OBJECTIONS (2) AU TIRAGE AU SORT EN POLITIQUE,
ET PROPOSITIONS (2) DE RÉFUTATIONS RATIONNELLES
Rappel des épisodes précédents : une intéressante controverse a commencé quand Monsieur Asselineau a publié (http://www.facebook.com/upr.francoisasselineau/posts/10150332561152612)
une première série de reproches à l'idée d'utiliser le tirage au sort
en politique pour fonder et protéger une démocratie digne de ce nom.
Rapidement, j'ai répondu point par point à cet argumentaire : http://www.facebook.com/notes/etienne-chouard/objections-au-tirage-au-sort-en-politique-et-propositions-de-r%C3%A9futations-rationn/10150398358067317
Hier, François Asselineau a réagi à son tour en étudiant point par point mes réponses : http://fr-fr.facebook.com/upr.francoisasselineau/posts/254132797957858
C'est
à ce dernier message public que je réponds à mon tour, en glissant dans
le texte de François Asselineau mes propres objections, entre crochets
et en italiques comme précédemment.
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[ÉC
: DEUXIÈME SÉRIE DE RÉPONSES D'ÉTIENNE CHOUARD, en italiques et entre
crochets, AUX RÉACTIONS DE FRANÇOIS ASSELINEAU à propos de l'utilisation
du tirage au sort en politique (http://fr-fr.facebook.com/upr.francoisasselineau/posts/254132797957858) :
ÉC.]
J'ai
hésité à répondre aux arguments avancés par une tierce personne en lieu
et place de M. Chouard sur Agoravox car je n'ai pas envie de donner du
relief à cette idée de tirage au sort.
[ÉC : Avant de
répondre point par point à François Asselineau —dont je respecte le
travail admirable de dénonciation méticuleuse et puissante du projet de
domination européen, et la présente controverse ne changera rien à ce
respect—, je voudrais formuler quelques remarques préliminaires :
•
D'abord, un inconvénient des controverses est que nous sommes parfois
conduits à radicaliser nos positions par le jeu même des arguments
adverses, et nous pouvons souvent — l'un et l'autre — être conduits
insensiblement à défendre (temporairement) des positions plus radicales
que celles qui sont profondément les nôtres.
Ainsi,
après avoir travaillé six ans à amender (sans penser les abolir !) les
institutions du gouvernement représentatif (voir notamment mon forum : http://etienne.chouard.free.fr/forum
), les récentes discussions (passionnées) sur la démocratie athénienne
m'ont progressivement conduit à me faire le défenseur opiniâtre de cette
démocratie directe antique dont les germes essentiels me semblent
effectivement très intéressants pour nous autres, modernes, et au sujet
de laquelle les calomnies (souvent d'origine parlementaire), ressassées
ad nauseam depuis deux cents ans, me semblent parfaitement injustes et
infondées.
Et me voici donc devenu, par
le jeu des polémiques successives (passionnantes au demeurant), le
défenseur apparemment inconditionnel de la seule démocratie directe à
l'athénienne, comme si je n'avais pas d'autres projets, plus modérés et
plus raisonnables : je rappelle donc que l'essentiel de mon travail
depuis six ans consiste à améliorer la représentation du peuple dans le
cadre du gouvernement représentatif.
Je
rappelle que ce gros travail me permet d'affirmer qu'il y a au moins un
tirage au sort qui est absolument NON NÉGOCIABLE, et c'est LE TIRAGE AU
SORT DE L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE, sans lequel aucune démocratie digne
de ce nom, ni gouvernement représentatif respectable, ne sera jamais
instituée. Je ne développe pas ici, j'en parle partout.
Au-delà
de cet usage minimum (à mon avis, incontournable) du tirage au sort,
toutes les réflexions sont intéressantes, mais plus optionnelles :
démocratie directe sous forme de fédération de communes libres ; ou
gouvernement représentatif profondément amélioré, par des CONTRÔLES des
élus et des organes (législatifs, exécutifs, judiciaires, médiatiques et
monétaires) à tous les étages, par la puissance autonome reconnue aux
INITIATIVES POPULAIRES, par une chambre tirée au sort en complément de
celle élue, etc.
• Ensuite, il semble
que les authentiques démocrates soient appelés à se faire salir par ceux
qui appellent "démocratie" son strict contraire : les noms d'oiseau
'fasciste' ou 'd'extrême droite' ou 'totalitaire' volent bas, ces
temps-ci.
Il me semble donc utile de
souligner ce qu'est, à mon sens, la différence entre la droite et la
gauche : historiquement (et à juste raison pour la défense de l'intérêt
général), le mot DROITE désignait pendant la Révolution française la
position dans l'hémicycle des défenseurs des PRIVILÉGIÉS de l'Ancien
régime. Cette ligne de clivage me paraît parfaitement pertinente et
adaptée à l'époque moderne, époque où la multitude des (relativement)
pauvres a toujours beaucoup à craindre des intrigues et des abus de
pouvoir des grands privilégiés du moment.
LE VRAI MARQUEUR GAUCHE/DROITE, À MON SENS,
C'EST : "POUR OU CONTRE LES PRIVILÈGES ET LES PRIVILÉGIÉS".
Or,
il se trouve que, depuis que les socialistes ont eu le pouvoir en 1981,
et plus précisément depuis le début, en 1983, de leurs honteuses et
interminables trahisons, une certaine "gauche" (celle qui est en fait
devenue d'extrême droite sans l'avouer, c'est-à-dire au service servile
des privilégiés, de façon littéralement scandaleuse), comme pour faire
oublier ses félonies, s'est forgée une vertu factice en défendant (d'une
façon presque hystérique, sans doute à la mesure des mensonges que nous
sommes priés de passer par pertes et profits) de nouvelles "valeurs de
gauche" (à mon avis totalement étrangères aux vraies causes des
multiples injustices sociales) comme l'interdiction de la peine de mort,
l'autorisation de l'avortement, la lutte contre le racisme et
l'antisémitisme (comme s'ils n'étaient pas une seule et même plaie), la
lutte contre les discriminations (accompagnée du communautarisme
afférent, profondément antirépublicain), la lutte contre le
'nationalisme' et contre le 'souverainisme' dénoncés comme source des
guerres entre les peuples (alors que la vraie cause des causes des
guerres, ce sont bien plutôt les cartels et les banques, c'est-à-dire
les grands privilégiés, qui instrumentalisent le nationalisme et le
racisme), etc. Toutes sortes de sujets de sociétés IMPORTANTS MAIS
SECONDAIRES, toutes CONSÉQUENCES ET PAS CAUSES de nos maux, par rapport
aux vrais méfaits du capitalisme déboutonné : libre-échange,
déréglementation financière, délocalisations, paradis fiscaux, réduction
des impôts des riches, Union européenne structurellement
antidémocratique et antisociale, démantèlement des services publics,
privatisations, recul des protections sociales, corruption des pouvoirs,
etc.
Je recommande à ce sujet
l'excellent live de Jean-Luc Mélenchon, "En quête de gauche", qui dresse
un récapitulatif planétaire de toutes les trahisons des partis
socio-démocrates du monde : une interminable litanie de saloperies, qui
évoquent évidemment celles de notre PS national, véritable catastrophe
antisociale.
C'est bien la trahison des
élus de gauche qui nous conduit tous à l'absence d'alternative et à la
catastrophe actuelle, depuis 1983, et qui nous y enferme encore.
La
lutte contre les méfaits de la CLASSE DES GRANDS PRIVILÉGIÉS ayant donc
disparu des objectifs de la soi-disant "gauche socialiste", nous autres
(citoyens ravalés à la condition humiliante d'électeurs) sommes donc
condamnés par le régime du soi-disant "gouvernement représentatif" (qui
ose s'autoproclamer "démocratie", il y en a qui ne manquent pas d'air),
CONDAMNÉS À SUBIR LES MALTRAITANCES DE DEUX PARTIS DE DROITE : L'UMP et
le PS, qui sont de droite en ceci qu'ils défendent tous les deux, à
toute force, les intérêts des grands privilégiés ; ceux qui ne le voient
pas en ce moment ne verront jamais rien.
Pour
ma part, jusqu'à nouvel ordre, je classe donc Monsieur Asselineau à
gauche, parce qu'il résiste vaillamment aux projets de domination totale
des grands privilégiés, et le PS à l'extrême droite, parce qu'il
organise et nous impose depuis trente ans le piège antidémocratique et
antisocial de l'Union européenne et parce qu'il défend toujours
servilement les intérêts des ultras riches en France.
•
Dernier point : j'observe que ma proposition médiane — un régime mixte
où voteraient les lois deux chambres, une chambre de professionnels élus
et une chambre d'amateurs tirés au sort — n'a pas été commentée par
Monsieur Asselineau. C'est dommage, car c'est une idée qui permettrait à
un élu, soucieux d'associer les gouvernés à son action, de partager
avec le peuple un peu du pouvoir qu'il brigue : je n'arrive pas à croire
que Monsieur Asselineau tienne absolument à garder le peuple totalement
à l'écart de toute action politique une fois qu'on lui aura donné le
pouvoir en l'élisant.
ÉC]
Mais ce fil de discussion [http://fr-fr.facebook.com/upr.francoisasselineau/posts/254132797957858] me pousse quand même à réagir.
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Comme
le dit très justement Aarav at Vaji, les réponses de M. Chouard à mes
objections à son idée de tirage au sort, telles qu'elles sont apparues
sur Agoravox, n'étaient pas sérieuses. Elles étaient même parfois assez
inquiétantes. Elles reposaient surtout sur un art de l'esquive et sur
des affirmations péremptoires et extrêmement discutables.
[ÉC : Ces premières affirmations reviendront peut-être comme un boomerang, chacun jugera sur pièces. Venons-en aux arguments.
ÉC]
Tout cela est assez inattendu de la part de quelqu'un qui entend d'aller au fond des choses.
[ÉC : Même remarque.
ÉC]
J'en prendrais pour preuve 3 exemples parmi mes 10 objections :
=====================================
1)
- mon objection n°1 était que le tirage au sort proposé par M. Chouard
consiste tout bonnement à supprimer les urnes, les scrutins, le suffrage
universel et les partis politiques, le tout sous couvert de démocratie.
[ÉC
: Vous n'insistez que sur la suppression (d'un mensonge politique — ce
n'est pas un détail) sans voir ce qui est proposé à la place (le vrai
demos cratos, honnêtement). Pour ne pas la laisser déformer, je vais
reconstituer ci-dessous l'intégralité de l'idée que je défends :
•
Je propose effectivement de supprimer les URNES (où les électeurs sont
invités à se contenter de déposer le nom d'un MAÎTRE politique qui
décidera de tout à leur place pendant cinq ans), et de les remplacer par
le VOTE DIRECT sur chaque loi de tous les citoyens (qui le désirent) à
l'Assemblée.
C'est-à-dire que je
propose UN SYSTÈME QUI CESSE D'EXCLURE les citoyens de l'action
politique (parce que l'exclusion du peuple de tout pouvoir au quotidien
est bien le résultat évident de l'élection, il n'y a que les élus pour
ne pas le voir), et qui associe au contraire pleinement tous ceux qui le
souhaitent à cette action politique, quotidiennement.
•
En d'autres termes (parce que c'est la même chose dit autrement), je
propose effectivement de SUPPRIMER LE FAUX "suffrage universel" (imposé
par les élus et qui consiste à seulement choisir son maître politique et
à renoncer à toute puissance politique) et LE REMPLACER PAR LE VRAI
suffrage universel qui est le vrai vote de vraies lois par de vrais
citoyens dans une vraie assemblée démocratique au service du vrai
intérêt général.
Si vous ne retenez que
le premier terme du paragraphe précédent, et en retirant le mot FAUX par
surcroît, vous avez suffisamment déformé ma pensée pour la réfuter
facilement. Mais cette réfutation serait sans doute plus difficile en la
respectant.
• Et enfin, comme une
conséquence logique de la disparition des élections de nos maîtres,
effectivement, je prévois la disparition des partis, puisqu'ils ne
servaient qu'à gagner les élections.
Nota
: tout cela n'est pas présenté "sous couvert de" démocratie : tout cela
est "la substance même" de toute démocratie digne de ce nom.
Mais il est vrai que cela n'apparaît qu'à ceux qui ne croient plus aux bobards parlementaires :
DEMOS CRATOS, CE N'EST PAS PARLEMENTAROS CRATOS…
ÉC]
J'estime qu'une écrasante majorité de Français rejetterait cette idée (et j'estime aussi qu'ils auraient raison de la rejeter).
Objection à laquelle M. Chouard a répondu en substance trois choses :
1.1.)- tout pourrait changer très vite
-------------------------------------------
Je
suis désolé mais ce n'est pas une réponse, c'est une simple
affirmation, une pétition de principe. M. Chouard n'a aucune preuve,
aucun indice de ce qu'il affirme, il n'explique nullement comment il va
faire pour convaincre les Français d'abandonner le suffrage universel,
qui est l'une des plus grandes conquêtes de la République [ÉC : Je le conteste. ÉC] et qui est le seul moment où ils ont un rôle actif [ÉC : JE NE VOUS LE FAIS PAS DIRE ! ÉC]
; il n'explique pas davantage comment il va parvenir concrètement à
modifier la Constitution française sur ce point (car il le faudrait).
[ÉC
: Là encore, je ne vous le fais pas dire : cette situation
véritablement scandaleuse, où seuls les parlementaires, à l'initiative
du gouvernement, peuvent MODIFIER EUX-MÊMES LA CONSTITUTION QU'ILS
DEVRAIENT CRAINDRE ET QUI DEVRAIT LEUR ÊTRE PARFAITEMENT INACCESSIBLE,
cette situation profondément antidémocratique est un piège politique
conçu et imposé par… les élus eux-mêmes. Je vous prie de noter ce fait.
Depuis
la nuit des temps, les pouvoirs ont une tendance naturelle et puissante
à S'AUTONOMISER, c'est-à-dire à s'affranchir progressivement de tous
les contrôles.
Et le fait que nous
soyons effectivement enfermés dans un piège institutionnel ne doit pas
nous interdire de le critiquer et de réfléchir aux moyens réalistes d'en
sortir. C'est pourquoi j'invite mes concitoyens (ceux qui ne briguent
aucun pouvoir — mais qui redoutent naturellement les abus de pouvoir) à
se réapproprier le processus constituant :
LA MAUVAISE QUALITÉ DU PROCESSUS CONSTITUANT EST, SELON MOI, LA CAUSE DES CAUSES DE TOUTES LES INJUSTICES SOCIALES.
Il
est absolument essentiel, pour toute société organisée autour d'un état
de droit, que les membres de l'Assemblée constituante (et ceux du
Conseil constitutionnel) soient DÉSINTÉRESSÉS, c'est-à-dire qu'ils
n'écrivent pas des règles pour eux-mêmes.
Et
nous ne sortirons évidemment pas du piège parlementaire en demandant la
permission aux parlementaires ou aux divers professionnels de la
politique.
ÉC]
--
1.2.)- de toute façon les élections auraient toujours été sans effet et leurs résultats trahis.
------------------------
Je suis désolé mais cette affirmation de M. Chouard est une énormité d'un point de vue historique !
[ÉC
: L'énormité est peut-être du côté du fait de monter en épingle
quelques succès (effectifs, mais relatifs) pour masquer la foultitude
des échecs, des trahisons et des reculs.
Je
renouvelle mon invitation à lire le récapitulatif passionnant (et
révoltant) de toutes les trahisons des élus socio-démocrates, pourtant
"de gauche", à travers le monde (Jean-Luc Mélenchon, "En quête de
gauche", 2007).
ÉC]
Sans
remonter avant 1914, les élections législatives du Cartel des Gauches
de 1924, plus encore du Front Populaire de 1936, celles de 1945, 1946,
1958, 1962, 1968, 1981, 1986 ou 1993 provoquèrent des changements
politiques significatifs, parfois majeurs et même historiques.
[ÉC :
- Vous les trouvez "significatifs", "majeurs" et "historiques" ;
- Je les trouve "dérisoires" au regard de l'injustice sociale généralisée et du cynisme triomphant de notre époque.
C'est clairement une divergence d'appréciation.
On ne peut pas être d'accord sur tout ;-)
Par
ailleurs, je rappelle que les avancées du front populaire ne doivent
rien à l'élection de candidats "de gauche" (qui avaient, comme les
autres, PROMIS EN COULISSE au patronat et aux banques de ne pas monter
les salaires !), mais bien à la mobilisation massive et déterminée (des
millions de personnes dans les rues).
Ne pas mettre au crédit de l'élection ce qu'elle ne mérite pas.
Quant
à 1981, je n'oublie pas que cette élection a rendu possible (après
quelques mois de changements effectivement enthousiasmants) la pire
régression antisociale et antidémocratique qui soit.
ÉC]
Si
les élections en France ne produisent plus, DE NOS JOURS, de
changements politiques et trahissent toutes les promesses faites aux
électeurs, [ÉC : Eh bien vous voyez que nous sommes d'accord… :-) ÉC] ce
n'est donc pas parce que le principe même de l'élection est vicié ;
c'est parce que tous les pouvoirs essentiels ont été volés aux Français
et transférés à Washington, Bruxelles et Francfort !
[ÉC : Ah oui ? Et volés par qui, s'il vous plaît, si ce n'est pas par les ÉLUS ?
ÉC]
Cela fait d'ailleurs 4 ans et demi que je parcours les routes de France pour en informer mes concitoyens.
[ÉC : Et je vous en félicite, sincèrement.
ÉC]
De
fait, le traité de Maastricht de 1992 a produit ses effets mortels pour
la démocratie puisque les dernières élections législatives ayant eu un
impact réel sur la situation sont sans doute celles de mars 1993. Toutes
les autres ont été suivies de nul effet puisque les députés n'ont plus
de pouvoir réel autre que la transposition obligatoire "du droit
communautaire".
[ÉC : Effectivement : la souveraineté nationale a été sabotée par… nos ÉLUS.
Le
traité de Maastricht ne tombe pas du ciel, et la trahison de nos élus a
une cause première, structurelle : tout le monde voit bien (à part les
élus, peut-être) que C'EST LA DETTE DES ÉLUS ENVERS CEUX QUI LES ONT
FAIT (ET QUI LES FERONT) ÉLIRE QUI EST LE VICE CENTRAL PERMANENT DE
TOUTES LES ÉLECTIONS À GRANDE ÉCHELLE.
ÉC]
--
1.3.)- on pourrait très bien "faire de la politique sans parti politique" et ceux-ci seraient en gros inutiles, sinon nuisibles.
------------------------------------------------------------
Je
suis désolé mais cette position de M. Chouard, qui veut donc supprimer
les élections, le suffrage universel et les partis politiques, ressemble
comme deux gouttes d'eau à tous les régimes totalitaires qui ont
ensanglanté l'époque contemporaine et qui ont tous prétendu fonder leur
pouvoir sur le peuple, contre les corps intermédiaires.
[ÉC : Dites-moi : est-ce que les régimes totalitaires en question ne pratiquaient pas, comme nous,… l'élection ?
Ah bon ?
Et
si vous trouvez que ces régimes —effectivement sanglants— ressemblent
"comme deux gouttes d'eau" à la démocratie athénienne, il faut changer
de lunettes :
- dans un cas, le peuple
asservi par des maîtres (professionnels de la politique désignés par des
élections truquées, comme chez nous) travaille comme un bœuf, doit
souffrir en silence et ne compte pour rien en politique ;
-
dans l'autre, le peuple défend victorieusement son droit de parole
publique et son droit de vote personnel sur toutes les lois (en ne
déléguant que très peu de pouvoir, et par tirage au sort pour imposer à
tout prix un amateurisme politique fondamental) pendant deux cents ans
contre les oligarques et aspirants-chefs de tout poil.
"Comme deux gouttes d'eau"… Vous me faites rire.
ÉC]
Je
ne sais pas très bien si M. Chouard se rend compte des conséquences
ultimes de ce qu'il propose. Son utopie n'est réalisable que dans le
cadre d'une humanité mythique, peuplée d'êtres humains tous vertueux et
pénétrés du bien public.
[ÉC : C'est justement le contraire :
-
le gouvernement représentatif est précisément bâti sur le mythe de la
compétence et des vertus supposées des élus, comme si l'élection
suffisait à garantir la vertu des élus (on croirait entendre une
blague…),
- alors que la démocratie
PREND ACTE des IMPERFECTIONS de TOUS les citoyens et ne leur donne que
très peu de pouvoir (et surtout pas celui de voter les lois !), et
qu'elle assortit donc logiquement le tirage au sort d'innombrables
CONTRÔLES qui POUSSENT RÉELLEMENT les représentants à la vertu.
Où sont les contrôles (populaires) dans notre gouvernement représentatif ?
Répondez-moi, s'il vous plaît, éclairez-moi.
Alors ?
Qui est utopique ? Qui est réaliste ?
ÉC]
Dans
la pratique, ce n'est pas du tout comme ça que les choses se passent.
Et toute l'Histoire universelle nous a prouvé la justesse de ce proverbe
français qui dit que "Qui veut faire l'ange fait la Bête".
[ÉC : Désolé, je ne comprends pas.
ÉC]
Toute
l'Histoire a en effet montré que la suppression des élections, du
suffrage universel et des partis politiques entraînent des conséquences
qui échappent à la volonté des hommes et qu'au lieu de produire la
concorde et l'harmonie, elles se sont révélées dramatiques et
criminelles, PARTOUT et TOUJOURS.
[ÉC : Si c'est
"partout et toujours", vous n'aurez donc aucun mal à me donner UN
exemple : donnez-moi un exemple —un seul me suffira— où une démocratie
réelle ait été instituée sur terre et qui nous permettrait d'en évaluer
les résultats.
Alors ?
Quelles
sont donc ces expériences démocratiques où les partis auraient disparu ?
Dans tous les régimes totalitaires qui me viennent à l'esprit, je vois
au contraire UN PARTI UNIQUE (soit franchement unique, soit
fallacieusement dual avec deux grands partis qui poursuivent en fait un
seul et même projet de domination) écraser littéralement les humains
hors parti.
Vous pouvez prendre "toute
l'histoire" à témoin, il n'y a PAS, à ce jour, d'autre expérience
démocratique DIGNE DE CE NOM que celle d'Athènes.
ÉC]
C'est
pourquoi je pense que M. Chouard serait bien avisé de méditer cette
célèbre parole de Churchill : "la démocratie est le pire des systèmes...
excepté tous les autres". Et lorsque Churchill parlait de démocratie,
il parlait bien de démocratie parlementaire, avec des élections et des
partis politiques.
[ÉC : Pour ma part, je ne prends
pas pour parole d'évangile les blagues de salon d'un homme capable de
bombarder sciemment des centaines de milliers de civils. Je trouve ce
jeu de mot (rabâché comme un mantra par les privilégiés) privé de toute
pertinence démonstrative. Qu'a-t-on PROUVÉ avec une telle assertion ?
Rien du tout. C'est une pétition de principe : "circulez, y a rien à
voir (du côté de la démocratie)", nous assène l'oligarque.
Churchill n'est pas, pour moi, une référence démocratique.
ÉC]
=====================================
2°)
Une autre de mes objections était que la fiabilité du résultat du
tirage au sort serait impossible à prouver et que cela provoquerait
énormément de rumeurs et pourrait créer des troubles à l'ordre public.
Objection
à laquelle M. Chouard a répondu en affirmant que les élections étaient
souvent truquées aussi et qu'il se faisait fort d'assurer la sincérité
du tirage au sort (en égrenant quelques mots grecs pour donner dans le
jargon technique).
[ÉC : Les détails pratiques du
tirage au sort quotidien à Athènes, et le souci permanent de contrôle
des Athéniens, sont bien décrits par Yves Sintomer dans son livre
(enthousiasmant) : "Le pouvoir au peuple. Jurys citoyens, tirage au sort
et démocratie participative" (La Découverte, 2007). Je vous invite à
les découvrir, vous verrez que, effectivement, la triche était
particulièrement difficile avec ces machines, très simples.
Voyez http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Ressources_UPCPA/UP_d_Aix_sur_le_tirage_au_sort_kleroterion_Sintomer_Montesquieu_Tocqueville.pdf
Par
ailleurs et surtout, je souligne qu'IL Y AVAIT MILLE FOIS MOINS DE
RAISONS DE TRICHER QU'AUJOURD'HUI : si nos élus se battent aujourd'hui
au point de parfois tricher, c'est parce que le poste d'élu est devenu
"un fromage", une rente très confortable, et parfaitement à l'abri de
tous les contrôles citoyens : c'est donc une véritable aubaine. Alors
que les représentants tirés au sort à Athènes prenaient une charge, une
vraie, avec plus de devoirs que de droits, et le risque redoutable de la
reddition des comptes et de la punition sévère toujours possible.
L'absence
de mobiles pour tricher ne doit pas être perdue de vue, notamment dans
les réflexions qui suivent, où vous transposez le tirage au sort tout
seul dans nos institutions actuelles, ce qui donne des résultats
aberrants, bien sûr, mais ce qui n'est absolument pas le projet
démocratique : pour réfuter correctement la pensée de l'autre, il faut
la respecter, la comprendre ; si on est obligé de la déformer, c'est que
les arguments pour la réfuter ne sont pas si forts.
ÉC]
Je suis désolé mais cette réponse est non seulement une pirouette, mais elle est surtout factuellement extrêmement fausse.
[ÉC : C'est joli, les pirouettes, et vous n'êtes pas maladroit non plus ;-)
ÉC]
Il suffit de réfléchir un instant :
==
2-A == dans le système d'élections, un nombre très important
d'électeurs doit faire son choix entre un tout petit nombre de bulletins
de vote : en général moins de 10 bulletins au 1er tour de chaque
élection, et en général 2 bulletins (parfois 3 ou 4 exceptionnellement)
au second tour de scrutin.
Pourquoi les élections procurent-elles un sentiment de grande fiabilité aux électeurs ?
[ÉC : Vous faites bien de parler de "sentiment", car il repose sur une réalité bien fragile. ÉC]
Pour 3 raisons essentielles :
1- CHAQUE ÉLECTEUR EST UN ACTEUR DU SCRUTIN
Il se déplace, il prend les bulletins en main lui-même, il va dans l'isoloir, puis il vote dans l'urne.
[ÉC : Un acteur ? On se fiche de qui ?
Vous pensez vraiment ce que vous dites ?
70
% des citoyens qui se méfient de TOUS les partis politiques dans les
sondages répétés ont compris l'arnaque qui consiste à monter en épingle
(toujours le même talent de camelot qui sait vendre du vent à prix d'or)
le faux choix qui est imposé par les élus aux électeurs.
Figurez-vous,
vous qui êtes candidat, qu'il existe de nombreux humains, aussi
respectables que les autres, qui aspirent à une puissance politique
supérieure aux (faux) choix de TUTEURS qui sont la substance véritable
du prétendu "suffrage universel" du prétendu "gouvernement
représentatif".
Avez-vous bien compris
que, dans l'alternative démocratique que je défends, chacun des
ÉLECTEURS —que vous appelez "acteur" au seul motif qu'il consent à faire
de vous son maître et puis c'est tout—, chacun de ces électeurs devient
(en vraie démocratie) un CITOYEN, c'est-à-dire un humain qui va VOTER
LUI-MÊME CHACUNE DES LOIS auxquelles il sera soumis.
Ça, Monsieur, c'est un acteur.
C'est toute la différence entre un électeur et un citoyen.
C'est toute la différence entre une fausse "démocratie" et la vraie démocratie.
La différence entre un faux "suffrage universel" et le vrai suffrage universel.
LES ÉLUS NOUS FONT PRENDRE DES VESSIES POUR DES LANTERNES.
ÉC]
2- CHAQUE ÉLECTEUR PEUT VÉRIFIER DE BOUT EN BOUT LA FIABILITÉ DU SCRUTIN
Il
peut lui suffire de bien voir que son bulletin tombe dans l'urne
transparente. Mais les plus méfiants peuvent rester à regarder l'urne
(c'est notamment l'un des rôles des assesseurs pendant tout le vote)
pour voir que personne n'introduit de bulletin frauduleusement. Ils
peuvent assister à l'ouverture de l'urne et participer personnellement
aux opérations de dépouillement (il peut ouvrir les enveloppes, compter
les bulletins, les énoncer à haute voix, le public est là pour vérifier,
etc.)
[ÉC : Quelle importance cela a-t-il,
finalement, de vérifier la fiabilité d'un faux choix, qui aboutit, de
toutes façons, à notre servitude politique absolue ?
Par ailleurs, le contrôle du Klérotérion —ça va ? ce n'est pas trop technique, mon jargon ? ;-) — était facile et efficace.
ÉC]
3- UNE FRAUDE PONCTUELLE NE PEUT PRESQUE JAMAIS MODIFIER LE SENS DU SCRUTIN
Contrairement
à ce qu'affirme M. Chouard, les contentieux électoraux en France sont
très peu nombreux en pourcentage. Et les cas où une élection est
annulée, même si ils font la Une des médias, restent extrêmement
marginaux en nombre.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que la fraude est très difficile matériellement et statistiquement.
[ÉC
: Chacun appréciera cette phrase à sa juste valeur dans les jours qui
viennent, quand les ordinateurs de vote vont déferler en 2012.
Rendez-vous dans quelques mois et on réexaminera ensemble cette assertion.
Mais
en tout état de cause, même en prouvant la fiabilité des scrutins des
faux choix du gouvernement représentatif, vous ne prouvez nullement la
non fiabilité des scrutins des tirages au sort démocratiques.
ÉC]
Prenons
un exemple extrême, celui du second tour de l'élection présidentielle
de 2007. Il y avait 44 472 733 électeurs inscrits, il y a eu 37 342 004
votants, dont 35 773 578 exprimés. M. Sarkozy a été élu avec 18 983 138
voix, et a battu Mme Royal de 1 096 349 suffrages.
Imaginons
que des partisans de Mme Royal aient voulu truquer les élections, donc
la faire élire. Il eût fallu qu'ils s'arrangent pour introduire
frauduleusement au moins 1 200 000 faux bulletins de vote sur toute la
France !
Une telle fraude est impossible à réaliser
matériellement, et cela d'autant qu'une fraude électorale ne peut avoir
des chances de succès sans être démasquée que si elle est faite par un
nombre extrêmement réduit de personnes et dans un nombre extrêmement
faible d'endroits.
Même dans une élection législative, le nombre
de bulletins reste encore très important (il se compte en dizaines,
voire centaines de milliers) et c'est cela qui garantit une inertie
statistique. Ce n'est pas parce qu'il y a eu un paquet de 100 faux
bulletins ajoutés dans un bureau de vote que cela entraîne
obligatoirement la nullité du scrutin : le Conseil Constitutionnel, seul
juge en la matière, examine toujours si le nombre des bulletins
contestés a pu ou non changer le résultat final de l'élection.
[ÉC : Et alors ?
Ça ne transforme pas un faux choix en vrai choix, digne de ce nom.
ÉC]
== 2-B == Dans le système du tirage au sort, les trois avantages décisifs que je viens d'analyser n'existent plus !
1)-
IL N'Y A PLUS D'ÉLECTEUR, DONC PLUS AUCUN CITOYEN N'EST ACTEUR DU
CHOIX. TOUT LE MONDE DEVIENT PASSIF ET ATTEND QUE LES RÉSULTATS SOIENT
ANNONCÉS.
[ÉC : C'est un profond malentendu, vous
n'avez pas compris l'organisation d'une vraie démocratie (c'est moi qui
ai dû mal m'exprimer) :
Le tirage au
sort ne distribue que de petites parcelles de pouvoir POUR LAISSER AUX
CITOYENS TOUT LE POUVOIR DE VOTER EUX-MÊMES, OU PAS, TOUTES LES LOIS.
Ce
que vous n'avez pas (encore) compris, c'est qu'EN DÉMOCRATIE, CE NE
SONT PAS LES REPRÉSENTANTS QUI VOTENT LES LOIS, CE SONT LES CITOYENS
EUX-MÊMES (ceux qui le désirent), réunis en corps à l'Assemblée
(communale).
Ah ! Vous qui me reprochiez
à l'instant de rendre les citoyens passifs (avec le tirage au sort), et
qui vous vantiez de les rendre plus actifs (avec le faux "suffrage
universel"), je suis sûr que vous allez être content de ce que je vous
apprends là, n'est-ce pas ? Car c'est bien clair : si les citoyens
peuvent voter eux-mêmes toutes les lois (au cours d'un vrai suffrage
universel), ils ne seront plus passifs du tout, et c'est bien ce que
vous vouliez, n'est-ce pas ?
:-)
ÉC]
2)- ABSOLUMENT PERSONNE NE PEUT VÉRIFIER DE BOUT EN BOUT LA FIABILITÉ DU TIRAGE AU SORT.
M.
Chouard assure du contraire mais son assurance ne vaut rien. Car dans
le tirage au sort, la situation change du tout au tout par rapport au
cas précédent (ce que ne semble pas voir M. Chouard) :
[ÉC
: Vous avez bien raison : mon assurance ne vaut rien du tout, pas plus
que celle de quiconque, d'ailleurs ; nous devons tous recouper nos infos
et exercer notre jugement critique, je vous l'accorde.
Quand
à la vérification du klérotérion, je vous renvoie aux livres de
Sintomer et de Hansen : il est assez facile pour chacun de se faire une
idée personnelle.
(Et n'oubliez pas qu'il n'y a presque plus de MOBILE pour tricher dans une vraie démocratie.)
ÉC]
-
dans l'élection, un nombre très important d'électeurs doit faire son
choix entre un tout petit nombre de bulletins de vote : en général moins
de 10 bulletins au 1er tour de chaque élection, et en général 2
bulletins au second tour.
- dans le tirage au sort, c'est
exactement l'inverse : c'est un tout petit nombre de personnes (une
seule, ou quelques personnes, ou plus sûrement un ordinateur) qui doit
faire son choix entre.... 44 472 733 électeurs !!
[ÉC :
Pas du tout : le tirage au sort n'est pas effectué au niveau national,
mais au niveau local, évidemment, et parmi les seules "boules" des
volontaires.
C'est simple, peu coûteux et facile à vérifier.
Vous plaquez le tirage au sort sur nos institutions sans réfléchir, comme si vous aviez envie qu'il ne soit pas possible… ;-)
ÉC]
Dans
ces conditions, je mets au défi M. Chouard de trouver un système de
tirage au sort qui donne à chacun le même sentiment de fiabilité et
d'honnêteté que celui procuré par une élection.
[ÉC : Ce défi m'intéresse. C'est tout mon travail actuel.
Et je progresse vite.
ÉC]
En effet peut-on imaginer une urne avec 44 millions de bulletins différents ?
[ÉC
: On n'est pas obligé de faire les choses bêtement… On a le droit de
réfléchir et d'organiser la vie politique autour de PETITES cellules
politiques de base (les COMMUNES) et d'organiser le travail commun en
utilisant les rouages bien connus de la FÉDÉRATION.
Pourquoi faudrait-il toujours tout organiser de haut en bas ?
ÉC]
Même
si l'on divisait le tirage au sort en 577 tirages, un dans chacune des
circonscriptions, il faudrait encore une urne qui contienne 77.076
bulletins différents en moyenne (un par électeur). Ce n'est pas gérable.
C'est d'autant moins gérable que nul ne pourrait avoir la certitude que
son nom figure bien dans l'urne (c'est-à-dire que personne ne l'a
retiré sciemment ou oublié involontairement).
[ÉC : Ce
qui vous rend la compréhension difficile, c'est que vous essayez de
remplacer l'élection par le tirage au sort dans nos institutions (qui
sont profondément antidémocratiques), ce qui n'a aucun sens,
effectivement.
Pour comprendre
l'alternative prometteuse que constitue une vraie démocratie, il faut
quand même y mettre un peu de bonne volonté ;-)
ÉC]
3- UNE FRAUDE PONCTUELLE MODIFIE TOTALEMENT LE SENS DU TIRAGE AU SORT
[ÉC
: Vous continuez à faire comme s'il y avait encore des mobiles de
tricher quand les charges des représentants deviennent, en démocratie,
des devoirs risqués, au lieu d'être des rentes confortables comme le
sont celles de nos élus.
ÉC]
À la différence de l'élection, le tirage au sort ne bénéficie pas de l'inertie statistique des grands nombres.
=>Truquer une élection est très difficile, je l'ai dit.
=> Mais truquer un tirage au sort est un jeu d'enfant puisque le tirage se fait en un coup.
Pour illustrer mon analyse, il suffit de rependre l'exemple du 2ème tour de 2007.
[ÉC : Ce qui suit n'a pas de sens : personne n'a parlé de tirer au sort le Président de la cinquième République, évidemment…
C'est un dialogue de sourd.
ÉC]
Comme
je l'ai dit, le système de l'élection contraignait les partisans de Mme
Royal à introduire frauduleusement au moins 1 200 000 faux bulletins de
vote sur toute la France pour qu'elle soit élue.
Mais en
revanche, avec un simple tirage au sort entre M. Sarkozy et Mme Royal,
les partisans de Mme Royal n'auraient eu qu'une seule chose à faire :
tirer le bon bulletin une seule fois.
Il leur aurait donc
suffi, soit d'acheter la personne tirée au sort, soit de mettre 2
bulletins Royal dans l'urne en subtilisant le bulletin Sarkozy, soit
tout simplement de truquer le logiciels informatique.
Cette
comparaison entre la fiabilité intrinsèque de l'élection au suffrage
universel et l'extrême facilité de trucage du tirage au sort suffit à
mon sens à ruiner l'idée de M. Chouard.
[ÉC : Ruine virtuelle d'une idée qui n'existe pas : personne n'a défendu l'idée que vous avez ruinée…
ÉC]
Cette
différence essentielle de fiabilité - due aux différences de procédure -
explique d'ailleurs pourquoi les Français croient dans les résultats
des élections mais ne croient plus dans les résultats des sondages.
[ÉC
: Les sondages d'opinion sont aux mains d'instituts privés dont
l'honnêteté est plus que douteuse : ce sont des outils de manipulation
de l'opinion qui VONT AVEC l'élection et qui rendent le faux "suffrage
universel" du gouvernement prétendument représentatif plus faux que
jamais.
Rien à voir avec la démocratie.
ÉC]
Elle explique aussi l'émoi suscité par la suppression des urnes et leur remplacement par des machines à voter électroniques.
=====================================
3°)
Une autre encore de mes objections consistait à faire valoir qu'un
tirage au sort sur l'ensemble des électeurs n'était simplement pas
possible.
Je citais les malades, les malades mentaux, les
personnes disparues, les personnes incarcérées et le très grand nombre
de personnes qui ne seraient pas intéressées par remplir des fonctions
politiques (le tout représentant au bas mot 30 à 40% de la population).
Du
coup, je faisais valoir qu'il faudrait dresser des listes de personnes
pouvant faire l'objet de ce tirage au sort, et je soulignais que
l'établissement de telles listes posait aussitôt des problèmes
insolubles :
- qui déciderait ou non d'inscrire un électeur sur cette liste ?
[ÉC : un jury de citoyens tiré au sort ? ÉC]
- qui paierait le travail colossal ainsi occasionné ?
[ÉC : L’État, sans difficulté.
"Colossal"… vous êtes amusant. ÉC]
- en vertu de quels critères ?
[ÉC
: Les citoyens adultes aimeraient peut-être bien en discuter,
justement, au lieu de se voir jeter la difficulté à la figure comme si
c'était une aporie. Ce n'est évidemment pas si compliqué à décider. ÉC]
- comment la tiendrait-on à jour ?
[ÉC : Est-ce si difficile ? ÉC]
- comment pourrait-on être sûr que cette liste ne comporte pas un biais méthodologique et politique ??
[ÉC : Ce n'est pas parce que rien n'est parfait (et ceci est indubitable) qu'il faut renoncer à changer quoi que ce soit. ÉC]
- etc.
À cette objection très puissante [ÉC : hum… ÉC], M. Chouard a répondu en substance qu'il fallait faire... des listes d'aptitude !
Cette
réponse n'en est justement pas une car elle élude tout bonnement
l'objection. M. Chouard ne répond ni au problème du coût, ni à celui de
l'objectivité des critères, ni à celle des sélectionneurs, ni à la tenue
à jour, ni surtout à l'argument central du biais introduit quant à la
représentativité de cette liste par rapport à l'état d'esprit de
l'ensemble des citoyens.
======================================
CONCLUSION
----------------
Je pourrais ainsi répondre sans difficultés aux autres "réponses" de M. Chouard à mes autres objections.
[ÉC : Je vous en prie.
ÉC]
Je
confirme donc pleinement mes objections et j'estime - je ne suis pas le
seul - que M. Chouard n'a pas su ni pu y répondre, malgré son habileté
dialectique et ses affirmations non étayées.
[ÉC : Chacun jugera, idée par idée.
ÉC]
Même
si j'ai bien conscience que certains de nos sympathisants sont déçus
par mes analyses qui les rappellent à la réalité, je persiste donc à
trouver cette idée de tirage au sort à la fois :
a)- erronée, utopique, et extrêmement dangereuse dans le principe,
[ÉC
: L'idée du tirage au sort en politique est dangereuse pour les élus,
pour les candidats et pour ceux qui les font élire, ça c'est sûr.
Mais PAS dangereuse pour les ÉLECTEURS qui aspirent à devenir des CITOYENS.
ÉC]
b)- absolument impraticable matériellement,
[ÉC : Deux cents ans de pratique quotidienne prouvent le contraire.
ÉC]
c)- et très inopportune politiquement, car elle distrait l'attention des citoyens sur ce que doit être le combat essentiel.
[ÉC
: Je suis vraiment navré de distraire l'attention de vos électeurs
pendant votre travail de conquête du pouvoir, mais, pour moi qui
n'aspire à rigoureusement aucun pouvoir, c'est bien ma liberté de penser
la plus élémentaire que d'analyser l'escroquerie parlementaire et de
concevoir des alternatives, non ?
ÉC]
À
ce propos, j'aimerais que les lecteurs s'interrogent en conscience sur
ce qu'il aurait fallu penser de quelqu'un qui aurait dit à Charles de
Gaulle, le 19 juin 1940 : "Votre appel d'hier était très bien ; mais je
ne m'y joindrai pas car, plutôt que de se rassembler dans la Résistance,
je suggère que nous ouvrions un grand débat sur le tirage au sort des
parlementaires. En effet, s'ils avaient été tirés au sort plutôt que
d'être élus, la situation serait réglée et nous n'aurions pas connu la
débâcle et la IIIe République serait encore là".
[ÉC :
Le combat politique des uns n'est pas forcément incompatible avec le
combat politique des autres : le problème des partis, c'est qu'ils nous
forcent à nous opposer, ils nous jettent les uns contre les autres, en
bloc. Vous et moi ne devrions pas nous opposer puisque nous résistons
(par des voies différentes) au même projet de domination
antirépublicain.
Par ailleurs, vous
devriez considérer ce que je soulignais en introduction : je ne défends
PAS QUE la démocratie athénienne : l'autre idée, d'un BICAMÉRALISME
ASTUCIEUX, partageant le pouvoir législatif entre des professionnels de
la politique et des amateurs, devrait vous paraître compatible avec vos
projets d'émancipation populaire.
ÉC]
[ce qui, soit dit en passant, est faux compte tenu de ce qu'était l'état de l'opinion en 1939-1940]
Si
De Gaulle avait écouté semblable conseil et s'était mis à colloquer sur
cette idée saugrenue plutôt que de rassembler les Français dans un
objectif immédiat de libération nationale, cela n'aurait servi qu'à une
chose : distraire l'effort de la Résistance dans des débats académiques
et vains, et cela pour le plus grand profit des Allemands d'un côté, des
Américains et des Britanniques de l'autre.
[ÉC :
"Débats académiques et vains", on n'est pas plus aimable. Les yeux qui
pétillent dans mes conférences me font penser le contraire.
Mais
je ne vous en veux pas : il faut un peu de temps pour passer la
première phase d'incompréhension. Je pense que vous êtes homme à savoir
changer d'avis si la raison le suggère, finalement.
ÉC]
Je
ne me compare certes pas à de Gaulle. Mais je note que M. Chouard n'a
pas adhéré à l'UPR. Il juge donc plus urgent de distraire les Français
sur son idée de tirage au sort dont tout le monde sait bien, au fond,
qu'elle ne verra jamais le jour, plutôt que de les rassembler pour
sortir de l'UE.
[ÉC : Ah, c'est donc ça qui fait mal : je n'ai pas adhéré au parti…
Je n'adhère à AUCUN parti, et ça ne devrait pas suffire à faire de moi un ennemi.
Je
trouve attristante la tournure caricaturale que donnent les partis à
notre liberté de penser : l'esprit de parti est une des formes de
L'ESPRIT D'ORTHODOXIE, bien analysé par Jean Grenier (Essai sur l'esprit
d'orthodoxie : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Jean_Grenier_Essai_sur_l_esprit_d_orthodoxie.pdf ) et Simone Weil (Note sur la suppression générale des partis politiques : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Simone_Weil_Note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques.pdf ).
Je
cherche à rester libre de mes pensées, libre de mes paroles, libre de
vous lire et de lire aussi ceux que vous considérez comme vos ennemis ;
et cette liberté me permet d'apprécier votre travail de résistance et de
le relayer un peu partout malgré le fait qu'on vous étiquette souvent
"à droite" et qu'on m'étiquette souvent "à gauche". Hors parti et
candidat à rien, je fais ce que je veux, jugeant à ma manière l'intérêt
général.
Donc, je ne suis pas un bon soldat pour un parti, c'est vrai, mais je peux quand même —peut-être— servir un peu le bien commun.
ÉC]
On me permettra de trouver cela dommage et contre-productif.
[ÉC : Ça dépend pour qui.
ÉC]
François Asselineau
[ÉC : Étienne Chouard
ÉC]
=============
[ÉC :
PS
: À titre d'information complémentaire, pour illustrer que je ne suis
pas le seul à critiquer l'escroquerie parlementaire, je voudrais citer
ici l'analyse ultra-rigoureuse formulée par l'un de nos plus grands
professeurs de droit public, Raymond Carré de Malberg, dans la
conclusion d'un livre remarquable intitulé "La Loi, expression de la
volonté générale"(1931) : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Carre_de_Malberg_La_loi_expression_de_la_volonte_generale_Conclusion.pdf
Source : https://www.facebook.com/notes/etienne-chouard/objections-2-au-tirage-au-sort-en-politique-et-propositions-2-de-r%C3%A9futations-rat/10150411060262317
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