bafouille n°5
Avons nous besoin de représentants ?
______________________________
Question, tout sauf banale, centrale :
Je commence par quelques citations :
« Choisir un homme, fût-il le meilleur, au lieu de choisir une politique, c’est abdiquer »
Pierre Mendès-France (1907-1982)
« Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres, pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté »
Élisée Reclus , 1885
"lls ont peur que nous découvrions que nous pouvons nous gouverner nous-mêmes"
maestra Eloisa, Chiapas
puis de Rousseau :
- « En général, ce serait une grande folie d’espérer que ceux qui dans le fait sont les maîtres préféreront un autre intérêt au leur »
- « Trop peu soigneux d'éclairer la conduite de leurs chefs, ils ( les citoyens ) ne sentent les fers qu'on leur prépare que quand ils en sentent le poids »
- « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde »
Puis à l’ombre de ces pointures, j’ose plussoyer seule :
Pour asservir un peuple, les panzers et les stukas ne sont pas le meilleur outil : recourir à l’élection est moins coûteux, plus rusé, plus durable.
A-t-on besoin de représentants ? >>>>
Le hiérarchisme, l’autorité, l’État, la représentation politique, la délégation des pouvoirs, la séparation du monde en deux classes, celle des gouvernants et celle des gouvernés, maîtres et sujets, commandeurs et obéissants, tout cela qui pourrait on dire est une seule et même chose, un seul principe aux déclinaisons variées, tout cela, ce principe, prend sa source dans la nuit des temps, de maints lieux et continents ; mais même si son ancienneté et son actuelle presque universalité le font ressentir comme de nature archétypale, nous savons que ce n’est pas un principe naturel ; tant usuel pourtant qu’en lisière de la conscience il peut paraître d’une évidence incontournable ; à tel point que pour penser hors de lui il faut à nombre de gens un certain effort, ou un tropisme à l’originalité parfois qualifié pathologique ! Pourtant, cette ancienneté millénaire ne produit pas légitimité objective, ni ne garantit la pertinence de ce mode de fonctionnement du genre humain.
Si certains arguments plaident en sa faveur, ardemment avancés par les amoureux du pouvoir, mais arguments tous démontables, il convient de se pencher sur son contraire.
Son contraire, se produit, ou se produirait, ou se produira, si aucun humain ne peut en gouverner un autre, ni techniquement, ni économiquement, ni légalement, ni moralement …
Ce contraire là n’est autre que le principe d’égalité, si joliment ( hypocritement ?) écrit sur le fronton de la république française … Égalité en droit politique, économique, et technique.
Je ciblerai ici l’égalité en droit politique.
< Dans l’art et la nécessité de produire harmonie au monde, et cohérence heureuse, tous les citoyens sont égaux, égaux en droit, et en moyens >
Assertion qui dans mon esprit constitue le cahier des charges de la démocratie, compacté à l'extrême.
(Nous vivons à l’opposé, et sauf mensonge, tout système qui s’écarte d’un cheveu de cette intention ne saurait être nommé démocratie )
Cela sous entend que, sans présumer de son assiduité antérieure, tout individu doit à tout moment pouvoir se mêler des affaires de la cité, donc s’insérer dans les mécanismes de la codélibération universelle et de la codécision universelle.
(((
J’ouvre ici une nécessaire parenthèse : si « pouvoir s’insérer » n’est pas « devoir s’insérer » la question du devoir ne peut être zappée, bien que délicate. Car par la participation au souci commun, l’individu voit se développer en son for intérieur son « humanitude », comme l’explique Jacques Testart, expérimentateur des conférences de citoyens ; si la participation ne doit pas forcément être rendue obligatoire, en particulier à l’occasion d’un tirage au sort, la non participation d’un trop grand nombre de personnes produirait une stagnation de l’humanitude ; sans compter que le pouvoir des bénévoles peut finir par être aussi nuisible que celui des élus.
La question du salaire de citoyenneté est connexe …
Fin de la parenthèse.
)))
Ciel ! Me voici rendue à la troisième page A4, ce qui dans la civilisation du zapping est déjà suicidaire.
Je vais donc ici sauter par dessus la topologie de la codélibération et de la codécision, les remettre à plus tard …
Pour me recentrer sur la notion de mandaté !!!!
Mandaté et représentant ne sont pas synonymes, loin de là.
Et si l’Histoire démontre la toxicité du représentant, qui décide de tout pour tous, remplace le citoyen, l’efface, le contraint, appelle abusivement « intérêt général » l’intérêt particulier de la classe psychosociale des élus et des possédants, quand ce n’est pas son propre intérêt ( voir l’une des citations amont ) le mandaté est au contraire nécessaire.
Si par exemple je monte dans un taxi et indique au chauffeur la destination que j’ai choisie, il n’est pas mon représentant, ne choisit pas à ma place, il n’est que mon mandaté, utilise son expertise ( sa connaissance du plan de la ville ) pour m’obéir au mieux.
Notons au passage que si je lui manque de respect, il peut me demander de descendre ; ainsi, ni lui ni moi ne sommes dans un état inférieur …
Si maintenant l’iségoria, l’agora, la codélibération universelle, ou locale, ont pondu un projet et pris la décision de le réaliser, ce ne seront pas en général les délibérants qui l’exécuteront ; seront nécessaires des mandatés, parfois des experts, compétents à ce faire.
Mais si comme mon chauffeur de taxi qui pour éviter les embouteillages pourra moduler l’itinéraire, si le mandaté doit disposer d’une certaine latitude, ou d’une latitude certaine, il devra être surveillé comme le lait sur le feu, ceci afin que sa position d’exécutant ne se transmute pas en position de décideur, afin que de cette position il ne puisse pas créer pouvoir personnel, ou de classe.
Le plus amusant est que cette surveillance pourra être parfois, ou souvent, confiée à des mandatés !!! ( dont nous savons que le mieux est de les tirer au sort, avec mandat court et non renouvelable )
Ce trop bref exposé ( moins bref pourrait saouler ) commence je l’espère à faire entrevoir que le concept de représentant pourrait être banni, tandis que celui de mandaté me semble difficilement contournable.
Retenons que le mandaté doit être non seulement compétent, et efficace, mais surtout obéissant.
L’obéissance du mandaté est l’un des verrous de protection de la démocratie vraie, qui s’il saute, conduit mécaniquement à l’oligarchie.
Les gens au parfum auront compris mon goût pour le mandar obeciendo du chiapas, et votre moteur de recherche préféré vous en dira beaucoup plus :)
Gaver n'étant pas nourrir, je m'arrête là.
Avons nous besoin de représentants ?
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Question, tout sauf banale, centrale :
Je commence par quelques citations :
« Choisir un homme, fût-il le meilleur, au lieu de choisir une politique, c’est abdiquer »
Pierre Mendès-France (1907-1982)
« Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres, pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté »
Élisée Reclus , 1885
"lls ont peur que nous découvrions que nous pouvons nous gouverner nous-mêmes"
maestra Eloisa, Chiapas
puis de Rousseau :
- « En général, ce serait une grande folie d’espérer que ceux qui dans le fait sont les maîtres préféreront un autre intérêt au leur »
- « Trop peu soigneux d'éclairer la conduite de leurs chefs, ils ( les citoyens ) ne sentent les fers qu'on leur prépare que quand ils en sentent le poids »
- « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde »
Puis à l’ombre de ces pointures, j’ose plussoyer seule :
Pour asservir un peuple, les panzers et les stukas ne sont pas le meilleur outil : recourir à l’élection est moins coûteux, plus rusé, plus durable.
A-t-on besoin de représentants ? >>>>
Le hiérarchisme, l’autorité, l’État, la représentation politique, la délégation des pouvoirs, la séparation du monde en deux classes, celle des gouvernants et celle des gouvernés, maîtres et sujets, commandeurs et obéissants, tout cela qui pourrait on dire est une seule et même chose, un seul principe aux déclinaisons variées, tout cela, ce principe, prend sa source dans la nuit des temps, de maints lieux et continents ; mais même si son ancienneté et son actuelle presque universalité le font ressentir comme de nature archétypale, nous savons que ce n’est pas un principe naturel ; tant usuel pourtant qu’en lisière de la conscience il peut paraître d’une évidence incontournable ; à tel point que pour penser hors de lui il faut à nombre de gens un certain effort, ou un tropisme à l’originalité parfois qualifié pathologique ! Pourtant, cette ancienneté millénaire ne produit pas légitimité objective, ni ne garantit la pertinence de ce mode de fonctionnement du genre humain.
Si certains arguments plaident en sa faveur, ardemment avancés par les amoureux du pouvoir, mais arguments tous démontables, il convient de se pencher sur son contraire.
Son contraire, se produit, ou se produirait, ou se produira, si aucun humain ne peut en gouverner un autre, ni techniquement, ni économiquement, ni légalement, ni moralement …
Ce contraire là n’est autre que le principe d’égalité, si joliment ( hypocritement ?) écrit sur le fronton de la république française … Égalité en droit politique, économique, et technique.
Je ciblerai ici l’égalité en droit politique.
< Dans l’art et la nécessité de produire harmonie au monde, et cohérence heureuse, tous les citoyens sont égaux, égaux en droit, et en moyens >
Assertion qui dans mon esprit constitue le cahier des charges de la démocratie, compacté à l'extrême.
(Nous vivons à l’opposé, et sauf mensonge, tout système qui s’écarte d’un cheveu de cette intention ne saurait être nommé démocratie )
Cela sous entend que, sans présumer de son assiduité antérieure, tout individu doit à tout moment pouvoir se mêler des affaires de la cité, donc s’insérer dans les mécanismes de la codélibération universelle et de la codécision universelle.
(((
J’ouvre ici une nécessaire parenthèse : si « pouvoir s’insérer » n’est pas « devoir s’insérer » la question du devoir ne peut être zappée, bien que délicate. Car par la participation au souci commun, l’individu voit se développer en son for intérieur son « humanitude », comme l’explique Jacques Testart, expérimentateur des conférences de citoyens ; si la participation ne doit pas forcément être rendue obligatoire, en particulier à l’occasion d’un tirage au sort, la non participation d’un trop grand nombre de personnes produirait une stagnation de l’humanitude ; sans compter que le pouvoir des bénévoles peut finir par être aussi nuisible que celui des élus.
La question du salaire de citoyenneté est connexe …
Fin de la parenthèse.
)))
Ciel ! Me voici rendue à la troisième page A4, ce qui dans la civilisation du zapping est déjà suicidaire.
Je vais donc ici sauter par dessus la topologie de la codélibération et de la codécision, les remettre à plus tard …
Pour me recentrer sur la notion de mandaté !!!!
Mandaté et représentant ne sont pas synonymes, loin de là.
Et si l’Histoire démontre la toxicité du représentant, qui décide de tout pour tous, remplace le citoyen, l’efface, le contraint, appelle abusivement « intérêt général » l’intérêt particulier de la classe psychosociale des élus et des possédants, quand ce n’est pas son propre intérêt ( voir l’une des citations amont ) le mandaté est au contraire nécessaire.
Si par exemple je monte dans un taxi et indique au chauffeur la destination que j’ai choisie, il n’est pas mon représentant, ne choisit pas à ma place, il n’est que mon mandaté, utilise son expertise ( sa connaissance du plan de la ville ) pour m’obéir au mieux.
Notons au passage que si je lui manque de respect, il peut me demander de descendre ; ainsi, ni lui ni moi ne sommes dans un état inférieur …
Si maintenant l’iségoria, l’agora, la codélibération universelle, ou locale, ont pondu un projet et pris la décision de le réaliser, ce ne seront pas en général les délibérants qui l’exécuteront ; seront nécessaires des mandatés, parfois des experts, compétents à ce faire.
Mais si comme mon chauffeur de taxi qui pour éviter les embouteillages pourra moduler l’itinéraire, si le mandaté doit disposer d’une certaine latitude, ou d’une latitude certaine, il devra être surveillé comme le lait sur le feu, ceci afin que sa position d’exécutant ne se transmute pas en position de décideur, afin que de cette position il ne puisse pas créer pouvoir personnel, ou de classe.
Le plus amusant est que cette surveillance pourra être parfois, ou souvent, confiée à des mandatés !!! ( dont nous savons que le mieux est de les tirer au sort, avec mandat court et non renouvelable )
Ce trop bref exposé ( moins bref pourrait saouler ) commence je l’espère à faire entrevoir que le concept de représentant pourrait être banni, tandis que celui de mandaté me semble difficilement contournable.
Retenons que le mandaté doit être non seulement compétent, et efficace, mais surtout obéissant.
L’obéissance du mandaté est l’un des verrous de protection de la démocratie vraie, qui s’il saute, conduit mécaniquement à l’oligarchie.
Les gens au parfum auront compris mon goût pour le mandar obeciendo du chiapas, et votre moteur de recherche préféré vous en dira beaucoup plus :)
Gaver n'étant pas nourrir, je m'arrête là.
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