Par Léa Clermont-Dion le 29 octobre, 2014
L’homme de combat a refusé d’habiter sa luxueuse résidence habituellement réservée aux présidents d’Uruguay. Il a plutôt opté pour demeurer sur sa ferme avec sa femme dans la capitale, Montevideo. 90% de son salaire mensuel de 9 300 euros est remis aux oeuvres caritatives. Et pourtant José Mujica n’a pas besoin de plus. Lui-même avance qu’il n’est pas le président le plus pauvre… il a simplement toujours vécu ainsi. Mais, la légende anticonformiste dont la popularité n’est plus à prouver tire sa révérence comme chef d’État. La Constitution uruguayenne n’autorise qu’un seul mandat présidentiel.
«Le bonheur sur terre (…) ce sont quatre ou cinq choses, les mêmes depuis l’époque de Homère: l’amour, les enfants, une poignée d’amis…», affirmait-il à l’AFP.
Un apport considérable au pays
Depuis 2010, Mujica, avec son gouvernement du Front large, est parvenu à dépénaliser l’avortement, ouvrir l’adoption aux couples homosexuels qui peuvent se marier depuis 2013, en plus d’avoir légalisé la production et la commercialisation du cannabis.L’Uruguay a donné la voix à un homme progressiste. C’est un pays prospère. On observe un taux d’alphabétisme de 98%. C’est d’ailleurs le plus élevé du continent sud-américain.
Rares sont les personnalités politiques de sa trempe. Quand on lui parle d’environnement et de consumérisme, le quasi octogénaire s’exprime avec humilité :
« Je n’ai rien découvert, c’est une évidence qui crève les yeux. Mais il y a une impuissance des grands pays, qui vivent en pensant à leurs intérêts nationaux, à qui va gagner les prochaines élections ».Mujica est un homme politique différent. Malgré son âge, l’homme sait se faire aimer des jeunes qui voient en lui un personnage simple, drôle, accessible, anti-matérialiste. Un tel homme se distingue dans cette ère de politiciens de carrière qui semblent, trop souvent, être là pour le gratin plutôt que pour la cause.
Un homme sage
En plus d’être un homme politique intègre qui a donné beaucoup à son peuple, il inspire par sa sagesse. Il accordait une longue entrevue à The Economist. Il raconte avec résilience son passage en prison:« J’ai passé sept années sans pouvoir lire un livre. Je ne savais pas à quel point les réflexions et la pensée développaient qui j’étais. C’est étrange, mais l’homme apprend parfois plus des moments difficiles que des moments de bonheur. Je ne serais pas devenu la personne que je suis avec ma perspective politique si cela n’avait été de ce moment difficile (…) Ces années noires et horribles m’ont donné beaucoup… (Pause) Par exemple, je ne déteste plus. Vous connaissez le luxe de ne pas haïr? »Le Président Mujica possède une verve authentique. Il laisse en deuil plusieurs utopistes d’Uruguay et d’ailleurs. Je partage entièrement l’admiration de ma collègue, Monique Crépault, qui présentait dans un billet des citations marquantes de Jose Mujica.
Crédit: MARIO GOLDMAN/ AFP
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