La transmission des valeurs de la République, parmi lesquelles la
laïcité, est une des missions de l’Ecole. Le code de l’éducation
l’énonce en ces termes : « Outre la transmission des connaissances,
la Nation fixe comme mission première à l'école de faire partager aux
élèves les valeurs de la République. Le service public de
l'éducation fait acquérir à tous les élèves le respect de l'égale
dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité.
Par son organisation et ses méthodes, comme par la formation des
maîtres qui y enseignent, il favorise la coopération entre les élèves.
Dans l'exercice de leurs fonctions, les personnels mettent en oeuvre ces
valeurs » (Article L111-1).
La transmission aux élèves du sens et de la valeur de la laïcité,
dans la République et au sein de l’Ecole, est une condition de leur
aptitude future à assumer une citoyenneté consciente et active.
Etapes du processus de laïcisation
26 août 1789 : Déclaration des Droits de l'Homme
Article 10 : "Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi."
28 mars 1882 : Loi de laïcisation de l'Ecole publique
Cette loi institue l'instruction morale et civique dans l'enseignement primaire. Cette instruction morale et civique est laïque. Article 2 : "Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désirent, à leurs enfants une instruction religieuse en dehors des édifices scolaires."
17 novembre 1883 : Circulaire aux instituteurs
Jules Ferry : "La loi du 28 mars 1882 se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d'une part, elle met en dehors du programme obligatoire l'enseignement de tout dogme particulier; d'autre part, elle place au premier rangl'enseignement moral et civique. L'instruction religieuse appartient aux familles et à l'Eglise, l'instruction morale à l'école."
30 octobre 1886 : Loi Goblet
A la laïcité des programmes, elle ajoute la laïcité des personnels.
9 décembre 1905 : Loi de séparation des Eglises et de l'Etat
Article 1 : "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public."
Article 2 : "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte."
L'Etat est neutre à l'égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n'y a pas de religion d'Etat.
4 octobre 1958 : Constitution de la 5ème République
Article 1 : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle asssure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances."
15 mars 2004 : Loi sur le port des signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.
Sens et enjeux de la laïcité
Jean Jaurès (1859-1914), Discours de Castres, du 30 juillet 1904 : "Démocratie et laïcité sont deux termes identiques. La démocratie n'est autre chose que l'égalité des droits. Or, il n'y a pas d'égalité des droits si l'attachement de tel ou tel citoyen, à telle ou telle religion, est pour lui une cause de privilèges ou une cuase de disgrâce."
La laïcité de l'Etat démocratique va au-delà d'une simple tolérance.
Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau (1749-1791) : "Je ne viens pas prêcher la tolérance : la liberté la plus illimitée de religion est à mes yeux un droit si sacré que le mot tolérance, qui voudrait l'exprimer, me paraît en quelque sort tyrannique lui-même, puisque l'autorité qui tolère pourrait ne pas tolérer".
Victor Hugo (1802-1885), extrait du discours prononcé le 15 janvier 1850 à l'occasion des débats sur la loi Falloux : "L'Eglise chez elle, l'Etat chez lui."
Ferdinand Buisson (1841-1932), auteur du Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire : "La laïcité de l'école à tous les degrés n'est autre chose que l'application à l'école du régime qui a prévalu dans toutes nos institutions sociales. [...] Toute société qui ne veut pas rester à l'état de théocratie pure est bientôt obligée de constituer comme forces distinctes de l'Eglise, sinon indépendantes et souveraines, les trois pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire."
L'éducation morale laïque est valable pour tous les citoyens en devenir, quelle que soit leur confession religieuse.
Vincent Peillon, dans Pour une pédagogie de la laïcité à l'école (2012) : "Son pouvoir de libérer les esprits des chaînes qui les entravent et d'amener par la raison à la conscience de l'universel par delà les particularismes, les différences et les religions, doit être formulé, expliqué, argumenté ... Comprendre que de se dépouiller de ses signes religieux à l'entrée de l'école n'est pas une entrave à la liberté mais la condition de sa réalisation, ne va pas de soi. "
La Charte de la laïcité à l'Ecole
9 septembre 2013, Vincent Peillon
L'article premier de la Constitution énonce que "la France est indivisible, laïque, démocratique et sociale."
L'indivisibilité est un acquis de la Révolution. La laïcité s'est affirmée à partir des lois de 1882 et 1886. La "démocratie" est l'acquis majeur de la Révolution française. Le caractère social de la République a été affirmé de façon particulièrement forte à la Libération par le programme du Conseil national de la Résistance.
La laïcité n'est pas l'ennemie de la religion. Elle ne s'oppose qu'à l'intolérance.
L'Ecole protège les élèves de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcherait de faire leurs propres choix.
La laïcité repose sur une culture du respect et de la compréhension de l'autre. C'est la clef de voûte d'une éthique démocratique : la civilité, la politesse, la décence des propos, des tenues et des attitudes, la cordialité, le respect, la tolérance, la bienveillance, l'attention à autrui, etc.
L'élève (et le personnel ensiegnant) ne doit pas chercher à imposer à autrui sa foi ou son opinion politique, ni à en prendre prétexte pour refuser de se conformer à une règle scolaire.
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4 commentaires:
Je pense que la loi de 2004 sur les signes ostensibles a maladroitement voulu faire d'un cas particulier une généralité. La minorité musulmane en France, et plus particulièrement celle d'origine algérienne, a du mal à s'intégrer. La guerre entre la France et l'Algérie n'y est sans doute pas étrangère. De jeunes gens plus frappés par le chômage que d'autres tentent de se construire en réaction (parfois hostile) face à la société française laïque. Cette perte de repères est aussi exploitée par certains pays étrangers qui font du prosélytisme sectaire.
A la Réunion, on voit bien que le multiculturalisme pacifique est possible. Les musulmans sont non seulement très bien intégrés mais en plus, en ce qui concerne les descendants d'Indiens gujrati, parmi les catégories sociales les plus aisées.
La laïcité renvoie les croyances au domaine privé ... mais elles s'invitent dans les conflits sociaux au travers des médias, à cause de la géopolitique.
Le conflit israélo-palestinien en est l'incarnation. En France métropolitaine, la communauté musulmane (composant les classes sociales les plus défavorisées) s'oppose de plus en plus fermement à la communauté juive (qui constitue une part visible des classes sociales les plus favorisées).
Le commentaire explicatif de la Charte de la laïcité à l'Ecole commence par reprendre l'article premier de la Constitution. La France est indivisible, laïque, démocratique et sociale.
L'indivisibilité est un acquis de la Révolution, nous rappelle-t-on. Il serait bon que notre Premier Ministre (avec tout le respect que j'ai pour sa fonction et sa personne) ne l'oublie pas quand il annonce qu'une communauté est (je cite) "à l'avant-garde de la République". La République française indivisible ne reconnaît pas de communautés, et encore moins certaines à l'avant-garde et d'autres à l'arrière-garde.
On nous dit aussi que la démocratie est l'acquis majeur de la Révolution française. C'est une grave erreur ! Nous ne sommes pas dans une démoccratie (au sens athénien du terme). Nous sommes dans un régime représentatif ! Dès le départ, Emmanuel-Joseph Sieyès l'affirmait dans son discours du 7 septembre 1789 : "Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi; ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. S'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet Etat représentatif; ce serait un Etat démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n'est pas une démocratie (et la France ne saurait l'être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants."
Il est également dit que la laïcité repose sur une culture du respect et de la compréhension de l'autre.
Cette culture n'est évidemment pas celle de bon nombre d'individus misogynes, arriérés, pour ne pas dire moyen-âgeux, dont le nombre croît sans cesse, hélas, au sein de notre République française.
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