sherbrooke. "La question est : comment se fait-il que ces molécules puissent se former dans l'environnement spatial ?"
Des études précédentes ont montré que lorsque des molécules simples – comme les molécules de méthane, que l'on trouve dans la croûte de glace des lunes joviennes, sur les astéroïdes et les particules de poussière interstellaire – baignent dans des rayonnements à haute énergie, elles subissent des réactions chimiques qui les transforment en molécules plus complexes. C'est ainsi que l'on obtient les briques élémentaires de la vie biotique.
"Notre hypothèse est que le rayonnement ionisant produit par les étoiles nouvellement formées modifie la chimie des nuages interstellaires, qui produisent alors des molécules organiques ou biologiques plus complexes", m'explique Huels.
Mais comment cela se passe-t-il exactement ?
Quand le rayonnement de haute énergie interagit avec la matière, il produit un groupe d'électrons secondaires à basse énergie. Selon Huels, on pourrait représenter ce rayonnement à haute énergie comme une balle se frayant un chemin à travers la matière – un film de glace sur un grain de poussière cosmique, par exemple. Comme ce rayonnement (qui implique souvent, mais pas nécessairement, des photons à haute énergie) perce le film de glace, il ionise la matière avec laquelle il entre en contact, frappant un grand nombre d'électrons à basse énergie au passage.
Huels et ses collègues ont découvert que ces électrons possèdent pourtant suffisamment d'énergie pour induire des réactions chimiques dans les composés spatiaux. En fait, ces électrons à faible énergie semblent être l'un des principaux moteurs de la création de molécules organiques dans l'espace.
Pour tester cette hypothèse, Huels et ses collègues ont réalisé une simulation de l'environnement spatial. Ils ont placé un film d'hydrate de méthane – le méthane est une molécule extrêmement abondante dans l'espace – dans une chambre à vide, avant de le bombarder d'électrons de basse énergie. En étudiant la manière dont ces électrons interagissaient avec le film, les chercheurs ont découvert que le propylène, l'éthane, l'acétylène et même l'éthanol se formaient dans le film à partir d'éléments nettement moins complexes.
Selon Huels, même si aucune de ces molécule n'est strictement nécessairement à la création de la vie biotique, leur synthèse à partir de l'interaction des rayons à basse énergie est importante, dans la mesure où elle met en évidence le processus chimique à partir duquel des molécules simples sont transformées en molécules complexes. Tandis que les électrons secondaires à basse énergie interagissent avec le film de glace, ils brisent les molécules simples et les dispersent, facilitant "une avalanche" d'interactions chimiques aboutissant à la formation de molécules plus complexes.
Huels
explique qu'il espère pouvoir continuer ses recherche dans cette
direction, en se concentrant maintenant sur des molécules plus
complexes, telles que l'ammoniaque ou le dioxyde de carbone. Quand ils
sont exposés aux radiations, ces films complexes peuvent produire "quelque chose de beaucoup plus excitant que l'éthanol."
Savoir que ce sont ces électrons secondaires à faible énergie qui font la majeure partie du travail de production de composés organiques dans l'espace comble certaines lacunes importantes de nos connaissances théoriques sur le sujet. Si les scientifiques savaient que des composés organiques pouvaient exister et survivre dans l'espace, et s'ils connaissaient la production d'électrons secondaires à faible énergie provenant des rayonnements ionisants, ils voulaient comprendre comment l'interaction de ces facteurs pouvait produire des molécules organiques complexes dans l'espace.
À ce titre, les recherches de Huels et ses collègues constituent une étape importante vers la compréhension de la production des molécules qui sont à la base de la vie sur Terre – et peut-être de la vie dans le cosmos.
"Si le rayonnement et les petites molécules sont universels, alors le type de molécules que nous observons dans l'espace pourrait éventuellement contribuer à la formation de la vie ailleurs dans l'espace. Ce phénomène est si fondamental que s'il se produit dans notre galaxie, cela signifie probablement que les briques élémentaires de la vie pourraient être synthétisées dans la galaxie d'Andromède, ou dans toute autre galaxie dans l'univers."
Pour cette raison, la quête des origines de la vie s'est longtemps cantonnée à l'étude des organismes terrestres. L'hypothèse la plus consensuelle à l'heure actuelle est dérivée des expériences de Miller-Urey : il y a des milliards d'années, une "soupe" moléculaire a donné naissance aux premières formes de vie sur Terre, qui ont elles même pris une trajectoire évolutive assez audacieuse pour produire des singes qui utilisent des iPhones.
Au cours des dernières décennies, cependant, des technologies spatiales raffinées nous ont permis de consolider une hypothèse concurrente selon laquelle les "briques élémentaires de la vie" aurait effectué un long voyage à dos d'astéroïde ou d'une comète avant d'arriver sur Terre et de former des molécules organiques complexes. C'est ce que l'on nomme l'hypothèse de la panspermie. Aujourd'hui, des chercheurs de l'Université de Sherbrooke au Québec ont publié un article dans le Journal of Chemical Physics afin d'apporter des preuves supplémentaires que les molécules organiques à l'origine des êtres vivants auraient effectivement pu se former dans l'environnement spatial, hostile et impitoyable.
Nous savons depuis des années que les molécules complexes qui forment les briques élémentaires de la vie peuvent exister dans l'espace. En 2015 par exemple, la mission Philae de la NASA a observé et inventorié 16 molécules organiques différentes sur la comète Tchouri. Deux ans plus tôt, des astronomes ont découvert la présence d'une molécule qui produit l'un des quatre bases azotées de l'ADN parmi les particules de glace d'un nuage de gaz interstellaire géant, à 25 000 années-lumière de la Terre. Plus près de chez nous, des scientifiques travaillant sur la météorite de Murchison, tombée sur Terre en 1969, ont trouvé des dizaines d'acides aminés et d'autres composés organiques incrustés dans le roc spatial.
"Au cours des dernières décennies, des radio-astronomes ont trouvé des tas de molécules organiques et biologiques dans le milieu interstellaire", explique Michael Huels, chercheur à l'Université de Sherbrooke. "La question est : comment se fait-il que ces molécules puissent se former dans l'environnement spatial ?"
Des études précédentes ont montré que lorsque des molécules simples – comme les molécules de méthane, que l'on trouve dans la croûte de glace des lunes joviennes, sur les astéroïdes et les particules de poussière interstellaire – baignent dans des rayonnements à haute énergie, elles subissent des réactions chimiques qui les transforment en molécules plus complexes. C'est ainsi que l'on obtient les briques élémentaires de la vie biotique.
"Notre hypothèse est que le rayonnement ionisant produit par les étoiles nouvellement formées modifie la chimie des nuages interstellaires, qui produisent alors des molécules organiques ou biologiques plus complexes", m'explique Huels.
Mais comment cela se passe-t-il exactement ?
Quand le rayonnement de haute énergie interagit avec la matière, il produit un groupe d'électrons secondaires à basse énergie. Selon Huels, on pourrait représenter ce rayonnement à haute énergie comme une balle se frayant un chemin à travers la matière – un film de glace sur un grain de poussière cosmique, par exemple. Comme ce rayonnement (qui implique souvent, mais pas nécessairement, des photons à haute énergie) perce le film de glace, il ionise la matière avec laquelle il entre en contact, frappant un grand nombre d'électrons à basse énergie au passage.
Huels et ses collègues ont découvert que ces électrons possèdent pourtant suffisamment d'énergie pour induire des réactions chimiques dans les composés spatiaux. En fait, ces électrons à faible énergie semblent être l'un des principaux moteurs de la création de molécules organiques dans l'espace.
Pour tester cette hypothèse, Huels et ses collègues ont réalisé une simulation de l'environnement spatial. Ils ont placé un film d'hydrate de méthane – le méthane est une molécule extrêmement abondante dans l'espace – dans une chambre à vide, avant de le bombarder d'électrons de basse énergie. En étudiant la manière dont ces électrons interagissaient avec le film, les chercheurs ont découvert que le propylène, l'éthane, l'acétylène et même l'éthanol se formaient dans le film à partir d'éléments nettement moins complexes.
Selon Huels, même si aucune de ces molécule n'est strictement nécessairement à la création de la vie biotique, leur synthèse à partir de l'interaction des rayons à basse énergie est importante, dans la mesure où elle met en évidence le processus chimique à partir duquel des molécules simples sont transformées en molécules complexes. Tandis que les électrons secondaires à basse énergie interagissent avec le film de glace, ils brisent les molécules simples et les dispersent, facilitant "une avalanche" d'interactions chimiques aboutissant à la formation de molécules plus complexes.
Savoir que ce sont ces électrons secondaires à faible énergie qui font la majeure partie du travail de production de composés organiques dans l'espace comble certaines lacunes importantes de nos connaissances théoriques sur le sujet. Si les scientifiques savaient que des composés organiques pouvaient exister et survivre dans l'espace, et s'ils connaissaient la production d'électrons secondaires à faible énergie provenant des rayonnements ionisants, ils voulaient comprendre comment l'interaction de ces facteurs pouvait produire des molécules organiques complexes dans l'espace.
À ce titre, les recherches de Huels et ses collègues constituent une étape importante vers la compréhension de la production des molécules qui sont à la base de la vie sur Terre – et peut-être de la vie dans le cosmos.
"Si le rayonnement et les petites molécules sont universels, alors le type de molécules que nous observons dans l'espace pourrait éventuellement contribuer à la formation de la vie ailleurs dans l'espace. Ce phénomène est si fondamental que s'il se produit dans notre galaxie, cela signifie probablement que les briques élémentaires de la vie pourraient être synthétisées dans la galaxie d'Andromède, ou dans toute autre galaxie dans l'univers."
Et si le "zamal" (cannabis) remplaçait la culture sucrière....
58% des professionnels de santé favorables au cannabis thérapeutique
D'ici
quelques semaines, le cannabis thérapeutique sera autorisé au
Royaume-Uni, selon les déclarations du ministre britannique de
l'Intérieur. Ce pays rejoindra ainsi les 18 pays qui ont autorisé cet
usage médical de la drogue préférée des adolescents. En France, même si
la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'est déclarée le 24 mai 2018
favorable à l'ouverture d'études autour des bénéfices thérapeutiques du
cannabis, on n'en est pas là. Au grand dam des quelques rêveurs qui se
verraient bien remplacer la culture de la canne à sucre à La Réunion par
celle du zamal thérapeutique.
Et si on remplaçait la culture de la canne à sucre par celle du zamal à
visée thérapeutique ? La perspective a de quoi faire saliver quelques
agriculteurs, quand on estime le prix moyen au marché noir de cette
drogue encore illicite sur le territoire. " Ne rêvons pas, tempère le
Dr David Mété, addictologue au CHU Félix Guyon. Même si la plante
présente quelques éléments intéressants, ce n’est pas la panacée
universelle ! ". Certes pas, cependant dans les campagnes, les
Réunionnais se souviennent des tisanes de zamal, efficaces pour
combattre les effets de l’épidémie du chikungunya en 2005/2006, qui a
touché jusqu’à 40% de la population. Comme quoi, le zamal, ça ne sert
pas qu’à planer.
" Des molécules autres que le THC (ndlr, tétrahydrocannabinol) présentes dans la plante, comme le CBD (cannabidiol), pourraient être intéressantes en psychiatrie, en neurologie ou pour traiter des épilepsies, d’autant que cette molécule n’a pas d’effet euphorisant et ne peut pas être détourné en cannabis récréatif ", souligne le Dr David Mété.
Si notre expert se montre favorable à l’avancée de la recherche autour du cannabis thérapeutique, il reconnaît toutefois que ces molécules ne sont pas sans effets secondaires, addictions, troubles de l'anxiété. " C’est tout l’intérêt de lancer des recherches pour déterminer quels cannabinoïdes sont les moins nocifs tout en étant efficaces ".
Ce spécialiste en addictologie regrette que la recherche soit bloquée en France par une frilosité quasi conservatrice : " Le cannabis, c’est comme le débat sur l’homosexualité ou l’IVG, en France on est sur l’idéologie en permanence. La France, pays des droits de l’homme, est finalement très conservatrice, limite rétrograde ". Mais comme le souligne le Dr David Mété, la plupart des pays ayant autorisé le cannabis thérapeutique ont fini par légaliser le cannabis récréatif. Et c’est peut-être bien là que ça coince en France.
Même si 58% des professionnels de santé sondés récemment par le Journal International de Médecine se sont déclarés favorables à la légalisation du cannabis thérapeutique, il faudra encore attendre pour le zamal devienne culture autorisée et pourvoyeuse d’emplois légaux à La Réunion.
ml/www.ipreunion.com (mis en ligne lundi 27 août 2018 à 03h00, actualisé à 10h08)
Source : http://www.ipreunion.com/actualites-reunion/reportage/2018/08/27/cannabis-cannabis,89482.html
Du bon usage du cannabis thérapeutique
Certains pays, moins frileux que la France sur la question, en sont convaincus et ont étudié les bénéfices que pourraient apporter les cannabinoïdes, prescrits pendant de courtes périodes. Selon une méta-analyse américaine, le cannabis thérapeutique pourrait réduire les douleurs chroniques chez les patients adultes soufrant de sclérose en plaques ou de fibromyalgie et limiter les effets secondaires de la chimiothérapie tels que les nausées et les vomissements." Des molécules autres que le THC (ndlr, tétrahydrocannabinol) présentes dans la plante, comme le CBD (cannabidiol), pourraient être intéressantes en psychiatrie, en neurologie ou pour traiter des épilepsies, d’autant que cette molécule n’a pas d’effet euphorisant et ne peut pas être détourné en cannabis récréatif ", souligne le Dr David Mété.
Si notre expert se montre favorable à l’avancée de la recherche autour du cannabis thérapeutique, il reconnaît toutefois que ces molécules ne sont pas sans effets secondaires, addictions, troubles de l'anxiété. " C’est tout l’intérêt de lancer des recherches pour déterminer quels cannabinoïdes sont les moins nocifs tout en étant efficaces ".
Ce spécialiste en addictologie regrette que la recherche soit bloquée en France par une frilosité quasi conservatrice : " Le cannabis, c’est comme le débat sur l’homosexualité ou l’IVG, en France on est sur l’idéologie en permanence. La France, pays des droits de l’homme, est finalement très conservatrice, limite rétrograde ". Mais comme le souligne le Dr David Mété, la plupart des pays ayant autorisé le cannabis thérapeutique ont fini par légaliser le cannabis récréatif. Et c’est peut-être bien là que ça coince en France.
Un médicament français bloqué
Si des médicaments existent dans les pays ayant légalisé le cannabis à visée thérapeutique (ndlr, une dizaine en Europe), en France, on n’est pas en reste. Il existe actuellement un médicament, contenant du THC et du CBD, qui a reçu une APMM (autorisation provisoire de mise sur le marché) en raison de sa très faible concentration en THC (euphorisant) qui ne permettrait pas un usage récréatif. Mais le prix proposé posant problème, le Sativex, puisque tel est son nom, est toujours dans les tiroirs du laboratoire fabricant.Même si 58% des professionnels de santé sondés récemment par le Journal International de Médecine se sont déclarés favorables à la légalisation du cannabis thérapeutique, il faudra encore attendre pour le zamal devienne culture autorisée et pourvoyeuse d’emplois légaux à La Réunion.
ml/www.ipreunion.com (mis en ligne lundi 27 août 2018 à 03h00, actualisé à 10h08)
Source : http://www.ipreunion.com/actualites-reunion/reportage/2018/08/27/cannabis-cannabis,89482.html
mardi 28 août 2018
Ateliers constituants en ligne
Participer à un atelier
Les ateliers de Mumble Constituant sont des réunions en ligne où nous nous exerçons à l’écriture d’une Constitution complète.
Les ateliers sont découpés en 3 parties principales :
la réflexion, la rédaction et la votation
la réflexion, la rédaction et la votation
La parole est distribuée par un facilitateur désigné en début d’atelier.
A ce jour près de 200 citoyens ont
participé à cette aventure de rédaction en intelligence collective. Ce
n’est pas une suite d’ateliers constituants, mais un processus
constituant complet. Le travail a débuté en 2016, il est donc nécessaire
de préparer un peu sa participation aux ateliers…
Préalable pour participer aux ateliers :
- Avoir installé le logiciel d’audioconférence Mumble
Si c’est votre première connexion, venir avant pour les réglages audio. - Prendre connaissance des différentes productions issues des ateliers :
Constitution, schémas, lexique et Travaux en cours - Prendre connaissance des méthodes de délibération utilisées
Vous pouvez également regarder de plus près la Constitution en vigueur
Règlement des ateliers
- Arriver à l’heure pour ne pas perturber le déroulement de l’atelier.
- Respecter les moments indiqués par le facilitateur.
Nicolas Hulot a annoncé ce mardi sa décision de quitter le gouvernement, un an après son arrivée au ministère de la Transition écologique et solidaire.
Nicolas Hulot qui a choisi d'annoncer sa démission sur l'antenne de France Inter avant d'en faire part à Emmanuel Macron et à Edouard Philippe, avec qui il a beaucoup discuté la semaine passée, de peur qu'ils le dissuadent de quitter le gouvernement. La décision, explique-t-il, a mûri cet été.
"C'est la décision la plus douloureuse" qu'a eu Nicolas Hulot à prendre, explique-t-il ce matin. Pour autant, le ministre démissionnaire ne veut pas affliger le gouvernement. "Pas une seconde" affirme-t-il, il n'a "regretté d'être entré au gouvernement". Mais peut-être n'était-il pas taillé pour cela ? Il semble le penser.
Pour écouter l'intégralité de l'entretien (40 minutes) : https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-28-aout-2018
lundi 27 août 2018
Discours de la servitude volontaire - par Etienne de la Boétie - Notes de lecture
Étienne de La Boétie est un écrivain humaniste et un poète français, né le à Sarlat et mort le à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux.
La Boétie est célèbre pour son Discours de la servitude volontaire. À partir de 1558, il fut l’ami intime de Montaigne, qui lui rendit un hommage posthume dans ses Essais.
Discours de la servitude volontaire
Lorsqu’il écrit ce texte, vers 1548, Étienne de La Boétie est un étudiant en droit de 18 ans, à l’université d’Orléans, qui se prépare à une carrière dans la magistrature. Sans doute marqué par la brutalité de la répression d’une révolte antifiscale en Guyenne en 1548, il traduit le désarroi de l’élite cultivée devant la réalité de l’absolutisme.
Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle « maîtres » ou « tyrans ». Quelle que soit la manière dont un tyran s’est hissé au pouvoir (élections, violence, succession), ce n’est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la sanction, c’est d’abord l’habitude qu’a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure. Ensuite viennent la religion et les superstitions. Mais ces deux moyens ne permettent de dominer que les ignorants. Vient le « secret de toute domination » : faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran jette des miettes aux courtisans. Si le peuple est contraint d’obéir, les courtisans ne doivent pas se contenter d’obéir mais doivent aussi devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude. Ainsi s’instaure une pyramide du pouvoir : le tyran en domine cinq, qui en dominent cent, qui eux-mêmes en dominent mille… Cette pyramide s’effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis.
Dans ce texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges par des partis de colorations diverses, La Boétie oppose l’équilibre de la terreur qui s’instaure entre bandits, égaux par leur puissance et qui se partagent à ce titre le butin des brigandages, à l’amitié qui seule permet de vivre libre. Le tyran, quant à lui, vit dans la crainte permanente : n’ayant pas d’égaux, tous le craignent, et par conséquent, il risque à chaque instant l’assassinat. Elias Canetti fera une peinture similaire du « despote paranoïaque » dans Masse et puissance.
Si La Boétie est toujours resté, par ses fonctions, serviteur fidèle de l’ordre public, il est cependant considéré par beaucoup comme un précurseur intellectuel de l’anarchisme et de la désobéissance civile. Également, et surtout, comme l’un des tout premiers théoriciens de l’aliénation.
Pour comprendre les intentions qui conduisent Étienne de La Boétie à écrire le Discours de la servitude volontaire ou le Contr’un, il faut remonter au drame qui a lieu vers 1548. « En 1539, François Ier, roi de France, tente d’unifier la gabelle. Il impose des greniers à sel près de la frontière espagnole, dans les régions qui en sont dépourvues. En réaction de cette tentative des soulèvements ont lieu. Le premier en 1542, puis le plus grand en 1548 à Bordeaux ». Le connétable de Montmorency rétablit l’ordre de manière impitoyable. Si l’on s’en rapporte à l’écrivain Jacques-Auguste de Thou, ce serait sous l’impression de ces horreurs et cruautés commises à Bordeaux, que La Boétie compose le Discours de la servitude volontaire.
La Boétie s’attache à démontrer que de petites acceptations en compromis et complaisances, la soumission en vient à s’imposer à soi tel un choix volontaire fait dès les premiers instants. La question avec laquelle il interpelle ses lecteurs touche à l’essence même de la politique : « pourquoi obéit-on ? ». Il met en évidence les mécanismes de la mise en place des pouvoirs et interroge sur ceux de l’obéissance. Il en vient à observer qu’un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même par une imbrication pyramidale.
Bien que la violence soit son moyen spécifique, elle seule ne suffit pas à définir l’État. C’est à cause de la légitimité que la société lui accorde que les crimes sont commis. Il suffirait à l’homme de ne plus vouloir servir pour devenir libre ; « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres ». À cet égard, La Boétie tente de comprendre pour quelles raisons l’homme a perdu le désir de retrouver sa liberté. Le Discours a pour but d’expliquer cette soumission.
Tout d’abord La Boétie distingue trois sortes de tyrans : « Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race ». Les deux premiers se comportent comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général ne sont guère meilleurs, puisqu’ils ont grandi au sein de la tyrannie. C’est ce dernier cas qui intéresse La Boétie. Comment se fait-il que le peuple continue à obéir aveuglément au tyran ? Il est possible que les hommes aient perdu leur liberté par contrainte, mais il est quand même étonnant qu’ils ne luttent pas pour regagner leur liberté.
La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’il y a ceux qui n’ont jamais connu la liberté et qui sont « accoutumés à la sujétion ». La Boétie décrit dans son Discours : « Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance ».
La seconde raison, c’est que sous les tyrans les gens deviennent « lâches et efféminés ». Les gens soumis n’ont ni ardeur ni pugnacité au combat. Ils ne combattent plus pour une cause, mais par obligation. Cette envie de gagner leur est enlevée. Les tyrans essaient de stimuler cette pusillanimité et maintiennent les hommes stupides en leur donnant du « pain et des jeux ».
La dernière raison est sans doute la plus importante, car elle nous dévoile le ressort et le secret de la domination, « le soutien et fondement de toute tyrannie ». Le tyran est soutenu par quelques hommes fidèles qui lui soumettent tout le pays. Ces hommes sont appelés par le tyran pour être « les complices de ses cruautés » ou se sont justement rapprochés du tyran afin de pouvoir le manipuler. Ces fidèles ont à leur tour des hommes qui leur sont obéissants. Ces derniers ont à leur dépendance d’autres hommes qu’ils élèvent en dignité. À ces derniers est donné le gouvernement des provinces ou « le maniement des deniers ». Ce maniement est attribué à ces hommes « afin de les tenir par leur avidité ou par leur cruauté, afin qu’ils les exercent à point nommé et fassent d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous leur ombre, qu’ils ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à leur protection ».
Tout le monde est considéré comme tyran. Ceux qui sont en bas de la pyramide, les fermiers et les ouvriers, sont dans un certain sens « libres » : ils exécutent les ordres de leurs supérieurs et font du reste de leur temps libre ce qui leur plaît. Mais « s’approcher du tyran, est-ce autre chose que s’éloigner de sa liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude » ? En d’autres termes, ceux qui sont en bas de l’échelon sont bien plus heureux et en quelque sorte bien plus « libres » que ceux qui les traitent comme des « forçats ou des esclaves ». « Est-ce là vivre heureux ? Est-ce même vivre ? », se demande La Boétie. Ces favoris devraient moins se souvenir de ceux qui ont gagné beaucoup auprès des tyrans que de ceux qui, « s’étant gorgés quelque temps, y ont perdu peu après les biens et la vie ».
Par ailleurs il est impossible de se lier d’amitié avec un tyran, parce qu’il est et sera toujours au-dessus. « Il ne faut pas attendre de l’amitié de celui qui a le cœur assez dur pour haïr tout un royaume qui ne fait que lui obéir. Mais ce n’est pas le tyran que le peuple accuse du mal qu’il souffre, mais bien ceux qui le gouvernent. » Pour achever son Discours, La Boétie a recours à la prière. Il prie un « Dieu bon et libéral pour qu’il réserve là-bas tout exprès, pour les tyrans et leurs complices, quelque peine particulière ».
Morceaux choisis
République vs monarchie
p.2 Je ne veux pas débattre ici la question tant de fois agitée, à savoir « si d’autres sortes de républiques sont meilleures que la monarchie ». Si j’avais à la débattre, avant de chercher quel rang la monarchie doit occuper parmi les divers modes de gouverner la chose publique, je demanderais si l’on doit même lui en accorder aucun, car il est difficile de croire qu’il y ait rien de public dans ce gouvernement où tout est à un seul. Mais réservons pour un autre temps cette question qui mériterait bien un traité à part, et qui provoquerait toutes les disputes politiques.
Seul contre tous
p. 2 Chose vraiment étonnante — et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir -, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter — puisqu’il est seul — ni aimer — puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel.
Remarque : Seul au sommet mais pas vraiment seul car à la tête des forces armées
Inspiration pour Henry David Thoreau, le Mahatma Gandhi et bien d'autres
p 5 Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres.
Trois sortes de tyrans
p.6 et 7 Il y a trois sortes de tyrans.
Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent — on le sait et le dit fort justement comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général, ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme leurs serfs héréditaires. Selon leur penchant dominant — avares ou prodigues —, ils usent du royaume comme de leur héritage. Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le serait, je crois, si dès qu’il se voit élevé au-dessus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on appelle grandeur, il décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adapté cette opinion, il est étrange de voir combien ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous les autres tyrans. Ils ne trouvent pas meilleur moyen pour assurer leur nouvelle tyrannie que de renforcer la servitude et d’écarter si bien les idées de liberté de l’esprit de leurs sujets que, pour récent qu’en soit le souvenir, il s’efface bientôt de leur mémoire. Pour dire vrai, je vois bien entre ces tyrans quelques différences, mais de choix, je n’en vois pas : car s’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de règne est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature.
Servitude sous la contrainte
p. 7 Il est vrai qu’au commencement on sert contraint et vaincu par la force ; mais les successeurs servent sans regret et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte. Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance.
Influence de la culture, de l'éducation
p. 8 On raconte que Lycurgue, le législateur de Sparte, avait nourri deux chiens, tous deux frères, tous deux allaités au même lait. L’un était engraissé à la cuisine, l’autre habitué à courir les champs au son de la trompe et du cornet. Voulant montrer aux Lacédémoniens que les hommes sont tels que la culture les a faits, il exposa les deux chiens sur la place publique et mit entre eux une soupe et un lièvre. L’un courut au plat, l’autre au lièvre. Et pourtant, dit-il, ils sont frères !
Nature de l'homme
p. 9 La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne.
Première raison de la servitude
p.9 Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.
Réfléchir c'est le début de la désobéissance
p. 10 Les livres et la pensée donnent plus que toute autre chose aux hommes le sentiment de leur dignité et la haine de la tyrannie.
Le divertissement, ruse des tyrans
p.11Cette ruse des tyrans d’abêtir leurs sujets [...] pour s’en assurer [...] Il établit des bordels, des tavernes et des jeux publics.[...] Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie.
Redistribution (partielle) des impôts aux contribuables
p.12 Ces lourdeaux ne s’avisaient pas qu’ils ne faisaient que recouvrer une part de leur bien, et que cette part même qu’ils en recouvraient, le tyran n’aurait pu la leur donner si, auparavant, il ne la leur avait enlevée.
Alibi de la religion
p.13 Les tyrans eux-mêmes trouvaient étrange que les hommes souffrissent qu’un autre les maltraitât, c’est pourquoi ils se couvraient volontiers du manteau de la religion et s’affublaient autant que faire se peut des oripeaux de la divinité pour cautionner leur méchante vie.
Le petit peuple ignorant
p.14 [...] n’est-il pas clair que les tyrans, pour s’affermir, se sont efforcés d’habituer le peuple, non seulement à l’obéissance et à la servitude mais encore à leur dévotion ? Tout ce que j’ai dit jusqu’ici des moyens employés par les tyrans pour asservir n’est exercé que sur le petit peuple ignorant.
Pouvoir limité de la force physique
p.14 Celui qui penserait que les hallebardes, les gardes et le guet garantissent les tyrans, se tromperait fort. Ils s’en servent, je crois, par forme et pour épouvantail, plus qu’ils ne s’y fient.
Le réseau pyramidal du pouvoir
p.14 Ce ne sont pas les bandes de gens à cheval, les compagnies de fantassins, ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais toujours (on aura peine à le croire d’abord, quoique ce soit l’exacte vérité) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui soumettent tout le pays. Il en a toujours été ainsi : cinq ou six ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux-mêmes, ou bien ils ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés et les bénéficiaires de ses rapines. Ces six dressent si bien leur chef qu’il en devient méchant envers la société, non seulement de sa propre méchanceté mais encore des leurs. Ces six en ont sous eux six cents, qu’ils corrompent autant qu’ils ont corrompu le tyran. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille, qu’ils élèvent en dignité. Ils leur font donner le gouvernement des provinces ou le maniement des deniers afin de les tenir par leur avidité ou par leur cruauté, afin qu’ils les exercent à point nommé et fassent d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous leur ombre, qu’ils ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à leur protection.
Les profiteurs de la tyrannie
p.15 En somme, par les gains et les faveurs qu’on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu’ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait.
Les ambitieux et les avides
p.15 Dès qu’un roi s’est déclaré tyran, tout le mauvais, toute la lie du royaume, je ne dis pas un tas de petits friponneaux et de faquins qui ne peuvent faire ni mal ni bien dans un pays, mais ceux qui sont possédés d’une ambition ardente et d’une avidité notable se groupent autour de lui et le soutiennent pour avoir part au butin et pour être, sous le grand tyran, autant de petits tyranneaux.
Les tyranneaux devenus victimes à leur tour
p.16 Parmi le grand nombre de ceux qui se sont trouvés auprès des mauvais rois, il en est peu ou presque pas qui n’aient éprouvé eux-mêmes la cruauté du tyran, qu’ils avaient auparavant attisée contre d’autres. Souvent enrichis à l’ombre de sa faveur des dépouilles d’autrui, ils l’ont à la fin enrichi eux-mêmes de leur propre dépouille.
Complot et complices
p.17 Entre méchants, lorsqu’ils s’assemblent, c’est un complot et non une société. Ils ne s’aiment pas mais se craignent. Ils ne sont pas amis, mais complices.
La tyrannie, antinomique avec l'amitié
p.17 Quand bien même cela ne serait pas, il serait difficile de trouver chez un tyran un amour sûr, parce qu’étant au-dessus de tous et n’ayant pas de pairs, il est déjà au-delà des bornes de l’amitié. Celle-ci fleurit dans l’égalité, dont la marche est toujours égale et ne peut jamais clocher. Voilà pourquoi il y a bien, comme on le dit, une espèce de bonne foi parmi les voleurs lors du partage du butin, parce qu’alors ils y sont tous pairs et compagnons. S’ils ne s’aiment pas, du moins se craignent-ils. Ils ne veulent pas amoindrir leur force en se désunissant.
Vie médiocre du courtisan
p.17-18 Quelle peine, quel martyre, grand Dieu ! Être occupé nuit et jour à plaire à un homme, et se méfier de lui plus que de tout autre au monde. Avoir toujours l’œil aux aguets, l’oreille aux écoutes, pour épier d’où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour tâter la mine de ses concurrents, pour deviner le traître. Sourire à chacun et se méfier de tous, n’avoir ni ennemi ouvert ni ami assuré, montrer toujours un visage riant quand le cœur est transi ; ne pas pouvoir être joyeux, ni oser être triste !
Un lien (parmi d'autres) vers le texte intégral : https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/05/nouvelle-version-du-discours-de-la-servitude-volontaire-prc3a9ambule-de-r71-et-rabelais.pdf
Discours de la servitude volontaire
Lorsqu’il écrit ce texte, vers 1548, Étienne de La Boétie est un étudiant en droit de 18 ans, à l’université d’Orléans, qui se prépare à une carrière dans la magistrature. Sans doute marqué par la brutalité de la répression d’une révolte antifiscale en Guyenne en 1548, il traduit le désarroi de l’élite cultivée devant la réalité de l’absolutisme.
Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle « maîtres » ou « tyrans ». Quelle que soit la manière dont un tyran s’est hissé au pouvoir (élections, violence, succession), ce n’est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la sanction, c’est d’abord l’habitude qu’a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure. Ensuite viennent la religion et les superstitions. Mais ces deux moyens ne permettent de dominer que les ignorants. Vient le « secret de toute domination » : faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran jette des miettes aux courtisans. Si le peuple est contraint d’obéir, les courtisans ne doivent pas se contenter d’obéir mais doivent aussi devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude. Ainsi s’instaure une pyramide du pouvoir : le tyran en domine cinq, qui en dominent cent, qui eux-mêmes en dominent mille… Cette pyramide s’effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis.
Dans ce texte majeur de la philosophie politique, repris à travers les âges par des partis de colorations diverses, La Boétie oppose l’équilibre de la terreur qui s’instaure entre bandits, égaux par leur puissance et qui se partagent à ce titre le butin des brigandages, à l’amitié qui seule permet de vivre libre. Le tyran, quant à lui, vit dans la crainte permanente : n’ayant pas d’égaux, tous le craignent, et par conséquent, il risque à chaque instant l’assassinat. Elias Canetti fera une peinture similaire du « despote paranoïaque » dans Masse et puissance.
Si La Boétie est toujours resté, par ses fonctions, serviteur fidèle de l’ordre public, il est cependant considéré par beaucoup comme un précurseur intellectuel de l’anarchisme et de la désobéissance civile. Également, et surtout, comme l’un des tout premiers théoriciens de l’aliénation.
Pour comprendre les intentions qui conduisent Étienne de La Boétie à écrire le Discours de la servitude volontaire ou le Contr’un, il faut remonter au drame qui a lieu vers 1548. « En 1539, François Ier, roi de France, tente d’unifier la gabelle. Il impose des greniers à sel près de la frontière espagnole, dans les régions qui en sont dépourvues. En réaction de cette tentative des soulèvements ont lieu. Le premier en 1542, puis le plus grand en 1548 à Bordeaux ». Le connétable de Montmorency rétablit l’ordre de manière impitoyable. Si l’on s’en rapporte à l’écrivain Jacques-Auguste de Thou, ce serait sous l’impression de ces horreurs et cruautés commises à Bordeaux, que La Boétie compose le Discours de la servitude volontaire.
La Boétie s’attache à démontrer que de petites acceptations en compromis et complaisances, la soumission en vient à s’imposer à soi tel un choix volontaire fait dès les premiers instants. La question avec laquelle il interpelle ses lecteurs touche à l’essence même de la politique : « pourquoi obéit-on ? ». Il met en évidence les mécanismes de la mise en place des pouvoirs et interroge sur ceux de l’obéissance. Il en vient à observer qu’un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même par une imbrication pyramidale.
Bien que la violence soit son moyen spécifique, elle seule ne suffit pas à définir l’État. C’est à cause de la légitimité que la société lui accorde que les crimes sont commis. Il suffirait à l’homme de ne plus vouloir servir pour devenir libre ; « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres ». À cet égard, La Boétie tente de comprendre pour quelles raisons l’homme a perdu le désir de retrouver sa liberté. Le Discours a pour but d’expliquer cette soumission.
Tout d’abord La Boétie distingue trois sortes de tyrans : « Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race ». Les deux premiers se comportent comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général ne sont guère meilleurs, puisqu’ils ont grandi au sein de la tyrannie. C’est ce dernier cas qui intéresse La Boétie. Comment se fait-il que le peuple continue à obéir aveuglément au tyran ? Il est possible que les hommes aient perdu leur liberté par contrainte, mais il est quand même étonnant qu’ils ne luttent pas pour regagner leur liberté.
La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’il y a ceux qui n’ont jamais connu la liberté et qui sont « accoutumés à la sujétion ». La Boétie décrit dans son Discours : « Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance ».
La seconde raison, c’est que sous les tyrans les gens deviennent « lâches et efféminés ». Les gens soumis n’ont ni ardeur ni pugnacité au combat. Ils ne combattent plus pour une cause, mais par obligation. Cette envie de gagner leur est enlevée. Les tyrans essaient de stimuler cette pusillanimité et maintiennent les hommes stupides en leur donnant du « pain et des jeux ».
La dernière raison est sans doute la plus importante, car elle nous dévoile le ressort et le secret de la domination, « le soutien et fondement de toute tyrannie ». Le tyran est soutenu par quelques hommes fidèles qui lui soumettent tout le pays. Ces hommes sont appelés par le tyran pour être « les complices de ses cruautés » ou se sont justement rapprochés du tyran afin de pouvoir le manipuler. Ces fidèles ont à leur tour des hommes qui leur sont obéissants. Ces derniers ont à leur dépendance d’autres hommes qu’ils élèvent en dignité. À ces derniers est donné le gouvernement des provinces ou « le maniement des deniers ». Ce maniement est attribué à ces hommes « afin de les tenir par leur avidité ou par leur cruauté, afin qu’ils les exercent à point nommé et fassent d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous leur ombre, qu’ils ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à leur protection ».
Tout le monde est considéré comme tyran. Ceux qui sont en bas de la pyramide, les fermiers et les ouvriers, sont dans un certain sens « libres » : ils exécutent les ordres de leurs supérieurs et font du reste de leur temps libre ce qui leur plaît. Mais « s’approcher du tyran, est-ce autre chose que s’éloigner de sa liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude » ? En d’autres termes, ceux qui sont en bas de l’échelon sont bien plus heureux et en quelque sorte bien plus « libres » que ceux qui les traitent comme des « forçats ou des esclaves ». « Est-ce là vivre heureux ? Est-ce même vivre ? », se demande La Boétie. Ces favoris devraient moins se souvenir de ceux qui ont gagné beaucoup auprès des tyrans que de ceux qui, « s’étant gorgés quelque temps, y ont perdu peu après les biens et la vie ».
Par ailleurs il est impossible de se lier d’amitié avec un tyran, parce qu’il est et sera toujours au-dessus. « Il ne faut pas attendre de l’amitié de celui qui a le cœur assez dur pour haïr tout un royaume qui ne fait que lui obéir. Mais ce n’est pas le tyran que le peuple accuse du mal qu’il souffre, mais bien ceux qui le gouvernent. » Pour achever son Discours, La Boétie a recours à la prière. Il prie un « Dieu bon et libéral pour qu’il réserve là-bas tout exprès, pour les tyrans et leurs complices, quelque peine particulière ».
Morceaux choisis
République vs monarchie
p.2 Je ne veux pas débattre ici la question tant de fois agitée, à savoir « si d’autres sortes de républiques sont meilleures que la monarchie ». Si j’avais à la débattre, avant de chercher quel rang la monarchie doit occuper parmi les divers modes de gouverner la chose publique, je demanderais si l’on doit même lui en accorder aucun, car il est difficile de croire qu’il y ait rien de public dans ce gouvernement où tout est à un seul. Mais réservons pour un autre temps cette question qui mériterait bien un traité à part, et qui provoquerait toutes les disputes politiques.
Seul contre tous
p. 2 Chose vraiment étonnante — et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir -, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter — puisqu’il est seul — ni aimer — puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel.
Remarque : Seul au sommet mais pas vraiment seul car à la tête des forces armées
Inspiration pour Henry David Thoreau, le Mahatma Gandhi et bien d'autres
p 5 Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres.
Trois sortes de tyrans
p.6 et 7 Il y a trois sortes de tyrans.
Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent — on le sait et le dit fort justement comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général, ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme leurs serfs héréditaires. Selon leur penchant dominant — avares ou prodigues —, ils usent du royaume comme de leur héritage. Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le serait, je crois, si dès qu’il se voit élevé au-dessus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on appelle grandeur, il décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adapté cette opinion, il est étrange de voir combien ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous les autres tyrans. Ils ne trouvent pas meilleur moyen pour assurer leur nouvelle tyrannie que de renforcer la servitude et d’écarter si bien les idées de liberté de l’esprit de leurs sujets que, pour récent qu’en soit le souvenir, il s’efface bientôt de leur mémoire. Pour dire vrai, je vois bien entre ces tyrans quelques différences, mais de choix, je n’en vois pas : car s’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de règne est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature.
Servitude sous la contrainte
p. 7 Il est vrai qu’au commencement on sert contraint et vaincu par la force ; mais les successeurs servent sans regret et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte. Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance.
Influence de la culture, de l'éducation
p. 8 On raconte que Lycurgue, le législateur de Sparte, avait nourri deux chiens, tous deux frères, tous deux allaités au même lait. L’un était engraissé à la cuisine, l’autre habitué à courir les champs au son de la trompe et du cornet. Voulant montrer aux Lacédémoniens que les hommes sont tels que la culture les a faits, il exposa les deux chiens sur la place publique et mit entre eux une soupe et un lièvre. L’un courut au plat, l’autre au lièvre. Et pourtant, dit-il, ils sont frères !
Nature de l'homme
p. 9 La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne.
Première raison de la servitude
p.9 Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.
Réfléchir c'est le début de la désobéissance
p. 10 Les livres et la pensée donnent plus que toute autre chose aux hommes le sentiment de leur dignité et la haine de la tyrannie.
Le divertissement, ruse des tyrans
p.11Cette ruse des tyrans d’abêtir leurs sujets [...] pour s’en assurer [...] Il établit des bordels, des tavernes et des jeux publics.[...] Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie.
Redistribution (partielle) des impôts aux contribuables
p.12 Ces lourdeaux ne s’avisaient pas qu’ils ne faisaient que recouvrer une part de leur bien, et que cette part même qu’ils en recouvraient, le tyran n’aurait pu la leur donner si, auparavant, il ne la leur avait enlevée.
Alibi de la religion
p.13 Les tyrans eux-mêmes trouvaient étrange que les hommes souffrissent qu’un autre les maltraitât, c’est pourquoi ils se couvraient volontiers du manteau de la religion et s’affublaient autant que faire se peut des oripeaux de la divinité pour cautionner leur méchante vie.
Le petit peuple ignorant
p.14 [...] n’est-il pas clair que les tyrans, pour s’affermir, se sont efforcés d’habituer le peuple, non seulement à l’obéissance et à la servitude mais encore à leur dévotion ? Tout ce que j’ai dit jusqu’ici des moyens employés par les tyrans pour asservir n’est exercé que sur le petit peuple ignorant.
Pouvoir limité de la force physique
p.14 Celui qui penserait que les hallebardes, les gardes et le guet garantissent les tyrans, se tromperait fort. Ils s’en servent, je crois, par forme et pour épouvantail, plus qu’ils ne s’y fient.
Le réseau pyramidal du pouvoir
p.14 Ce ne sont pas les bandes de gens à cheval, les compagnies de fantassins, ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais toujours (on aura peine à le croire d’abord, quoique ce soit l’exacte vérité) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui soumettent tout le pays. Il en a toujours été ainsi : cinq ou six ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux-mêmes, ou bien ils ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés et les bénéficiaires de ses rapines. Ces six dressent si bien leur chef qu’il en devient méchant envers la société, non seulement de sa propre méchanceté mais encore des leurs. Ces six en ont sous eux six cents, qu’ils corrompent autant qu’ils ont corrompu le tyran. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille, qu’ils élèvent en dignité. Ils leur font donner le gouvernement des provinces ou le maniement des deniers afin de les tenir par leur avidité ou par leur cruauté, afin qu’ils les exercent à point nommé et fassent d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous leur ombre, qu’ils ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à leur protection.
Les profiteurs de la tyrannie
p.15 En somme, par les gains et les faveurs qu’on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu’ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait.
Les ambitieux et les avides
p.15 Dès qu’un roi s’est déclaré tyran, tout le mauvais, toute la lie du royaume, je ne dis pas un tas de petits friponneaux et de faquins qui ne peuvent faire ni mal ni bien dans un pays, mais ceux qui sont possédés d’une ambition ardente et d’une avidité notable se groupent autour de lui et le soutiennent pour avoir part au butin et pour être, sous le grand tyran, autant de petits tyranneaux.
Les tyranneaux devenus victimes à leur tour
p.16 Parmi le grand nombre de ceux qui se sont trouvés auprès des mauvais rois, il en est peu ou presque pas qui n’aient éprouvé eux-mêmes la cruauté du tyran, qu’ils avaient auparavant attisée contre d’autres. Souvent enrichis à l’ombre de sa faveur des dépouilles d’autrui, ils l’ont à la fin enrichi eux-mêmes de leur propre dépouille.
Complot et complices
p.17 Entre méchants, lorsqu’ils s’assemblent, c’est un complot et non une société. Ils ne s’aiment pas mais se craignent. Ils ne sont pas amis, mais complices.
La tyrannie, antinomique avec l'amitié
p.17 Quand bien même cela ne serait pas, il serait difficile de trouver chez un tyran un amour sûr, parce qu’étant au-dessus de tous et n’ayant pas de pairs, il est déjà au-delà des bornes de l’amitié. Celle-ci fleurit dans l’égalité, dont la marche est toujours égale et ne peut jamais clocher. Voilà pourquoi il y a bien, comme on le dit, une espèce de bonne foi parmi les voleurs lors du partage du butin, parce qu’alors ils y sont tous pairs et compagnons. S’ils ne s’aiment pas, du moins se craignent-ils. Ils ne veulent pas amoindrir leur force en se désunissant.
Vie médiocre du courtisan
p.17-18 Quelle peine, quel martyre, grand Dieu ! Être occupé nuit et jour à plaire à un homme, et se méfier de lui plus que de tout autre au monde. Avoir toujours l’œil aux aguets, l’oreille aux écoutes, pour épier d’où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour tâter la mine de ses concurrents, pour deviner le traître. Sourire à chacun et se méfier de tous, n’avoir ni ennemi ouvert ni ami assuré, montrer toujours un visage riant quand le cœur est transi ; ne pas pouvoir être joyeux, ni oser être triste !
Un lien (parmi d'autres) vers le texte intégral : https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/05/nouvelle-version-du-discours-de-la-servitude-volontaire-prc3a9ambule-de-r71-et-rabelais.pdf
Libellés :
histoire,
notes de lecture,
philosophie,
politique
samedi 25 août 2018
Pourquoi le cauchemar grec est loin d’être terminé, par Coralie Delaume
Encore un bon papier de Coralie.
Il faut sortir du piège mortel de la prétendue « Union européenne ».
Lisez aussi François Asselineau, qui fait du bon boulot.
Résistez comme vous pouvez, pendant qu’il est encore temps: la Grèce est un laboratoire (criminel) pour les usuriers, avant de piller les autres peuples à leur tour. L’UE, c’est la guerre, la guerre des 1% oisifs contre les 99% qui travaillent. L’objectif de l’UE et des « élus » (des banques), c’est le prétendu « libéralisme », c’est l’insécurité sociale.
Si vous n’êtes pas devenu un mollusque décérébré par la télé, le sort des Grecs devrait vous révolter et vous mobiliser contre l’UE, contre les banques privées, et pour la souveraineté des peuples libres.
Il me semble que ça urge.
Étienne [Chouard]
-------------------
Pourquoi le cauchemar grec est loin d’être terminé,
par Coralie Delaume
FIGAROVOX/ENTRETIEN – La Grèce n’est plus sous la tutelle des institutions européennes et du FMI. De nombreux commentaires optimistes ont salué la nouvelle. Un point de vue que ne partage pas l’essayiste eurocritique Coralie Delaume. Pour elle, la situation sociale du pays reste très grave et l’avenir économique et financier de la Grèce fort sombre.
Entretien avec Etienne Campion :
Coralie Delaume est essayiste, co-auteur de La fin de l’Union européenne (Michalon, 2017) et tient le blog «L’arène nue».
------------------
FIGAROVOX.- Depuis le 20 août 2018, la Grèce n’est plus sous la tutelle de l’Union européenne et du FMI. Était-ce vraiment un «jour historique», comme les dirigeants l’affirment? La Grèce est-elle sauvée?
Coralie DELAUME.- Non. On s’est contenté d’acheter un peu de temps, quitte à dévaster l’économie du pays.
La sortie d’un des membres de la zone euro a simplement été différée. Le mythe de l’irréversibilité de cette dernière est à peu près préservé, même si les menaces de «Grexit hostile» formulées par les créanciers d’Athènes en 2015 l’ont écorné. Que la Grèce ait conservé l’euro, en dépit de toutes les souffrances endurées par la population, est pour certains la preuve que cette monnaie est immortelle. Ce serait une première dans l’Histoire, mais en même temps, il est question de foi religieuse quant au rapport de nos dirigeants avec l’euro. Comme l’explique le politologue belge François Foret, «l’euro constitue en lui-même un nouveau sacré européen justifiant tous les sacrifices économiques, sociaux et culturels».
En somme, le maintien de la Grèce dans l’eurozone a permis de repousser la perspective de voir commencer à se désintégrer l’oumma de l’euro. En plus, le pays a durement expié: Tsipras et Syriza ont abjuré tout ce en quoi ils croyaient. Ils ont renoncé à mettre un terme à l’austérité. La Grèce est condamnée à faire maigre pour longtemps. Le petit rebond de croissance en 2017 (1,4%) après avoir perdu plus d’un quart de son PIB depuis le début de la crise n’est-il pas la preuve que la rédemption par l’ascèse est possible?
On a également différé le moment où la Grèce ferait défaut sur sa dette, et où les créanciers — qui sont désormais à 80 % constitués des institutions européennes (Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité, Fonds européen de stabilité financière) et des États européens — en seraient de leur poche. Car on n’a pas donné d’argent à la Grèce, on lui en a prêté.
Essentiellement d’ailleurs pour qu’elle puisse assurer le service de sa dette. Pour l’instant, cela a rapporté de l’argent aux créanciers puisqu’Athènes paie des intérêts. Entre 2012 et 2016, soit en quatre ans seulement, la BCE a réalisé 7,8 milliards de bénéfices sur les titres hellènes. Il est question depuis des années que ces sommes soient rétrocédées à la Grèce, mais on trouve toujours une excellente raison de ne pas le faire. L’Eurogroupe s’y est une nouvelle fois engagé au mois de juin de cette année, mais seulement pour les bénéfices sur les obligations grecques réalisées à partir de 2017, pas sur ceux réalisés les années précédentes. Par ailleurs, ces rétrocessions demeureront «conditionnées au maintien des réformes acceptées par la Grèce», comme indiqué dans le communiqué de l’Eurogroupe portant sur cette question. On s’assure autrement dit que la politique d’austérité perdurera.
L’Allemagne a également gagné de l’argent au détriment de la Grèce car Berlin s’endette aujourd’hui gratuitement sur les marchés. Sa dette tient lieu de «valeur refuge» pour les investisseurs en quête d’investissements sans risque. Cela lui permet de faire beaucoup d’économies, mais elle ne prête pas gratuitement pour autant. Les chiffres du ministère allemand des Finances (qui a été contraint de les fournir au Bundestag pour répondre à une question parlementaire) font état d’un bénéfice net faramineux de Berlin sur Athènes entre 2011 et 2017: l’Allemagne a gagné 3 milliards d’euros grâce à la dette grecque. En somme et jusqu’ici, la crise grecque a rapporté aux créanciers. Or le jour où la Grèce ne paiera plus, cela leur coûtera une fortune. Les gouvernements des États créanciers auront bien du mal à justifier la chose auprès d’opinions publiques de plus en plus hostiles à l’Union européenne.
La Grèce va-t-elle nécessairement cesser de rembourser sa dette, c’est-à-dire faire défaut ?
C’est ce que dit le FMI depuis plusieurs années ! Au moins depuis 2015, année où il indiquait dans un rapport (IMF Country report n° 15/186) que «la dette grecque était totalement non viable» et proposait qu’elle soit partiellement effacée.
Depuis, le Fonds répète cela chaque année: «sans allègement supplémentaire de la dette, il pourrait être difficile de conserver l’accès au marché à long terme», a-t-il notamment écrit dans la perspective du retour de la Grèce sur les marchés. Mais les créanciers européens s’y refusent, c’est pourquoi le FMI s’est souvent trouvé en conflit avec ses partenaires de la Troïka. Il a d’ailleurs décidé de ne plus prêter un sou à la Grèce car ses statuts lui interdisent de prêter à un pays insolvable.
Or, insolvable, la Grèce l’est puisque son «stock de dette» n’a pas été allégé, contrairement à ce qui avait été promis à Tsipras en 2015 en échange de son acceptation du «troisième mémorandum». Au mois de juin, les créanciers se sont tout juste entendus pour rééchelonner légèrement le calendrier des paiements, de manière à réduire le coût annuel des intérêts payés par Athènes. Mais en contrepartie de cette mesure très cosmétique, la Grèce devra afficher des excédents primaires (excédents budgétaires hors intérêts de la dette) de 3,5% du PIB jusqu’en 2022 et de 2,2% jusqu’en… 2060!
Est-ce à dire que la Grèce restera, dans les faits, sous tutelle jusqu’en 2060?
Il est hautement improbable que la zone euro existe encore en 2060. Quant à la Grèce, elle reste évidemment sous tutelle. Ou plutôt sous «surveillance renforcée». C’est ce qu’expliquait Pierre Moscovici le 20 août: «La Grèce va pouvoir se financer seule sur les marchés et définir sa politique économique. C’est un pays totalement libre, mais il y a une surveillance renforcée». Libre, mais sous surveillance renforcée! «La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force», écrivait Orwell dans 1984. Nous avons affaire à la même sémantique folle avec les dirigeants de l’Union européenne…
De fait, oui, comme le disait Klaus Regling, le patron allemand du MES dans une interview datée de juin 2018 au quotidien grec Ta Nea, un «système d’alerte précoce» demeurera en vigueur «jusqu’à ce que tout l’argent ait été remboursé», c’est-à-dire jusqu’en 2060. Il s’agira notamment de s’assurer de la poursuite de l’austérité car «la mise en œuvre des réformes est une tâche permanente. Ce n’est jamais fini. Et c’est vrai pour tous les pays du monde, pour tous les pays de l’Union européenne et, par conséquent, pour la Grèce».
Concrètement, la «liberté» de la Grèce va consister à se soumettre à un «audit» de ses finances publiques quatre fois par an. Regling a également déclaré: «La surveillance renforcée (…) nécessite une évaluation tous les trois mois et durera plusieurs années». Cette liberté va également consister à emprunter sur les marchés à des taux qui flamberont à la moindre secousse interne à l’eurozone. Et des secousses, il y en aura. Qui sait ce qui peut se produire en Italie dans les mois à venir, par exemple?
Quelle est la situation sociale de la Grèce aujourd’hui?
Tous les indicateurs sont au rouge vif et, cela aussi, tout le monde s’en rend compte. Les chiffres ont fusé dans la presse, tous plus ahurissants les uns que les autres.
Le chômage est certes redescendu à 20 % après être monté jusqu’à 28 % au plus fort de la crise. Mais les salaires sont faibles, et ne cessent de baisser. Selon une enquête relayée par le site «keeptalkinggreece.com», menée en début d’année à Athènes et dans sa région, plus de la moitié des personnes embauchées en 2017 l’ont été à temps partiel ou pour un salaire inférieur à 500€ par mois, ce qui signifie que les travailleurs pauvres sont légion. Par ailleurs, les salaires sont versés de façon très aléatoire, avec retard pour 42 % des travailleurs.
Le taux de chômage des jeunes étant de 43 %, beaucoup quittent le pays. Entre 350 000 et 420 000 personnes (les chiffres varient selon les études) ont quitté le pays entre 2008 et 2016. Rapporté à une population de 11 millions d’habitants, c’est énorme, et cela s’ajoute à un taux de fécondité très bas (moins de 1,4 enfant par femme), ce qui fait que le pays se dépeuple et vieillit. En plus, ce sont souvent les jeunes qualifiés qui s’expatrient, ce qui signifie qu’ils ne participeront pas au redressement du pays.
La moitié des Grecs vivent d’une pension de retraite, la leur ou celle d’un proche, mais le montant des retraites a chuté de 40 % en moyenne depuis 2010. Les retraites ont été réformées 14 fois. La situation sanitaire s’est beaucoup détériorée et 40 % des ménages repoussent les soins pour raisons financières.
Une enquête réalisée à partir de prélèvements sur les eaux usées d’Athènes offre des résultats particulièrement saisissants: si la consommation d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires a chuté, la consommation de psychotropes (benzodiazépines et antidépresseurs) a été multipliée par 35. En quatre ans! Et on savait déjà que le taux de suicide avait considérablement crû pour sa part (+ 35 % entre 2008 et 2017). Le coût humain de l’austérité est effroyable, et il n’y a aucune perspective d’amélioration à court terme.
L’Union européenne a-t-elle tiré les leçons de la crise grecque?
Non. L’Union européenne se comporte de manière autistique et dogmatique: elle ne tire pas de leçons. C’est selon elle aux peuples européens de tirer des leçons: quoi qu’il advienne c’est toujours eux qui sont fautifs. L’exemple grec témoigne du fait qu’on ne peut rompre avec l’austérité en demeurant dans le cadre supranational actuel. Celui qui essaie est immédiatement foudroyé et subit un sort proche de celui d’un pays vaincu et occupé.
Coralie Delaume.
Le blog de Coralie s’appelle «L’arène nue».
Source : Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/08/24/31002-20180824ARTFIG00263-pourquoi-le-cauchemar-grec-est-loin-d-etre-termine.php
Il faut sortir du piège mortel de la prétendue « Union européenne ».
Lisez aussi François Asselineau, qui fait du bon boulot.
Résistez comme vous pouvez, pendant qu’il est encore temps: la Grèce est un laboratoire (criminel) pour les usuriers, avant de piller les autres peuples à leur tour. L’UE, c’est la guerre, la guerre des 1% oisifs contre les 99% qui travaillent. L’objectif de l’UE et des « élus » (des banques), c’est le prétendu « libéralisme », c’est l’insécurité sociale.
Si vous n’êtes pas devenu un mollusque décérébré par la télé, le sort des Grecs devrait vous révolter et vous mobiliser contre l’UE, contre les banques privées, et pour la souveraineté des peuples libres.
Il me semble que ça urge.
Étienne [Chouard]
-------------------
Pourquoi le cauchemar grec est loin d’être terminé,
par Coralie Delaume
FIGAROVOX/ENTRETIEN – La Grèce n’est plus sous la tutelle des institutions européennes et du FMI. De nombreux commentaires optimistes ont salué la nouvelle. Un point de vue que ne partage pas l’essayiste eurocritique Coralie Delaume. Pour elle, la situation sociale du pays reste très grave et l’avenir économique et financier de la Grèce fort sombre.
Entretien avec Etienne Campion :
Coralie Delaume est essayiste, co-auteur de La fin de l’Union européenne (Michalon, 2017) et tient le blog «L’arène nue».
------------------
FIGAROVOX.- Depuis le 20 août 2018, la Grèce n’est plus sous la tutelle de l’Union européenne et du FMI. Était-ce vraiment un «jour historique», comme les dirigeants l’affirment? La Grèce est-elle sauvée?
Coralie DELAUME.- Non. On s’est contenté d’acheter un peu de temps, quitte à dévaster l’économie du pays.
La sortie d’un des membres de la zone euro a simplement été différée. Le mythe de l’irréversibilité de cette dernière est à peu près préservé, même si les menaces de «Grexit hostile» formulées par les créanciers d’Athènes en 2015 l’ont écorné. Que la Grèce ait conservé l’euro, en dépit de toutes les souffrances endurées par la population, est pour certains la preuve que cette monnaie est immortelle. Ce serait une première dans l’Histoire, mais en même temps, il est question de foi religieuse quant au rapport de nos dirigeants avec l’euro. Comme l’explique le politologue belge François Foret, «l’euro constitue en lui-même un nouveau sacré européen justifiant tous les sacrifices économiques, sociaux et culturels».
Le maintien de la Grèce dans l’eurozone a permis de repousser la perspective de voir la communauté des croyants se désintégrer.
En somme, le maintien de la Grèce dans l’eurozone a permis de repousser la perspective de voir commencer à se désintégrer l’oumma de l’euro. En plus, le pays a durement expié: Tsipras et Syriza ont abjuré tout ce en quoi ils croyaient. Ils ont renoncé à mettre un terme à l’austérité. La Grèce est condamnée à faire maigre pour longtemps. Le petit rebond de croissance en 2017 (1,4%) après avoir perdu plus d’un quart de son PIB depuis le début de la crise n’est-il pas la preuve que la rédemption par l’ascèse est possible?
On a également différé le moment où la Grèce ferait défaut sur sa dette, et où les créanciers — qui sont désormais à 80 % constitués des institutions européennes (Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité, Fonds européen de stabilité financière) et des États européens — en seraient de leur poche. Car on n’a pas donné d’argent à la Grèce, on lui en a prêté.
Essentiellement d’ailleurs pour qu’elle puisse assurer le service de sa dette. Pour l’instant, cela a rapporté de l’argent aux créanciers puisqu’Athènes paie des intérêts. Entre 2012 et 2016, soit en quatre ans seulement, la BCE a réalisé 7,8 milliards de bénéfices sur les titres hellènes. Il est question depuis des années que ces sommes soient rétrocédées à la Grèce, mais on trouve toujours une excellente raison de ne pas le faire. L’Eurogroupe s’y est une nouvelle fois engagé au mois de juin de cette année, mais seulement pour les bénéfices sur les obligations grecques réalisées à partir de 2017, pas sur ceux réalisés les années précédentes. Par ailleurs, ces rétrocessions demeureront «conditionnées au maintien des réformes acceptées par la Grèce», comme indiqué dans le communiqué de l’Eurogroupe portant sur cette question. On s’assure autrement dit que la politique d’austérité perdurera.
L’Allemagne a également gagné de l’argent au détriment de la Grèce car Berlin s’endette aujourd’hui gratuitement sur les marchés. Sa dette tient lieu de «valeur refuge» pour les investisseurs en quête d’investissements sans risque. Cela lui permet de faire beaucoup d’économies, mais elle ne prête pas gratuitement pour autant. Les chiffres du ministère allemand des Finances (qui a été contraint de les fournir au Bundestag pour répondre à une question parlementaire) font état d’un bénéfice net faramineux de Berlin sur Athènes entre 2011 et 2017: l’Allemagne a gagné 3 milliards d’euros grâce à la dette grecque. En somme et jusqu’ici, la crise grecque a rapporté aux créanciers. Or le jour où la Grèce ne paiera plus, cela leur coûtera une fortune. Les gouvernements des États créanciers auront bien du mal à justifier la chose auprès d’opinions publiques de plus en plus hostiles à l’Union européenne.
La Grèce va-t-elle nécessairement cesser de rembourser sa dette, c’est-à-dire faire défaut ?
C’est ce que dit le FMI depuis plusieurs années ! Au moins depuis 2015, année où il indiquait dans un rapport (IMF Country report n° 15/186) que «la dette grecque était totalement non viable» et proposait qu’elle soit partiellement effacée.
La Grèce est désormais libre, mais «sous surveillance renforcée» !
Depuis, le Fonds répète cela chaque année: «sans allègement supplémentaire de la dette, il pourrait être difficile de conserver l’accès au marché à long terme», a-t-il notamment écrit dans la perspective du retour de la Grèce sur les marchés. Mais les créanciers européens s’y refusent, c’est pourquoi le FMI s’est souvent trouvé en conflit avec ses partenaires de la Troïka. Il a d’ailleurs décidé de ne plus prêter un sou à la Grèce car ses statuts lui interdisent de prêter à un pays insolvable.
Or, insolvable, la Grèce l’est puisque son «stock de dette» n’a pas été allégé, contrairement à ce qui avait été promis à Tsipras en 2015 en échange de son acceptation du «troisième mémorandum». Au mois de juin, les créanciers se sont tout juste entendus pour rééchelonner légèrement le calendrier des paiements, de manière à réduire le coût annuel des intérêts payés par Athènes. Mais en contrepartie de cette mesure très cosmétique, la Grèce devra afficher des excédents primaires (excédents budgétaires hors intérêts de la dette) de 3,5% du PIB jusqu’en 2022 et de 2,2% jusqu’en… 2060!
Est-ce à dire que la Grèce restera, dans les faits, sous tutelle jusqu’en 2060?
Il est hautement improbable que la zone euro existe encore en 2060. Quant à la Grèce, elle reste évidemment sous tutelle. Ou plutôt sous «surveillance renforcée». C’est ce qu’expliquait Pierre Moscovici le 20 août: «La Grèce va pouvoir se financer seule sur les marchés et définir sa politique économique. C’est un pays totalement libre, mais il y a une surveillance renforcée». Libre, mais sous surveillance renforcée! «La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force», écrivait Orwell dans 1984. Nous avons affaire à la même sémantique folle avec les dirigeants de l’Union européenne…
De fait, oui, comme le disait Klaus Regling, le patron allemand du MES dans une interview datée de juin 2018 au quotidien grec Ta Nea, un «système d’alerte précoce» demeurera en vigueur «jusqu’à ce que tout l’argent ait été remboursé», c’est-à-dire jusqu’en 2060. Il s’agira notamment de s’assurer de la poursuite de l’austérité car «la mise en œuvre des réformes est une tâche permanente. Ce n’est jamais fini. Et c’est vrai pour tous les pays du monde, pour tous les pays de l’Union européenne et, par conséquent, pour la Grèce».
Tous les indicateurs sociaux
sont au rouge. Le coût humain de l’austérité est effroyable. Et il n’y a
aucune perspective d’amélioration à court terme.
Concrètement, la «liberté» de la Grèce va consister à se soumettre à un «audit» de ses finances publiques quatre fois par an. Regling a également déclaré: «La surveillance renforcée (…) nécessite une évaluation tous les trois mois et durera plusieurs années». Cette liberté va également consister à emprunter sur les marchés à des taux qui flamberont à la moindre secousse interne à l’eurozone. Et des secousses, il y en aura. Qui sait ce qui peut se produire en Italie dans les mois à venir, par exemple?
Quelle est la situation sociale de la Grèce aujourd’hui?
Tous les indicateurs sont au rouge vif et, cela aussi, tout le monde s’en rend compte. Les chiffres ont fusé dans la presse, tous plus ahurissants les uns que les autres.
Le chômage est certes redescendu à 20 % après être monté jusqu’à 28 % au plus fort de la crise. Mais les salaires sont faibles, et ne cessent de baisser. Selon une enquête relayée par le site «keeptalkinggreece.com», menée en début d’année à Athènes et dans sa région, plus de la moitié des personnes embauchées en 2017 l’ont été à temps partiel ou pour un salaire inférieur à 500€ par mois, ce qui signifie que les travailleurs pauvres sont légion. Par ailleurs, les salaires sont versés de façon très aléatoire, avec retard pour 42 % des travailleurs.
Entre 350
000 et 420 000 personnes ont quitté le pays entre 2008 et 2016.
Rapporté à une population de 11 millions d’habitants, c’est énorme.
Le taux de chômage des jeunes étant de 43 %, beaucoup quittent le pays. Entre 350 000 et 420 000 personnes (les chiffres varient selon les études) ont quitté le pays entre 2008 et 2016. Rapporté à une population de 11 millions d’habitants, c’est énorme, et cela s’ajoute à un taux de fécondité très bas (moins de 1,4 enfant par femme), ce qui fait que le pays se dépeuple et vieillit. En plus, ce sont souvent les jeunes qualifiés qui s’expatrient, ce qui signifie qu’ils ne participeront pas au redressement du pays.
La moitié des Grecs vivent d’une pension de retraite, la leur ou celle d’un proche, mais le montant des retraites a chuté de 40 % en moyenne depuis 2010. Les retraites ont été réformées 14 fois. La situation sanitaire s’est beaucoup détériorée et 40 % des ménages repoussent les soins pour raisons financières.
Une enquête réalisée à partir de prélèvements sur les eaux usées d’Athènes offre des résultats particulièrement saisissants: si la consommation d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires a chuté, la consommation de psychotropes (benzodiazépines et antidépresseurs) a été multipliée par 35. En quatre ans! Et on savait déjà que le taux de suicide avait considérablement crû pour sa part (+ 35 % entre 2008 et 2017). Le coût humain de l’austérité est effroyable, et il n’y a aucune perspective d’amélioration à court terme.
L’Union européenne a-t-elle tiré les leçons de la crise grecque?
Non. L’Union européenne se comporte de manière autistique et dogmatique: elle ne tire pas de leçons. C’est selon elle aux peuples européens de tirer des leçons: quoi qu’il advienne c’est toujours eux qui sont fautifs. L’exemple grec témoigne du fait qu’on ne peut rompre avec l’austérité en demeurant dans le cadre supranational actuel. Celui qui essaie est immédiatement foudroyé et subit un sort proche de celui d’un pays vaincu et occupé.
Coralie Delaume.
Le blog de Coralie s’appelle «L’arène nue».
Source : Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/08/24/31002-20180824ARTFIG00263-pourquoi-le-cauchemar-grec-est-loin-d-etre-termine.php
vendredi 24 août 2018
"Désigner la classe dirigeante par la richesse, par l'argent, c'est absurde!" (Bernard Friot)
Vidéo : https://www.facebook.com/pour.press/videos/1678311232266763/?t=0
Article d'origine : https://pour.press/travail-quel-horizon/
C'est vraiment intéressant; cela donne à réfléchir. D'une façon générale, Bernard Friot est de toute façon très intéressant.
En partant du thème et de la définition du "travail", mon ressenti est le suivant (et je débats aussi de ça avec certains de mes proches) : est-ce que c'est la richesse (en quantité de monnaie) ou le pouvoir qui est le plus important ? Est-ce que c'est être riche qui permet d'avoir du pouvoir ou est-ce que c'est d'avoir du pouvoir qui permet d'être riche ?
L'Histoire nous offre plusieurs exemples éclairants.
Dans l'Ancien régime, les nobles étaient des guerriers (ou des descendants de guerriers). Ils avaient le pouvoir militaire. Ils ont conquis des terres, ont pillé les stocks d'or des vaincus, et ont vécu richement grâce au travail des paysans (à travers les impôts).
Les ecclésiastiques ont eu une autre forme de pouvoir : sur les esprits. Ils se sont enrichis par les dons des fidèles, par le commerce des services religieux, par les terres aussi qu'ils ont petit à petit acquises (et le travail des paysans, et les impôts).
Avant la Révolution française, les riches bourgeois n'avaient pas le pouvoir. Ils payaient des impôts et les postes de décision politique leur étaient interdits parce qu'ils n'étaient pas nobles.
Dans l'ancienne URSS, c'est le pouvoir (politique) qui a permis à la Nomenklatura de devenir riche; et non l'inverse.
Aujourd'hui, les riches font la loi (les lois, littéralement), c'est vrai, ils ont le pouvoir, certes, mais je crois que c'est grâce à un système très particulier pour accéder au pouvoir politique : l'élection. Pour gagner une élection et ainsi accéder au contrôle de l’État (et de tout l'appareil d’État : armée, police, gendarmerie, impôts, ...), il faut dépenser énormément d'argent. Donc, la richesse est un moyen d'accéder au pouvoir.
Libellés :
évolution de la société,
histoire,
politique,
salaire,
travail
jeudi 23 août 2018
Un constat étonnant à méditer
Un de mes correspondants internautes m'a envoyé ceci :
" Emmanuel Macron, le Président Français, n’a pas d’enfant.
- La Chancelière Allemande Angela Merkel n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Britannique Theresa May n’a pas d’enfant.
- Le Président du Conseil des Ministres Italien Paolo Gentiloni n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Néerlandais Mark Rutte n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Suédois Stefan Löfven n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Luxembourgeois Xavier Bettel n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre écossais Nicola Sturgeon n’a pas d’enfant.
- Le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker n’a pas d’enfant. "
Étonnant.
De là à penser qu'ils ont une vision à court terme (une vie à peine) voire à très court terme (une élection), en se désintéressant probablement de l'avenir de nos enfants et petits-enfants ...
" Emmanuel Macron, le Président Français, n’a pas d’enfant.
- La Chancelière Allemande Angela Merkel n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Britannique Theresa May n’a pas d’enfant.
- Le Président du Conseil des Ministres Italien Paolo Gentiloni n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Néerlandais Mark Rutte n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Suédois Stefan Löfven n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre Luxembourgeois Xavier Bettel n’a pas d’enfant.
- Le Premier Ministre écossais Nicola Sturgeon n’a pas d’enfant.
- Le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker n’a pas d’enfant. "
Étonnant.
De là à penser qu'ils ont une vision à court terme (une vie à peine) voire à très court terme (une élection), en se désintéressant probablement de l'avenir de nos enfants et petits-enfants ...
mardi 21 août 2018
Semences de l'association Kokopelli
Semences aromatiques
Aneths Basilics Cerfeuils Ciboules Ciboulettes Coriandres Cressons de Pará Épazotes Fenouils Hysope Livèches Macerons Marjolaine Monardes Origans Oseilles Périllas Persils Poireaux Perpétuels Roquettes Sarriettes Sauges Stevias Thyms
Semences potagères
Bulbes
Oignons
Engrais vert
Cameline Lins Lotier Luzerne Mélilot Moutardes Phacélie Sainfoins Sarrasin Tournesols à Fleurs Trèfles Vesces
Légumes-feuilles
Amaranthes à Feuilles Arroches Artichauts Cardons Céleris à Côtes Chénopodes et Compagnie Chicorées Choux Brocolis Choux Brocoli-Raab Choux Cabus Choux de Bruxelles Choux Chinois Choux de Milan Choux Fleurs Choux Frisés / Kales Chrysanthèmes Claytones de Cuba Côtes de Blette Cressons Cressons de Pará Épazotes Epinards Fenouils Laitues Laitues Asperges Macerons Mâches Moutardes Plantains Poireaux Poireaux Perpétuels Pourpiers Roquettes Tétragones
Légumes-fruits
Aubergines Aubergines Amères Concombres Cornichons Courge de Siam (Ficifolia) Courges Maxima Courges Moschata Courges Pepo Courgettes Cyclanthères Fèves Gombos Haricots Kiwanos Gourdes Luffas Melons Morelles Pastèques Physalis Piments/Poivrons Pois Sojas Edamame Tomates Tomates-Cerises
Légumes-racines
Bardanes Betteraves Carottes Céleris Raves Cerfeuils Tubéreux Choux-Raves Choux Rutabaga Navets Ocas Panais Radis Salsifis Scorsonères
Plantes à grains
Amaranthes à Grains Blé Maïs Millets Quinoas Riz Sarrasin Sorghos Tournesols à Grain
Et bien plus de semences, directement sur le site : https://kokopelli-semences.fr/fr/
Aneths Basilics Cerfeuils Ciboules Ciboulettes Coriandres Cressons de Pará Épazotes Fenouils Hysope Livèches Macerons Marjolaine Monardes Origans Oseilles Périllas Persils Poireaux Perpétuels Roquettes Sarriettes Sauges Stevias Thyms
Semences potagères
Bulbes
Oignons
Engrais vert
Cameline Lins Lotier Luzerne Mélilot Moutardes Phacélie Sainfoins Sarrasin Tournesols à Fleurs Trèfles Vesces
Légumes-feuilles
Amaranthes à Feuilles Arroches Artichauts Cardons Céleris à Côtes Chénopodes et Compagnie Chicorées Choux Brocolis Choux Brocoli-Raab Choux Cabus Choux de Bruxelles Choux Chinois Choux de Milan Choux Fleurs Choux Frisés / Kales Chrysanthèmes Claytones de Cuba Côtes de Blette Cressons Cressons de Pará Épazotes Epinards Fenouils Laitues Laitues Asperges Macerons Mâches Moutardes Plantains Poireaux Poireaux Perpétuels Pourpiers Roquettes Tétragones
Légumes-fruits
Aubergines Aubergines Amères Concombres Cornichons Courge de Siam (Ficifolia) Courges Maxima Courges Moschata Courges Pepo Courgettes Cyclanthères Fèves Gombos Haricots Kiwanos Gourdes Luffas Melons Morelles Pastèques Physalis Piments/Poivrons Pois Sojas Edamame Tomates Tomates-Cerises
Légumes-racines
Bardanes Betteraves Carottes Céleris Raves Cerfeuils Tubéreux Choux-Raves Choux Rutabaga Navets Ocas Panais Radis Salsifis Scorsonères
Plantes à grains
Amaranthes à Grains Blé Maïs Millets Quinoas Riz Sarrasin Sorghos Tournesols à Grain
Et bien plus de semences, directement sur le site : https://kokopelli-semences.fr/fr/
Inscription à :
Articles (Atom)