Economie —
Le gouvernement envisage d'enlever aux banques le pouvoir de créer de la monnaie.
La proposition est étudiée dans un rapport signé par un
parlementaire du Parti du progrès (centriste, au pouvoir), Frosti
Sigurjonsson. Cet entrepreneur et économiste avait déjà été l'un des
artisans du processus d'annulation de la dette immobilière des ménages
lancé en mai, afin de rétablir les finances du grand nombre d'Islandais
étranglés par des emprunts contractés avant la crise financière de 2008.
Sa
proposition, à la demande du Premier ministre Sigmundur David
Gunnlaugsson, tente de rompre avec un système qui a entraîné l'île dans
une succession de crises financières. D'après une étude de quatre
économistes de la banque centrale publiée lundi, le pays en a connu
"plus de 20" depuis 1875, les crises "graves" arrivant "tous les quinze
ans en moyenne".
Pour M. Sigurjonsson, le problème vient
de l'emballement du crédit chaque fois que l'économie accélère. La
Banque centrale d'Islande n'arrive pas à l'endiguer et il dégénère en
inflation, prise de risque exagérée et spéculation, menace de faillites
bancaires et interventions étatiques coûteuses.
En
Islande comme dans toutes les économies de marché modernes, la banque
centrale contrôle la création de monnaie en pièces et billets, mais pas
toute la création de monnaie, qui intervient dès qu'une banque
commerciale accorde un crédit. Elle ne peut que tenter de l'influencer
par ses outils de politique monétaire.
La proposition est
de mettre fin au privilège concédé à des acteurs privés, en faveur
d'une architecture dirigiste appelée "système de monnaie souveraine". La
banque centrale déterminerait le rythme de la création monétaire en
fonction des besoins perçus de l'économie.
"Le pouvoir de
créer la monnaie est maintenu séparé de celui de décider comment cette
monnaie nouvelle est utilisée", a souligné M. Sigurjonsson. Et "comme
pour le budget de l'État, le Parlement débattra de la proposition du
gouvernement pour l'allocation de la nouvelle monnaie".
Les
banques garderaient la gestion des comptes et moyens de paiement, ainsi
que la fonction d'intermédiaires entre épargnants et emprunteurs.
Le
sort de la proposition reste incertain car le premier ministre n'a pas
donné d'avis définitif. "Les conclusions seront une contribution
importante à la discussion à venir, ici et ailleurs, sur la création et
la politique monétaires", a-t-il déclaré dans un communiqué.
(AFP/Le Matin)
Source : http://www.lematin.ch/economie/islande-veut-revolutionner-systeme-monetaire/story/11026877
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