4 LA LIBERTE
4.1 Définitions
Le dictionnaire Robert distingue le sens étroit « la liberté c’est la situation de la personne qui n’est pas sous la dépendance absolue de quelqu’un » du sens large « état de celui qui ne subit aucune contrainte ». Pour les philosophes, la liberté se définit par « le caractère indéterminé de la volonté humaine ». Descartes affirme « la liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons » et Sartre écrit notamment dans « Les chemins de la liberté » : « Cette liberté se réduit à une affirmation... de l’autonomie de la pensée » ou « être libre c’est vouloir ce que l’on peut ».Sur le plan politique et social, la liberté est la possibilité d’agir au sein d’une société organisée, selon sa volonté, dans la limite des règles définies. Jean Jaurès écrit au début du XXe siècle : « Le premier des droits de l’homme, c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de pensée, la liberté du travail ».Sur le plan économique, la liberté s’exprime dans les théories libérales caractérisées par la libre entreprise, la liberté du travail, du commerce et des échanges. Ces théories s’appuient sur l’idée que le libre jeu de l’entreprise ne doit pas être entravé.
4.2 L’histoire de la liberté, des libertés
Elle pourrait se confondre avec celle des droits de l’homme. En fait, les deux notions, droits de l’homme et libertés publiques ne sont pas complètement synonymes. En France, la Constitution de 1958 fait référence, dans son Préambule, aux droits de l’homme et, dans l’article 34, aux libertés publiques.
Dans l’Antiquité grecque et romaine, on opposait les hommes libres et les esclaves qui étaient sous la dépendance d’un maître. Les esclaves pouvaient devenir libres par affranchissement (d’où, chez les Romains, la catégorie des affranchis qui jouaient, notamment à l’époque impériale, un rôle important). Au Moyen Age, cette situation perdure avec l’opposition serfs/paysans libres, le serf étant attaché à la terre et pouvant être vendu comme du bétail. De plus, à cette époque il est davantage question des libertés que de la liberté. Par exemple, les villes peuvent se libérer de la tutelle d’un seigneur ou d’un évêque en obtenant des franchises c’est à dire la liberté de s’administrer elles-mêmes. Il s’agit ici de liberté collective (pour un groupe d’hommes et de femmes) et non individuelle.
La liberté individuelle apparaît au XVIe siècle avec les humanistes qui se proposent de libérer l’homme de l’inquiétude du péché. Un nouveau système de valeurs s’élabore, fondé sur la dignité et la liberté de l’homme face à Dieu. Mais la liberté individuelle est définie pour la première fois en termes juridiques en Angleterre, dans l’Habeas Corpus (1679). Les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle, proposent leur conception de la liberté. Montesquieu écrit : « la liberté, ce bien qui fait jouir des autres biens ». Les Révolutionnaires français qui s’inspirent des idées des Lumières affirment dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Les hommes naissent libres et égaux en droits » (Article 1) et « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (Article 4).
Les libertés s’affirment progressivement en France au cours du XIXe et du XXe siècle. En 1869, Thiers définit, dans un discours resté célèbre, ce qu’il appelle « les libertés nécessaires » : la liberté individuelle, la liberté d’expression et notamment celle de la presse, garanties par la Déclaration des Droits de l’Homme, la liberté des élections, la liberté de la représentation nationale et la liberté des actes du gouvernement.
La Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948 définit quatre formes de libertés : la liberté de la personne c’est à dire l’autonomie du « corps » ; la liberté de l’esprit qui conduit au choix ; la liberté « civile » qui donne à l’individu un statut privé ; la liberté de participer (droit de vote, liberté d’association...).La Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales rédigée en 1950 dans le cadre du Conseil de l’Europe, réaffirme : « Nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude » (article 4) et « Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté » (article 5).
Au XXe siècle, on emploie l’adjectif « libre » pour désigner des évènements ou des situations particulières qui correspondent à une certaine conception de la liberté. Pendant la Seconde guerre mondiale, par exemple, « la France libre » représentait les Français qui n’avaient pas accepté la défaite de 1940 et qui ont continué à se battre pour libérer le territoire national. Le général de Gaulle est devenu ainsi le chef de la France libre. La zone libre était celle qui n’était pas occupée par les Allemands de 1940 à 1942 et qui était séparée de la zone occupée par une véritable frontière, la ligne de démarcation. Au temps de la guerre froide (1947-1989), « le monde libre », pour les anticommunistes, représentait les pays non communistes. On évoquait beaucoup, à cette époque, la possibilité pour les pays de l’Europe de l’Est de procéder à « des élections libres » c’est à dire d’établir, en fait, le multipartisme qui aurait pu remplacer l’emprise du parti communiste sur la vie politique et sociale.
4.3 Les enjeux actuels
Aujourd’hui, les atteintes à la liberté sont nombreuses. Des associations comme Amnesty International interviennent auprès des Etats pour régler les problèmes individuels de personnes emprisonnées pour délit d’opinion. D’autre part, l’esclavage n’a pas disparu. Ces nouvelles formes d’esclavage dites « économiques » touchent notamment les femmes et les enfants, y compris dans les pays industrialisés.
La liberté a été souvent représentée en images et a été chantée par de nombreux poètes. Dans « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix, la liberté est symbolisée par une femme plantureuse qui montre au peuple le chemin de la lumière. La statue de la Liberté à New York symbolise un des fondements de la démocratie américaine et a accueilli les millions d’immigrants venus du monde entier. Le Front populaire formé en 1935 manifeste le 14 juillet « pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses, défendre et développer les libertés démocratiques et pour assurer la paix humaine ». Le poème « Liberté, j’écris ton nom » de Paul Eluard montre avec une grande passion le sens et la portée de cette valeur. La liberté, qui est, sans doute, un des droits les plus anciennement revendiqués reste, en ce début du XXIe siècle, un combat toujours très actuel.
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