10.
Rapides considérations sur l’utopie :
_____________________________
Dans utopie, il y a topos, qui signifie lieu, et devant se trouve un upsilon mystérieux ( u ) dont certains disent qu’il a perdu son omicron (o), « ou » signifiant non, mais j’aime personnellement penser que le u a perdu un epsilon ( e ) , « eu » signifiant bien.
Thomas More (1478-1535) nous a légué ce mot il y a bien longtemps, pour décrire une sorte de cité idéale, un ailleurs, un ailleurs de son imaginaire. Rude est donc la bataille autour de ce mot qui voyage à travers le temps, entre ceux qui se braquent sur l’idéal, correspondant au eu, et ceux qui se braquent sur l’ailleurs imaginaire, correspondant au ou.
Certains voient donc dans l’utopie ce qui doit être tandis que d’autres y voient ce qui ne peut être.
Divergence qui ne sépare pas que l’optimisme du pessimisme, mais aussi induit un clivage au sein de la pensée politique, entre ceux qui veulent la réalisation du bien, du mieux, et de l’idéal, et ceux qui leur opposent le pragmatisme immédiat comme frein définitif à la réalisation du rêve ; clivage qui va jusqu’à mettre en opposition une bienveillance pour le futur avec une malveillance dissimulée sous des arguments techniques.
Il y a quelques années, je donnais à Pigny près de Bourges une conférence au cours de laquelle j’avais avancé la formule « l’utopie est le pragmatisme de demain », et en fin de soirée, une gentille jeune fille m’avait apporté une formule de Victor Hugo, qu’hélas je ne retrouve pas ( help me ), qui signifiait exactement la même chose. Je n’étais donc pas peu fière ( on a son ptit égo ;) ).
Il y a aussi ce « L'utopie est simplement ce qui n'a pas encore été essayé ! », de Théodore Monod ( 1902-2000 ).
Ou : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » de Mark Twain
De quel camp suis-je ?
Ceux qui me suivent savent, bien sûr, que je suis indécrottablement optimiste →
à mon sens, utopie ne signifie pas mythe, ni impossibilité, mais bien au contraire : projet nécessaire, voire vital, bien que difficile à mener à bien, à mener à bien via une volonté tenace et durable, de quelques uns, en général peu nombreux, mais dont le nombre peut croître étonnamment, via parfois un travail de fourmi, via une laborieuse pollinisation des esprits craintifs et donc réticents, autant que par des actes apparemment micrométriques, souvent du type « colibri » .
Son contraire, le pragmatisme immédiat, souvent méprisant pour l’utopie, qui peut aller jusqu’à en interdire le simple énoncé, celui-là est à mon sens souvent dramatique, qui bouche horizon et espoir … ;
il me semble important de renverser la vapeur, et de dire que la crispation sur le paradigme immédiat correspond bien, quant à elle, à un mythe : le mythe du caractère immuable des mauvais choix !
Je pense donc beaucoup de mal du célèbre « il n’y a pas d’alternative » énoncé par le capitalisme néolibéral.
La naissance de l’utopie s’opère souvent dans le cadre solitaire d’une méditation active, qu’on appelle le rêve.
Autour du rêve se cristallise chez certains la même crispation qu’autour du mot utopie, crispation qui tend à exclure le rêve du monde réel, et à lui refuser toute valeur créative ou projective. Le monde dit occidental en particulier, classe le rêve dans le dossier « curiosités inutiles et sans valeur » au contraire des peuples dits premiers, qui lui accordent carrément le statut de réalité objective.
Je me sens de ce camp là des peuples oubliés, dont « on » cherche à éteindre les plus grandes qualités. Moi, « prof de math », c’est un comble, le rationalisme cartésien souvent me dérange, mais c’est moi, hein :)
Nous devons, je l’affirme, oser rêver, c’est la condition "sine qua non" pour devenir des rêveurs efficaces ; et oser rêver à voix haute, sans céder aux empêcheurs qui préfèrent les lunettes de myopes aux lunettes pour voir de loin.
Le rêve est la phase 1 du pragmatisme libérateur, et j’ose considérer nuisibles, voire criminels, ceux qui usent du mot utopie pour le ridiculiser.
;;;;;;;;;;;;;
Voici que je me suis ici lâchée, comme on dit :)
Probablement en réaction au refus du capitalisme néolibéral de nous lâcher la grappe hihi.
Cependant, une autre composante en moi précise volontiers qu’il faut raison garder !
Ne soyons pas monolithes crénondenon.
→
Accrochez au plafond une ficelle à un clou, et à cette ficelle une grosse boule compacte et lourde, vous obtenez ce qu’on appelle un pendule ; écartez le de sa position d’équilibre, et voici qu’il se met à osciller. Il me semble que nous pouvons ou devons voir ainsi la pensée idéale comme un pendule qui oscille entre rêve et pragma, entre hubris ( démesure ) et metron ( mesure ) ; il me semble que bloquer le pendule de la pensée d’un côté ou de l’autre produit toxicité mortelle ; il me semble aussi que la position d’équilibre correspondrait à un encéphalogramme plat, et que c’est au contraire de l’oscillation entretenue sans parti ni parti pris que jaillissent les plus sages orientations.
Rapides considérations sur l’utopie :
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Dans utopie, il y a topos, qui signifie lieu, et devant se trouve un upsilon mystérieux ( u ) dont certains disent qu’il a perdu son omicron (o), « ou » signifiant non, mais j’aime personnellement penser que le u a perdu un epsilon ( e ) , « eu » signifiant bien.
Thomas More (1478-1535) nous a légué ce mot il y a bien longtemps, pour décrire une sorte de cité idéale, un ailleurs, un ailleurs de son imaginaire. Rude est donc la bataille autour de ce mot qui voyage à travers le temps, entre ceux qui se braquent sur l’idéal, correspondant au eu, et ceux qui se braquent sur l’ailleurs imaginaire, correspondant au ou.
Certains voient donc dans l’utopie ce qui doit être tandis que d’autres y voient ce qui ne peut être.
Divergence qui ne sépare pas que l’optimisme du pessimisme, mais aussi induit un clivage au sein de la pensée politique, entre ceux qui veulent la réalisation du bien, du mieux, et de l’idéal, et ceux qui leur opposent le pragmatisme immédiat comme frein définitif à la réalisation du rêve ; clivage qui va jusqu’à mettre en opposition une bienveillance pour le futur avec une malveillance dissimulée sous des arguments techniques.
Il y a quelques années, je donnais à Pigny près de Bourges une conférence au cours de laquelle j’avais avancé la formule « l’utopie est le pragmatisme de demain », et en fin de soirée, une gentille jeune fille m’avait apporté une formule de Victor Hugo, qu’hélas je ne retrouve pas ( help me ), qui signifiait exactement la même chose. Je n’étais donc pas peu fière ( on a son ptit égo ;) ).
Il y a aussi ce « L'utopie est simplement ce qui n'a pas encore été essayé ! », de Théodore Monod ( 1902-2000 ).
Ou : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » de Mark Twain
De quel camp suis-je ?
Ceux qui me suivent savent, bien sûr, que je suis indécrottablement optimiste →
à mon sens, utopie ne signifie pas mythe, ni impossibilité, mais bien au contraire : projet nécessaire, voire vital, bien que difficile à mener à bien, à mener à bien via une volonté tenace et durable, de quelques uns, en général peu nombreux, mais dont le nombre peut croître étonnamment, via parfois un travail de fourmi, via une laborieuse pollinisation des esprits craintifs et donc réticents, autant que par des actes apparemment micrométriques, souvent du type « colibri » .
Son contraire, le pragmatisme immédiat, souvent méprisant pour l’utopie, qui peut aller jusqu’à en interdire le simple énoncé, celui-là est à mon sens souvent dramatique, qui bouche horizon et espoir … ;
il me semble important de renverser la vapeur, et de dire que la crispation sur le paradigme immédiat correspond bien, quant à elle, à un mythe : le mythe du caractère immuable des mauvais choix !
Je pense donc beaucoup de mal du célèbre « il n’y a pas d’alternative » énoncé par le capitalisme néolibéral.
La naissance de l’utopie s’opère souvent dans le cadre solitaire d’une méditation active, qu’on appelle le rêve.
Autour du rêve se cristallise chez certains la même crispation qu’autour du mot utopie, crispation qui tend à exclure le rêve du monde réel, et à lui refuser toute valeur créative ou projective. Le monde dit occidental en particulier, classe le rêve dans le dossier « curiosités inutiles et sans valeur » au contraire des peuples dits premiers, qui lui accordent carrément le statut de réalité objective.
Je me sens de ce camp là des peuples oubliés, dont « on » cherche à éteindre les plus grandes qualités. Moi, « prof de math », c’est un comble, le rationalisme cartésien souvent me dérange, mais c’est moi, hein :)
Nous devons, je l’affirme, oser rêver, c’est la condition "sine qua non" pour devenir des rêveurs efficaces ; et oser rêver à voix haute, sans céder aux empêcheurs qui préfèrent les lunettes de myopes aux lunettes pour voir de loin.
Le rêve est la phase 1 du pragmatisme libérateur, et j’ose considérer nuisibles, voire criminels, ceux qui usent du mot utopie pour le ridiculiser.
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Voici que je me suis ici lâchée, comme on dit :)
Probablement en réaction au refus du capitalisme néolibéral de nous lâcher la grappe hihi.
Cependant, une autre composante en moi précise volontiers qu’il faut raison garder !
Ne soyons pas monolithes crénondenon.
→
Accrochez au plafond une ficelle à un clou, et à cette ficelle une grosse boule compacte et lourde, vous obtenez ce qu’on appelle un pendule ; écartez le de sa position d’équilibre, et voici qu’il se met à osciller. Il me semble que nous pouvons ou devons voir ainsi la pensée idéale comme un pendule qui oscille entre rêve et pragma, entre hubris ( démesure ) et metron ( mesure ) ; il me semble que bloquer le pendule de la pensée d’un côté ou de l’autre produit toxicité mortelle ; il me semble aussi que la position d’équilibre correspondrait à un encéphalogramme plat, et que c’est au contraire de l’oscillation entretenue sans parti ni parti pris que jaillissent les plus sages orientations.
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